Ce poste sera réservé aux histoires de mes créatures.
En premier lieu je souhaite vous présenter vos accompagnatrices dans ce voyage au pays de mon imagination:
Plume: Je vais me charger de vous avertir, les histoires que vous pourrez lire ne sont pas uniquement de miel et de fleurs. La violence et le sang ont une grande place.
Encre: Mais pas de panique, l'auteur signalera chaque scène qui pourrait vous choquer.
Plume: nous déclinons donc toute responsabilité si le texte vous a choqué car vous serez prévenu.
Encre: d'ailleurs certains avertissements pourraient en surprendre mais les limites ne sont jamais les mêmes, certaines quasi inexistantes et d'autres très vite atteintes.
Plume: que le voile des mémoires se lève pour que les histoires se révèlent.
Petites histoires de créature:
Spoiler: show
Qui dit super héros, dit super méchant et aussi le passé de chacun d'eux
Spoiler: show
Mais qu'en est-il de nos chères Plume et Encre ?
Spoiler: show
les vacances de Plume Maudite et Encre de Sang
La petite flamiris noire et argent soupira.
-Tu es lente...
Seul un silence entrecoupé par une respiration haletante lui répondit. Elle regarda sa lunaris d’amie, la langue pendante et la gueule écumante de bave.
-Mais quelle élégance, quelle grâce. Railla-t-elle.
Une petite plume blanche était apparue et retranscrit les paroles de la flamiris dans les airs. Les yeux de la lunaris se posèrent sur les mots rieurs et brillants de sa compagne et s’arrêta brusquement. Elle attendit de retrouver son souffle et tourna la tête vers celle-ci.
-Qu’est-ce qu’il y a encore ?
-Tu es trop lente. On n’arrivera pas avant demain à ce rythme.
-Si tu n’es pas contente tu n’as qu’à te bouger les ailes et partir devant.
-Et te laisser seule ? Jamais tu vas te perdre sans moi.
-En sachant que moi seule connait le chemin je pense que c’est toi qui risque de te perdre.
-Bah si toi, tu peux le trouver alors moi, je peux faire la même chose. Je reste pour t’aider seulement.
-C’est vrai que tu es d’une grande aide, installée sur mon dos depuis le départ.
-Tu insinues que je suis lourde peut-être ?
-Non, juste que tu n’as pas à te plaindre, je vais à mon rythme et vu que tu squattes mon dos tu devras t’y faire. Compris ?
La flamiris feula de mécontentement avant de se rouler en boule. Elle râlait intérieurement, sa meilleure amie ne lui disait strictement rien, elle avait débarqué dans sa maison un beau matin en s’écriant « Tu pars avec moi pour les vacances ! » avant de l’attraper et de l’entrainer dans la profonde forêt de Gaiara. Elle aurait pourtant préféré rester bien au chaud dans son petit nid douillet.
-Plume, si tu t’ennuies, profite un peu de la forêt, elle est vraiment belle ici.
-Une forêt est une forêt, il y a des arbres et des cailloux, toutes les forêts sont les mêmes. En plus, cela fait des jours que nous errons dans celle-ci. Je commence à en avoir marre.
-Tu n’es pas possible... Je commence à regretter de t’avoir amené avec moi. Si j’avais su que tu serais encore plus casse coussinet qu’à l’université je serais partie seule.
Sentant qu’Encre était frustrée de son comportement, elle se décida à essayer de lui faire plaisir en regardant autour d’elle. La lunaris reprit sa marche rendue difficile par la pente abrupte que le chemin suivait. Soudain un sourire dévoila ses canines blanches et elle sauta dans les fourrés, quittant ainsi le sentier de promenade. Plume Maudite glapit de surprise et s’agrippa à la fourrure de son amie. La lunaris se mit à rire et s’amusa à sauter sur des tables rocheuses. Elle se stoppa et se mit de profil pour permettre à Plume de voir le paysage.
Depuis la plaque rocheuse d’où elles se tenaient, une trouée entre les arbres permettait d’admirer un paysage merveilleux. Devant elles se dressaient d’immenses montagnes aux sommets éternellement glacés et perçant la mer des nuages comme des îles. Leurs flancs d’abord rocailleux et abrupts parsemés de quelques rares herbes endurantes, puis au fil de la descente se couvrant peu à peu de fleurs, d’arbustes, de pins, de chênes, d’érables et tant d’autres. Se nichant au creux de ces solides monts et de leurs forêts d’émeraude et de jade, se cachait apparemment un cours d’eau. Encre sauta d’autres rochers et rejoignit la rive de celui-ci. Elle se désaltéra et laissa sa compagne observer les alentours. Celle-ci était fascinée par l’eau qui filait devant elles. Encre, une fois sa soif étanchée, suivit le cours d’eau au plus grand ravissement de son amie. Tantôt rivière sereine, tantôt torrent tumultueux, tantôt mince filet silencieux, tantôt grand cascade éclatante. Encre tourna légèrement la tête et du coin de l’œil vit les yeux de la flamiris pétiller. Elles continuèrent leur marche et ne tardèrent pas à pénétrer dans la partie la plus profonde de la forêt, des arbres titanesques aux larges feuillages dissimulant le ciel, leurs épais troncs sombres, leurs écorces rugueuses et irrégulières, profondément enracinés dans le sol depuis des décennies mais aussi pour celles à venir. Aucun son n’était audible, Plume en fut très surprise, à sa connaissance jamais Encre de sang n’avait été aussi silencieuse. La lunaris se coulait entre les arbres, ses pattes caressant le sol comme une douce brise d’été. Elles entrèrent alors dans une clairière. Encre se stoppa et leva le museau au ciel. Plume le vit frémir et leva le sien. Aucune odeur particulière ne lui parvenait mais Encre avait toujours était plus sensible qu’elle.
-Un problème ?
-Non. Tout va bien. Juste qu’avec tous ces batifolages je perds un peu mes repères.
-On est perdu ?
-Non, ne t’en fais pas.
Plume se renfonça dans la fourrure grise et bordeau de son amie en grommelant. Si elles étaient vraiment perdues cela risquait de chauffer pour la lunaris. Encre s’engouffra une nouvelle fois dans la forêt profonde et courut. Elle devait avouer que ses coussinets étaient douloureux mais elle savait que le jeu en valait la chandelle, enfin elle l’espérait. La pente devint de plus en plus importante et elle ralentit. Au bout de quelques heures elles parvinrent enfin à leur but. Un immense lac sur un plateau d’haute altitude. Encre se laissa tomber à côté de l’eau plate et soupira de soulagement, elle l’avait fait, elle avait réussi à remonter jusqu’ici en un temps record. Plume sortit de son cocon de poil et voleta autour d’Encre, elle était déçue par le lieu, il n’y avait que de l’herbe, jaunie par le soleil, à cette altitude et le lac paraissait bien morne avec la lumière faiblissante du jour.
-Tout ça pour... ça ?
Elle se tourna vers Encre, celle-ci plongeait ses pattes dans l’eau du lac pour les soulager. Le soleil avait rendu le sol brûlant et plusieurs cailloux pointus avaient rencontré ses coussinets. Une fois sortit de l’eau, elle les lava méticuleusement à grand coup de langue. Elle se mit à grimacer. Plume soupira et s’approcha de son amie. Elle arracha une lame de silex qui s’était plantée dans la patte de la lunaris et la regarda d’un œil noir.
-Tu m’expliques l’intérêt de te blesser autant les pattes pour venir dans cet endroit désertique et ce lac quelconque.
-Attends un peu et tu comprendras.
-Attendre quoi ?
-Sais-tu quel jour nous sommes ?
-Euh...
-Ce soir il y a la pluie d’Astisian.
-La grande pluie d’étoiles filantes ?
-Oui, en ville tu n’aurais pas pu en profiter mais ici le ciel est bien mieux dégagé. En plus le lac n’est pas aussi quelconque que tu le crois.
L’astre adoré de Sangorah ne tarda pas à se dévoiler sous la forme d’un cercle parfait. Les étoiles brillaient de mille feux. Soudain le lac se mit à luire. Plume s’approcha du bord, fascinée, pour la deuxième fois de la journée. La lunaris sourit en voyant son amie ainsi. Elle adorait voir cette expression apparaitre sur la face de son amie.
-Ce sont des cristaux de pierre de lune. Dès que leur astre éponyme se déploie dans toute sa rondeur dans les cieux, ils se mettent à briller. Ce lac est très connu des lunaris, on le nomme le lac lunaire.
-C’est magnifique.
-Oui et pourtant le vrai spectacle n’a pas encore commencé.
La petite flamiris tourna la tête vers son amie puis vers le ciel. La pluie d’Astisian, combien de fois avait-elle souhaité la voir ? Beaucoup trop sans pouvoir le faire une seule fois. Elle s’installa dans la fourrure de son amie et fixa le ciel avec intensité. Elles attendirent un moment avant la chute de la première étoile filante. Elles restèrent éveillées jusqu’aux prémices de l’aube, terminant ainsi cette pluie stellaire. Encre bailla et se tourna vers Plume.
-Alors, tu regrettes toujours le fait d’avoir été trainé de force ici plutôt que d’être resté dans ton nid douillet ?
-Non, j’ai adoré.
-Tant mieux. Au fait tu as pensé à faire un vœu ?
-Non. Mais je compte sur toi pour me ramener ici l’année prochaine donc j’en ferais un à ce moment-là. Et toi ?
-Non, mon vœu a été exaucé avant la pluie alors je n’ai rien voulu demander d’autre. Il ne faut pas abuser de cela après tout, sinon ils perdraient leur part magique.
-C’était quoi ton vœu ?
-De te faire une très belle surprise qui te fasse vraiment plaisir.
Plume s’enfouit dans la fourrure de son amie pour cacher sa gêne à cet honnête aveu.
-Merci beaucoup. Murmura-t-elle.
La lunaris sourit et ferma les yeux. Cette promenade l’avait éreinté et elles devraient bientôt redescendre du plateau pour la rentrée. Elle s’endormit paisiblement. Plume leva la tête de sa cachette et sauta sur le museau de son amie.
-Tu dors ? Ne me dis pas que tu dors... Espèce de paresseuse !
Ne percevant aucune réaction chez la lunaris, elle soupira et s’installa entre les pattes de son amie et ne tarda pas à la joindre dans le monde des rêves en se disant que la prochaine fois qu’Encre l’enlèverait pour les vacances, elle se plaindrait moins.
Spoiler: show
Une soirée de Halloween
Il faisait chaud pour un mois d’octobre. Terriblement chaud. L’été s’étirait à n’en plus finir trainant avec lui la chaleur moite d’une fin d’août. Pourtant cette nuit-là, la température chuta d’un coup, amenant avec le froid une multitude de bruits inquiétants.
Une flamiris noire et argent dormait tranquillement dans la fourrure grise d’une lunaris. Son poitrail se soulevait lentement, berçant le petit reptile ailé. Le sommeil de la lunaris aurait semblé paisible si des soubresauts n’agitaient pas ses paupières closes et que ses oreilles ne se mouvaient pas à chaque bruit étrange. La pauvre créature se demandait comment elle avait bien pu en arriver là.
Le dernier jour de cours avant les vacances d’octobre, Plume lui avait proposé de partir en vacances ensemble. Encre ravie par la proposition de sa meilleure amie avait accepté et lui avait même laissé le choix de la destination. Elle aurait dû tourner sept fois la langue dans sa gueule avant de dire cela. Mais voilà, la joie de passer du temps seule avec la petite flamiris lui avait fait oublier la prudence. Encre savait que Plume Maudite avait toujours eu des goûts douteux mais là, elle battait des records. La lunaris n’avait rien contre Renarhim, au contraire même elle aimait beaucoup cette contrée. Mais à la vue du logis proposé par Plume, l’idée de se perdre dans les forêts de Gaiara lui semblait bien plus plaisante.
-Plume, dis-moi que c’est une blague.
-De quoi ? Le manoir ne te plait pas ?
-Comment as-tu fais pour trouver un manoir comme ça. Tu as du dépenser un paquet de floryns.
-Du tout. Je l’ai eu gratuitement.
-Il est à ta famille ?
-Non.
-A des amis ?
-Non plus.
-A qui alors ?
-Je n’en sais rien.
-Hein ?! Mais on ne peut pas s’inviter d=chez des gens comme ça !
-Ne t’en fais pas. Cela fait des décennies qu’il n’y a plus âme qui vive ici.
Étrangement cela ne rassura pas Encre. La flamiris s’engouffra dans le bâtiment par une fenêtre à l’étage. Pendant ce temps, Encre patienta devant l’immense porte d’entrée, langue pendue et haletante. Elle n’avait jamais eu souvenir d’un mois d’octobre aussi chaud. La porte s’ouvrit en grinçant, les poils de son cou se hérissèrent et ses oreilles se couchèrent. La petite flamiris sortit en sifflotant gaiement. Encre plissa les yeux. Quand Plume sifflotait ainsi elle pouvait être sûre que quelqu’un allait avoir des ennuis.
-Tu sais Plume, je ne suis vraiment pas convaincue.
-Ne fais pas ta rabat-joie. Ce n’est pas tous les jours que tu pourras rester dans un manoir hanté pour le soir d’Halloween.
La lunaris se figea. Halloween ? Comment avait-elle pu oublier cette fête. Elle se remémora alors l’air étonné de ses parents à son départ, elle qui haïssait Halloween. Alors qu’elle se fustigeait mentalement, un sourire malicieux fendit le museau de la flamiris.
-Me dis pas que tu as peur.
-Bien sûr que non ! C’est juste que… que je n’aime pas les endroits poussiéreux.
Plume soupira.
-Je pense l’avoir compris vu que tu ne vas jamais à la bibliothèque de la Fac.
-Elle est pleine de poussière et la poussière ça me fait éternuer. J’aime pas éternuer. Grogna Encre.
-Tu es surtout trop douillette. Mais ne t’inquiètes pas, je peux te jurer qu’il y a autant de poussière là-dedans que dans ta tanière.
-J’ai du mal à te croire.
-Viens voir par toi-même.
Encre entra prudemment.
-Par contre il n’y a pas de courant. Donc ni chauffage ni lumière.
-Vu les températures actuelles, le chauffage ne me manquera pas.
-Moi si, alors tu me serviras de radiateur.
-Et après c’est moi la douillette. Marmonna Encre.
A chacun des pas de la lunaris le plancher craquait et elle ne pouvait s’empêcher de prier pour ne pas passer à travers.
-Tu te prends pour un snott ?
-Tu m’excuseras mais le plancher est vieux et je n’ai pas d’aile moi.
Une petite plume d’argent se mit à danser devant ses yeux et écrivit en lettres pailletés « trouillarde » dans les airs.
Elles finirent par s’installer dans une des pièces qui semblait en meilleur état. Encre ouvrit les fenêtres et s’installa sur le balcon. L’horizon ensanglanté par le coucher du soleil inondait les terres sombres de Renarhim. Elle contempla longuement le paysage et guetta l’apparition de la lune. L’astre ne tarda pas à émerger du voile nuageux le dissimulant. Elle en profita donc pour admiré le ciel dégagé et ses constellations. Ce fut ainsi qu’une étoile attira son attention en particulier. Il lui semblait qu’elle pulsait d’un étrange rayonnement rouge. Elle la fixa intensément fascinée. Soudain elle sentit des pattes griffues se poser sur sa tête et se tourna brutalement. Elle se retrouva alors truffe à naseau avec Plume qui n’avait pas l’air contente.
-Surtout ne répond pas quand je te parle.
-Désolé mais je regardais les étoiles.
-Ah...
Encre pointa alors le ciel de sa patte.
-Regarde celle-là, elle est bizarre.
-Laquelle, elles sont des milliards.
-Celle au centre d’Androctonus.
Plume chercha un instant fuis fixa Encre.
-Il n’y a pas Androctonus.
-Mais si regarde mieux.
Encre se tourna et qu’elle ne fut pas sa surprise de ne plus voir la constellation.
-Enfin, tu as raison sur un point, c’est bizarre de ne pas le voir alors que c’est sa saison.
Encre resta interdite.
-Viens on rentre.
-Mais je te jure qu’il était là !
-Oui je te crois mais en attendant amène ta fourrure à l’intérieur, j’ai sommeil.
Encre ne répondit pas et rentra en jetant un dernier regard vers le ciel. Elle devait se rendre à l’évidence, Androctonus avait bel et bien disparu ne laissant qu’un espace sombre dans le ciel d’automne.
Un craquement dans la pièce la fit sortir de ses pensées. Ses yeux s’ouvrirent, l’oreille tendue. N’entendant rien d’autre, elle se détendit. Elle déposa Plume délicatement dans les replis du drap pour ne pas l’éveiller et se leva silencieusement. Elle fit un tour rapide de la pièce en reniflant deça delà. Il n’y avait rien. Elle soupira de soulagement et se réinstalla dans le lit. Le sommeil commençait enfin à s’emparer d’elle quand une voix faible et aigue lui parvint. Ses oreilles se dressèrent de nouveau mais elle n’ouvrit pas les yeux. Au début cela ressemblait à un murmure plaintif qui s’intensifia et se mua en une comptine enfantine à glacer le sang. La lunaris sentit quelque chose frôler son cou et un long frisson parcourut son échine. Elle déglutit et ouvrit lentement les yeux. Plume n’était plus là. Elle se leva tremblante et avança dans la pénombre soudainement menaçante de la pièce.
-Plume ?
La petite voix continua de chantonner.
-Plume, c’est pas marrant alors arrête maintenant.
Un grattement attira l’attention de la lunaris. Il provenait d’une vieille armoire. Elle la contourna et l’observa avec méfiance. Le chant cessa et ne resta que le sifflement froid du vent dans les combles du manoir. La lunaris se détendit lentement et allait s’éloigner quand la porte de l’armoire s’ouvrit et qu’une créature blanche ne lui saute dessus.
Encre hurla et se jeta sur la porte en essayant de l’ouvrir. Le rire cristallin et les moqueries de Plume ne lui parvinrent qu’après plusieurs minutes passés à gratter frénétiquement la porte. Elle appuya alors sa tête contre le bois en tentant de reprendre sa respiration. La flamiris papillonna jusqu’à elle en riant aux larmes.
-Si tu avais vu te tête !
La gueule d’Encre bougea mais aucun son n’arriva aux oreilles de Plume.
-Parle plus fort. Lui dit-elle en s’approchant.
-Je te hais ! Aboya alors la lunaris avant d’ouvrir la porte et de sortir en larmes.
La flamiris resta sans voix. Elle s’était attendue à bien des réactions de la part de son amie mais pas celle-là. Elle passa la tête dans le couloir et la chercha du regard.
-Encre, c’était juste une blague. Ne le prend pas comme ça. Cria-t-elle.
Comme personne ne lui répondit et qu’elle ne voyait rien, elle retourna se coucher. Elle laissa quand même la porte ouverte pour son amie quand elle reviendrait. Elle s’installa sur le lit en fixant l’entrée. Elle frissonna, regrettant de ne pas avoir pris quelque chose de chaud pour elle. La fourrure douce et chaude d’Encre lui manquait. Elle grommela contre la couardise de son amie et se tassa sur elle-même. Ses yeux se fermèrent et elle s’endormit. Dans son sommeil elle entendit un bruit lointain de porte qui claque et un cliquetis de griffe sur le parquet. Elle ouvrit les yeux en baillant.
-Encre ?
Elle chercha son amie dans la pièce mais personne n’était là. La porte s’était fermée. Elle s’en approcha pour la rouvrir et remarqua une chose qu’elle n’avait pas vu auparavant : les traces de sang sur la porte. Encre s’était blessée dans sa panique ? Le cœur de Plume se serra. Son amie était là, pas très loin, dans le noir, en larmes et blessée. Tout cela par sa faute. Elle sortit de la pièce, bien décidée à la trouver.
La lunaris quant à elle était toujours en pleurs, prostrée dans un coin sombre. Au bout de quelques minutes, ses sanglots se calmèrent un peu et les bruits autour d’elle recommencèrent à l’effrayer. Elle n’avait pas des yeux de minousha et ne pouvait pas voir où elle était. Elle entendit alors les lattes du plancher craquer, comme si quelqu’un approchait. Les oreilles couchées, les yeux écarquillés, son sang se figea et sa respiration se bloqua en sentant le bois plier sous le poids d’un corps lourd. Quelque chose se tenait devant elle. Un souffle froid ébouriffa les poils de sa tête. Elle retint un sanglot, son cœur au bord de l’explosion. La présence s’estompa doucement et les pas s’éloignèrent. Encre s’effondra, de nouveau en larmes mais cette fois si silencieuse.
-Je vous en supplie, que quelqu’un m’aide. Murmura-t-elle.
Soudain une petite flamme blanche apparut devant elle. Peu à peu, les muscles de la lunaris se détendirent. La petite flamme voleta devant ses yeux et s’éloigna.
-Attends, ne me laisse pas ! Glapit Encre en la poursuivant.
Le petit feu follet s’arrêta devant un immense miroir. Encre s’en approcha. En voyant l’état de son pelage, elle soupira et fit un brin de toilette. Il n’y avait aucun bruit dans la pièce. Elle déambula un moment dans la zone éclairée puis se roula en boule sous le petit feu-follet.
-J’aimerai retourner auprès de Plume...
Elle jeta un œil au feu follet.
-Pourrais-tu m’accompagner ?
Le petit feu follet resta immobile.
-Bon, ce n’est pas grave, j’irai seule. Merci beaucoup.
Encre se leva et s’approcha de la porte. La boule lumineuse tournoya autour d’elle et s’éloigna de la porte. Encre la regarda sans comprendre et poussa la porte. Un courant d’air glacial s’engouffra dans la pièce et agressa son corps. La flamme blanche vacilla et disparut. Les ténèbres envahirent la pièce. L’air s’alourdit. La lunaris recula, sentant des présences l’encerclant peu à peu. Son dos heurta alors un corps fin et froid. Elle fit volte-face, grognant sans voir ce qu’elle venait de toucher. Une douleur foudroyante traversa alors sa cuisse et ses pattes arrières cédèrent. Le sang battait violemment dans ses tempes. Avant de s’évanouir, elle aperçut deux yeux blancs luisant dans les ténèbres et entendit au loin une vieille horloge sonner le dernier coup de minuit.
Le lendemain matin, une flamiris et une lunaris sortirent de la maison. La première apostrophant l’autre à cause de sa fuite la nuit passée. Juste avant de franchir le portail, la lunaris regarda le manoir derrière elle et ses lèvres s’étirèrent en un sourire malsain. Au plus profond de ce manoir, dans une pièce des plus sombres, derrière l’immense glace d’un miroir une lunaris, argent et bordeaux terrifiée, hurlait en frappant la paroi.