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Message par Inari » 21 Nov 2015 13:32

Bienvenue sur ce topic \o/

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Présentation des auteurs :

Inari et Lumaziis, auteures et amies dans la vraie vie. Nous écrivons depuis longtemps que ce soit ensemble ou séparément, et nous avons même plusieurs projets de romans en cours. Vous avez peut-être déjà croisé l’une d’entre nous sur le forum d’Amour sucré sous les pseudos Inari23 ou Taluna, nous avons également une fanfiction à quatre mains sur le forum hpfanfiction dont le titre est La Délicatesse du Désordre.


Depuis quelques temps nous avons déserté le forum d’Amour sucré beaucoup trop dictatorial à notre goût, et surtout nous nous sommes lassées des fanfictions, puisque nous avons dans nos dossiers plusieurs textes originaux que nous ne souhaitons pas adapter. Le forum de Gothicat nous offre la possibilité de publier un texte important pour nous sans avoir à le modifier donc nous avons décidé de nous lancer pour avoir quelques avis.

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/!\ Avertissement :
Ce texte contient parfois un langage cru, des scènes de bagarre ou bien de flirt poussé. L’un des personnages secondaires est également homosexuel, donc âmes sensibles et homophobes, vous pouvez changer de topic tout de suite !


Cette histoire fait partie d’un projet beaucoup plus important, c’est en quelque sorte une scène coupée, donc nous tenons beaucoup à avoir des retours dessus. La série de roman serait rangée dans la catégorie « aventure », mais ce hors-série serait plutôt dans « romance » et « adulte » même si le public visé est plutôt dans les 13-25ans. Le fichier entier fait 57 pages word, il y a quatre chapitres, chaque chapitre fait à peu près 20 pages mis à part le dernier qui est très court.

Et sans plus attendre, voici donc le texte ~

Chapitre 1

Spoiler: show
John relisait le morceau de papier pour la énième fois depuis qu’il était rentré chez lui. A force de l’avoir aplatie, la feuille autrefois pliée en trois était désormais parfaitement lisse, et chaque mot, chaque virgule étaient imprimés au fer rouge dans son esprit. Il aurait pu la réciter à l’envers s’il l’avait voulu. Lire cette lettre encore et encore, les derniers mots de Charlotte à son égard avant qu’elle ne soit tuée, lui donnait presque l’impression qu’elle était toujours là d’une certaine manière. Presque.

Il n’avait aucun regret sur ce qu’il s’était passé. Elle était partie pour son bien et celui de son enfant à naitre. Si elle était restée, c’était son esprit qui aurait été abîmé, et il ne le voulait pas. Il préférait qu’elle ait eu une vie courte mais fidèle à elle-même, heureuse quand elle ne pensait pas trop à lui, plutôt qu’angoissante et usante parce qu’elle se serait fait trop de soucis pour lui, parce qu’il aurait été trop distant, absent. Il n’était pas fait pour être en couple, encore moins avec quelqu’un à qui il tenait.

Elle n’avait pas compris à quel point il était attaché à elle pour ne pas la retenir. Elle avait pensé qu’il ne l’aimait pas, probablement qu’il l’avait oubliée en seulement quelques semaines, peut-être quelques jours. Il aurait voulu que ce soit le cas, mais surtout que ça l’aide à passer à autre chose. Dans les deux cas ça n’avait pas marché.

S’il avait su… Alors quoi ? Il l’aurait laissée partir de la même manière. Probablement qu’il l’aurait fait fuir lui-même plutôt que de laisser ça à sa sœur s’il avait été au courant qu’elle était enceinte. Mais peut-être qu’il aurait demandé à Ryan de garder un œil sur elles. Et peut-être qu’il aurait pu la sauver. Ou peut-être pas. Il ne savait pas lui-même s’il aurait pris les choses en mains, s’il aurait payé cette foutue rançon, et dans ce cas, si elle aurait été réellement rendue à son pays saine et sauve.

A l’époque il n’y avait que Riley dans sa vie. Il n’avait pas de but précis, seulement être avec elle, toujours. Il aurait dû se rappeler que toujours n’existait pas. Il s’était persuadé que leur vie dangereuse et exaltante, seulement rien que tous les deux avec quelques fois la présence d’un Whim et celle, constante, de la mort à leurs côtés, durerait indéfiniment. Que rien ne changerait. Quel crétin !

Il se serait peut être conduit différemment s’il avait su dès le départ que tout serait modifié en aussi peu de temps. Et il ne comptait pas les cinq années où ils ne s’étaient pas vus, Charlotte et lui. Non, il parlait des quelques mois qui avaient suivis leur rencontre avec les Witch Hunter. Qui aurait cru qu’ils s’assagiraient au contact de trois membres d’un des clubs de motards les plus dangereux des Etats-Unis ? Qu’eux, le frère et la sœur Hoffmann, les deux allemands timbrés, se retrouveraient avec des gamins ?

Si Charlotte était arrivée maintenant, alors qu’il ne pouvait plus faire de conneries au risque de mettre son neveu et sa nièce en danger, alors il l’aurait acceptée. Du moins c’était ce qu’il pensait. Riley n’avait plus vraiment besoin de lui en permanence depuis un moment déjà. Liam ne l’avait pas remplacé, mais il lui faisait du bien, il l’apaisait, et surtout, elle l’aimait. Elle aimait leurs enfants aussi, même Emily qui n’était pas sa fille. John aussi aimait Emily d’ailleurs, elle était adorable. Et elle lui rappelait Riley, ce qu’elle aurait pu être si elle avait eu une enfance.

John soupira et s’alluma une cigarette tout en lisant la lettre encore une fois. Il ne la lisait pas vraiment en réalité, il survolait simplement les lignes, mais comme il connaissait le texte par cœur, il avait l’illusion de la lire. Ce qui lui avait fait le plus mal, c’était tous les reproches qu’elle s’était fait, comme si elle était coupable de quelque chose. Elle n’avait pas réussi à prendre de la distance, contrairement à lui. Cela le confortait dans l’idée qu’elle n’aurait pas supporté la pression qu’elle aurait subie en restant avec lui. Même si, au final, elle s’était malgré tout torturé l’esprit à son sujet.

Il se remémora sa réaction lorsque Jubei lui avait transmis le message de Frank. Il avait presque bondit au nom de Charlotte Perrin, et n’avait même pas réfléchit une seule seconde avant d’appeler le numéro indiqué. Finalement lui non plus ne l’avait pas oubliée, il avait juste bien fait semblant. Riley l’avait su à cette époque, elle avait deviné qu’elle était différente pour lui. Elle ne l’avait pas faite fuir par plaisir, n’avait rien eu contre elle, elle n’avait agi que pour lui. Parce qu’il soutenait qu’il ne voulait pas s’engager, alors comme il était lui-même incapable de mettre fin à cette relation, c’était elle qui s’était salis les mains.

Elle lui avait pourtant donné sa chance plusieurs fois, mais il l’avait laissé passer volontairement et elle en avait eu conscience. Il le comprenait à présent, il voyait ce que Riley avait vu et qu’il s’était borné à ignorer. Il ne pouvait pas dire qu’il l’avait aimée… Mais elle n’avait pas été n’importe qui non plus. Il tenait à elle, se sentait bien avec elle. Il avait eu envie de davantage mais se l’était interdit pour la protéger. De lui et de la vie qu’il menait avec Riley, elle ne l’aurait pas supporté.

Il reposa la lettre à l’envers, pour ne plus voir les mots inscrits sur le papier, mais même comme ça il pouvait encore les lire, inscrits en lettres brûlantes dans son esprit. Il se leva tout en allumant une nouvelle cigarette et alla se poster devant une fenêtre pour regarder vaguement la rue. Les maisons qu’il pouvait voir étaient toutes quasiment identiques, c’était le genre de quartier récent construit pour la classe moyenne, abritant des familles américaines typiques, sans histoire. Seul les décorations et les fleurs, ainsi que les véhicules garés devant les portes des garages, différaient un peu.

Lorsqu’il avait commencé a vraiment gagner de l’argent grâce à leur groupe, il n’avait pas tout flambé contrairement à ce qu’on aurait pu penser. Bien sûr il avait gardé un peu d’argent pour s’amuser, mais l’essentiel de ses gains était passé dans des investissements, immobiliers pour la plupart. Presque la moitié des maisons de ce quartier lui appartenaient personnellement, il en louait la plupart, mais récemment, il en avait récupérée plusieurs pour que sa sœur et Ryan puissent s’installer avec leurs enfants. Jubei et June en avaient également chacun une à disposition pour qu’ils soient tous proches. De là où il était, il voyait parfaitement la moto de Liam ainsi que le monospace qu’il avait acquis récemment. Le 4x4 de Riley, lui, était invisible, garé dans le garage.

Il se sentait seul depuis que sa sœur était en couple, il n’avait plus d’objectif, plus personne à protéger. Elle avait toujours représenté toute sa vie, alors il s’était trouvé démuni lorsque Liam avait pris sa place, et encore davantage lorsqu’elle avait appris sa grossesse. Cameron était inespérée, elle redonnait un sens à son existence alors qu’il devait même renoncer à son travail de mercenaire.

Sans y penser, il se dirigea vers sa chambre et poussa silencieusement la porte. Léa et Lorenza avaient fait un gros travail pour la réaménager pour Cameron en seulement deux jours, et la petite avait été ravie de la découvrir. Elle avait été faite selon son goût, et a priori, Charlotte n’avait pas eu les moyens de beaucoup la gâter, ce qui impliquait qu’elle s’était émerveillé devant les choses les plus banales. Il comprenait bien cela, Riley et lui avaient longtemps vécus dans la pauvreté, si au même âge on leur avait offert autant de choses, ils auraient sans doute étaient tout aussi émerveillés.

Pour l’heure, elle dormait profondément, blottit sous son épaisse couette en plumes, un bras ramené devant son visage. Son expression était neutre, loin de la tristesse qu’elle arborait en temps normal, elle avait l’air de la petite fille innocente qu’elle aurait dû être si elle n’avait pas perdu sa mère. Elle lui faisait penser à Riley sur ce point-là, sa sœur avait mis longtemps à se forger ce masque neutre qu’elle arborait en permanence, mais elle avait gardé un visage accablé de tristesse un bon moment.

Cette pensée l’effleurait tout juste que son expression changea, se muant en une grimace douloureuse, et il réagit d’instinct. Ce genre de situation ne lui était pas étranger, il y était habitué avec Riley, s’était beaucoup occupée d’elle lorsqu’elle allait mal et qu’elle faisait des cauchemars. Automatiquement, il s’assit près d’elle, sur le bord du lit, et lui caressa les cheveux. Elle s’apaisa un peu, et il s’allongea près d’elle, l’entourant de ses bras. Elle se blotti contre lui, s’accrochant à son t-shirt, et se rendormie, apaisée par son contact. Rendue nostalgique par cette scène qu’il avait déjà vécu des centaines de fois, il ne tarda pas à la suivre dans le sommeil. Il rêva de Charlotte et de leur première rencontre au Tiki bar…

***

La musique qui passait était douce et Charlotte s’installa plus confortablement sur son tabouret de bar. Elle se trouvait au Tiki bar, un pub à l’allure chic et posée, à la déco aux accents du sud tout en restant totalement à la mode. Le bar était un ilot central et elle avait une bonne vue sur les clients assis en face d’elle, de l’autre côté. Ses deux amies, Lianna et Trish étaient assises à sa gauche et discutaient ensemble de leurs mecs, de leurs études et de leurs futures vacances dans les caraïbes. Charlotte se contentait d’observer les gens en les écoutants d’une oreille distraite. Elle adorait ça, essayer de décrypter les comportements, analyser les situations, les gestes, les mots et les intonations. Ses études étaient basées sur ces faits et elle prenait tout comme un prétexte pour étudier un peu.

Plus tard, un homme pénétra dans le bar et son entrée fut des plus remarquées. Il était assez beau garçon, mais c’était surtout son aura mystérieuse et dangereuse qui attirait l’œil, qui faisait parler et murmurer sur son passage. Il avait l’air dangereux, on sentait dans sa posture, dans son allure et même dans ses yeux qu’il était différent de tous ceux qui étaient présents. Il s’installa presque en face de Charlotte et la Française ne se gêna pas pour l’observer en jouant avec la touillette de son cocktail. Elle l’analysa, essaya de comprendre qui il était et pourquoi cette aura sombre lui collait à la peau. Elle en avait complètement oublié ses deux amies qui la regardaient désormais avec des airs amusés et un rien moqueuses. Elles proposèrent finalement d’aller danser, mais Charlotte refusa en secouant la tête, laissant Lianna et Trish rejoindre la piste de danse ensemble. Elle se leva alors et contourna l’ilot pour venir se placer juste à côté de ce mystérieux inconnu.

-Un Whisky s’il-vous-plait, commanda-t-elle au barman.

Elle le regarda en coin, puis tourna vraiment la tête vers lui pour le détailler de plus près. Elle était de nature curieuse, et lorsque ce penchant prenait le dessus, elle n’en démordait plus. Elle remarqua son air lassé, presque blasé et désabusé. Elle comprit que ce n’était pas qu’une passade et qu’au fond il avait dû passer bien plus qu’une sale journée. Pourtant c’était là tout ce qu’elle trouva à dire, totalement perturbée par ce mystérieux inconnu.

-Dure journée ? demanda-t-elle avant de porter son verre à ses lèvres, laissant les glaçons venir à leur rencontre.
-Ouais, se contenta-t-il de répondre sans même tourner la tête.
-Et même plus que ça on dirait.
-Ouais.
-Boulot ou nana ?
-Boulot, et maintenant nana, grogna-t-il.

Elle sourit et posa son poing contre sa joue en continuant à le regarder. Il n'était pas franchement aimable, mais son attitude l'amusait un peu, sans pour autant qu'elle n’en vienne à se moquer.

-Dis-moi beau gosse, ça te dirais d'aller faire un tour avec moi ? J'te ferais passer une nuit au septième ciel... C'est bien comme ça que te parlent les femmes qui t'abordent en général ?

John commença par plisser les yeux, puis tourna enfin la tête vers elle et la détailla. Elle était brune, aux longs cheveux lisses et aux yeux d'un gris très clair, mis en valeur par une peau mate. Sa silhouette était svelte, visiblement elle était sportive mais pas seulement à voir la manière dont elle lui avait parlé.

-Ouais c'est comme ça, admit-il avec un sourire en coin.
-Tu préfères que je te parle comme une bimbo ou comme une personne civilisée avec un minimum d'esprit ? Parce que si tu veux t'adresser à un poisson rouge, je ne suis pas forcément la bonne personne, expliqua-t-elle avec un sourire, des gestes accompagnant ses paroles.
-C'est toi qui est venue me parler ma jolie.
-Hm, j'ai droit à un petit nom ?
-Ouais pourquoi, ça te dérange ?
-Du tout, ça montre juste que tu apportes un minimum d'intérêt à ma personne, même si pour le moment, ça n'est que physique.
-T'essayes de m'analyser ?
-Pas vraiment. Enfin si c'est l'impression que ça donne, tu peux le croire si ça te plait. Et si ça ne te plais pas, alors n'y croit pas, sourit-elle doucement, avant de porter une nouvelle fois son verre à ses lèvres.
-Si t'es venue me prendre la tête tu peux dégager, j'suis pas vraiment d'humeur, mais ça tu l'avais remarqué.
-Je ne suis pas là pour te prendre la tête, je suis là pour me détendre.
-Moi aussi mais tu m'emmerdes.
-Ça c'est pas très gentil. T'es comme ça avec toutes les femmes qui t'approchent ? Ou juste avec celles qui n'écartent pas les cuisses le premier soir ?
-Juste avec celles qui écartent pas les cuisses directement, ricana-t-il stupidement.
-Tu n'aimes pas les filles qui ont la tête pleine ? demanda-t-elle avec un sourire.
-J'en vois pas l'intérêt.
-Pourtant tu n'as pas l'air d'être un idiot. J'aurais cru que tu préfèrerais la compagnie d'une personne qui a de la conversation, pour une fois.
-Pour quoi faire ?
-Pour changer ?
-Discuter au lieu de baiser ? T'as de drôles d'idées.
-Une discussion peut amener dans un lit.
-Les préliminaires c'est pas mon truc.
-Mais les préliminaires peuvent être la plus agréable des choses. Les bimbos ne sont pas douées pour ça ?
-Ça dépend de ce que t'appelles préliminaires.
-Ça peut être beaucoup de choses.
-Si ça implique pas du sexe ça a aucun intérêt.

Elle rit, doucement, mais d'un joli rire. Il était rare de l'entendre ainsi, mais il l'amusait réellement.

-Ça peut en impliquer oui.
-J'vais t'expliquer un truc que tu dois pas savoir, si on appelle ça des préliminaires, c'est justement pour les différencier du sexe.
-Il y a des préliminaires qui sont bien plus agréables que le sexe en lui-même. Tu n'as pas dû avoir de bonnes amantes, voilà tout.
-Les nanas avec qui je baise écartent les cuisses, c'est tout ce que je demande.
-Alors tu rates quelque chose de grandiose.
-Si ça m'évite de me faire emmerder par des nanas comme toi, ça me va.
-Tu dis toujours que je t'emmerde ?
-Ouais, les filles qui causent ça me gave.
-Alors tu n’aimes que les idiotes ?
-Ouais, tout ce qu'elles veulent c'est se faire baiser, et après elles te foutent la paix.
-En clair, ce qui te plait ce sont... les p*tasses décolorées et Désinhibitées ?
-Désinhibées, corrigea-t-il machinalement.
-Oh ! Tu as donc du vocabulaire ? Sourit-elle.
-J'discute avec un petit génie de temps en temps, se rattrapa-t-il.
-Tellement que tu en viens à corriger les autres.
-Ouais, c'est fou la mauvaise influence qu'il peut avoir sur moi. Dans quelques temps j'vais peut-être même commencer à considérer les femmes autrement que comme des objets sexuels.
-Ce serait un bon début, sourit-elle.
-Ça me ferait chier.
-Pourquoi ?
-Après faudrait que je fasse attention à leurs sentiments, c'est plus simple comme ça.
-Je n'ai pas parlé de sentiments, c'est toi qui en as parlé.
-Ouais, les nanas sont trop sensibles, dès qu'on fait un peu attention à elles, elles s'imaginent des trucs. J'les prends, j'les baise, c'est aussi simple que ça.
-Aussi simple que ça ?
-Ouais. J'ai pas de temps à perdre.
-Oh, alors tu dois être quelqu'un de très important. Un... Un éru… Non ce n'est pas le mot que je cherche, souffla-t-elle en baissant la tête pour regarder le bar, les sourcils froncés.
-Un éru ? Je connais pas, mais si tu me crois important tu te plantes ma belle.
-Un érudit, corrigea-t-elle. Mais ce n'est pas le mot que je cherchais... Ah! Un notable ! Voilà. Et tu dis que tu n'es pas important ? Donc tu dois avoir du temps à perdre ?
-J'ai peut être juste d'autres priorités que de me farcir les états d'âme d'une nana.
-Les états d'âme? demanda-t-elle, presque offusquée.
-Ouais. En gros si t'espères autre chose que du cul, tu peux aller voir ailleurs.
-Et que crois tu que j'espère?
-J'en sais rien mais en tout cas t'as l'air carrément frigide.
-Frigide?
-Ouais, j'préfère les nanas en chaleur, elles me prennent pas la tête et en plus je serais déjà en train de m'en taper une.
-Alors pourquoi tu discutes encore avec moi ?
-Parce qu'il y a aucune nana en chaleur ici, souffla-t-il.
-Alors pourquoi tu es ici ?
-C'est le premier bar que j'ai croisé et j'avais envie de boire.
-Logique.

Elle but une gorgée dans son propre verre en l'observant, puis le reposa sur le bar en le faisant légèrement claquer.

-Arrêtes ton cinéma, ne me prends pas pour une idiote en jouant au c*n. Tu es bien moins crétin que tu veux le faire croire.
-Qu'est-ce que tu me veux ? Soupira-t-il sans nier.
-Etudier ton comportement pour le rapporter à ceux qui m'ont envoyée sur terre, lâcha-t-elle. Ensuite je t'emmènerai dans mon vaisseau pour te faire des enfants mi-hommes mi-extra-terrestres.
-Sexy pour un extra-terrestre. J'veux bien baiser, et le gosse, je te le fais si après j'entends plus parler ni de toi, ni de lui.
-Oh mais il n'y en aura pas qu'un, au moins douze pour assurer la survie de l'espèce. Et c'est toi qui les porteras pendant seize mois.
-Plutôt crever.
-On pourra arranger ça, on a tout un tas de sondes et de matériel médical terrifiant...

Amusé, il glissa sur son tabouret pour se rapprocher d'elle, un air sinistre sur le visage.

-Essaie, susurra-t-il, tu crèveras avant moi.
-Aurait-on peur des extra-terrestres, monsieur l'imbécile ? demanda-t-elle avec un sourire en se rapprochant de lui, leurs visages se retrouvant à quelques centimètres l'un de l'autre.
-Ça risque pas.
-Alors de quoi tu as peur ?
-De rien.
-Pourquoi te cacher derrière un masque d'ignorance si tu n'as peur de rien ?
-Pour pas être emmerdé, comme maintenant tu vois ?
-Alors je t'emmerde encore ?
-Ouais, qu'est-ce qui te fait croire que c'est pas le cas ?
-Je suis une extra-terrestre sexy, tu l'as dit toi-même. Je ne devrais pas être ennuyante.
-A regarder nan.
-Mais chaque fois que j'ouvre la bouche tu as envie de m'arracher la langue pour que je la ferme, c'est ça ?
-J'ferais bien d'autres trucs avec ta langue pour que tu la fermes mais l'arracher c'est pas une mauvaise idée.
-Je suis pleine de bonnes idées.
-Comme venir parler à un mec que toute personne saine d'esprit éviterait ?
-Absolument. Je suis curieuse de nature. C'est un vilain défaut, mais tout ce mystère et cette aura autour de toi m'a... totalement subjuguée, souffla-t-elle en jouant les écervelées avant de sourire.
-Ça t'attirera des ennuis un de ces jours.
-Pas si tu me protèges.
-Pourquoi je te protégerais ?
-Parce que je suis belle, sexy, intelligente, drôle, commença-t-elle en énumérant ses qualités en levant chaque fois un doigt pour les compter. Courageuse, absolument adorable, et modeste en plus de ça.
-C'est pas des raisons pour que je fasse quoi que ce soit pour toi.
-Alors on peut faire un pari. Qu'est-ce que t'en penses ? Si je gagne, tu me protèges chaque fois qu'on se voit, et si tu gagnes... C'est moi qui te protègerais.
-J'ai pas besoin de me faire protéger par une nana.
-Je me défends bien tu sais ? Je suis sûre que je gagnerais un bras de fer contre... Non, pas contre toi. Contre lui là-bas, dit-elle en désignant un pauvre garçon maigrelet et aux bras plus fins encore que les siens.
-J'suis pas si c*n que ça, ça se voit que t'es sportive.
-Oh tu l'admets toi-même maintenant ? Enfin bref, qu'est-ce que tu veux si tu gagnes le pari alors ?
-C'est vraiment chiant les nanas, comme quoi y’a pas que ma sœur. Tu me fous la paix peut être ?
-Hm... Plusieurs propositions, choisis en une. Si tu gagnes, je pourrais te montrer ce que sont de vrais préliminaires par exemple, ou jouer les bimbo pour toi vu que tu as l'air d'aimer ça, ou t'inviter à manger, ou bien te ficher la paix si c'est ce que tu veux vraiment.

Attiré malgré lui par son caractère, et il fallait l'avouer parce qu'elle ne s'était toujours pas découragée alors qu’il faisait tout pour la repousser, John ne saisit pas sa chance en choisissant la dernière option. Des bimbos, il en avait à la pelle, et manger ne l'intéressait pas.

-Ok pour les préliminaires, on va voir si t'es si inventive et douée que ça.
-Parfait ! Et donc si c'est moi qui gagne, tu me protègeras. On est d'accord ?
-T'as besoin d'être protégée toi ?
-C'est toujours bien d'avoir un homme fort pour se défendre.
-Mouais, pourquoi pas. Et tu comptes faire quoi ?
-Comment ça faire quoi ?
-Pour le pari.
-Oh ! Oui, j'avais oublié ce détail. Voyons...
-Un détail, ben tiens...
-Je sais ! Je parie que je suis capable de deviner cinq choses sur toi.
-Que j'suis pas c*n, ça compte pas.
-Ok. C'est parti ?
-Vas y que je rigole.

Elle lui sourit, puis termina son verre de whisky cul sec avant de le faire claquer sur la table. Elle se tourna ensuite sur son tabouret de bar pour lui faire vraiment face et elle commença à l'observer, la tête légèrement penchée sur le côté et les yeux un peu plissés.

-Tu n'es pas d'ici. Je veux dire, tu vis dans cette région, mais tu n'es pas né ici. Tu n'as pas vraiment d'accent, ou en tout cas tu le caches bien... Pour cacher tes origines ? Hm... Je dirais que tu viens des pays de l'est. La Pologne ou bien... L'Allemagne ?
-Pas mal. J'peux jouer à ça aussi, t'es d'Europe aussi. Les Etats-uniens connaissent pas aussi bien les pays d'Europe de l'Est et ils font pas la différence entre la Pologne et l'Allemagne. T'as aucun soucis avec les r, mais tu prononces pas les h, j'dirais que t'es française.
-Bien joué l'Allemand, sourit-elle. Un autre whisky s'il vous plait. Et un pour mon ami. On va ajouter une nouvelle règle. Chaque fois que j'ai bon, tu bois une gorgée, et chaque fois que tu as bon, je bois une gorgée.
-Si tu comptes me saouler tu vas avoir du mal, mais ça me va.
-Je ne veux pas vraiment te saouler. Mais en France comme aux USA, il y a beaucoup de jeux où la boisson est de mise, alors j'essaye d'honorer mes deux patries comme je le peux !

Le barman déposa deux whiskies devant eux et elle en but une gorgée puisqu'il avait une bonne réponse à son actif. Il l'imita, jouant le jeu avec un sourire. Il appréciait ce petit jeu et se fichait désormais totalement de perdre ou de gagner.

-Ok, allons-y ! Je pense... Non. Je sais que tu as une sœur, tu l'as dit tout à l'heure. Mais je pense que tu n'as qu'elle comme famille à proprement parler, et que tu es très attaché à elle.
-Ouais. Toi t'es fille unique, sinon t'aurais surenchéri quand j'ai parlé de ma sœur.
-Pas mal, souffla-t-elle en buvant une gorgée de whisky. Je pense... Que tu fais de la moto, et que tu adores ça.
-J'en ferais pas si j'aimais pas ça, répliqua-t-il en buvant également. Toi, quelqu'un qui était proche de toi est mort. Et tu l'as vu mourir.

Elle ne répondit pas mais but tout de même une gorgée.

-Tu as vu plus de morts que moi. Et tu l'as frôlée plus d'une fois.

Il n'insista pas et bu à son tour en inclinant son verre vers elle, lui portant un toast.

-Tu parles pas de toi si tu peux l'éviter, ou en tout cas tu préfères que l'attention soit n'importe où ailleurs que sur toi. C'est en partie pour ça que tu t'intéresses autant aux autres, ça t'évites de te pencher sur toi. J'paris que t'es du genre à faire du bénévolat et des trucs comme ça.

Elle avala une nouvelle gorgée après avoir trinqué avec lui.

-Pas mal, tu te défends bien. Je parie que ton métier à un rapport avec la mort. Pas forcément celles que tu as vues. Et je pense aussi que ça a un rapport avec le flingue que tu as à la ceinture. D'ailleurs tu dois en avoir un deuxième. Et tu as plusieurs tatouages qui ont tous une signification. T’es pas du genre à graver des trucs insignifiants sur ta peau.
-Ouais, j'en ai deux, enfin un mais composé de deux dessins. Et mon flingue a à voir avec mon métier mais je tue personne, je vends juste des armes. Toi t'as pas de tatouage par contre, t'es pas du genre à te faire graver la peau, ça implique trop de choses.

Elle dégagea ses cheveux de sa nuque, ce qui permit de voir ses deux tatouages, une plume sur la nuque et une lettre derrière l'oreille droite.

-Je crois bien que j'ai gagné, sourit-t-elle.
-Merde, grogna John en terminant son verre d'un coup. J'les aurais mes préliminaires, tu verras.
-Oui ! S'exclama-t-elle en tapant dans ses mains. J'ai gagné un protecteur !
-Comme si ça allait te servir.
-Ça peut aussi me servir de prétexte pour te voir.
-T'as besoin d'excuses pour me voir ? Dis-le que t'as envie de t'allonger sous moi.
-C'est une idée. Mais chaque chose en son temps, beau brun, souffla-t-elle.
-J'savais que t'étais pour.
-Mais je ne suis pas une Bimbo écervelée qui écarte les cuisses le premier soir. Je serais nettement moins attirante et intéressante si c'était le cas. Ce soir tu ne pourras que fantasmer en imaginant de quoi je suis capable et ce que je pourrais te faire, susurra-t-elle en se penchant vers lui.
-J'irai me taper la première fille qui passe pour me changer les idées, répliqua John en ricanant.
-Pauvre garçon frustré, rit elle.
-Pas pour longtemps.
-Alors, cher protecteur. Comme ça tu vends des armes? Ça a un rapport avec la mort, les armes.
-Pas forcément, les cibles peuvent être du carton ou des trucs comme ça.
-Mais les armes peuvent tuer. Tu as ta boutique ?
-Ouais.
-Sympa... Oh ! Je viens de me rendre compte de quelque chose... Si je te pose une question, tu y répondras ?
-Ça dépend de la question.
-Je ne connais pas ton nom, sourit-elle.
-C'est pas une question ça, ricane-t-il.
-Quel est ton nom, cher protecteur ?
-John. M'appelles pas comme ça, j'suis pas un protecteur.
-Même pas un petit surnom? Je suis obligée de t'appeler John ?
-Ouais.
-Hm. On fera un autre pari et si je gagne je t'appellerai comme je veux.
-On verra ça.
-Tu as peur de perdre face à une extra-terrestre? Sourit-elle.
-J'vais te faire ta fête, l'extra-terrestre.
-Oh des menaces maintenant ? Mais tu es censé me protéger !

Au même instant, un type vint s'assoir à sa gauche et se pencha vers elle pour attirer son attention.

-Salut beauté, j’te paye un verre ?
-Laissez-moi, je suis occupée.
-Allez, c’est quoi ton p'tit nom ? demanda-t-il en posant sa main sur le haut de sa cuisse.

Elle réagit d'instinct et sans prévenir, elle balança le contenu de son verre au visage de l'homme. Celui-ci accusa le coup, puis s'énerva, se levant en essuyant son visage, avant de la menacer.

-Tu vas payer petite traînée !

John souffla en voyant le regard appuyé que lui lançait Charlotte et se leva de mauvaise grâce, se plaçant juste à côté d'elle, une main sur son épaule.

-C'est pas une trainée, j'ai déjà essayé, fit-il avec un sourire malsain.
-Qu'est-ce que tu veux toi ? grogna le type.
-J'veux que tu lui foutes la paix. J'ai fait un pari avec... C'est quoi ton nom d'ailleurs ?
-Charlotte, souffla-t-elle. Tu veux bien nous laisser ? Ou tu comptes jouer au gros c*n encore longtemps?
-Charlotte c'est ça, reprit John.

Il le vit lever la main pour la gifler et s'interposa, bloquant son bras sans le moindre effort apparent avant de poursuivre sa phrase.

-Donc ouais, j'ai fait un pari avec Charlotte, et quand un crétin l'emmerde j'suis sensé la défendre. Donc tu lui fous la paix si tu veux pas bouffer de la soupe avec une paille pour le reste de ta vie.
-Tu vas me lâcher c*nnard ? Et ta p'tite p*te j'vais la baiser, après l'avoir corrigée ! S’énerva le type en s’éloignant de John pour se rapprocher de la française qu'il attrapa par le bras.

John souffla, pas vraiment motivé, puis sans prévenir, il pivota sur ses hanches et balança son poing dans l'épaule du type. Celui-ci recula d'un pas, relâchant Charlotte sous l'impact et l'allemand en profita. Sans attendre qu'il puisse se reprendre, John réitéra son geste mais cette fois il visa son visage. Le coup le fit partir en arrière, et il heurta le bar violemment avant de glisser lentement sur le sol.

Charlotte se releva de son siège en se tenant le bras et attendit que le vigile sorte le type du bar après s'être expliqué avec John qui avait l'appui du barman. Ce dernier leur offrit d'ailleurs un verre à chacun.

-Les femmes sont des aimants à emmerdes, et je sais de quoi je parle, commenta John en se rasseyant tranquillement.
-Je n'ai jamais été aussi inspirée pour un pari... Merci John.
-Fallait vraiment que j'y sois obligé. Une réaction pareille pour une main sur la cuisse, t'es vraiment frigide en fait.
-Pas vraiment, mais j'avoue que j'ai des réactions un peu extrêmes parfois.
-On dirait Riley, souffla John, moitié désespéré, moitié amusé.
-Riley ?
-Ma sœur. Elle est timbrée dans le genre aussi. Sauf qu'elle, elle lui aurait pété la main. Voir le bras.
-Je n'ai... Pas vraiment le droit, sourit-elle.
-Ma sœur non plus.
-Elle fait des sports de combat ?
-Quelques-uns.
-Et toi ?
-Aussi, mais moins qu'elle.
-Lesquels ? Demanda-t-elle en buvant une gorgée dans son verre.
-Taekwondo, Krav maga, Aïkido, elle touche à plein de trucs.
-Et toi, lesquels tu fais ?
-Les mêmes, j'la laisse pas souvent seule.
-Tes vraiment très attaché à elle alors. Tu la protège.
-Elle a pas besoin d'être protégée, mais je préfère l'avoir à l'œil.
-Quel frère attentionné, sourit-elle.
-J'sais pas si on peut appeler ça comme ça, mais personne peut la toucher sans que j'sois au courant.
-Très protecteur effectivement.
-Juste avec elle, te fais pas d'idées.
-Ça pourrait changer, qui sait, le provoqua-t-elle.
-Ça fait vingt-et-un ans que c'est comme ça, c'est pas prêt de changer.
-Tout peut arriver.

John et Charlotte discutèrent ainsi toute la nuit, sans se lasser ni se rapprocher davantage, et ils se quittèrent de la même manière qu'ils s’étaient trouvés, simplement en se séparant. Si Charlotte le gratifia d'un "à un de ces jours" John pour sa part ne répondit pas et se contenta d'afficher un sourire en coin avant de disparaitre. Elle était très attirée, quant à lui, il ne l'admettra certainement pas, pas même à lui-même, mais il la trouvait intéressante, ce qui était déjà exceptionnel de sa part. Pour preuve, il revint le lendemain, à peu près à la même heure, et elle était là, tout comme lui elle était revenue, espérant le voir. Leurs rencontres se répétèrent chaque soir durant presque deux semaines, ils discutaient, s'ouvraient de plus en plus, mais n’allaient jamais plus loin sur le plan physique, et si John était frustré, il en était également satisfait d'une certaine manière. Elle était différente, et c'était en partie ce qui l'ennuyait, mais il ne cessait pas de venir pour autant. Pourtant un soir, Charlotte ne trouva personne, John n'était pas là, et elle avait eu beau revenir tous les jours durant des mois espérant qu'il soit enfin là, il ne se montra pas.

Un soir de plus, elle se rendit là, trainée de force par des amis de sa fac. Elle n'était plus venue depuis une bonne semaine, lassée de ne pas le voir revenir, lassée de l'attendre. Elle s'installa à une table avec ses compagnons, les écoutant d'une oreille distraite et jouant avec la touillette et l'ombrelle de son cocktail. Elle jetait machinalement des coups d'œil vers le bar, de temps en temps, et elle le vit. Elle ne comprit pas tout de suite et cligna plusieurs fois des yeux avant de se rendre compte que c'était bien lui. Il ne la regardait pas et elle ne savait pas s'il l'avait vue, mais elle ne bougea pas, elle resta avec ses amis.

Elle savait maintenant qu'il l'avait vue, mais elle ne le rejoignit toujours pas, restant un peu avec ses amis, discutant avec eux, puis une nouvelle fois, lorsqu'ils partirent danser, elle se dirigea vers le bar pour s'y installer, juste à côté de John.

-Salut, lui sourit-elle en déposant son verre sur le comptoir.
-Salut, fit-il sur le même ton.
-Ça faisait un bail, mister John.
-Ouais, j'avais à faire.
-Où est-ce que tu avais disparu ? Tu avais des problèmes avec la boutique ? Ou avec ta sœur ? Elle va bien ?
-J'étais pas dans le coin, j'avais des trucs à faire avec Riley.
-J'espère que tout va bien... Tu as l'air... Fatigué et surtout tu as l'air d'avoir passé une aussi mauvaise journée que le jour où on s'est rencontrés, dit-elle avec un léger sourire encourageant.
-Ouais tout va bien, j'viens de rentrer c'est tout.
-Alors raconte-moi ! Tu as eu d'autres clients bizarres à la boutique ?
-Encore un mec qui a dragué Riley et qui a failli se faire castrer, rien d'exceptionnel. J'suis pas trop passé à l'armurerie depuis la dernière fois.
-Encore ton travail mystère, sourit-elle sans en demander plus. Tu as trouvé d'autres filles comme moi ? Ou rien que des bimbos que tu as pu sauter ?
-Ouais encore mon travail mystère, confirma l'allemand, appréciant qu'elle n'en demande pas plus. Et des nanas y en avaient quelques-unes, chaudes comme la braise et qui demandaient qu’à se faire prendre. Même pas besoin de parler, suffit de les regarder et elles te sautent dessus les cuisses grandes ouvertes.
-Tout ce que tu aimes, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel, avant de se mettre à rire doucement. Ce genre de discussions m'avait manqué.
-Quoi, t'as pas d'autres mecs infréquentables dans ton entourage ?
-Hélas non. La vie est si morne sans toi mon petit John !
-Pauvre de toi.
-Comme tu dis ! Les discussions que j'ai avec les autres ne sont pas aussi intenses que celles que j'ai avec toi, voilà tout.
-Faut leur dire que t'aimes qu'on te parle de cul comme ça.
-Oh oui John, j'adore que tu me parles de ces poufs que tu baises.
-Je sais que ça t'excites ma belle, tu rêves d'être à la place de l'une d'elle.
-Pour que tu me prennes comme une malpropre pour me jeter aux ordures derrière ? Surement pas non.
-Y en a bien certaines que j'vois régulièrement.
-Certaines.
-Ouais, celles qui me prennent le moins la tête.
-Tu essayes de me dire que je te prends la tête ?
-J'te vois régulièrement toi nan ?
-Parce qu'on n’a pas encore couché ensemble.
-Toutes les nanas que j'vois régulièrement ont déjà couché avec moi à part toi.
-Tu m'as déjà dit toi-même que tu n'étais jamais comme ça avec personne. C'est bien que tu attends quelque chose de moi non ?
-Si tu préfères je me casse.
-Tu agis comme un c*n, tu le sais ça ?
-Et alors, tu le sais que j'en suis un. L'avantage avec toi c'est que tu me prends pas la tête, si ça change j'ai pas de raison de rester, gronda-t-il.
-Arrêtes de me traiter comme ça, je ne suis pas une de tes conquêtes que tu as ramassé sur le bord d'une route. J'arrêterais de te prendre la tête quand tu arrêteras de jouer à l'abruti, je sais que tu n'es pas comme ça.
-Si t'es pas contente, c'est exactement le même tarif.
-Je veux juste... Que tu me traites autrement que comme toutes les autres.
-Y a pas de traitement de faveur, laisse tomber.
-Tu dis toi-même que je suis différente. Pourquoi ne pas le prouver ?
-J'suis là et c'est pas pour coucher avec toi, t'auras rien de plus que ça.
-C'est déjà beaucoup, accorda-t-elle en connaissant le personnage. Deux whisky s'il-te-plait Jake, demanda-t-elle au barman.
-Tout de suite ma Cha' !
-T'as fini de me gaver ?
-Oui. Trinquons mon ami, sourit-elle en levant le verre que le barman avait posé devant elle.

Il souffla, grognant presque, mais leva tout de même son verre pour trinquer avec elle.

-Je n'ai pas envie qu'on se dispute, dit-elle après une gorgée. Pas alors qu'on ne s'est pas vus pendant des mois.
-T'as une drôle de manière de le montrer.
-J'étais en colère, admit-elle en pinçant les lèvres. Tu es parti du jour au lendemain ! Tu m'avais dit que tu revenais le lendemain, et je ne t'ai plus vu pendant presque quatre mois. Mais peu importe, maintenant tu es là et je veux en profiter.
-Je t'ai jamais dit ça.
-Quand j'ai dit à demain, tu m'as dit ouais... Un ouais nonchalant, je dois bien le reconnaitre, mais je ne m'attendais pas à ce que tu disparaisses comme ça.
-J'prévois pas ce genre de truc, ça peut arriver c'est tout.
-Je sais... Je ne pensais pas que ça arriverait si vite.
-On s'y attend jamais vraiment. On sait pas qu'on va partir et on sait pas quand on rentre.
-Alors tu ne sais pas combien de temps tu vas rester ici ?
-C'est dans cette ville que je vis, donc c'est ici que je passe le plus de temps. Après il peut toujours se passer des trucs.
-J'espère qu'on aura plus de temps cette fois. Et que tu me préviendras quand tu partiras, souffla-t-elle, légèrement vexée.
-J't'appellerais peut être si c'est pas trop dangereux.
-Dangereux ? Et puis tu n'as même pas mon numéro, et je n'ai pas le tien.
-Si, j'ai le tien, mais t'as pas besoin du mien, quand je disparais comme ça, ça me dérange de recevoir des appels.
-Et si je promets de ne pas t'appeler ?
-Alors mon numéro te sert à rien.
-Juste au cas où j'aurais des problèmes. Des problèmes sérieux.

Il la jaugea du regard un instant, évitant de passer sur ses poignets, qui malgré ses manches longues, laissaient voir des bleus.

-Ok, soupira-t-il avant de sortir son téléphone pour la faire sonner.
-Merci ! Lâcha-t-elle avec un grand sourire, sortant son téléphone de sa poche pour enregistrer le numéro.
-C'est juste un numéro de téléphone et t'es pas sensé t'en servir.
-Je sais, je sais. Mais... Ça représente beaucoup venant de toi, sourit-elle.
-C'est pas faux. Si tu m'appelles y a vraiment intérêt à ce qu'il y ait urgence.
-Promis.

Leur discussion se poursuivit plus calmement, et petit à petit, John se détendit, perdant les mécanismes mis en place durant son absence. Il ne parlait pas beaucoup plus, mais le ton de sa voix était moins sec et il souriait un peu plus naturellement.

Et le reste de la nuit se déroula de la même manière. Ils discutaient, de tout, de rien, de beaucoup de choses, et ils continuaient à se détendre. Ces moments leur avaient manqué à tous les deux. Plus tard ils se séparèrent comme ils s’étaient retrouvés, à la différence près que Charlotte déposa un baiser sur la joue de John avant de s'éclipser avec un sourire.

Le lendemain elle revint, espérant le voir, et lorsqu'elle arriva, il était déjà là, installé au bar. Elle vint s'assoir à ses côtés, lui embrassant une nouvelle fois la joue, pour le saluer.

-Je me suis demandé si tu n'allais pas re-disparaitre, dit-elle dans un souffle, sans pour autant cesser de sourire.
-J'suis en ville pour un moment normalement.
-Cool ! Ça veut dire que tu vas retourner à la boutique et que tu vas pouvoir me raconter tout un tas d'anecdotes croustillantes sur tes clients.
-Ils sont pas toujours marrant mes clients, aujourd'hui t'as une nana qui est venue avec sa meilleure amie. Elle voulait un flingue au cas où son futur ex-mari viendrait encore la menacer chez elle.
-Sympathique. Enfin, les armes servent à se défendre à la base non ? Donc ça parait logique.
-Nan, les armes servent à tuer, et à rien d'autre. Tu peux te cacher derrière des excuses bidons, prétexter que tu te sers pas de ton flingue ou quoi, mais le résultat c'est le même, même avec une blessure légère, tu peux crever d'une hémorragie au final. Une arme à feu c'est fait pour l'attaque, pas pour la défense.
-Toutes les armes le sont alors ? Les couteaux, les armes à feu... et même moi.
-Les couteaux peuvent avoir d'autres fonctions, et toi aussi, sinon ce serait c*n. Mais un flingue ça sert à rien d'autre.
-Les couteaux servent à couper la viande. Et moi je sers à quoi selon toi ?
-T'es un être vivant normal. Simplement t'as des capacités qui peuvent te rendre dangereuse, voire mortelle. Un loup ça a des griffes et des crocs, ça peut te tuer, mais son premier but c'est pas de donner la mort.
-Donc je serais... une sorte de loup ? Non. Toi tu es un loup, sourit-elle.
-J'ai pris un prédateur au hasard, ça marche avec n'importe quelle bestiole qui peut te tuer.
-Alors je serais... Un aigle. Royal.
-Royal en plus, rien que ça.
-Bien sûr ! Ce sont des oiseaux magnifiques !
-C'est ton kiff les piafs ? T'es comme Riley.
-A ton avis, pourquoi j'ai une plume tatouée sur la nuque ? Je les adore ! Ils sont... majestueux, et surtout ils sont libres.
-T'es au courant que c'est une des sortes d'animaux les plus stupides ?
-Les loups ne sont pas forcément mieux lotis, pouffa-t-elle.
-J'crois pas nan, tu confonds avec les chiens.
-Ils sont de la même famille non ?
-Rien à voir, c'est comme comparer un requin et un poisson clown.
-C'est pour ça que des chiens sont piqués pour leur agressivité et des loups domestiqués et doux comme des agneaux.
-T'as fini de te foutre de ma gueule oui ? grogna-t-il, mais sans agressivité.
-J'aime bien t'embêter, j'suis sûre qu'on ne t'embête pas assez.
-Les gens ont trop peur pour ça, il peut leur arriver des trucs.
-Mais je n'ai pas peur de toi. Je sais que tu ne me feras rien. Rien qui puisse me blesser en tout cas.
-T'es pas un peu présomptueuse là ?
-Du tout !
-J'te trouve bien sûre de toi.
-Hm... Je sais qu'il y a des trucs que tu aimerais me faire, mais tu ne me feras pas de mal.
-Ça c'est toi qui veux pas.
-Qui a dit que je ne voulais pas ?
-Pourquoi t'es pas encore passé dans mon lit alors ?
-J'y passerai quand je l'aurais décidé. Et quand je serais sûre que tu ne me traiteras pas comme une fille ramassée dans un resto routier.
-J'le ferai rien que pour t'emmerder.
-Ça, ce n’est pas très gentil.
-Mais j'suis pas gentil.
-Si, tu l'es parfois, même si tu le cache bien.
-Des erreurs de parcours.
-Que tu dis, rit-elle.
-J'le dis. Tu peux pas le prouver t'façon.
-Je ne cherche pas à le prouver. Je le sais, c'est tout.
-Tu sais mal. Tu t'imagines pleins de trucs, tu te fais trop de films.
-Je me fais donc des films quand je me dis que tu es un bon coup ? Le provoqua-t-elle.
-Faut essayer pour le savoir.
-Je parie que tu n'es pas capable de me donner envie de toi, là tout de suite, susurra-t-elle en se rapprochant de lui.
-T'as déjà envie de moi, Chérie, sourit-il d'un ton assuré.
-Pas suffisamment pour qu'on aille ailleurs.
-Mais assez pour que tu me fasses du rentres dedans.
-Tu me plais, ce n'est pas un secret. Mais je te plais aussi.
-C'est pas un secret non plus, puis sois disant que je m'y connaitrais pas en préliminaires, j'veux savoir de quoi tu parles.
-Donne-moi envie de te le montrer.
-Si tu veux que je te donne envie, c'est que t'en as déjà envie. En fait c'est juste que t'oses pas y aller.
-Est-ce que tu le mérites vraiment ?
-Et toi, tu mérites que je te laisse faire ?
-Que tu me laisses te montrer ?
-Ouais.
-Est-ce que c'est ce que tu veux ?
-Ça me plairait bien ouais.
-Alors qu'est-ce que tu attends ?
-Que tu te bouges.
-Fais-moi bouger, souffla-t-elle en se mordant la lèvre.
-Que je te fasse bouger ? répéta-t-il d'un ton totalement désinvolte.

Tout en parlant il leva la main et glissa son doigt sous son menton, descendant doucement sur sa gorge. Elle soupira brièvement mais se reprit. Ils jouaient et elle ne voulait pas le laisser gagner, ou en tout cas, pas trop rapidement.

Il sourit, parfaitement conscient de ce qu'elle avait en tête. Sa main glissait toujours plus bas, effleurant sa poitrine et continuant de descendre. Il caressa sa jambe puis passa sur sa main et remonta, revenant sur sa nuque. Elle garda son regard planté dans le sien, esquissant un léger sourire alors qu'elle le laissait faire.

Ses doigts glissèrent dans ses cheveux et il referma la main, effectuant une pression légère. Il tira sur sa main, la poussant à venir vers lui. Il se retint de l'attirer de force comme il aurait pu le faire avec une autre, mais il pensait qu'elle risquait de se rebiffer s'il agissait comme ça. Elle s'avança vers lui, leurs visages rendus si proches qu'elle put sentir son souffle chaud sur ses lèvres.

Il se contenait réellement pour ne pas la brusquer et ne pas y aller franchement, son instinct le poussait à faire ce qu'il voulait sans lui demander son avis, mais il faisait des efforts monumentaux pour ne pas agir ainsi. Au lieu de l'embrasser, sachant qu'il ne parviendrait pas à se contenir si leurs lèvres s'effleuraient maintenant, il baissa la tête et vint mordiller son cou, l’effleurant tout juste. Elle soupira une nouvelle fois, peinant à garder les yeux ouverts, et elle se moquait presque du monde autour d'eux. De son côté il se fichait totalement d'être en public, il était très loin d'être pudique et avait déjà couché avec des femmes devant témoins sans que ça ne l’ait gêné. Il poursuivit son exploration de sa gorge, descendant dans son décolleté, puis remonta sur l'arrête de sa mâchoire, toujours en ne la touchant que de ses dents.

Cette fois elle frémit, elle commençait à avoir la chair de poule, elle en voulait plus. Sa bouche continua son manège, passant de l'autre côté de son menton, et pendant ce temps sa main se posa sur sa cuisse, tout aussi légèrement, et descendit le long de sa jambe.

-Tu sais y faire, accorda-t-elle dans un souffle.
-Ça te surprend peut être... susurra-t-il sans cesser son manège.
-Un peu...
-Ah ouais ?
-Ouais... Peut-être que tu me surprendras encore...
-C'est que tu dois vraiment me sous-estimer.
-Prouve-le-moi...
-Ici ? demande John avec un grand sourire.
-Embrasse-moi.

Il ricana et se fit désirer encore un peu. Sa bouche vint mordre le lobe de son oreille et la main dans ses cheveux revint sur sa nuque, l'attirant encore un peu à lui, puis il posa sa bouche sur la sienne. Il oublia alors toute douceur et força la barrière de ses lèvres pour l'embrasser, sans violence mais avec un certain empressement. Elle se laissa faire en retenant un gémissement. Elle profita un peu de son baiser, puis se détacha de lui et le regarda un instant dans les yeux. Elle se leva ensuite et attrapa sa main dans la sienne, avant de se lever.

-Viens.

Il se leva à son tour, avec beaucoup moins d'empressement cela dit, en partie pour l'ennuyer mais ne retira pas sa main et la suivit d'un pas tranquille, la contraignant à ralentir en tirant sur sa main. Elle ralentit parce qu'elle y était obligée, mais ne se tourna pas vers lui, car elle savait que si elle le faisait, elle ne résisterait pas. Elle voudrait au moins arriver chez elle, à deux pas d'ici, mais s'il la ralentissait encore de cette manière, elle n'était pas sûre d'y arriver.

Il ricana en l'entendant souffler et accepta d'accélérer un peu, une main dans la poche. Elle tourna au coin de la rue, et avança encore de quelques mètres pour atteindre son immeuble. Le portier lui ouvrit, puis elle fit grimper à John les quatre étages qui les séparaient de son appartement. Arrivée à sa porte, elle sortit ses clés de sa poche et les plaça dans la serrure. Il se tint tranquillement derrière elle, attendant qu'elle ait ouvert la porte. Il avait toujours eu un contrôle de lui-même exemplaire, et bien qu'il meure d'envie de lui sauter littéralement dessus, il se contenta de se rapprocher d'elle jusqu'à ce qu'elle sente sa chaleur dans son dos. Il voulait voir ce qu'elle allait faire, curieux de savoir comment elle s'y prenait avec un homme.

Elle frémit en le sentant derrière elle et termina rapidement de déverrouiller la porte qu'elle ouvrit à la volée pour entrer dans l'appartement. Elle se retourna pour l'inviter à entrer et lorsqu'il s'exécuta, elle claqua la planche de bois en s'y adossant. Ses lèvres étaient entrouverte et elle respirait déjà un peu fort, elle était toujours frémissante, elle avait envie de lui, mais ne savait pas trop comment s'y prendre. Elle n'avait eu que peu d'amants et même si pour l'heure elle mourrait d'envie de l'avoir dans son lit, elle n'osa pas bouger.

Il la vit indécise sur l'attitude à adopter, ce qui l'amusa au plus haut point et il hésita à la laisser se débrouiller, mais il avait envie d'elle et il ne voulait pas manquer cette occasion. Il opta pour un compromis en venant se poster devant elle, à quelques millimètre de son corps, une main de chaque côté de ses épaules, la bloquant totalement contre la porte, mais il ne la toucha pas.

-Tu veux rester là ou tu préfères une autre pièce ? Souffla-t-il, la voix rendue un peu rauque par l'excitation, lui donnant quelque chose de sexy.
-Ma chambre est au bout du couloir, répondit-elle, le cœur battant la chamade.
-Et tu veux aller dans ta chambre ?

Elle secoua la tête en soupirant, incapable de détacher son regard de ses lèvres.

-Classique, ça m'étonne pas, ricana-t-il en s'écartant pour la laisser passer.

Elle s'avança de quelques pas, mais se stoppa et se retourna. Elle hésita, puis finalement revint vers lui pour déposer ses lèvres sur les siennes, avant d'enrouler ses bras autour de son cou. Il posa sa main dans le bas de son dos, l'attirant à lui en lui rendant son baiser, puis il finit par la plaquer au mur, collant son corps au sien, tandis qu'il attrapait ses deux mains des siennes pour les maintenir de chaque côté de son corps, au niveau de ses épaules.

Elle frémit violemment et lui mordit la lèvre inférieure avant de reprendre ses lèvres pour approfondir leur baiser. Il leva ses bras au-dessus de sa tête et maintint ses poignets d'une seule main, la seconde descendant le long de son corps. Elle se laissa faire, tentant de mordre une nouvelle fois sa lèvre mais il se déroba avant de l'embrasser à nouveau. Un nouvel essai lui permit de le mordre pourtant. Il grogna pour la forme, n'ayant pas eu mal, au contraire cela l'excitait énormément et paradoxalement il se recula d'un coup. Elle cligna des yeux, surprise, mais il ne lui laissa pas le temps de parler, et l'attrapa par l'épaule pour la pousser vers la chambre.

Elle se retourna et lui bloqua la route, lui souriant avant de lui retirer sa veste pour la laisser tomber au sol, avant de l'embrasser puis de faire de même avec son marcel. Elle embrassa ensuite brièvement son torse, avant de s'éloigner avec un sourire en coin, tandis qu'elle reculait vers sa chambre en lui faisant signe de la suivre. Elle l'attendait debout, au bout du lit, et lorsqu'il entra elle lui fit à nouveau signe, de s'allonger cette fois.

Il s'exécuta sans la quitter des yeux, à la fois curieux et impatient. Il se défit de ses chaussures et prit place sur le lit, simplement encore vêtu de son jean. Pour lui elle entama son show, se déshabillant avec grâce et se caressant avec douceur et envie. Elle était sensuelle et elle jouait avec lui, le regardant, avant de regarder son propre corps. Après quelques minutes, totalement dévêtue, elle vint vers lui et s'avança à quatre pattes sur le lit. Elle se plaça au-dessus de lui, s'asseyant sur son bassin et repoussant ses mains lorsqu'il voulait les poser sur son corps. Elle avait pris les choses en mains et elle se pencha pour l'embrasser, léchant ses lèvres, puis l'embrassant vraiment, avant de descendre mordiller son menton, puis la peau de son cou. Elle relâcha ses mains pour faire courir les siennes sur son corps, descendant petit à petit au même rythme que ses lèvres sur son corps. Elle atteignit bientôt la barrière de son jean et défit doucement sa ceinture, se mordant la lèvre en le regardant dans les yeux.

Il frémit, totalement surexcité, mais essaya de jouer le jeu. Il n'avait pas vraiment l'habitude de se laisser faire, en général c'était lui qui prenait les choses en mains, qui dirigeait quasiment tout du début à la fin et il avait un peu de mal à rester passif. Cela dit il ne le regrettait pas et la regarda faire, mourant d'envie de la toucher, et son état d'excitation augmenta encore lorsqu'elle le repoussa du plat de la main. Il se tendit, se mordant la lèvre en même temps qu'elle, et son regard oscilla entre ses yeux et ses gestes, ne sachant pas vraiment ce qu'il préférait.


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Message par Inari » 21 Nov 2015 13:32

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Chapitre 2

Spoiler: show
Charlotte se laissa rouler sur le côté, totalement à bout de souffle et de force. Elle sourit en tournant la tête vers John pour observer son expression. Il affichait un air plutôt neutre, les coins de ses lèvres tout juste relevés, et s'étira, passant ses bras derrière sa tête.

-Alors, surprise ?
-Autant que toi.
-Ouais, pas mal pour une fille normale.
-Normale ?
-Ouais, histoire de dire que t'es pas une bimbo quoi.
-Je vois, sourit-elle, n'en demandant pas plus. Mais vu les gémissements et les cris que tu as poussé, je dirais que c'était même plus que pas mal, souffla-t-elle en se mordant la lèvre, se tournant sur le ventre pour le regarder et lui caresser le torse du bout du doigt.
-Tu te défends, concéda-t-il.
-Ce n'est pas ce que j'ai entendu...
-Et t'as entendu quoi ?
-C'est toi que j'ai entendu, pendant que je te faisais toutes ces choses.
-Ouais, tu sais t'y prendre.
-Je ne m'entendais même plus gémir quand je bougeais sur toi, rit-elle doucement.
-Prends pas tes rêves pour des réalités, ricana John, qui savait parfaitement qu'elle exagérait pour l'ennuyer.
-Quoi ? Rit-elle. Tu criais tellement fort que j'avais du mal à m'entendre respirer.
-Gémir à la rigueur j'veux bien, mais crier ça risque pas d'arriver.
-Oh si tu as crié, John l'Armurier, au moins une fois, reconnais-le !
-Non, j'ai pas à reconnaitre un mensonge. Toi t'as crié, tous tes voisins ont dû t'entendre.
-Tu as crié quand j'ai fait ce truc avec ma langue. Et je me fiche de mes voisins. Qu'ils sachent que j'ai un bon amant, ça leur fera les pieds.
-Un cri c'est plus fort que ça.
-Alors qu'est-ce que c'était selon toi ?
-Un gémissement sonore, maximum.
-C'était plus qu'un gémissement, tu exagère! Reconnais au moins que tu as pris ton pied !
-Ouais, ça j'ai pris mon pied, mais j'ai pas dit le contraire.
-Mais c'était un cri.
-Si ça t'éclate, sourit-il, décidé à ne rien admettre du tout.
-Pourquoi tu refuses de le dire ?
-Parce que c'est faux.
-Tu es un vilain menteur, sourit-elle.
-Ouais, j'suis plein de super qualités !
-Crétin, rit-elle avant de poser sa tête sur son torse.

Il manqua de se crisper, pas du tout habitué à ce genre de gestes. Dans ce genre de situation, son premier réflexe serait de la repousser aussitôt, de préférence en se montrant aussi grossier que possible. D'ailleurs ce genre de situation ne lui arrivait jamais puisque quand il couchait avec une femme, soit il s'endormait de son côté, soit il se rhabillait aussi sec pour s'en aller. Mais là il était resté, et il fallait avouer que Charlotte n'était pas le genre habituel de fille avec qui il couchait. Pour commencer elles n’étaient pas plus câlines que lui pour la plupart, et ne recherchaient que du sexe pur et dur, à la rigueur elles voulaient assouvir un fantasme ou deux. Mais il savait que Charlotte n'était pas du tout comme ça, elle lui avait d'ailleurs dit qu'elle ne voulait pas être mal traitée une fois qu'il aurait couché avec elle. Il aurait dû le faire, la repousser avant ou bien même après, mais il ne le fit pas, parce que même s'il ne l'avouerait pas, et encore moins à lui-même, il l'appréciait, sans même que le sexe n'entre en compte. Il aimait discuter avec elle et la considérait davantage que comme un corps, il avait du respect, de l'estime pour elle.

-Je suis épuisée, souffla-t-elle en fermant les yeux.

Il hésitait à partir maintenant, il ne dormirait pas avec elle, il ne voulait pas dormir avec elle. Mais s'il s'en allait comme ça, elle considérerait probablement que c'était mal la traiter alors il ne savait pas quoi faire. Dans tous les cas il savait qu'il ne voulait pas rester, il lui manquait simplement la manière de se tirer de là sans encombre. Finalement il décida de la laisser s'endormir, et de partir quand il serait sûr qu'elle se soit endormie, ce qu’elle fit rapidement, sa tête toujours reposée sur son torse. Elle se sentait bien, comme après n'importe quelle partie de jambe en l'air où les deux amants partageaient le même plaisir. Ça n'était pas lié à John, pas vraiment, ça aurait pu être un autre, mais le fait que ce soit lui devait quand même jouer un peu sur son ressenti au moment où elle s'endormit.

Il patienta un long moment, il voulait être sûr qu'elle ne se rendrait compte de rien, et quand le moment fut venu, il se tourna sur le côté pour qu'elle ne soit plus sur lui. Il attendit de voir si elle se réveillait mais elle se contenta de marmonner vaguement en gigotant un peu. Petit à petit il s'éloigna, aussi discret qu'il puisse l'être, il sortit du lit et se rhabilla, toujours à l'affut mais elle avait l'air d'avoir le sommeil assez lourd et il sortit de la chambre sans encombres avant de quitter l'appartement.

***

John entra dans l’appartement d’un pas lourd. Tandis qu’il refermait la porte, il entendit le son de la basse de sa sœur, visiblement, elle avait attendu qu’il rentre. Heureusement qu’il n’était pas resté avec Charlotte… Il entra dans le salon et chercha Riley du regard. Elle était assise sur la table, une jambe repliée sous elle, la seconde pendant dans le vide, elle ne leva pas la tête vers lui et continua de jouer, ses cheveux turquoise dissimulant son visage. Il ne chercha pas à l’interrompre et se dirigea vers la cuisine américaine pour aller prendre une bière dans le frigo, puis revint pour se laisser tomber dans un fauteuil. Il prit une gorgée de sa boisson avant de rejeter la tête en arrière, sur le dossier et de fermer les yeux, un air las sur le visage.

Ils restèrent un moment comme ça, sans échanger ni un regard ni un mot, Riley jouant et John l’écoutant. Il profita d’un temps entre deux notes pour murmurer son prénom et elle comprit le message. Elle cessa de jouer et posa sa basse sur la table avec soin avant de se laisser glisser sur le sol. Elle était habillée pour dormir, d’un mini short en coton noir ainsi que d’un débardeur assortie. Ses pieds étaient nus, et elle aurait dû frissonner au contact du parquet froid mais elle n’en fit rien, ne sentant pas la température. Elle avança jusqu’à lui, l’observant avec attention, et d’un geste fluide qui lui était familier, elle s’installa à califourchon sur ses genoux, ses jambes de part et d’autre des siennes, avant d’enrouler ses bras autour de son cou. Il referma les siens sur elle, l’enlaçant avec force, nichant son visage dans son cou pour inspirer son odeur. Cela le réconfortait de la sentir près de lui, de pouvoir la toucher et de s’assurer qu’elle était là et qu’elle allait bien.

Sans relâcher son étreinte, John fit monter sa main jusqu’à la nuque de Riley et la serra contre lui encore plus fort et elle lui rendit son étreinte. Elle aurait sans doute des bleus le lendemain, mais pour l’instant elle n’avait pas mal, physiquement elle ne ressentait rien.

-Faut que j’arrête de la voir, murmura-t-il après un nouveau long moment.
-Pourquoi ? demanda sa sœur sur le même ton.
-J’ai couché avec elle.
-Et alors ?
-J’ai toujours envie de la voir.
-Alors continue de la voir.
-Non.
-Pourquoi ?

Il ne répondit pas tout de suite, mortifié par la réponse qui lui venait en premier, mais à Riley il pouvait le dire.

-Parce que c’est dangereux.
-Pour toi ou pour elle ?
-Pour elle… Elle peut pas se défendre comme toi, je…
-Et tu veux pas qu’elle le devienne, termina Riley à sa place. Tu veux pas qu’elle devienne comme toi et moi.
-Ouais… C’est pas son monde, c’est mieux qu’elle reste en dehors.
-Alors arrête de la voir.
-C’est trop tard.
-Mets-toi avec dans ce cas.
-J’veux pas. Elle supportera jamais ça, c’est pas dans sa nature. Elle est solide, mais pas à ce point.
-Cette conversation mène à rien, souffla Riley.

Elle se redressa mais John la retint, presque violemment, lui promettant encore d’autres bleus pour le lendemain.

-Nan reste, j’ai besoin de toi. Faut que tu sois là.

***

En s'éveillant le lendemain, Charlotte semblait un peu perdue. Elle le chercha en se redressant, puis se laissa retomber dans son lit en grommelant. Elle n'avait jamais été très... sexy, le matin, et finalement, elle était plutôt ravie qu'il ait déjà filé sans la voir se réveiller. Elle se frotta les yeux puis ramena ses cheveux en arrière avant de se lever, ne prenant même pas la peine de s'habiller pour aller à la salle de bain.

Elle avait passé la nuit avec John, un homme qu’elle avait rencontré au Tiki bar, son fief, le pub ou elle passait la plupart de ses après-midi et soirée avec ses amis de la fac ou d’ailleurs. Ils se retrouvaient là, et c’était là qu’elle avait rencontré John. Elle l’avait repéré de loin, à l’autre bout du bar, dès qu’il était entré, et elle avait tout de suite voulu le connaitre, presque le psychanalyser, tant l’aura qu’il dégageait était violente. Il transpirait le mystère et le danger, et cela l’avait irrémédiablement attirée.

Ils s’étaient vus plusieurs soirs de suite, durant deux semaines, et il avait disparu. Durant des mois elle l’avait attendu, et il avait fini par refaire surface. Elle s’était attachée à lui au fil des jours, de leurs discussions, et elle s’était sentie mal lorsqu’il était parti. Mais maintenant qu’il était là, elle semblait revivre. Elle n’était pas amoureuse, elle ne l’avait jamais été, ou plutôt c’était ce dont elle tentait de se persuader. Elle avait été amoureuse de Cole, un *** violent et sociopathe avec qui elle était restée durant deux ans. Au début c’était bien, le parfait amour, et puis un jour il l’avait cognée. Elle n’avait rien dit, a personne, c’était juste une fois, pas de quoi s’alarmer selon elle. Et puis ça avait continué, et surtout, ça avait empiré. Il était devenu un être abominable, jouant avec elle, la battant, la violant même, à la fin. Elle avait réussi à trouver le courage de le plaquer et avait même obtenu une injonction du juge contre lui. Il n’avait pas le droit de l’approcher, de l’appeler, de la voir. Et pourtant ça ne l’empêchait pas de le faire et elle ne savait plus quoi dire pour que ça cesse. Il venait parfois jusque chez elle, et il restait jusqu'à ce qu’elle ouvre la porte. Parfois il entrait directement, lorsqu’elle oubliait de mettre le verrou. Et lorsqu’il entrait c’était le pire. Devant la porte il l’insultait, la traitait de tous les noms et elle finissait par appeler la police. Mais dès qu’il entrait dans son appartement, il se vengeait. Il la cognait à lui en faire bleuir la peau, à lui en faire des marques sur le visage ou à lui en fendre la lèvre. Et quand parfois il avait bu, il tentait de la violer. C’était arrivé cinq fois. Cinq fois où il avait réussi à abuser d’elle parce qu’il avait de la force, beaucoup plus de force qu’elle. Et une fois il avait échoué parce que Terrence, un ami de sa fac, était passé chercher des bouquins à ce moment-là. Il avait fait fuir Cole et elle avait échappé de justesse à une nouvelle humiliation, à un nouvel abus. Elle avait dû tout expliquer à Terry et il était désormais le seul au courant, avec Lianna bien sûr, sa meilleure amie.

Elle sortit de la douche et s’enroula dans une serviette avant de quitter la salle de bain pour chercher des vêtements. Elle voulait absolument son pull marron, celui qui moulait parfaitement sa poitrine et qui était à la fois chaud, confortable et sexy. Et ce pull se trouvait être dans une panière dans le salon, ce fut donc là qu’elle se rendit.

-Salut !

Sa seule réponse fut un hurlement et elle tomba à la renverse en voulant fuir. Le cul par terre et la tête sous un monceau de vêtements de la panière qu’elle avait renversé en chutant dessus, voilà une scène qui devait être des plus risibles, songea-t-elle.

-Tiens, t’es épilée ?
-Putain Lianna tu m’as fichu la frousse !
-J’ai remarqué, rit Lianna.

Son amie vint l’aider à se relever et Charlotte soupira en réajustant sa serviette autour de son corps. Alors que Lianna repartait s’assoir sur le canapé, elle en profita pour enfiler rapidement des sous-vêtements, sans quitter le salon, ainsi que son fameux pull marron et un jean taille basse assez moulant.

-Je repose ma question. Tiens, t’es épilée ?
-Oui j’suis épilée, et alors ?
-T’as vu quelqu’un alors ? Pour être encore sous la douche à une heure pareille c’est forcément le cas !
-Comment ça ? Quelle heure il est ?
-Onze heures. On avait rendez-vous à la bibliothèque à dix heures tu te rappelles ?
-Oh mince ! J’suis désolée Lia’ !
-Pas de panique ma belle, en te voyant pas arriver, j’en ai conclu que t’avais passé une nuit plutôt agitée, et visiblement j’avais raison ! Oh arrêtes de sourire bêtement et raconte-moi ! J’ai ramené des croissants, fais-moi un café, raconte-moi tous les détails, et tu seras pardonnée !

Charlotte leva les yeux au ciel avant d’éclater de rire, puis elle fila vers le coin cuisine pour préparer deux cafés instantanés grâce à sa machine flambant neuve.

-Tiens.
-Merci. Mais t’y couperas pas tu sais ? Alors c’était qui ? Terry ? Ou… nan ? Ton mystérieux motard ?! C’est pas vrai ! Alors ?! C’est un bon coup ?!
-Tu ne peux pas savoir à quel point ! Sourit-elle en se mordant la lèvre.
-J’hallucine ! Depuis le temps ! Alors, qu’est-ce que tu vas faire ?
-Comment ça qu’est-ce que je vais faire ?
-Bah tu vas le revoir ?
-Je suppose oui, on se voit tous les soirs au Tiki, enfin quand il n’est pas en vadrouille.
-Arrêtes de jouer ta petite vierge effarouchée qui ne comprend rien. Tu sais très bien ce que je veux dire.
-J’en sais rien Lianna.
-Mais si ! Tu sais forcément !
-Non je te dis. Il est… différent de tous les mecs qu’on a pu croiser toi et moi. C’est pas le genre à se mettre en couple, et de toute façon, je n’en ai pas envie.
-La faute à qui on se l’demande, gronda la métisse.
-Je n’ai simplement pas envie de me caser, Cole n’est pour rien là-dedans, et si on pouvait éviter d’en parler ça m’arrangerait.
-Ok, ok… Et donc ? Tu ne veux pas de lui comme mec ?
-Non. C’est… La relation que j’ai avec lui me convient déjà très bien. J’adore discuter avec lui. Et puis on a juste couché ensemble, je ne vois pas pourquoi tu en fais tout un plat…
-Tu mens. J’y crois pas, tu me mens ouvertement ! C’est quoi le souci ? Il a des délires bizarres ? Il en a une toute petite ? Il sent la transpiration ?!
-Non ! Non Lia, c’est juste que… Rah ! Bien sûr que je veux plus ! Il me plait vraiment, bougonna-t-elle en rejetant la tête en arrière. Mais il n’est pas… Ce n’est vraiment pas le genre à se caser et je le sais, alors ça ne sert à rien que je m’accroche.
-Toi, t’es déjà complètement accro ma chérie.
-Un peu, admit-elle en grimaçant. Mais je n’espère rien, rien du tout. Tout ce que je veux, c’est ne pas le perdre, je ne veux pas qu’il s’éloigne. Je veux qu’on continue à se voir et qu’on discute pendant des heures, et puis qu’on s’envoie en l’air aussi parfois. Mais je ne veux pas le faire fuir.
-T’es la pire psy que je connaisse… Tu le sais qu’il ne faut pas psychanalyser les mecs que tu veux te faire ! Regarde toi, tu craques complètement pour un mec qui est incapable de se caser et qui a même tendance à fuir quand il arrive plus à gérer ses sentiments. C’est ça ou j’me trompe ?
-Non c’est à peu près ça…
-T’aurais jamais du t’accrocher… Et si tu lui fais un gosse ?
-Quoi ? Non mais ça ne va pas la tête ! Je ne veux pas d’enfants, pas maintenant, j’ai pas fini mes études et je gagne à peine de quoi m’assumer moi-même ! Et puis John… Il ne veut pas d’enfant. Il me l’a dit, si un jour une nana lui fait un gosse, très bien, mais il ne veut pas entendre parler du gosse. Et ne veut plus entendre parler de la mère. Il ne veut pas se prendre la tête avec ça.
-Ça cache quelque chose de plus gros si tu veux mon avis…
-Je ne veux pas le savoir Lia, tout ce que je veux, c’est qu’il reste dans le coin et que je puisse continuer à le voir.

La métisse grimaça et termina son café rapidement, pendant que Charlotte l’imitait, le regard rivé sur la fenêtre.

-J’aimerais savoir ce qu’il pense de moi.
-Ça t’a qu’un moyen de le savoir chérie.
-Il ne me le dira pas. Et de toute façon je ne lui poserais pas la question.
-Dans quoi tu t’es embarquée..?
-Je ne le sais pas moi-même, mais je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas, et c’est le plus important.
-Si tu le dis ma belle.

Charlotte sirota son café en continuant à discuter avec Lianna, continuant sur d’autres sujets. Elle était très accrochée à John, c’était un fait, mais elle ne voulait en aucun cas qu’il s’en aperçoive, car il fuirait, il la rejetterait et il disparaitrait probablement de la circulation. Et c’était absolument hors de question, elle refusait catégoriquement de le perdre. Plutôt crever que de le voir partir, songea-t-elle.

***

Ryan s’engagea le premier dans l’immeuble où Riley, John, Jubei et lui avaient rendez-vous avec deux de leurs contacts. Loin d’être des tendres, les deux hommes qui les attendaient étaient des tueurs à gage professionnels, ce qui signifiait qu’ils avaient un code d’honneur très strict, qui ne les empêchait pas d’être extrêmement dangereux. Ils les connaissaient déjà, les avaient déjà rencontrés, et venir a quatre était loin d’être trop.

Ils étaient sur le qui-vive, bien qu’ils ne craignaient pas grand-chose, mais la prudence était quand même nécessaire face à ce genre d’individus. Ça et le nombre, même si Ryan aurait pu y aller seul avec Jubei, la présence des deux allemands assurait une tranquillité presque totale. C’était en songeant à cela que Ryan conduisait son petite groupe jusqu’à l’ascenseur qui les mèneraient jusqu’à leurs indics. Le silence régnait dans la petite cabine, la sonnerie du portable de John n’eut donc pas la moindre difficulté à se faire entendre. Fronçant les sourcils tout en ignorant le regard acéré de sa sœur, il jeta un coup d’œil à l’appelant dans l’idée de raccrocher puis de mettre son téléphone sur silencieux.

Il n’en fut pas capable. Son regard resta fixé sur l’identité de son correspondant et son estomac se tordit brièvement sous l’effet d’un intense sentiment d’angoisse anticipée. Peu de gens possédaient son numéro en réalité, et il l’avait confié à Charlotte en sachant qu’elle ne l’appellerait pas puisqu’elle le lui avait promis. Il croyait en sa parole, le fait que son nom s’affiche sur son écran avait donc toutes les raisons de l’inquiéter, même si rien ne transparaissait sur son visage.

Il resta bloqué jusqu’à ce que le cellulaire cesse de sonner, mais il sembla se réveiller quand il recommença et il décrocha, imperméable aux regards inquiets de ses compagnons autour de lui.

-Quoi ? grogna-t-il, donnant l’impression qu’il était en colère alors que ce n’était pas le cas.

Il ne prononça pas un mot, se contentant d’écouter avec attention, ce qui ne manqua pas d’agacer Riley à un point plus que dangereux mais il l’ignora encore une fois, le regard sombre.

-J’arrive, finit-il par lâcher avant de raccrocher.
-Comment ça t’arrive ? Gronda Riley. On a un truc à faire là, tu te rappelles ?
-J’dois y aller, vous avez pas besoin de moi.
-John !

Le cri de Riley dans son dos le fit ralentir l’espace d’une seconde, mais il ne s’arrêta pas et poursuivit son chemin, poussant la porte des escaliers qui alla heurter le mur avec violence.

-Mais qu’est-ce qui lui prend ? Souffla Jubei.

Tout aussi surpris que le japonais, Ryan préféra laisser ça de côté pour calmer Riley, visiblement sur le point de péter les plombs. On n’avait jamais vu John se séparer de sa sœur de son plein gré, en particulier alors qu’elle était sur le point de se mettre en danger. Mais si le hackeur ignorait tout de cet étrange comportement, ce n’était pas le cas de l’allemande dont le vert des iris virait au gris. Elle n’aimait pas du tout ce qu’il se passait, et il allait bientôt falloir qu’elle y mette son grain de sel avant que la situation ne devienne irréversible.

***

Terrorisée, recroquevillée dans un coin de sa salle de bain, Charlotte raccrocha son téléphone. Elle n’avait jamais eu l’intention d’appeler John, comme elle le lui avait promis, mais elle s’était retrouvée dans une situation où lui seul pouvait lui venir en aide.

-Sors de là ma douce… susurra une voix dans l’appartement, de l’autre côté de la porte.

Elle ramena ses genoux contre sa poitrine, tremblant comme une feuille, tant de peur que de froid. Son débardeur était en lambeaux, et elle n’avait pas eu le courage de récupérer son jean, ayant tout juste pris la peine de remonter ses sous-vêtements qui étaient descendus sur ses chevilles, aussi elle préféra tirer sur une serviette pendue au mur pour l’enrouler autour de ses épaules sans bouger de son petit coin rassurant.

-Allez viens, on va s’amuser un peu, ouvre cette porte.

Elle retint de justesse un gémissement, fermant les yeux et serrant ses bras de toutes ses forces autour de ses genoux. Il la terrifiait.

Il n’était pas rare que Cole débarque chez elle, où devant sa fac, malgré l’injonction restrictive qu’elle avait obtenue contre lui. Ils étaient sortis ensemble un moment, elle l’avait même aimé, mais il était devenu violent, beaucoup trop, et ses gestes restaient gravés au fer rouge dans son esprit, même s’ils ne marquaient plus sa peau. Il lui arrivait souvent d’entrer par effraction pour s’amuser un peu, pour passer une bonne soirée à se taper une fille dont il aimait le corps et surtout, dont il connaissait l’adresse. Ce n’était pas la première fois qu’il parvenait à entrer chez elle pour agir de la sorte. Ce n’était pas la première fois qu’il la violait.

-Sors de là avant que j’m’énerve Charlotte !

Le ton montait et elle se demandait combien de temps encore elle pourrait tenir enfermée ici. Elle avait réussi à lui échapper grâce à une seconde d’inattention, juste après qu’il ait jouit. Elle avait couru jusqu'à la salle de bain, remontant tant bien que mal son tanga en se cognant dans les murs. Elle avait pu verrouiller la porte au dernier moment, juste avant qu’il n’ait posé la main sur la poignée. Elle ne savait pas si elle était là depuis longtemps ou non, tout ce qu’elle savait, c’est qu’il agissait comme un prédateur, tournant autour de la porte comme un fauve affamé, et elle était la proie, cachée bien au fond de son terrier. Mais son abri ne ferait pas long feu si Cole s’énervait vraiment. Alors elle priait presque pour que John arrive au plus vite.

Un gémissement lui échappa cette fois, alors que Cole s’excitait sur la poignée de la porte, la tordant en tous sens et tirant dessus comme un damné pour la faire céder. Le bois craqua une fois, mais tint bon, en tout cas pour l’instant.

-J’vais t’défoncer si t’ouvre pas tout de suite ! Espèce de p’tite p*te ! Sale chienne ! Ouvre-moi ! Gronda-t-il.

Un nouveau gémissement passa la barrière de ses lèvres et elle se recroquevilla encore, se faisant plus petite si c’était encore possible, fermant les yeux en espérant que ce ne soit qu’un mauvais rêve, en espérant que tout s’arrête rapidement.

***

John se gara devant l’immeuble, directement sur le trottoir devant la porte. Il prit le temps de bien mettre la béquille ainsi que la sécurité, tenant à sa moto presqu’autant qu’à sa sœur. Il était contraint, en se forçant à prendre son temps pour bien tout mettre en place, d’admettre que Charlotte comptait à présent presque autant que sa bécane, ce qui n’était pas peu dire en réalité. Cela dit, il repoussa cette idée dès qu’elle fit irruption dans son esprit, et fourra ses mains dans ses poches tout en commençant à escalader les marches deux par deux. Il les ressortit en arrivant devant la porte de Charlotte qui était fermé, ce dont il fut surprit, puis il entendit une voix d’homme à l’intérieur, une voix menaçante.

Sans y réfléchir davantage, il tourna la poignée et entra sans le moindre bruit, parfait prédateur humain. Son regard balaya le salon ravagé de Charlotte sans s’y attarder pour venir se poser sur l’homme qui lui tournait le dos, occupé à taper sur la porte de la salle de bain, et il conclut logiquement que la jeune femme se trouvait à l’intérieur. Volontairement, il fit racler le talon de sa chaussure sur le sol pour signaler sa présence sans avoir à parler, trop énervé pour sortir le moindre son de toute manière.

Cole se retourna brutalement, lâchant l'espace d'un instant la porte et oubliant presque que Charlotte était enfermée juste derrière.

-T'es qui toi ? Casse-toi avant qu'j'appelle les flics !
-Appelles les, souffla John dans un grondement sans cesser d'avancer dans sa direction, lentement, sans se presser.
-Vires de là c*nnard, t'as rien à foutre ici !
-Elle m'a appelé, répondit-il sans changer de ton en désignant d'un coup de tête la salle de bain. Pourquoi ?
-Pour rien, y'a rien qui t'regarde ici ! Fout le camp !

Dans la salle de bain, Charlotte sembla sortir de sa torpeur en entendant la voix d'un autre homme que Cole. Elle le reconnut sans mal et toutes ses barrières semblèrent s'effondrer alors qu'elle se trainait jusqu'à la porte sans se relever, ses chevilles, ses jambes, ses hanches, étant tous trop douloureux pour qu'elle puisse se lever tout de suite.

-John... souffla-t-elle au travers de la planche de bois, incapable d'élever la voix.

Il ne l'entendit pas, toute son attention fixée sur l'homme en face de lui, et poursuivit son avancée jusqu'à venir se planter à quelques centimètres seulement de l'intrus.

-Toi fout le camp, parce que si c'est moi qui m'en occupe tu vas le regretter.
-C'est quoi ton problème à toi ? J'vais te défoncer fils de p*te! Gronda Cole en avançant vers John pour lui coller son poing dans la figure.

Charlotte les entendait hausser le ton, la situation n'allait pas tarder à dégénérer et elle n'était pas sûre de vouloir cela. Mais elle était paralysée, comme pétrifiée et son corps tout entier refusait de la laisser ouvrir la porte.

John décida qu'il n'était plus temps de discuter, il n'en avait pas envie et de toute façon, avec l'odeur atrocement alcoolisée que l'homme dégageait, il n'était certainement pas en état d'avoir une conversation. De sa main gauche, il bloqua le poing qui visait son visage, à priori sans effort particulier, et leva le sien qui alla exploser le nez de son adversaire, l'envoyant heurter la porte derrière lui avec violence.

Charlotte ne put retenir une exclamation de frayeur alors que la porte tremblait contre elle sous l'impact. Cole se redressa, titubant, et chercha à repartir vers John mais celui-ci s'écarta, et emporté par son élan, il traversa la pièce tête baissée.

John le suivit d'une démarche souple et l'attrapa par le col de son t-shirt alors qu'il tentait de se relever à nouveau. Il le mena jusqu'à la porte sans qu'il puisse opposer la moindre résistance, et d'une pulsion, le propulsa sur le palier. Dans son élan, il atterrit jusque dans les escaliers qu'il dégringola sans aucun contrôle sur sa chute, mais John ne s'en préoccupa pas le moins du monde et claqua la porte qu'il verrouilla par réflexe.

Les mains repliées et ramenées devant sa bouche pour empêcher tout son de passer, Charlotte n'osait plus bouger d'un pouce. John prit le temps de souffler, histoire de totalement retrouver son calme. Il n'avait pas perdu son sang-froid, il en fallait vraiment beaucoup pour ça, mais il était quand même sur les nerfs. Il inspira profondément, se demandant au passage ce qu'il fabriquait et dans quelle galère il s'était embarqué. Il n'avait rien à foutre là, il aurait dû se trouver avec Riley et les autres mais il n'avait pas vraiment réfléchi et il avait commis une erreur. Une de plus, à cause de cette fille, mais il était devenu incapable de faire machine arrière. Il s'avança vers la porte et donna un coup léger dessus, de son index replié.

-Hey.

Sursautant, elle releva la tête et tendit son bras pour déverrouiller la porte, se décalant légèrement pour permettre de l'ouvrir. Il attendit quelques secondes qu'elle ouvre mais visiblement elle n'était pas décidée à faire plus que la déverrouiller, donc il finit par pousser la porte lui-même. Recroquevillée sur le sol, enroulée dans une serviette qui ne suffisait pas à cacher ses sous-vêtements, elle faisait peine à voir et sa colère remonta d'un cran, bien qu'elle soit toujours parfaitement contenue.

-Tu devais pas m'appeler, lâcha-t-il, pourquoi c'est pas les flics que t'as fait venir ?

Sa voix était toujours grondante mais sonnait davantage comme une question que comme un reproche, ce qui était assez miraculeux vu ses propos, mais il n'avait pas l'habitude de prendre de gants, même pas avec Riley, et il n'allait pas commencer maintenant.

-Je savais pas quoi faire, souffla-t-elle alors que des larmes roulaient sur ses joues.
-Il t'a violée ?

Elle ferma les yeux, incapable de répondre, et un violent tremblement lui prit le corps, la faisant bouger involontairement. La serviette glissa encore sur ses jambes, dévoilant des bleus qui se formaient sur le haut de ses cuisses.

-Et c'était pas la première fois ? poursuivit-il, interprétant sa réaction comme un aveu.

Elle secoua la tête cette fois, indiquant ainsi à John que ce n'était pas la première fois que cela se produisait. Elle avait eu de la chance cette fois, de pouvoir lui échapper après qu'il l'ait violée une première fois. En général, elle n'avait pas assez de forces ou ne parvenait pas à lui échapper. John souffla d'énervement, ce qui pouvait passer pour de l'agacement, et s'adossa au chambranle de la porte.

-J'vais te mettre en contact avec des gars qui peuvent t'aider, grogna-t-il en sortant son téléphone de sa poche.
-Je... n'aurai pas dû t'appeler, j'avais promis... Je suis désolée, j'aurais pas dû te déranger, m'en veux pas...
-J'suis là maintenant, pas la peine de geindre, répliqua-t-il en tapant rapidement un sms

Elle voulut se relever, mais à peine sur ses jambes, celles-ci se dérobèrent et elle retomba à l'endroit exact d'où elle s'était levée. Sa serviette glissa au sol et, honteuse, tant pour sa tenue que pour ce qu'elle indiquait, elle la rattrapa pour la plaquer sur son corps en cherchant à masquer sa peau au maximum, se recroquevillant sur elle-même.

En voyant ça, il termina rapidement son message et quitta la salle de bain pour prendre un plaid dans le salon. Il avait atterrit par terre mais c'était mieux que rien, et il revint pour le lui mettre sur les épaules, sans délicatesse mais sans brutalité également. Il attendit qu'elle s'en recouvre comme elle le voulait puis la prit par la taille pour la soulever et la déposer sur le canapé. Il avait failli l'emmener dans sa chambre, mais il s'était dit que la mettre sur ou dans un lit ne serait peut-être pas une si bonne idée que ça.

Elle se laissa faire, ramenant immédiatement ses jambes contre elle une fois sur le canapé. Elle venait d'être violée, mais elle ne ressentait aucune peur à l'égard de John, elle crevait plutôt d'envie de se jeter dans ses bras pour s'y sentir en sécurité, protégée et hors de danger. Pourtant elle n'en fit rien, terrifiée à l'idée d'être rejetée par celui pour qui elle développait malgré elle de forts sentiments.

-Ça te pose problème d'avoir affaire à deux mecs ? demanda-t-il en se laissant tomber dans le canapé, ni proche ni éloigné d'elle.
-Qui ?
-Des gars qui pourront t'aider à te débarrasser de ce type.
-Ils sont... Tu leur fais confiance ?
-Ouais, ce genre de situation c'est leur spécialité, s'ils s'occupent de toi, tu seras plus jamais emmerdée.
-D'accord, acquiesça-t-elle.
-Leur parle pas de moi, surtout au crétin blond qui va pas manquer de te draguer.
-Pourquoi ? S’inquiéta-t-elle.
-Parce que j'ai pas envie qu'on me pose de questions après.
-Hm... Je suis désolée si je t'ai mis dans une situation compliquée en t'appelant. Je n'ai pas tenu parole…
-T'avais une bonne raison, c'est déjà pas mal. Pour le reste je me démerderais.
-Je n'ai pas appelé la police parce qu'ils n'auraient rien pu faire, comme chaque fois que je les appelle pour la même chose... souffla-t-elle en se retenant de pleurer.
-On peut pas compter sur les flics, cracha John.
-Je veux une arme, murmura-t-elle.
-T'en es une à toi toute seule, pourquoi t'as pas réagi ?
-Parce que Cole me connait, souffla-t-elle en sortant son bras de sous le plaid, désignant ainsi son poignet presque violacé. Il fait en sorte de m'immobiliser rapidement et de m'empêcher de répliquer...
-Comment il est entré déjà ? Tu lui as ouvert ?
-Non je venais de rentrer, il m'a suivie je crois et il a poussé la porte avant que je n'ai eu le temps de fermer.
-Ça arrivera plus.
-J'ai voulu m'enfuir, trembla-t-elle. Mais il m'a attrapée et...
-J'veux pas les détails.
-Je voudrais ne pas les connaitre non plus...
-Pourquoi tu déménages pas ?
-J'ai déménagé trois fois l'an dernier...
-Comment il te retrouve alors ?
-Sans doute... à la fac. Il doit me suivre sans que je m'en rende compte. Je veux une arme, dit-elle une nouvelle fois.
-J't'ai dit que t'en avais pas besoin.
-Au moins ça règlerait le problème une bonne fois pour toutes, quitte à passer le reste de mes jours en prison...
-Non.
-Pourquoi ? demanda-t-elle en se tournant vers lui, l'air mal en point et la lèvre fendue.
-Parce que t'en as pas besoin.
-Je veux que ça finisse John, ça fait déjà cinq fois rien que cette année ! La police ne bouge pas un pouce pour moi et Cole est toujours dehors ! Je veux que ça s'arrête ! Peu importe la manière !
-J't'ai dit que ça arriverait plus, répliqua-t-il en lui adressant un regard noir.

Elle ferma les yeux pour retenir ses larmes, les lèvres tremblantes.

-Je veux plus qu'il me touche, plus jamais...
-J'peux fumer ? demanda-t-il en fourrant déjà une main dans sa poche, ne sachant pas quoi répondre.
-Oui vas-y... Je peux t'en prendre une ?
-Ouais.

Il prit une cigarette dans son paquet avant de le lui tendre, puis il fit de même avec son briquet, tirant une longue taffe pour se calmer. Elle l'imita et alluma sa cigarette avec le briquet qu'il lui tendit. La première bouffée la fit tousser, la dernière fois qu'elle avait touché à une cigarette, c'était lorsqu'elle avait seize ou dix-sept ans, pour gouter.

Il fumait sa clope en silence, ressassant ce qu'il s'était passé, jusqu'au moment où son téléphone vibra. Il jeta un coup d'œil et répondit à son message puis éteignit sa cigarette dans un verre miraculeusement intact sur la petite table basse.

-Tu devrais te passer quelque chose, ou prendre une douche.
-J'aimerais... Viens avec moi, demanda-t-elle après une seconde d'hésitation.

John prit conscience à ce moment-là que si elle n'avait pas pu venir seule jusque sur le canapé, elle aurait du mal à se laver sans aide et il retint un mouvement de recul. Il ne s'était jamais occupé d'une femme, autre que Riley, et il n'avait pas spécialement prévu que cela puisse arriver. Il ne le voulait pas. Mais il n'avait pas vraiment le choix donc il se leva et la prit dans ses bras, le visage neutre pour la conduire jusque dans la salle de bain.

Elle se sentait mal, d'être ainsi devant lui, faible, incapable de faire les choses sans aide, et elle se sentait sale, à cause de Cole. Pourtant, même si elle avait honte de sa situation, elle était plutôt contente que ce soit John qui soit là avec elle. Elle était contente aussi du fait qu'il ait accepté sa demande et qu'il n'ait pas fui. Elle savait que c'était un effort énorme pour lui, et elle était fière d'être celle pour qui il faisait tous ces efforts.

Il la souleva et l’assit sur le bord du lavabo puis la laissa enlever ses vêtements à son rythme, l'aidant seulement quand elle semblait en avoir besoin. Il la laissa une seconde pour faire couler l'eau dans la douche et revint, attendant simplement son feu vert.

Elle se déshabilla entièrement, choisissant d'ignorer les bleus qui couvraient une bonne partie de son corps. Elle entra dans la cabine de douche avec l'aide de John, mais sa cheville la lâcha et elle trébucha, glissant légèrement sur le côté en entraînant son amant avec elle sous l'eau, pour se retrouver adossée à la paroi, John collé à elle.

-Je me suis déjà lavé ce matin, râla celui-ci, sans mauvaise humeur toutefois.

Il la laissa adossée à la paroi une seconde, le temps de retirer sa veste, son t-shirt et ses chaussettes et chaussures, puis il revint dans la cabine, encore vêtu de son jean pour la soutenir.

-T'es bon pour te relaver alors, sourit-elle autant pour se détendre que pour le dérider.
-C'est toi qui es sensé te laver, pas moi.
-Je peux pas... Tenir debout toute seule, je crois, souffla-t-elle en se lâchant pour vérifier ses dires. Non, je ne peux pas, ajouta-t-elle en se raccrochant aux bras de John alors qu'elle vacillait.
-Tout ça pour que je te lave moi, railla-t-il.
-Touché coulé, rit-elle.

Il ne rit pas avec elle, conscient qu'elle se forçait, et, la soutenant toujours d'une main, il s'empara de son gel douche de l'autre et en versa un peu sur ses épaules pour commencer à la laver sans la brusquer. Elle cessa de rire, presque blessée qu'il ait conscience de son état de faiblesse aussi bien physique que mental. Elle baissa la tête et se laissa faire, ayant confiance en lui.

Il la savonna avec une certaine énergie, prenant garde de ne pas appuyer là où elle pourrait avoir mal et il fit semblant de ne pas voir les grimaces qui lui échappaient. Il aurait pu y aller plus doucement, mais il pensait qu'elle avait besoin de se sentir propre autant que cajolée, sa douche aurait donc plus d'effets s'il y mettait plus d'énergie.

Avant qu'elle n'ait pu le retenir, un gémissement s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'il lui frottait la hanche. Il releva la main automatiquement, manquant presque de s'excuser mais il parvint à retenir sa langue au dernier moment et recommença à la laver en évitant sa hanche désormais. Elle releva les yeux mais son regard fut attiré par un éclat métallique dans la veste de John. Elle resta figée, observant son arme en restant accrochée à lui, lovée dans ses bras alors qu'il l'avait ramenée à lui pour lui savonner le dos. Il ne se rendit compte de rien et lava son dos, puis il se mit à genoux, Charlotte se retenant à ses épaules, pour s'occuper de ses jambes, passant le plus doucement possible sur l'intérieur de ses cuisses.

Elle continua de lorgner sur son flingue, s'imaginant en avoir une identique, ou même la lui subtiliser en la faisant glisser sous un meuble. Mais elle chassa bien vite cette idée de son esprit, il ne le lui pardonnerait pas. Et il refuserait même de lui en vendre une si elle se pointait à sa boutique. N'ayant pas de permis de port d'arme, elle ne voyait pas d'autre solution que d'en acheter une au marché noir. Il fallait qu'elle lui en parle, mais elle ne savait pas comment lancer le sujet.

Il se redressa et prit la pomme de douche pour la rincer, il ne s'était toujours pas aperçu du regard qu'elle portait sur son arme. Revenu à sa hauteur, elle dévia son regard sur lui et plus particulièrement sur ses lèvres.

-Embrasse-moi, demanda-t-elle d'une faible voix.

Il posa sa main sur sa nuque et l'attira à lui un peu plus avant de se pencher pour l'embrasser. Il ne montrait pas le moindre signe d'hésitation, et pour cause cela ne le rebutait pas. Un soupir de soulagement lui échappa et des larmes roulèrent sur ses joues, masquées par l'eau de la douche. Elle était soulagée qu'il l'embrasse de cette manière, elle avait eu peur qu'il la repousse, maintenant qu'il savait, maintenant qu'il avait vu ce qui lui était arrivé.

-Te prends pas la tête, lâcha-t-il en se redressant, terminant de la rincer.
-Facile à dire...
-Pas dur à faire. Ça te va comme ça ?
-Oui, merci... J'ai honte, un peu…
-Faut pas, enlève-toi le de la tête.

Il la souleva à nouveau et la porta jusqu'au porte-serviette. Il en attrapa une d'une main et l'enroula autour d'elle avant de l'emporter jusqu'à sa chambre. Il la déposa sur son lit et commença à la sécher en la frictionnant doucement.

-Il va encore falloir que je rachète une banquette, souffla-t-elle en détournant le regard de celle qui se trouvait collée au mur en face de son lit.
-Dis-toi que ce sera la dernière.
-J'ai racheté deux lits et cinq banquettes depuis un an et demie, Sanglota-t-elle, incapable de s'en empêcher.

Il resta interdit devant elle, il n'était pas habitué du tout à gérer une femme en train de pleurer. Riley n'était plus capable de pleurer depuis l'enfance, il n'avait donc jamais eu à gérer ses larmes et il n'avait pas le réflexe de consoler qui que ce soit dans cette situation.

-Je veux que ça s'arrête John, souffla-t-elle en essuyant ses yeux, tentant de se calmer.
-Ça va s'arrêter, tu peux déjà considérer que c'est terminé, grommela-t-il.
-Je veux... Une arme. Vraiment. Ça me rassurerait.
-J't'ai dit non, insiste pas. Tu veux quoi comme fringue, histoire de pas rester à poil.
-Je sais pas, n'importe... Je te la payerai John ! T'es le seul à qui je peux en acheter une sans permis.
-Non.

Il se leva et alla fouiller dans son armoire. Il en sortit des sous vêtement ainsi qu'un jean pris au hasard et un débardeur qu'il lui ramena.

-Merci... Pourquoi tu ne veux pas?
-Parce que t'en as pas besoin, répéta-t-il. Tu vas y arriver seule ?
-Je pense. Pourquoi je n'en aurai pas besoin?
-Pourquoi t'en aurais besoin ?
-Pour me défendre contre Cole et contre n'importe qui d'autre. Et pour me rassurer.
-Contre n'importe qui d'autre tu sais te défendre et lui ce sera plus un problème. Habilles toi.
-Mais...
-Habille toi, ordonna-t-il en se détournant pour retourner chercher ses fringues, étant toujours torse et pieds nus.

Blessée, elle s'exécuta et s'habilla machinalement, enfilant ses sous-vêtements, puis son débardeur et enfin son jean avec difficulté. Une fois habillée, elle se leva et s'approcha rapidement du mur pour s'y appuyer, et elle avança en s’aidant du mur et des meubles sur son chemin. Dans le couloir menant au salon, entre sa chambre et la salle de bain, elle trébucha sur un vêtement traînant là et chuta douloureusement en retenant une exclamation. Elle se releva en s'appuyant de tout son poids sur une commode et reprit sa marche vers le salon. John entendit sa chute et se dépêcha de venir voir. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle décide de bouger toute seule, il pensait qu'elle l'attendrait, et il grogna en venant la prendre dans ses bras.

-Je ne... Je pensais que j'y arriverai sans tomber. Ce n'est pas comme si je n'avais pas l'habitude...
-Les habitudes ça se perd très vite, lui assura-t-il en la déposant sur le canapé.
-Je l'espère... J'ai peur que tu t'en ailles John. Parce que maintenant tu... Tu sais...
-Ça change rien, t'es moins normale mais t'es toujours chiante.

Un sourire étira ses lèvres et elle ferma les yeux, expirant lentement sous le coup du soulagement. Elle était presque terrifiée à l'idée que John puisse la délaisser parce qu'un autre l'avait souillée, et sa réponse ne pouvait lui faire plus plaisir.

-Tu me trouve chiante ? demanda-t-elle tout de même, moins paniquée et plus détendue.
-Ouais, le jour où tu le seras plus y aura vraiment de quoi s'inquiéter, répliqua-t-il avec un sourire en coin.
-Mais ! Alors je suis chiante quand je dis que je veux vraiment une arme..?
-Ouais, t'es même super lourde, j't'ai dit que t'en avais pas besoin alors tu m'écoutes.
-Je vois pas pourquoi je ne pourrais pas avoir un jouet alors que toi t'en as toute une boutique remplie, bouda-t-elle.
-Parce que c'est pas des jouets, et même si c'était le cas, ce serait pas pour toi.
-Je sais ce qu'est une arme à feu John ! Je te rappelle que mon dossier pour la fac traite de la psychologie des meurtriers et de leur penchant pour les armes à feu, je sais ce que ça représente. Mais moi ça me rassurerait, puisque je n'ai pas d'homme à la maison pour me protéger…
-Trouve toi en un alors ou achète un chien.
-Trouver quoi ? Et un chien, ce taré de Cole serait capable de le tuer, grimaça-t-elle.
-T'es bouchée ou tu le fais exprès ?
-Je... J'ai la trouille John, comprends moi...
-Nan j'comprends pas, j't'ai dit au moins quinze fois que t'avais plus à t'inquiéter de ce mec.
-C'est ce qu'on me répète depuis deux ans, alors maintenant je suis un peu sur la défensive, j'émets quelques réserves à son sujet... L'injonction n'a rien fait, la police non plus... Je me suis dit que la dernière solution envisageable était la plus radicale...
-J'suis ni les flics ni une injonction à la c*n.
-Mais tu ne vas pas rester pour me protéger, souffla-t-elle avec un léger sourire compréhensif.
-Si t'as pas besoin d'être protégée j'ai pas besoin de rester.
-Ce n'est pas... Le plus simple à admettre pour moi, mais je crois que j'ai besoin d'être protégée.
-Les deux mecs qui viennent vont s'occuper de toi, c'est leur boulot.
-Je ne...
-Quoi ?
-T-Tu leur fait vraiment confiance ?

A l'aide de ses bras, elle ramena ses jambes contre elle et les enserra, avant de poser son menton sur ses genoux. Elle était un peu effrayée à l'idée que deux types allaient débarquer dans sa vie, dans son monde, chez elle. Elle était loin d'être rassurée, elle avait relativement peur des hommes depuis Cole, il n'y avait que John avec qui elle avait su dépasser cela. Sa curiosité avait pris le dessus sur ses angoisses, elle voulait le connaitre, le rencontrer, apprendre de lui, ce qu'il était, qui il était, et elle avait fini par ne plus du tout avoir peur de lui. Un tremblement la secoua, avec ce qu'elle venait de vivre et en comptant ses cheveux trempés et son simple débardeur, elle était tout simplement frigorifiée.

Il tourna la tête vers elle, impassible en voyant son état, et pourtant il se leva pour reprendre le plaid abandonné dans la salle de bain et le lui donna. Il reprit place sur le canapé avant de répondre à la question.

-Pour ce genre de boulot, ouais.

Elle s'enroula dans le plaid, tremblant toujours, et ne décrocha pas son regard d'un point invisible qu'elle fixait sur le mur.

-Ils ne vont rien me faire ?
-Nan, leur boulot c'est de protéger les nanas comme toi, pas d'en profiter.
-D'accord.
-J'peux aussi les renvoyer sinon.
-Non, non, si tu dis que je peux leur faire confiance, alors je te crois.
-J'sais pas ce qu'ils foutent, ils devraient déjà être là d'ailleurs.
-Prends-moi dans tes bras.

Elle avait tourné la tête vers lui pour lui demander ça, sans user de ses charmes presque inexistants à cet instant, ni même de son état de faible petite chose blessée. Elle avait juste besoin de se sentir ne serait-ce qu'appréciée, épaulée. Elle avait besoin de le sentir contre elle.

-S'il-te-plait...

Il avait cherché à l'éviter. Il le savait, que les filles avaient besoin de contacts dans ce genre de situation, Riley était comme ça et elle était prête à se raccrocher à n'importe qui en son absence si elle voulait se sentir mieux. Même à ce c*nnard de Ralph. Résigné, il ne montra pourtant rien de ce qu'il pensait, et il glissa sur le canapé pour se rapprocher d'elle. Il passa un bras autour de sa taille et l'attira sur lui, enroulant ses bras autour d'elle.

Elle frémit à son contact et trembla encore de froid contre lui, se réchauffant tout de même peu à peu. Elle se sentait mieux grâce à lui, à sa présence, à son contact, et elle ferma les yeux pour profiter de ces quelques instants, sachant qu'il n'était pas très câlin et que cela ne durerait pas très longtemps. Ils restèrent ainsi une dizaine de minutes, et lorsqu'elle fut bien réchauffée, elle descendit d'elle-même de ses genoux, se plaçant à côté de lui pour garder un minimum de sécurité et de proximité, sans pour autant l'étouffer et le forcer à un contact dont il ne voudrait pas.

Il baissa les paupières, pour qu'elle ne puisse pas interpréter son expression, et la laissa faire sans réagir plus que ça. C'était pour ce genre de détails qu'il l'appréciait autant, mais il n'en ferait jamais le commentaire.

-Je voudrais quelque chose de toi John. C'est idiot je sais, mais je pense que ça me rassurerait de me dire que tu es là sans l'être... Un bijou ou je ne sais pas, quelque chose qui t'appartient... demanda-t-elle, presque gênée, après un long silence.
-J'ai rien à te donner, j'ai rien sur moi.

C'était vrai, mis à part sa chaine en or, un cadeau de Riley, il n'avait rien sur lui, pas même un bête porte clé, ce n'était pas son genre d'avoir des choses futiles sur lui.

-Ce n'est rien, souffla-t-elle en tentant de masquer au mieux sa déception.
-J'te filerai un truc si j'y pense. Mais t'as déjà mon numéro de téléphone, c'est déjà pas mal.
-C'est vrai, admit-elle. Mais je ne peux même pas appeler, j'aurai aimé avoir quelque chose de plus... tangible, mais ce n'est pas grave, oublie ça.

Il ne répondit pas, n'ayant rien à dire, et le silence se réinstalla quelques minutes, jusqu'à ce que des coups discrets soient frappés à la porte. Avec une rapidité presque insultante, John s'écarta de Charlotte pour se lever et alla ouvrir. Il ne fallait pas que qui que ce soit ait pu s'imaginer qu'elle avait de l'importance pour lui car cela la mettrait en danger aussi sûrement que si elle se plantait au milieu de l'autoroute. Un grand black coiffé de dread locks longues jusqu'à la taille et portant des lunettes de soleil se tenait sur le seuil. Derrière lui, un autre homme, blond aux cheveux coupés en brosse pour sa part, lui adressa un sourire désagréable. Il était de notoriété publique que John et Malcom n'étaient pas en très bon termes, même si cela n'affectait pas la qualité de leur travail. Le black, Bob, n'ayant rien vu de ce que faisait Malcom, salua John d'un signe de tête neutre, et ce dernier fit un pas de côté pour le laisser entrer, suivit de son partenaire.

-C'est elle, fit John d'une voix froide et indifférente que Charlotte ne lui connaissait pas.
-Bob Smith, se présenta Bob en s'avançant vers elle, s'arrêtant à une distance respectable. Et voici Malcom Jones, mon partenaire. John nous a fait venir parce qu'il parait que vous avez des problèmes et besoin d'une protection pendant quelques temps.
-Je...

Elle leva les yeux vers John en quête de soutien, mais celui-ci gardait le regard résolument rivé à l'opposé. Il était particulièrement tendu et cela rajouta un poids sur les épaules de Charlotte qui se remit à trembler légèrement.

-Merci d'être venus, souffla-t-elle en tentant de reprendre contenance. Charlotte Perrin, se présenta-t-elle ensuite. Vous allez pouvoir m'aider ?
-Nous sommes spécialisé dans la protection des gens, il ne vous arrivera rien tant que nous serons là madame. Qui est la personne qui vous pose problème ?
-Mon pet... Ex petit-ami. Cole Martens, j'ai une injonction contre lui, mais il continue de m'approcher et il entre parfois par effraction chez moi pour... se coupa-t-elle, incapable d'en parler devant d'autres personnes que John seul.
-Inutile d'en dire plus, fit Bob avec un sourire compatissant. Cet homme ne vous approchera plus, vous pouvez vous détendre à partir de maintenant.
-Je l'espère.

Elle lui offrit un faible sourire avant de baisser les yeux vers ses jambes. Le plaid glissa de ses épaules, dévoilant des marques violacées sur ses deux bras, là où les mains de Cole s'étaient refermées pour la maintenir en place et elle s'empressa de l'enrouler à nouveau sur elle.

-Comment... Comment ça va se passer ?
-Jusqu'à ce que la situation s'améliore, vous serez sans cesse sous surveillance, dans le respect de votre vie privée, bien évidemment. Personne ne vous approchera sans que nous ne soyons au courant, encore moins votre ex petit ami. Nous vous servirons de chauffeur si vous le désirez, sinon nous nous contenterons de vous suivre à distance. Le choix vous appartient, nous pouvons opérer de façon visible ou discrète, et nous nous relaierons toutes les douze heures.
-Je préfèrerais... de manière discrète. Vous serez toujours là, sans exception ?
-Oui madame. Soit Malcom, soit moi, vous ne serez jamais seule et donc jamais vulnérable.
-Bon, j'peux y aller là, c'est bon ? grogna soudain John.
-Oui, nous n'avons pas besoin de toi, acquiesça Bob.
-Cool, y en a qui ont des trucs à faire, pas comme d'autres.
-Si t'as des trucs à faire, comment tu t'es retrouvé à aider cette nana ? lui demanda Malcom, davantage pour l'emmerder que par réelle curiosité.
-J'devais voir un type à l'étage du dessus, mais il s'est tiré. Les cris de la fille et de ce mec ont dû lui faire penser que les flics allaient rappliquer.
-Nous n'avons pas besoin de toi, répéta Bob, soucieux que sa toute nouvelle cliente ne soit pas effrayée par John.

Avec un dernier regard assassin à l'égard de Malcom, John fit demi-tour et sortit de l'appartement en claquant la porte. Il dévala les marches et sortit son téléphone de sa poche pour taper un message destiné à Charlotte. Sans attendre de réponse, il enfourcha sa bécane et démarra, filant à toute vitesse.

D'abord secouée par le départ de John, Charlotte se radoucit et se calma en lisant le message qu'il lui avait envoyé une minute après avoir claqué la porte. Son téléphone avait vibré dans le canapé, et elle avait pu le trouver entre deux coussins.

-Je vois, souffla-t-elle, encore un peu sous le choc de la réaction de John. Si votre... ami n'était pas venu, je ne sais pas ce qu'il me serait arrivé... Il a fait fuir mon ex, il a dû avoir peur de lui je pense...
-John fait cet effet-là à beaucoup de monde, et malgré ce qu'il aimerait faire croire, il ne tournera jamais le dos à une femme en danger.
-Il a trop peur de ce qu'il pourrait lui arriver, se moqua Malcom.
-Ce n'est pas faux... Nous allons remettre un peu d'ordre, ajouta Bob en désignant le salon, en partie pour couper court à la conversation.

Elle fronça les sourcils devant la phrase de Malcom, mais se reprit rapidement grâce à un éternuement qui vint la secouer sans prévenir. Elle se leva pour aider les deux hommes à faire du rangement, bonne petite fée du logis qu'elle était, mais ses jambes se dérobèrent et elle se retint de justesse au mur à côté d'elle. Sa hanche la faisait souffrir le martyr et elle baissa les yeux vers sa cheville qui avait doublé de volume. Ayant assisté à toute la scène, Bob fronça les sourcils à son tour en voyant l'état de son corps et souffla.

-Je n'avais pas pris conscience de la gravité de votre état. Malcom, fais venir Arya.

Il se rapprocha ensuite de Charlotte pour ramener le plaid sur elle, celui-ci ayant glissé, avant de la prendre dans ses bras, comme l'avait fait John un peu plus tôt.

-Je vais vous conduire à votre chambre, vous n'êtes pas en état de faire quoi que ce soit, surtout avec une cheville comme ça.
-Non ! Je... Pardon, mais je préfèrerais rester dans le salon...
-A condition que vous ne bougiez pas.

Il s'exprimait sur un ton agréable, et pivota docilement pour la déposer sur le canapé avec des gestes doux et précautionneux. Elle opina du chef et se cramponna à un coussin qu'elle ramena sur ses genoux lorsqu'il la déposa. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il la porte et son cœur s'était emballé. Maintenant qu'il l'avait relâchée, elle comprenait que sa peur avait quelque chose d'irrationnel, ils étaient là pour l'aider, non pour l'acculer.


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Message par Inari » 21 Nov 2015 13:33

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Chapitre 3

Spoiler: show
Les doigts de Riley ripèrent sur les cordes de sa basse et elle poussa un juron aussi vulgaire que bruyant qui attira sur elle l'attention du client qui s'entretenait avec Al au sujet de sa voiture. Cela faisait plusieurs jours qu'elle fulminait après John, depuis qu'il les avait laissés en plan, Ryan, Jubei et elle alors qu'ils devaient voir deux de leurs indics très dangereux mais elle ne lui avait toujours rien dit pour autant. Elle était tout simplement furieuse mais aussi inquiète pour son frère et son comportement qui les mettait tous en danger. Ces derniers jours il n'était jamais à la maison et ne décrochait pas un mot, alors tout simplement exaspérée elle avait fini par prendre sa basse et sa moto, et elle était allé squatter le garage d'Al. Lui au moins la laisserait rager en paix, sans lui demander toute les trente secondes si elle va bien et ce qu'il y a.

Elle était donc arrivée deux heures plus tôt, sachant qu'il travaillait seul le dimanche, et il lui avait désigné un coin où s'installer pendant qu'il travaillait. Elle n'avait pas besoin qu'on la materne, elle voulait juste une présence tranquille. Le problème était qu'elle ne parvenait tout simplement pas à se concentrer, elle loupait les accords les plus simples de mélodies qu'elle connaissait sur le bout des doigts, et inutile de parler d'en créer une. Elle était trop préoccupée par John, voilà tout, et ça ne risquait pas de s'arranger s'il continuait à jouer les courants d'air.

Al termina rapidement sa discussion et revint dans le bureau où il avait laissé Riley. Il l'avait mise là puisqu'il n'y entrait jamais avec ses clients, préférant leur amener les factures en main propre. Il attrapa un chiffon au vol et s'essuya les mains avant de se poser sur sa chaise en cuir noir pivotante pour fouiller dans ses papiers, alors que le vrombissement d'un moteur retentissait dans la cour.

-Tu vas faire fuir tous mes clients ma poule, souffla-t-il sans agressivité.
-Appelles moi comme ça encore une fois et j'te viole, répliqua-t-elle avec mauvaise humeur, sans même lever les yeux vers lui.
-Ho tout doux, tout doux ! Tout de suite les grands mots, grommela-t-il. Fais pas la gueule comme ça, ça te vas pas.
-Ah ouais et c'est quoi qui me va ?
-Quand t'es normale, t'affiche aucune expression. Là, tu fais la gueule, et ça te va pas, t'as la gueule toute tirée comme ça, expliqua-t-il en tirant la peau de son visage en arrière à l'aide de ses doigts, laissant au passage quelques traces noires sur ses joues.
-Ouais c'est cool, et toi tu ressembles à un zèbre maintenant, lança-t-elle en regardant les traces graisseuses sur sa peau.
-Hé merde.

Il récupéra le chiffon qu'il avait posé plus loin et se frotta le visage sans regarder ce qu'il faisait.

-J'sais pas c'que t'as Riley, mais sérieux c'est flippant d'te voir comme ça. Et flipper, j'aime pas ça.
-Cet abruti de John me casse les couilles.
-Cet abruti de John m'a toujours cassé les couilles, c'pas pour ça que j'l'aime pas.
-Ouais bah si ça continue j'lui casse un bras, et peut être même une jambe.
-Et qu'est-ce qu'il a fait pour mériter ça, ce bel apollon ?
-Il déconne.
-Ça, c'est pas inhabituel. C'est même quelque chose qu'il fait... Comment on dit... Journalièrement ? Ça se dit ça ?
-J'en sais rien, mais d'habitude il se casse pas comme ça tous les jours. Et il se casse pas non plus en pleine mission.
-Il a fait ça ? demanda Al, outré.
-Ouais il a fait ça. Et si tu continues à faire cette gueule je te jure que tu vas vraiment passer à la casserole.
-J'ai rien fait, j'ai rien fait ! Il s'est cassé en pleine mission donc ? Désolé mais pour moi ça veut pas dire grand-chose, j'veux pas savoir c'que vous faites et du coup, j'vois pas c'que ça peut faire qu'il se soit cassé pendant une de vos missions.
-C'est le genre de détail qui peut te tuer, ça te va ? Gronda-t-elle.
-J'ai dit que j'voulais pas savoir de toute façon. Mais tu lui en as parlé au moins ?
-Pour ça faudrait que j'l'ai sous la main.
-Bah quand tu l'croises, dis-lui que j't'ai violée, ça le bloquera sur place, et là tu pourras le ligoter pour lui parler entre quat' yeux.
-Comme s'il allait croire à ça.
-Bah... Dis-lui que Malcom t'as violée !
-Tu parles de moi ? demanda ce dernier en débarquant dans le bureau. J'peux vous prendre tous les deux hein, ça me dérange pas, fit-il en jetant un coup d'œil lubrique à Riley.
-Manquait plus que lui. Si t'as décidé de crever aujourd'hui, t'as bien fait de venir.
-Tu peux pas savoir comme tu m'excites quand tu dis ça.
-Salut beau gosse, souffla Al en se mordant la lèvre, le détaillant de bas en haut.
-Salut toi. Qu'est-ce que t'as foutu, t'as la gueule noire.
-J'm'ennuyais.
-Et du coup t'as décidé de te maquiller ? C'est quand que tu me fais un p'tit défilé en sous vêtement sexy ?
-Va crever, c'est mon tour de t'prendre, c'est toi qui va faire le défilé.
-Tu peux toujours crever. Et toi ma p'tite Riley tu veux pas nous en faire un ?
-Si tu veux j'peux te faire voir mon flingue de plus près, c*nnard.
-Hou ! Mais t'as tes règles ou quoi ?
-J's’rais toi j'l'embêterai pas, elle est d'mauvais poil. Qu'est-ce que tu fous là d'ailleurs, si t'es pas v'nu pour que j'te prenne ?
-J'suis venu pour te coincer derrière une de tes bagnoles alors que t'avais le nez dedans, j'aimais bien l'idée de te prendre par surprise, j'suis sûr que t'aurais kiffé ça.
-Dans tes rêves, tu t'approches pas de mon cul tant que j'ai pas eu l'tien.
-J'vais t'enfoncer ma b*te au fond de la gorge, on verra si tu continus à la ramener.
-J'suis sûr que j'peux continuer à parler si j'te la croque. Puis au moins j'aurais le champ libre pour mettre c'que j'veux au fond d'ton cul.
-Elle te manquerait trop. Puis tu risques de te casser les dents et pas que ça mon pauvre Al.
-T'exagères, elle est pas si dure que ça, souffla-t-il en lui adressant un coup de langue particulièrement obscène.
-C'est que tu dois pas assez m'exciter, répliqua Malcom en répondant à son geste en donnant un coup de rein dans sa direction de manière tout aussi obscène.
-Après tout peu importe, c'est pas moi qui m'fait enfiler, j'm'en fous qu'elle soit dure ou pas.
-P'tain fallait qu'il débarque aujourd'hui lui, siffla Riley en rangeant sa basse. J'croyais que t'étais occupé en ce moment pauvre naze.
-Ouais, je l'étais, mais on a fini notre mission aujourd'hui. Apparemment l'ex de la nana sur qui on veillait est mort d'un brutal accident de la route. Il a raté le virage alors qu'il était bourré.
-Quoi ? Souffla Riley en relevant lentement la tête vers l'ex marine, le visage d'une neutralité effrayante.
-Bah c'est pas surprenant, c'était un crétin.
-La bagnole est partie à la casse ? demanda Al, subitement intéressé.
-J'en sais rien. T'es c*n toi, j'te parle d'un mec qui est mort et toi c'est sa caisse qui t'intéresse ?
-T'es sûr que c'était un accident ? demanda sèchement Riley.
-Ouais, il est allé tout droit, il n’a même pas hésité, et ça puait l'alcool à plein nez dans la bagnole, y avait même une bouteille dans les débris. C'est tellement évident qu'ils ont même pas prévu de faire une enquête. Mais pourquoi tu me demandes ça, tu le connaissais le mec ?
-Nan.
-Moi j'le connaissais pas, du coup j'm'en branle qu'il ait décidé de jouer à qui sera le plus fort entre sa bagnole et un platane. Tout c'que j'veux savoir, c'est si la bagnole à quelque chose de récupérable, ça vaut cher les pièces détachées.
-Sa bagnole et le vide tu veux dire, il a foncé dans un ravin. Riley tu vas où ?
-La ferme c*nnard, jeta Riley en sortant du bureau d'un pas vif, sans même jeter un coup d'œil en arrière.
-Une chute de combien ? Ça dépend de la hauteur mais y doit rester des trucs potables. Riley tu vas où ?
-J'dois défoncer quelqu'un, cria-t-elle sans s'arrêter
-Qui ?! C'est quelqu'un que j'connais ?! L'abime pas trop hein si c'est un beau mec !
-Juste le bras et la jambe !
-Pourquoi à toi elle te répond et pas à moi ? Râla Malcom.
-Parce que toi t'es un c*nnard. Bon, j't'enc*le ?
-Viens me chercher, le provoqua-t-il avec un air dangereux.

Al se leva pour venir se poster devant Malcom, une mèche de ses cheveux tombant devant son regard et un sourire en coin accroché aux lèvres. Il leva la main mais Malcom la retint à mi-chemin entre son entrejambe et celle d'Al et le mécano en profita pour plaquer ses lèvres sur les siennes. Malcom passa sa main libre dans le bas de son dos pour le coller à lui et avança tout en lui rendant son baiser, jusqu'à ce que le mécano se retrouve coincé entre lui et son bureau.

***

Comme d’habitude ces derniers temps, John n’était pas là lorsque Riley pénétra dans leur appartement. Elle jura violemment mais s’évertua au calme, ça ne servait à rien de partir à sa recherche, il finirait bien par rentrer. Jusqu’à présent elle n’avait pas cherché la confrontation parce qu’elle était furieuse après lui, à présent elle était non seulement dans une rage folle mais aussi terriblement inquiète. Elle se dirigea vers la cuisine, et ouvrit le frigo pour en sortir une bière qu’elle décapsula en usant du bord du plan de travail, puis elle s’installa sur la table basse du salon et attendit patiemment, les yeux fixés sur la porte.

Lorsque la poignée pivota enfin, huit bouteilles vides s’accumulaient à côté d’elle, et une neuvième trônait dans sa main. John eu le temps de passer la porte, puis il se baissa vivement avant de jurer à cause des éclats de verres et de la pluie de bière qui lui tombaient dessus. Il releva la tête juste à temps pour voir Riley lui foncer dessus, et l’évita en se jetant sur le côté. Il se redressa tout aussi vite, bloquant le poing de sa sœur qui visait sa mâchoire, et il pivota, profitant de son élan pour l’envoyer heurter le mur.

-Arrête ça ! Gronda-t-il, ne voulant pas lui faire de mal.

Malheureusement elle n’avait pas autant de scrupules que lui, bien au contraire. Elle parvint à amortir le choc sans difficultés puisqu’il n’avait pas cherché à la blesser, et se laissa glisser à terre, jambes en avant, parvenant à le faire tomber. Il roula au sol pour s’éloigner d’elle, mais elle le suivit tout en se redressant, et lui asséna un violent coup de pied dans le ventre. Il serra les dents, le souffle coupé, et lui attrapa la cheville, la faisant basculer à son tour. Elle savait chuter, elle ne se fit donc pas mal encore une fois, mais elle ne parvint pas à libérer sa cheville et il tira dessus pour l’attirer vers lui tout en pivotant, toujours sur le sol. Elle réussit à lui mettre un coup de poing dans la mâchoire, et il lui bloqua le bras, en profitant pour se glisser sur elle pour l’immobiliser grâce à son poids.

Il n’y parvint que moyennement puisqu’elle réussit à lui tirer les cheveux et à lui mettre un coup cruel dans la cheville qui le fit grogner, cependant il réussit à l’empêcher de le mordre, ce qui était tout aussi bien la connaissant puisqu’elle serait allée jusqu’au sang. Il se redressa, se plaçant à califourchon sur elle, rendant ses jambes inutiles, et immobilisant ses bras des siens. Elle ne chercha pas à se débattre, elle savait qu’il était plus fort qu’elle, et de toute façon, le blesser n’était qu’un bonus pour se venger de son comportement actuel.

-Tu fais chier, souffla-t-il sans oser la lâcher.
-Va te faire foutre !
-C’est quoi cette marque ?

Il venait tout juste de voir une petite marque sur son flanc, une coupure vieille d’au moins dix jours, peut-être quinze.

-A ton avis pauvre c*n ! Tu crois qu’il s’est passé quoi le jour où tu nous as laissé en plan, c’était les Shāyú, p*tain ! Pourquoi tu crois qu’on les appelle comme ça ?
-Pourquoi tu m’as pas dit que t’avais été blessée ?
-Tu l’aurais remarqué tout seul si t’avais pas passé ton temps à m’éviter ! Dégage de là, ou je le fais moi !

Il se releva presqu’automatiquement et elle suivit le mouvement sans oublier d’enfoncer son poing dans son estomac au passage. Il se plia en deux sans chercher à lui résister, et elle n’insista pas, mais croisa les bras, signe inhabituel signalant un véritable énervement.

-Qu’est-ce que t’as foutu, p*tain de merde ? Cracha-t-elle.
-Quoi, qu’est-ce que j’ai foutu ?
-Te fous pas de moi ou j’te jure que tu vas le regretter ! Ta copine a libéré Malcom et Bob tout à l’heure parce que son ex s’est tué en bagnole, comment t’expliques ça ?
-J’ai pas touché à sa voiture.
-T’as payé Léandre pour le faire !
-Je l’ai pas payé pour saboter sa caisse.
-Tu l’as payé pour le tuer, me prends pas pour une c*nne, j’vais t’éclater bordel de merde !
-Ouais j’l’ai payé, elle était harcelée par ce mec, il l’a obligée à déménager plusieurs fois parce qu’il la traquait et la violait quand l’envie lui prenait !
-T’avais pas à faire ça, et surtout t’avais pas à nous laisser en plan ! On a failli se faire tuer parce que tu t’es barré, ils ont cru qu’on se foutait d’eux en se permettant de te laisser te tirer au dernier moment !
-Elle… Elle avait promis de jamais m’appeler, c’était forcément important Riley. T’étais avec Jubei et Ryan, ça aurait du bien se passer.
-On aurait pu crever pendant que t’étais avec elle, y se passera quoi la prochaine fois qu’on aura besoin de toi et que tu te casses au dernier moment pour elle ? On peut plus compter sur toi !

John resta silencieux, conscient de ses torts, tandis que sa sœur le fusillait du regard, les traits exceptionnellement tirés par la fureur.

-Faut que tu te décides, reprit-elle. Soit tu te mets avec elle, soit non, mais tu peux pas rester le cul posé entre deux chaises ! Elle pourrait être avec nous mais c’est à toi de décider, à personne d’autre, et t’as intérêt à te manier le cul si tu veux pas qu’on le fasse à ta place !
-…J’peux pas. J’en suis pas capable.
-De quoi ? De choisir ?
-De m’en éloigner… J’peux plus Riley.
-Tu veux te mettre avec elle ou non ?
-C’est pas un monde fait pour elle…
-Oui ou non ?
-Non.
-Pourquoi non ? C’est la seule fille au monde qui te fait cet effet-là !
-Parce qu’avec elle je deviens moins efficace, et qu’entre elle et toi y a aucun choix.
-J’ai pas besoin de ta protection.
-J’ai pas besoin d’être maqué.
-Tu le regretteras.
-Moins que s’il t’arrivait un truc parce que je pense à autre chose ou que je suis pas avec toi.
-Dans ce cas fous-toi le dans le crâne. Et largue là.

Elle lui adressa un dernier regard furieux, puis le dépassa pour quitter l’appartement, claquant la porte derrière elle. John resta seul, comme figé, en ruminant la scène durant un moment, puis il sortit à son tour tout en s’allumant une cigarette sans même y penser. Riley avait presque raison, il devait choisir entre elles deux. Sauf qu’il n’avait même pas besoin d’y réfléchir, même un peu. Riley était et serait toujours la seule à compter, c’était comme ça et ça ne changerait pas, jamais. Même pour Charlotte.

***

Le soir même, Charlotte, enfin libérée de ses deux gardes du corps et de son ex petit-ami, se rendit au Tiki Bar. Armée de ses béquilles et de son attèle, sa cheville ayant été cassée le jour où elle avait rencontré Bob et Malcom, elle peinait quelque peu à entrer, jusqu'à ce qu'un séduisant jeune homme vienne lui ouvrir la porte en lui offrant un magnifique sourire. Elle n'y prit pas garde, le remerciant tout juste, et s'avança jusqu'au bar en cherchant du regard l'objet de ses désirs. Elle le trouva, déjà assis, un verre à la main porté à ses lèvres, et le rejoignit.

-Salut ! Souffla-t-elle avec un sourire enjoué, avant de tenter de s'assoir sur les tabourets hauts sans se casser la figure.

Il tourna seulement les yeux vers elle, et grogna une réponse inintelligible avant de porter à nouveau son verre à ses lèvres. Il était de très sale humeur, plus déprimé qu'énervé, et ça pouvait se voir, aussi bien à son expression qu'à l'odeur d'alcool qu'il dégageait.

-Ça ne va pas ? demanda-t-elle, toujours debout à côté de son tabouret sur lequel elle ne parvenait pas à monter. Pardon, question idiote. Qu'est-ce qu'il t’est arrivé ? Je n'ai pas osé t'appeler après le soir ou Malcom et Bob sont repartis de chez moi.

Il pivota lentement sur son propre tabouret, et la saisit par la taille pour la hisser sur le sien avant de revenir à son verre, le regard sombre.

-J'devrais pas être là, souffla-t-il enfin.
-Bah pourquoi ? Tu dois aller bosser ?
-Nan, j'dois pas bosser nan.
-Qu'est-ce qu'il t'arrive John ? Tu m'inquiètes...
-J'me suis engueulé avec Riley. Ça nous arrive jamais, laissa-t-il échapper en ricanant.
-Oh. Et ça va aller ? J'veux dire, pourquoi vous vous êtes disputés ?
-Parce que j'déconne grave. Elle a raison, elle a toujours raison. Elle aurait pu être en danger à cause de moi. Si elle crève, j'crèverai avec elle.
-Hey hey hey, dis pas des trucs comme ça bébé loup, souffla-t-elle. Si vous vous êtes disputés, c'est qu'il y avait une bonne raison, mais ça va s'arranger. Tu m'as dit que tu t'étais déjà disputé avec elle une fois, et vous vous êtes réconciliés ! Et après ça vous étiez plus proches que jamais.
-Y a qu'elle qui compte toute façon...

Charlotte reçut sa réplique aussi violemment qu'un uppercut et même si elle laissa son visage se peindre d'une expression morose, elle se reprit rapidement, soufflant et redressant la tête avec un nouvel air déterminé.

-Et tu comptes aussi énormément pour elle, j'en suis persuadée. Crois-moi John, ça va s'arranger, ça ne peut qu'aller mieux maintenant.
-J'm'inquiète pas, ça s'arrange toujours. Elle peut pas vivre sans moi.
-Bah tu vois, c'est pas la peine de te prendre la tête alors bébé loup, sourit-elle.

Il ne répondit pas et termina son verre d'une traite, le regard toujours aussi sombre, puis il en commanda un nouveau.

-John, t'en es à combien de verres ?
-J'sais pas, beaucoup.

Elle se pencha sur le bar pour tenter d'apercevoir le barman, qui était devenu l'un de ses amis.

-Jake ? Combien de verres il a bu ?
-Salut beauté. Aucune idée, je viens de commencer mon service, mais il était déjà comme ça quand j'l'ai vu. Tiens, ton préféré, ajouta-t-il en déposant un cocktail orangé devant elle.
-Ok merci...

Elle revint vers John qui avait déjà quasiment vidé son verre, puis se rassit en le détaillant, la mine contrariée.

-John, tu voudrais bien ralentir sur l'alcool ? Tu ne tiendras pas sur ta moto pour rentrer, et je ne peux pas conduire avec ma cheville...
-Elle va v'nir.
-Qui ? Riley ? Tu l'as appelée ?
-Nan pas encore, mais elle viendra si je l'appelle.
-Je te crois. Tu ne veux pas qu'on aille s'assoir à une table ? Ma jambe me fait mal en suspension comme ça...

Il lui jeta un regard en coin, puis se leva en soupirant. Il ne tanguait pas, il avait l'habitude de boire des quantités astronomique d'alcool même si en général il n'en était pas à ce point. Il aida Charlotte à descendre de son tabouret, et la laissa prendre appui sur son bras, l'autre tenant leurs verres. Elle garda ses béquilles dans sa main gauche, la droite étant accrochée au bras de John, et le laissa l'emmener vers une table libre, à côté de la baie vitrée.

-Merde, ça va être plus chiant pour avoir un nouveau verre... Tu l'as fait exprès ?
-J'ai vraiment mal, souffla-t-elle. Et je n'avais pas pensé à ça, mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose.
-J'ai envie de boire.
-Tu ne devrais pas.
-Pourquoi pas ?
-Parce que tu seras encore plus mal que tu ne l'es déjà.
-J'ai jamais la gueule de bois, et comme ça Riley pourra pas m'engueuler.
-Si elle te trouve beurré comme un petit lu, elle ne t'engueulera pas ?
-Nan, j'la connais, j'la connais par cœur, elle peut rien me cacher.
-Je te crois John, mais elle n'appréciera pas que tu te sois bourré la gueule, pour ensuite l'appeler parce que tu n'es plus capable de tenir tout seul sur ta moto.
-Bah, pour une fois que se sera elle qui s'occupe de moi et pas l'inverse... fit-il vaguement.
-Et moi je n'aime pas que tu fasses ça, ajouta-t-elle à voix basse. Je n'aime pas que tu ailles mal et que tu boives autant.
-Et moi j'ai toujours fait c'que j'ai voulu, grommela-t-il.
-Je ne t'empêcherai jamais de faire tes propres choix. Ce n'est pas mon rôle de t'interdire quoi que ce soit.
-Manquerait plus que ça...
-Ça n'arrivera pas, sourit-elle avant de porter son verre à ses lèvres.

Il l'imita, terminant son verre d'une traite puis hésita entre commander un nouveau verre et envoyer un message à sa sœur. Après ce qu'elle lui avait dit, il se sentait un peu coupable d'être là, mais comme il avait été contraint de le lui avouer, il ne pouvait pas s'en empêcher. Il allait mal et elle aussi finalement. Ainsi que Charlotte, il pouvait bien faire semblant de ne pas s'en apercevoir, mais au final, il le savait parfaitement, même si elle jouait bien la comédie. Résigné, il finit par saisir son téléphone et envoya un texto à Riley.

-Au fait ! J'ai réussi mon examen ! J'ai eu un A et cette note compte pour la moyenne globale de l'année ! Si je réussis le partiel de cet examen, je passerais à l'année suivante les doigts dans le nez !
-Tu veux toujours une arme ? demanda-t-il subitement.
-Euh... Non je... Enfin, je ne sais pas, peut-être on ne sait jamais. Je n'en ai pas besoin tout de suite puisque Cole est... Enfin... Mais peu importe, de toute façon qu'est-ce que ça change ? dit-elle en riant bêtement pour se donner une contenance.
-J'savais qu'c'était qu'à cause de lui. Maintenant t'arrêtes tes conneries et t’oublis ça.
-Mes...conneries ?
-Ouais, ton idée à la c*n de le buter toi-même.
-Et qui te dis que ce n'est pas moi qui aie trafiqué sa voiture ? répliqua-t-elle du tac au tac, la mine figée.
-Parce que sa voiture a pas été trafiquée. Et que t'étais sous surveillance j'te rappelle.
-Si ça se trouve ce sont ces types que tu m'as envoyé qui ont trafiqué sa voiture, comment tu peux savoir que ça n'était pas le cas ?

Une sombre pensée lui traversa l'esprit et elle trembla presque d'effroi, fermant les yeux sous le coup d'une légère panique. Elle souffla, calmement, pour se remettre, et releva les yeux vers John. Avait-il quelque chose à voir là-dedans ? Le ton de sa voix, ce qu'il disait par rapport au boulot de Malcom et Bob, et par rapport à son boulot à lui, son deuxième job dont elle ne savait rien, ajouté au fait qu'elle ne devait l'appeler qu'en cas d'extrême urgence au risque de le mettre en danger, tout comme le fait qu'il ne voulait lui présenter aucun de ses amis, sans doute pour ne pas la mettre en danger.

Elle but une nouvelle gorgée de son verre sans parvenir à le quitter des yeux. Etait-il vraiment responsable ? Après tout elle s'en moquait, ou du moins, elle ne savait pas si elle devait s'en réjouir ou s'en plaindre, si elle devait avoir peur de John, s'il avait vraiment fait quelque chose à la voiture de Cole, ou si elle devait être rassurée dans le cas où il l'aurait fait pour elle.

En cet instant, elle maudit son cerveau qui avait tendance à faire des raccourcis, ainsi qu'à son esprit programmé pour l'analyse des comportements, des paroles, et qui lui dictait ainsi de quelle manière les autres voyaient les choses. Malgré tout, elle n'avait pas peur de John, elle ne parvenait pas à être effrayée. Il continuait de la rassurer par sa présence, son regard posé sur elle. Il était là et c'était tout ce qui lui importait en cet instant, qu'il ait quelque chose à voir avec la mort de Cole ou non.

John ne se doutait pas une seconde de ce qu'elle pouvait bien penser, en fait pour ça il aurait fallu qu'il réfléchisse un peu mais il avait mis son cerveau sur pause pour la soirée, c'était en parti pour cela qu'il avait été aussi bavard et imprudent.

-Tu t'y connais en mécanique ?

Elle avait été incapable de retenir sa question, incapable de tourner sa langue dans sa bouche avant de parler, sa curiosité maladive avait pris le pas sur sa volonté, parlant même à sa place.

-Ouais, j'm'occupe moi-même de ma bécane, personne d'autre y touche.
-Ok... Tu pourras jeter un œil à ma voiture un de ces quatre ? Elle fait un drôle de bruit, je crois que ça vient des freins ou du système de direction, se rattrapa-t-elle à moitié.
-J’préfère les motos, mais j'connais un bon garagiste. Il est complètement c*n mais il sait y faire avec les bagnoles s'tu veux.
-Tu veux pas le faire toi ? Avec ce que je dois à Malcom et Bob, je n'ai pas les moyens d'emmener ma vieille truc au garage...
-Fais du charme à son apprentie, j'suis sûr qu'elle arrivera à le convaincre de te le faire gratos, si c'est pas elle qui le fait.
-Mais et si ça ne marche pas ? Je ne vais pas repartir en sens inverse s'ils refusent de réparer ma truc gratuitement, ça ne se fait pas. Tu ne veux pas juste regarder ? Tu jettes un œil pour voir ce qui ne va pas, j'suis sûre que t'en es capable !
-J'regarderai p't'être.
-Merci bébé loup ! répondit-elle avec un grand sourire.
-Ouais de rien...
-Tu fais la tête ?
-Nan, j'suis éclaté, souffla-t-il, conscient que ces capacités physiques aussi bien qu'intellectuelles étaient diminuées.

Elle fronça les sourcils et plissa les lèvres dans une moue presque attendrie.

-Tu devrais aller te reposer, tu veux appeler un taxi ? Ou venir chez moi ?
-Nan, Riley va arriver.
-Tu l'as appelée finalement ?
-Ouais…
-Je vais enfin rencontrer ta sœur, la fameuse Riley, sourit-elle.
-Te fais pas d'idée, elle est loin d'être sympa, surtout avec les nanas.
-Tu l'aimes, alors je ne vois pas ce que je pourrais lui reprocher, même si je ne suis pas d'accord avec elle, elle est celle qui te fait tenir debout, dit-elle doucement.
-Tu dis ça parce que tu la connais pas encore.
-On verra bien, je ne pars pas défaitiste, peut-être qu'on s'entendra bien.

John émit un son signifiant clairement qu'il n'y croyait pas une seconde, et posa son coude sur la table pour soutenir sa tête de sa main.

-J'ai le droit de t'embrasser?
-Si t'as pas peur des relents d'alcool...

Elle sourit pour toute réponse et s'approcha de lui sur la banquette beige, avant de venir déposer ses lèvres sur les siennes, l'embrassant doucement d'abord, puis caressant ses lèvres de sa langue. Il se laissa aller et prit totalement le contrôle du baiser, il passa son bras dans son dos et se pencha sur elle, l'embrassant langoureusement. Frémissante, elle se laissa faire, le laissant reprendre la main en profitant de son baiser, oubliant totalement le lieu où ils se trouvaient et le temps qui passait.

John se redressa au moment où il entendit le volume sonore du bar diminuer subtilement. Il se sépara de Charlotte et se tourna vers la porte d'entrée où Riley venait de faire son apparition. A force d'être vu au Tiki, le look et l'aspect de John avaient fini par passer inaperçu ou presque, mais Riley, avec ses cheveux turquoise et son jean largement déchiré, attirait l'attention aussi bien qu'une bougie dans une nuit noire. Les clients les plus proches d'elle diminuèrent leur conversation puis cessèrent tout simplement de parler à la vue de l'homme qui était entré derrière elle. Comme d'habitude, Jubei était vêtu de sa longue veste en cuir, lui tombant jusqu'aux genoux et dont le col haut frôlait son nez, ainsi que de ses lunettes de soleil de type masque. On ne voyait presque pas sa peau et il se tenait bien droit dans le sillage de Riley, ce qui provoquait un certain malaise.

Riley parcouru la pièce du regard et se dirigea vers John une fois qu'elle l'eut repéré, ignorant les regards posés sur elle, n'accordant pas la moindre attention à Charlotte, comme si elle n'était pas là.
Charlotte s'éloigna légèrement de John, le laissant se reprendre avant l'arrivée de sa sœur.

-Salut frangine.
-Tu fais chier, t'en rates pas une en ce moment pauvre c*n.
-Ouais, chacun son tour hein ?
-Abruti. Faudra pas t'étonner si Ryan décide qu'on peut plus compter sur toi et qu'il m'envoie seule.
-T'ira nul part sans moi, gronda-t-il aussitôt.
-Alors reprend toi.

John ne répondit pas et elle fit un signe de tête à Jubei. Celui-ci s'avança vers John et l'aida à se lever, même s'il ne semblait pas en avoir besoin, et il l'accompagna jusqu'à la sortie, l'allemand adressant un dernier signe de la main à Charlotte. Riley les suivit du regard jusqu'à ce qu'ils aient disparu, puis elle se tourna vers Charlotte et la détailla de haut en bas, ses yeux verts encore plus froids que ceux de John.

-John m'a dit... que vous vous étiez disputés, souffla-t-elle.
-Tu sais pourquoi ? demanda-t-elle, la voix aussi neutre que son expression.
-Non, je sais juste qu'il se sentait mal par rapport à cette dispute. Il n'aime vraiment pas que vous soyez en froid.

Riley inspira profondément et s'avança jusqu'à ce que ses jambes touchent la table, puis elle posa une main à plat dessus et se pencha vers Charlotte.

-Tu vas arrêter de le voir, déclara-t-elle d'une voix d'outre-tombe.
-Comment ?
-T'es amoureuse de lui, tu tiens à lui, et pour ça, tu vas arrêter de le voir. Il se passera jamais rien entre vous, tu lui apportes rien et de toute façon il veut rien de toi, mais tu le mets en danger. A cause de toi il est vulnérable, il risque de se faire tuer, alors si tu l'aimes vraiment, tu vas arrêter de le voir.

Charlotte resta interdite une minute, abasourdie, presque choquée par les mots de Riley.

-Tu n'as rien à me dire concernant ma relation avec John, souffla-t-elle sans animosité toutefois. Oui je l'aime, je ne sais pas comment tu l'as compris, mais c'est le cas, et non je ne veux pas qu'il soit en danger, mais ce n'est pas nécessairement ma faute. Il n'a jamais voulu me dire en quoi consistait son job, et je n'ai jamais insisté pour le savoir, alors s'il risque de se faire tuer, ce n'est pas à cause de moi mais à cause de ce qu'il fait. Alors oui je tiens à lui, mais non je n'arrêterais pas de le voir parce que sa sœur vient gentiment me demander de le faire.
-Et tu crois que la gentille petite fille que t'es va le changer ? Ce qu'il fait c'est ce qu'il est, le mec que tu connais il existe pas, et si, tu le mets en danger, c'est ta présence qui le rend distrait et rien d'autre. Que tu saches rien on s'en fout, c'est ce que tu fais qui compte. Tu sais que ta présence est une gêne, t'es faible, n'importe qui peut se servir de toi pour l'atteindre. Donc tu fais un choix, soit tu décides toute seule de lui foutre la paix, soit j'vais t'y aider, et ça risque de pas te plaire. J'laisserais personne le mettre en danger comme ça, et surtout pas une nana dont il veut pas. Son choix il l'a fait, t'es pas assez importante pour qu'il change, tu l'es juste assez pour le rendre vulnérable.
-Suffisamment faible pour que sa propre sœur puisse l'atteindre en s'en prenant à moi ?
-J'ferai ce qu'il faudra. Il a que moi, y a que moi qui compte, j'pourrais te tuer sous ses yeux que ça changerait rien à ça. Il aurait pu décider que t'étais importante, il l'a pas fait. Si tu disparais, il sera peut-être un peu déprimé pendant quelques jours mais ça lui passera, si tu continues d'exister dans sa vie, il va crever, et ça il pourra pas s'en remettre. Et j'te jure que s'il lui arrive quoi que ce soit, t'auras pas assez d'une vie pour le regretter. J'suis pas en train d'essayer de te convaincre, j'te mets au courant de comment ça va se passer. D'une manière ou d'une autre, tu resteras pas dans sa vie, à toi de voir comment tu préfères que ça se passe.

Elle se redressa, son mouvement laissant brièvement apercevoir le flingue sous sa veste, et ses traits, impassibles jusque-là, se tordirent une fraction de secondes pour se changer en un rictus de haine avant de reprendre leur neutralité habituelle.

-Il m'avait prévenue qu'on risquait de ne pas s'entendre toi et moi. Je n'ai pas peur de toi Riley, peu importe ce qu'il peut m'arriver, j'aime John, et je sais que même si ce n'est pas le cas de son côté, il a un minimum d'estime pour moi, rien qu'un peu. Sinon pourquoi est-ce qu'il aurait fait en sorte que Cole disparaisse ?

Un rictus moqueur s'afficha sur les lèvres de Riley et elle ricana, mais il n'y avait pas la moindre joie dans son rire.

-Il a rien fait du tout, il se trouvait à trois cent kilomètres de l'endroit où ton ex est mort. Mais peu importe, ce sera mon seul avertissement, tu viendras pas te plaindre après si les viols répétés de ton ex passeront pour le paradis à côté de ce qui t'attend.

D'un signe sec du menton, elle désigna trois hommes à l'allure très légèrement menaçante qui les observaient avec un intérêt non dissimulé puis elle regarda Charlotte de nouveau.

-Et faut que je te dise un dernier truc : les limites je sais pas ce que c'est.

Son ton était clairement sinistre, voir menaçant cette fois, et elle ne lui laissa pas le temps de répondre, elle fit demi-tour et quitta le bar sans un regard en arrière. Elle était sérieuse, mortellement sérieuse. Si elle devait en arriver à certaines extrémités avec cette fille, elle n'hésiterait pas. Elle avait certes un bon fond, et elle protégeait les innocents quand elle le pouvait, mais quand il s'agissait de son frère, il n'y avait plus ni bien ni mal. Juste la vie et la mort, et entre les deux, elle choisissait la vie sans hésiter.

-Menaces moi autant que tu veux, quoi que tu me fasses, j'ai vu pire. Et quoi que tu me fasses, je penserais à John pour me sentir mieux, je l'appellerais, je lui demanderai de venir me voir parce que je ne me sens pas en sécurité. C'est un cercle vicieux que tu veux ? Alors continue comme ça. Si tu veux que je foute la paix à ton frère, ce n'est pas comme ça que tu obtiendras satisfaction. Tout ne t’est pas dû, jolie princesse, loin de là. Parfois il suffit d'une simple discussion pour faire comprendre les choses à quelqu'un, de demander gentiment même, sans avoir recours à la bassesse des menaces.

Elle avait crié ça dans le bar, sans prêter la moindre attention aux autres clients. Elle avait même réussi à attraper ses béquilles pour suivre Riley jusqu'à l'extérieur, afin qu'elle entende ce qu'elle avait à dire jusqu'à la fin.

L'allemande se retourna, les sourcils hauts, et pencha la tête sur le côté, presque blasée.

-Tu sais pas ce qu'est le pire, petite fille, tu connais rien à la vie. T'es une princesse dans sa tour qui s'imagine que John est un chevalier en armure mais tu te plantes, lui c'est le dragon, et il a juste trouvé un chouette divertissement parce qu'il avait plus personne à cramer. Mais j'm'inquiète pas, accroche toi, vas-y, il foutra le camp de lui-même. Il ira jamais plus loin avec toi, et toi bientôt, comme toutes les pauvres filles qu'il baise, t'en voudras davantage, tu supporteras plus d'avoir que des miettes. Tu cèderas avant lui, et si vraiment ça devient trop long, j'ferai en sorte que les choses s'accélèrent, tu seras pas le premier cadavre à croiser notre chemin.
-Je sais que je n'ai pas la même importance que toi pour lui, il ne pourrait pas vivre sans toi, mais je ne pourrais pas vivre sans lui non plus. Je ne demande pas plus, laisse-moi conserver le peu que j'ai avec lui. Peu importe ce que tu peux me faire, ce que n'importe qui peut me faire, je m'en moque, tant que je sais que John est là et que je peux le voir. Je pourrais même bien crever si c'est ce que tu veux pour que je le lâche, mais je veux le faire en sachant qu'il tient un minimum à moi, et je sais que c'est le cas.
-Si tu l'aimes, tu le quitteras, conclut Riley avant de se détourner pour de bon cette fois, n'ayant rien à ajouter ni à entendre.

Elle ne répondit pas, gardant la bouche entrouverte, le cœur serré et les mains tremblantes, tandis qu'elle regardait Riley filer sur sa moto. Elle resta là longtemps, sans même penser à quoi que ce soit, juste incapable de réfléchir, retournant simplement en boucle les mots de Riley dans son esprit.

Elle avait l'impression qu'elle avait déjà perdu John, à l'instant où sa sœur avait pénétré dans ce bar, à l'instant où elle s'était approchée d'eux et qu'il s'était éloigné d'elle. Elle était totalement perdue, hagarde, même incapable de pleurer tant elle était abasourdie par le choc.

Elle finit par rentrer chez elle, machinalement, n'habitant pas loin, et s'enferma dans sa salle de bain pour se brûler la peau sous une douche. Elle n’avait pas faim, alors elle resta dans son canapé, recroquevillée devant la télé lancée à bas volume, allumée uniquement pour qu'elle ait une ambiance sonore. Elle était même incapable de fermer les yeux sans penser à John et à ce que lui avait dit Riley, alors elle laissa la fatigue et l'épuisement l'emporter, alors que l'aube pointait déjà le bout de son nez sur la ligne d'horizon.


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Inari
 
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Message par Inari » 21 Nov 2015 13:33

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Chapitre 4

Spoiler: show
Elle avait ressassé les paroles de Riley en boucle, elle s’était mise à réfléchir. Elle ne faisait plus que cela depuis bientôt une semaine qu’elle n’était plus retournée au Tiki bar.

Riley lui avait clairement fait comprendre que malgré ses sentiments, elle ne devait plus s’accrocher à John, qu’elle devait le laisser aller de l’avant sans elle, car elle le mettait en danger, aussi bien qu’elle se mettait en danger elle-même en le fréquentant. Concernant ce dernier point, elle n’en avait que faire. Mettre sa propre vie sur les rails, sur le chemin d’un train lancé à grande vitesse sans chercher à s’en éloigner, ne la dérangeait pas si c’était pour suivre le chemin de John. Malgré elle, elle était tombée amoureuse, elle avait développé des sentiments terriblement forts à l’égard de son amant, en quelques mois seulement. Elle ne savait pas si c’était le cas pour lui également, mais elle se doutait qu’il s’était attaché à elle, puisqu’elle était un peu une privilégiée, il agissait différemment pour elle, Riley ne le lui avait pas dit, cherchant même à la dégouter en lui balançant au visage qu’elle n’était qu’une simple distraction, un jouet qu’il se lasserait bientôt d’utiliser. Pourtant elle ne parvenait pas à le croire, elle était certaine qu’il était attaché à elle, ne serait-ce qu’un minimum.

Elle s’affala dans son canapé, un coussin entre les bras et un chocolat chaud au miel fumant posé devant elle sur la table basse. Elle resta longuement dans cette position, à réfléchir encore et encore, à se tordre l’esprit et a vriller ses pensées pour trouver une solution, choisir la bonne option. Lorsque le chocolat n’émit plus la moindre vapeur, elle se redressa et s’en empara pour le boire rapidement. Les sourcils froncés, elle restait là en silence, sa tasse entre les mains, posée sur le coussin qui gisait sur ses genoux, et le regard braqué sur la télévision éteinte. Elle était totalement perdue, elle ne savait plus quoi faire. D’un côté, ses sentiments, de l’autre, la sécurité de John.

Elle devait choisir entre le cœur et la raison, entre le fait de privilégier ses sentiments et continuer de voir John, ou le fait de le laisser vivre sa vie, de s’éloigner de lui en sachant qu’elle en souffrirait terriblement et qu’il en souffrirait probablement aussi.

C’était un dilemme cruel, un choix cornélien devant lequel elle se trouvait bloquée comme devant un mur de béton haut de trente mètres et sur lequel on ne trouvait aucune prise pour espérer passer de l’autre côté en escaladant. Pourtant il y avait bien une petite trappe, comme une issue de secours, qui se trouvait là, juste un peu plus loin, une idée qui se frayait un chemin dans son esprit et qui s’y creusait doucement mais sûrement une place confortable, juste là où on ne pouvait pas la manquer, là où on ne peut pas l’ignorer ou l’oublier.

Elle y songeait de plus en plus et au final, c’était ce qui semblait être la meilleure solution, la troisième option, le plan B. Elle pouvait le faire, il lui en avait donné la possibilité lors de leur première rencontre, et même s’il avait dit ça pour plaisanter, elle savait qu’il ne pourrait pas lui en tenir rigueur, puisqu’il ne serait pas au courant, et qu’il ne le serait probablement jamais.

Elle calcula rapidement et mentalement une date, puis elle commença à réfléchir à un plan, a une façon d’aborder le sujet avec lui après l’avoir esquivé une semaine durant.

Elle devait se séparer de lui, s’éloigner, le laisser respirer et repartir de l’avant, sans elle, sans eux, mais elle ne voulait pas le laisser partir sans rien avoir de lui. Elle voulait le voir une dernière fois, l’avoir une dernière fois rien que pour elle, à elle, qu’ils soient seuls au monde une dernière nuit, et qu’ils puissent, ensemble, créer quelque chose qui lui permettrait de le laisser filer sans trop de regrets. Elle voulait un enfant de lui, elle avait pris sa décision.

Elle se leva, légèrement ragaillardie, et attrapa son téléphone pour envoyer un texto à John. Elle n’était plus retournée au Tiki bar depuis une semaine, et elle ne savait donc pas s’il était toujours dans les parages, mais elle refusait aussi de l’appeler directement, juste au cas où, pour ne pas le déranger ou le mettre possiblement en danger.

« 19h au Tiki bar demain, j’ai pris ma décision, j’ai besoin de te voir pour en parler. C.»

Elle reposa le téléphone, le laissant choir sur le canapé, écran tourné contre le coussin, comme par peur de le voir s’allumer sous le coup d’une réponse, ou plutôt de ne pas le voir s’il ne répondait pas.

***

De son côté, John reçut le message alors qu'il s'ennuyait ferme dans sa boutique. Aucun client ne c'était pointé, tout juste une bande d'ados devant la vitrine qui s'imaginait qu'avoir un gun c'était classe, et Riley n'était pas là, elle passait la journée avec Mike, son petit ami. Le jour où elle était venue le chercher alors qu'il était incapable de conduire, elle lui avait dit que c'était inutile qu'il revienne au Tiki, Charlotte ne reviendrait pas. Pourtant il était venu, deux soirs de suite sans voir personne et il avait fini par admettre qu'elle ne mentait pas. C'était idiot, elle ne lui mentait jamais, mais il avait espéré que ça soit le cas cette fois ci, même s'il savait que c'était mieux comme ça.

En lisant le message il hésita, il ne savait pas s'il devait y aller ou non, si Riley ne serait pas furieuse. Il hésita même à lui en parler, mais il ne lui avait jamais rien caché et ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait commencer. Il l'appela donc, rapidement puisque Mike râlait derrière elle, et c'est elle même qui lui dit qu'il devrait y aller. Il était assez grand pour prendre ses décisions seul, pourtant il se sentit mieux en ayant l'accord de sa sœur.

Il allait y aller donc, même si ça allait mal se finir. Il savait depuis le début que ça se passerait mal, qu'il s'attache ou non, ils n'allaient pas rester en contact, à un moment ou à un autre, leur lien se briserait, restait à savoir à quel point les dommages seraient importants. Soupirant, il fit basculer en arrière la chaise sur laquelle il était assis, en équilibre sur deux pieds, et ses yeux se posèrent sur une petite boite en carton que Frank avait laissé là. Il avait trouvé ça stupide et ridicule, mais finalement... Il tendit la main et s'empara de l'un des nombreux porte-clés, représentant une arme à feu et un couteau, savamment dessinés pour former une tête de loup. C'était censé représenter la boutique, mais aucun nom ni aucun numéro n'y était encore inscrit. Il n'avait pas eu l'intention de les mettre en vente ou quoi que ce soit, il pensait les oublier dans un coin, mais il avait finalement changé d'avis, il allait s'en servir. Et il en garderait un anonyme, sans rien inscrit dessus qu'il donnerait à Charlotte le lendemain. Ce n'était pas grand-chose, ce n'était même rien, mais il savait que ça lui plairait.

***

Le lendemain, Charlotte attendait déjà au Tiki bar une bonne heure avant le rendez-vous fixé avec John. Il n'avait pas répondu, mais elle avait l'espoir de le voir arriver, l'espoir de le voir une dernière fois avant de disparaitre.

Assise à une table à côté de la baie vitrée, elle attendait, faisant claquer ses ongles sur la table et jouant avec la paille de son cocktail de l'autre main. Elle était particulièrement impatiente et jetait sans cesse de petits coups d'œil vers la porte d'entrée, ainsi qu'à sa montre en argent fin.

Il était dix-neuf heures passé, et John n'était toujours pas là. Elle commençait à se décourager, n'osant même plus regarder vers l'entrée. Aussi elle ne le vit pas arriver, et il fallut qu'il tire la chaise en face d'elle pour qu'elle le remarque enfin. Une bouteille de bière à la main, il s'assit tranquillement sans montrer le moindre signe de stress et posa son regard vert sur elle, le visage impassible.

-John! S'exclama-t-elle, surprise. J'ai cru que tu ne viendrais pas...
-J'ai eu une affaire à régler à la dernière minute.
-Rien de grave j'espère, souffla-t-elle en lui souriant doucement.
-Nan, j'devais juste remettre ce c*nnard de marine à sa place avant que ma sœur le tue. On aurait eu des problèmes avec Bob sinon après.
-Malcom ? Qu'est-ce qu'il a fait ?
-Il la drague. Lourdement, parce qu'il sait qu'elle supporte pas ça et que moi ça me fout en rogne, ça l'éclate de la provoquer.
-Il est stupide... Ta sœur n'est pas le genre de personne à provoquer à la légère.
-Il sait qu'elle lui fera rien au final, elle aime bien Bob, et Bob tient à son partenaire. C'est de moi qu'il devrait se méfier, un de ces jours il va dépasser les bornes et moi j'm'en fous de Bob.
-Je suis sûre que tu ne lui feras rien si ta sœur va bien. C'est plus fort que toi, t'as un bon fond.
-Je me suis engagé, j'peux rien lui faire normalement. Mais s'il la pousse à bout, c'est pas d'elle qu'il va devoir se méfier, sauf que ça il l'a pas encore compris.
-Elle a de la chance de t'avoir, sourit-elle doucement.
-Ça vaut pour nous deux.
-Tu as aussi de la chance de l'avoir, admit-elle en baissant la tête. Elle tient beaucoup à toi.
-Ouais... Elle t'a dit des trucs nan l'autre jour ? J'me rappelle pas bien, mais elle a mis un moment à venir. J't'avais dit que vous vous entendriez pas.

Elle opina du chef pour toute réponse, hésitant à lui relater avec précision la discussion qu'elle avait eu avec Riley.

-Elle m'a... clairement fait comprendre que je devais faire un choix.
-C'est bien son genre, commenta John, pas surpris le moins du monde.
-C'est pour ça que je voulais te voir ce soir, j'ai pris ma décision.
-C'est ce que tu disais dans ton message.
-Je voulais qu'on se voie une dernière fois bébé loup...
-C'est mieux comme ça, répondit-il le visage neutre.
-C'est ce que je pense aussi, souffla-t-elle. Je ne veux pas que tu sois... en danger par ma faute.

Il resta silencieux, n'ayant rien à répondre à ça. De son côté, il pensait exactement la même chose, il ne voulait pas qu'elle soit en danger à cause de lui, donc sa décision lui convenait parfaitement.

-J'ai une... Non, quelques questions auxquelles j'aimerais avoir des réponses, et après je veux juste profiter de la soirée.
-T'as conscience que j'vais pas forcément te répondre ?
-Je le sais oui, acquiesça-t-elle tristement. Mais il faut que je les pose, au moins pour essayer d'avoir une réponse.
-Vas-y.
-Est-ce que... tu as quelque chose, la moindre petite chose à voir avec la mort de Cole ? demanda-t-elle à voix basse.
-J'étais au moins à trois cent kilomètres de l'endroit où il a eu son accident.
-C'est ce que m'a dit Riley, mais je... Je n'y crois pas.
-C'est à toi de voir.
-Tu ne diras rien d'autre là-dessus, comprit-elle.
-Non.
-Est-ce que c'est vraiment... Dangereux pour toi, que je sois là ? Qu'on soit proches ?
-Ouais.
-A cause de ton mystérieux boulot ?
-Ouais.
-Si j'étais comme toi et comme Riley, on aurait pu continuer à se voir ?
-Nan.
-Est-ce que tu tiens... ne serait-ce qu'un minimum à moi ?
-Ouais.

Elle baissa la tête, quelque part soulagée de sa réponse. Mais elle n'était pas totalement satisfaite, et même si elle se doutait qu'elle pourrait le regretter, elle ne put retenir la question suivante.

-A quel point ?
-Pas assez.

Elle ravala à la fois sa fierté et sa peine, regrettant amèrement d'avoir posé la question. Même si d'un côté, elle n'était pas convaincue du tout par sa réponse, elle sentait qu'il ne disait pas tout, qu'elle aurait eu une chance dans d'autres circonstances, avec d'autres vies que les leurs. Ou si elle avait été plus forte.

-Ok, souffla-t-elle en relevant la tête, le sourire aux lèvres. Alors buvons, à notre dernière soirée en tête à tête !

Il imita son geste et leva sa bière pour trinquer avec elle, l'observant attentivement.

-Alors, ça s'est bien passé à la boutique ? De nouveaux clients bizarres ?
-Nan, j'ai eu une semaine calme, j'ai quasiment pas eu de clients.
-Dommage, j'aime bien quand tu me parles des gens bizarres que tu croises.
-Le dernier client pas net que j'ai eu c'était une fille super chiante qui voulait tuer son ex. J'l'ai laissé avec deux types pour la protéger à la place mais elle en démord pas, elle pense que j'aurai quand même dû lui filer un flingue.
-Hé ! Je ne suis pas super chiante, pouffa-t-elle.
-Nan tu l'es encore plus que ça.
-T'es pas sympa !
-Bah non, qui t'as dit ça ?
-Idiot.
-Idiote.

Ils continuèrent à rire et discuter un long moment, comme ils le faisaient d'habitude, comme si cette soirée n'était pas leur dernière. John se demandait vaguement où elle voulait en venir, elle semblait avoir quelque chose en tête, il n'arrivait pas à croire qu'elle voulait simplement passer cette soirée avec lui à discuter. Mais il ne lui posa pas de questions et ne chercha pas à en savoir plus, se contentant d'agir comme il avait l'habitude de le faire avec elle.

Aux alentours de minuit, elle décida qu'il était temps de passer à la suite de son plan. Elle l'appelait comme ça, mais elle n'aimait pas vraiment ce terme, elle voulait simplement profiter au maximum de ses derniers instants avec John. Penser à cela de cette manière lui fit prendre conscience que c'était réellement la fin et un frémissement vint lui glacer l'échine. Elle se reprit rapidement, faisant tout pour que John ne remarque pas sa détresse.

-J'ai envie de toi, déclara-t-elle de but en blanc, le regardant dans les yeux, les lèvres légèrement entrouvertes.

Il la fixa un instant, pas tout à fait surpris mais tout de même circonspect face à son brusque changement de conversation. Il recula sa chaise et tendit la main vers elle, paume vers le haut sans un mot. Avec un immense sourire, elle déposa sa main dans la sienne et il l'aida à se relever. Elle n'avait plus ses béquilles, mais elle portait toujours une petite attèle qui la faisait légèrement boiter, de façon mignonne heureusement, et pas de façon ridicule.

Avant de faire le moindre pas, il l'attira à lui, une main dans son dos, et baissa la tête pour l'embrasser. Elle se laissa faire, rassurée autant que grisée par son geste. Elle sentait l'excitation monter peu à peu en elle, à mesure qu'elle sentait sa langue sur la sienne, son corps contre le sien. Il la caressait en même temps, frôlant son corps de ses doigts sans se soucier d'éventuels spectateurs tout en continuant à l'embrasser mais elle se sépara de lui, gardant tout de même sa main posée sur son torse.

-Je veux qu'on soit seuls, souffla-t-elle.
-Ah ouais, ça t'intéresse pas en public ? Railla-t-il.
-Je veux t'avoir rien qu'à moi pour la nuit...
-Ouais, j'avais compris l'idée.
-Alors qu'est-ce qu'on attend ? Sourit-elle.

Il se contenta de sourire à son tour, légèrement moqueur, et s'assura qu'elle ne risquait pas de trébucher et qu'elle se tenait à lui correctement avant de se diriger vers la sortie. Ils se dirigèrent vers chez elle à faible allure, surtout pour soulager sa cheville, mais aussi pour profiter au maximum de la présence de John, accrochée à son bras comme si sa vie en dépendait.

Contrairement à la première fois qu'ils étaient allés chez elle, il n'accéléra pas l'allure pour l'ennuyer, parce qu'il savait qu'elle avait mal, mais aussi parce qu'il n'était pas pressé. Elle redoutait profondément la fin de cette soirée, de cette relation. Elle aurait aimé que le temps s'arrête, là, maintenant. Il connaissait le chemin, l'avait déjà fait bien plus d'une fois, et il la guida comme si c'était chez lui et non chez elle qu'ils allaient. Pour monter les marches, faute d'ascenseur, il la prit dans ses bras et la porta jusque devant sa porte où il la déposa.

Elle l'embrassa directement, autant pour le remercier que parce qu'elle avait furieusement envie de lui. Il avait tout autant envie d'elle, mais il se contenait, dissimulant ses émotions comme d'habitude. Il n'avait pas l'intention de la laisser deviner quoi que ce soit, pas même si c'était la dernière fois qu'ils se voyaient. Il n'en était pas capable. Elle se recula jusqu'à la porte et la déverrouilla d'une main, sans quitter les lèvres de John, puis l'attira à l'intérieur avant de refermer derrière eux. Elle s'accrocha à son cou, sautant pour enrouler ses jambes autour de sa taille.

Il passa ses bras sous ses fesses pour la soutenir et la plaqua directement contre la porte, l'embrassant presque violemment, pressant son corps contre le sien. Un gémissement lui échappa, elle était de plus en plus excitée et peinait à se retenir de lui arracher ses vêtements pour admirer son corps, ses muscles... Elle commençait même à divaguer complètement, oubliant qu'après cette nuit, ils ne se verraient plus. Elle tremblait visiblement d'impatience et cela le fit sourire intérieurement. Il raffermit sa prise sur elle et se dirigea vers la chambre où il la déposa sur le lit sans douceur avant de glisser ses doigts sous son haut, caressant sa poitrine.

Elle se redressa et fit glisser sa veste de ses épaules, puis elle lui arracha presque son t-shirt avant de poser ses mains sur son torse. Il agit de même et la déshabilla totalement en quelques gestes puis il se mit à caresser son corps, sa bouche lui embrassant le cou avant de descendre lentement, de plus en plus bas. Elle s'allongea en gémissant, fébrile, tandis que ses mains venaient fourrager dans ses cheveux, il la fit gémir longuement, se délectant de ses cris. Il finit tout de même par se redresser et refit le même chemin en sens inverse, parvenant jusqu'à ses lèvres pour l'embrasser, sa main remplaçant sa bouche. Elle se cambra violemment sous ses gestes, à bout de force et de souffle et un orgasme particulièrement violent lui tétanisa les muscles un instant. Elle se reprit en se redressant et enroula ses bras autour du cou de John, plaquant son corps au sien pour le garder près de lui.

Tandis qu'elle tremblait, il ne cessa pas de l'embrasser, délaissant sa bouche pour sa poitrine. Il n'avait pas l'intention de lui laisser la moindre seconde de répit et s'y attelait avec sérieux. Elle était comblée, et même plus que ça encore, il la fit vibrer de nombreuses fois encore durant cette nuit, prenant un malin plaisir à jouer avec ses sens et son désir.

Après qu'ils aient remis ça trois fois et qu'elle ait eu au moins cinq orgasmes - elle avait arrêté de compter vraiment - elle arrêta les frais, totalement épuisée. Les yeux fermés, le souffle court, elle s'allongea à ses côtés, la tête reposée sur son torse et sa jambe remontée sur ses cuisses. Elle était encore tremblante et elle ne pouvait retenir quelque mouvement de convulsion lorsque ses muscles se crispaient sous l'effet du plaisir qu'elle avait ressenti.

La main autour de sa taille, posée sur sa hanche, il était plus ou moins dans le même état. Il avait connu beaucoup de femmes et avait déjà passé de telles nuits, mais ça ne lui était pas arrivé si souvent que ça. Il ne passait autant de temps et d'attention qu'avec des femmes qu'il fréquentait depuis longtemps et dont il connaissait le corps par cœur et inversement.

-C'était géant, souffla-t-elle en souriant, tandis qu'elle caressait son torse d'un doigt.
-Ça l'est toujours avec moi, répondit-il sans la moindre modestie.

Elle retint de justesse un "ça me manquera" et plissa les lèvres avant de se pencher pour l'embrasser doucement. Il lui rendit son baiser sans y mettre l'ardeur présente un peu plus tôt, en fait il se préparait déjà mentalement à partir lorsqu'elle se serait endormie, il n'avait pas pour habitude de rester plus longtemps que nécessaire, même avec elle.

-Serre-moi, demanda-t-elle.

Il retint un soupir et pivota pour se mettre sur le côté, l'enroulant de ses bras pour la serrer contre lui avec force, sa tête au-dessus de la sienne. Elle resta longuement éveillée, incapable de s'endormir malgré son épuisement. Elle savait que si elle fermait les yeux, lorsqu'elle les rouvrirait il ne serait plus là. Le côté définitif de cette affirmation la fit frémir, elle tremblait littéralement et il resserra sa prise sur elle. Elle se consola en se disant que son plan était peut-être déjà en marche, que de son ventre, se créait déjà peut-être un petit être issu de leur passion. Elle ferma les yeux en sentant ses bras autour d'elle, imaginant vaguement ce qu'aurait pu être leur vie dans d'autres circonstances.

Elle mit beaucoup de temps à s'endormir, mais John était patient, et il attendit le temps qu'il fallait sans bouger, faisant de son mieux pour la rassurer afin d'accélérer les choses. Quand il fut sûr qu'il n'allait pas la réveiller, il s'extirpa de son étreinte puis des draps en prenant mille précautions avant de remettre ses vêtements. Prêt à partir, il se tourna vers le lit une dernière fois pour la regarder dormir. Pendant qu'il remettait ses vêtements, elle s'était recroquevillée sur elle-même et il ne voyait pas son visage, même si avec le peu de lumière que dispensait la lune, il n'aurait pas pu voir grand-chose. Il se détourna finalement en fourrant les mains dans ses poches et c'est là qu'il sentit quelque chose de froid sous ses doigts. Le porte-clés, il l'avait oublié. Il se demanda si c'était encore bien utile et hésita, se tournant d'un côté puis de l'autre. Il souffla pour terminer, et revint vers la table de chevet pour y déposer l'objet, elle en ferait ce qu'elle voudrait après tout, elle le jetterait, le donnerait ou bien le garderait à sa guise. Il émit un tintement en touchant la surface de verre mais Charlotte ne se réveilla pas. Elle n'entendit pas non plus John sortir de son appartement, puis plus simplement de sa vie.

En s'éveillant le lendemain, elle se contenta d'ouvrir les yeux, sans bouger. Elle ressentait un manque, comme un vide immense qui s'était emparé d'elle et l'impression qu'il ne disparaitrait pas de sitôt, pour ne pas dire jamais, ne la quittait pas. Elle se sentait mal et elle ne chercha pas à retenir les larmes qui commençaient à noyer ses yeux d'un gris argenté.

Elle aimait John, et elle l'avait perdu. C'était tout ce qu'elle avait voulu éviter, mais elle n'en avait pas été capable. Elle n'avait pas été capable de contrôler sa curiosité lorsqu'elle l'avait rencontré, elle n'avait pas été capable de restreindre ses sentiments à son égard, et elle n'avait pas été capable de le garder près d'elle. Elle se sentait faible, abandonnée et laissée pour compte.

Pourtant elle savait que Riley avait raison, elle ne pouvait pas rester avec lui. Elle le distrayait, elle le mettait en danger, et son existence ne lui convenait pas à elle non plus. Sa vie dangereuse la mettait tout autant en danger et elle savait au fond d'elle-même qu'elle n'aurait pas pu tenir le coup, qu'elle n'aurait pas pu le supporter.

Elle savait qu'elle avait fait le bon choix, alors pourquoi son corps tout entier la malmenait en ce moment ? Pourquoi son esprit tourbillonnait pour la faire souffrir ?

Elle finit par se redresser et se leva machinalement pour aller prendre une douche. Elle resta de longues minutes debout sous l'eau chaude qui ruisselait sur sa peau, tentant d'oublier ces derniers mois, de les effacer purement et simplement de sa mémoire. Elle avait souffert avec Cole, mais cette souffrance-là, celle de la perte de John était bien plus terrible. Elle ne cessait de trembler, secouée par des sanglots et elle s'en voulait d'être aussi faible, d'être aussi pathétique.

Elle revint dans sa chambre et s'habilla rapidement, aussi mécaniquement que l'aurait fait un robot. Elle préférait bloquer totalement son esprit, ne plus penser à rien. Un éclat métallique attira son regard et elle remarqua un petit objet posé sur la table de chevet. C'était un porte-clés, une arme à feu et un couteau assemblés de telle manière qu'ils formaient une tête de loup. Elle sut que c'était John qui l'avait déposé là, immédiatement. Et elle sut aussi que ce serait tout ce qu'il lui resterait de lui.

***

-Elle déménage ? demanda Riley à son frère lorsqu'il la rejoignit, tous les deux tournant dans une ruelle sombre.
-Ouais. C'est mieux comme ça.

C'était un pur hasard s'ils s'étaient retrouvés devant le Tiki, ils avaient simplement rendez-vous dans le coin, mais John n'avait pas pu s'empêcher de regarder à l'intérieur. Il l'avait vue et était entré, juste pour écouter, tandis qu'elle était entourée de nombreux amis, semblant fêter quelque chose. Un sourire sinistre s'était peint sur son visage et il avait ressenti un certain soulagement. A moins que ce ne soit de l'amertume. Riley l'avait attendu patiemment sur le trottoir d'en face, et il l'avait rejointe, se retournant une dernière fois. Son regard avait croisé celui de Charlotte et il avait décampé avant qu'elle ne réagisse. Peut-être qu'elle l'avait reconnu. Ou peut-être pas. Il n'avait pas vérifié et ne comptait pas le faire, il était passé a autre chose, ou du moins il s'en persuadait. Ses sentiments devaient se lire sur son visage, ou alors Riley lisait dans ses pensées car elle le scruta de ses yeux verts, de son regard pénétrant.

-Il est encore temps de changer d'avis, lui signala-t-elle. Et d'en faire ta régulière.
-Non. Elle sera bien sans moi. J'veux pas être responsable, ni d'elle ni de sa sécurité.

Riley acquiesça en silence, d'un simple hochement de tête. Elle avait poussé Charlotte à cesser de le voir parce que lui n'était pas capable de prendre de la distance, mais si ça avait été possible, si John l'avait voulu officiellement comme petite amie, elle aurait préféré qu'ils se mettent ensemble. Cela lui faisait du mal, il ne l'admettrait pas, pas même à elle, mais elle le savait malgré tout, elle le connaissait par cœur. Elle observa les muscles crispés de sa mâchoire et ceux de ses bras, tout aussi tendus. Le contact qu'ils allaient voir n'avait pas intérêt à se faire prier pour leur parler, pendant quelques temps, John risquait de se montrer encore plus violent et implacable que d'habitude, le temps que ses sentiments pour cette fille s'apaisent un peu.

***

Quelques semaines plus tard, elle s'était plus ou moins remise de ses émotions. Elle ne pensait plus à John, elle se le refusait. Ou du moins, elle essayait tant bien que mal de respecter cette règle qu'elle s'était imposé. Cette ville toute entière lui rappelait l'existence de son amant et elle le supportait de moins en moins. Le Tiki bar, son appartement, la moindre armurerie, un simple tatoueur, une ombre en forme de tête de loup, elle le voyait partout, et cela la rendait tout simplement cinglée.

Elle déposa un dernier carton dans le coffre de sa voiture et en referma la porte, avant de se retourner pour faire face à Lianna.

-Oh tu vas trop me manquer ma belle ! T'es sûre que ça va aller à San Francisco ? Tu seras toute seule là-bas ! Il n'y aura pas de potes, pas de meilleures copines et...
-Et pas de quoi me rappeler John, termina Charlotte avec un léger sourire. Ça va aller Lia', ne t'en fais pas, tout va bien se passer. J'ai déjà trouvé un stage, la faculté m'attend, et mon nouveau propriétaire m'a envoyé les clés de mon nouvel appart, je les ai reçues hier. Et puis ce n'est pas la mort ! On s'appellera ! Et puis tu viendras me voir ! Il parait qu'il y a plein de beaux mecs à San Francisco !
-Oh toi alors, rit la métisse en attrapant son amie pour la serrer contre elle. Je veux que tu me tiennes au courant de tout ! De tout tu m'entends ? Tes voisins, les mecs de ta fac, tes collègues de boulot, les bars ! Tout, tout, tout !
-C'est promis Lia' !
-Et promets-moi que tu ne me remplaceras pas ! Et que tu reviendras un jour !
-Promis, je ne t'oublierai pas, je ne te remplacerai pas, et on se reverra !

Elles se séparèrent après s'être longuement enlacées, et Charlotte grimpa au volant de sa voiture. Elle démarra et quitta les lieux avec tout de même un léger pincement au cœur.

La veille elle avait organisé une petite soirée au Tiki bar, pour remercier ses amis et leur faire ses adieux. Elle aurait même juré avoir aperçu John, dehors, de l'autre côté de la rue, mais le temps qu'elle sorte, il avait disparu. Elle s'était dit alors qu'elle avait rêvé, que son imagination lui jouait des tours, qu'elle divaguait même. Elle n'était plus sûre de rien, et c'était pourquoi elle fichait le camp, elle préférait repartir de zéro dans une autre ville, à l'autre bout du pays, terminer ses études, trouver un boulot, se faire des amis, trouver un mec... Et élever son enfant. Elle sortit de son sac à main un test de grossesse et jeta un œil à la petite tête souriante qu'il affichait, signe d'un résultat positif. Un sourire tout aussi grand se dessina sur ses lèvres, et elle déposa le test sur le tableau de bord, avant de poser ses doigts sur le pendentif qui pendait à son cou, une arme à feu et un couteau, qui à eux deux, formaient une tête de loup.


Chapitre 5

Spoiler: show
Cher John,


J’ai dû écrire cette lettre un millier de fois au moins, je n’arrivais pas à trouver les mots, à trouver comment te le dire, comment t’avouer tout ce que j’ai sur le cœur.
Nous avons une fille, elle s’appelle Cameron. Elle te ressemble tellement. Elle est têtue, souvent grognon et elle ne se laisse déjà pas marcher sur les pieds. Son jouet préféré est une moto en plastique avec laquelle elle joue des heures dehors, elle imite même le bruit du moteur à la perfection ! Je suis sûre qu’en la voyant, tu ne pourrais pas t’empêcher de rire et de sourire. Aujourd’hui elle a quatre ans et m’a encore demandé pourquoi son père n’était pas là, et une fois de plus, je n’ai pas su quoi lui répondre. Tout ce que j’ai pu faire, c’est lui offrir le porte-clés que tu m’avais laissé, celui que j’ai fait monter en pendentif après notre dernière nuit.

J’ai peur que tu sois furieux contre moi et que tu ne veuilles jamais entendre parler d’elle. Je suis terrifiée John, j’ai tant besoin de toi, et elle plus encore.
J’avais pris ma décision, celle de m’éloigner, de te laisser vivre ta vie sans être un poids et un danger. J’avais l’impression de prendre la bonne décision. Tu vivais une vie dangereuse, mais une vie qui te correspondait, et moi, je n’étais déjà pas fichue de me défendre seule, je n’aurais été qu’une menace, l’objet qu’on aurait pu utiliser pour t’atteindre et finalement, j’ai préféré m’éloigner en gardant quelque chose de toi, plutôt que de rester tapie dans ton ombre en faisant peser sur toi le poids d’une petite-amie et d’un enfant.
Tu m’avais dit un jour que si une femme avait un enfant de toi, tu l’accepterais à partir du moment où tu n’en entendrais pas parler.
Ca semblait être une bonne idée au départ, mais je me rends compte que Cameron a besoin d’un père pour grandir et s’épanouir, elle ne comprend pas pourquoi tu n’es pas là, et au final, je crois que moi non plus.
Nous avons pris des chemins différents et j’ai préféré ne pas t’imposer mon choix. Aujourd’hui je ne regrette pas d’avoir Cameron, elle est mon petit rayon de soleil, celle pour qui je me bats, mais je regrette de t’avoir perdu toi, celui qui, je m’en suis rendue compte plus tard, était en fait le prince, malgré tout charmant, que j’attendais.
Je t’ai aimé John, et je dois me rendre à l’évidence que c’est toujours le cas, je suis incapable de t’oublier.

Si je t’écris cette lettre, ce n’est pas pour te demander de revenir dans ma vie. Je ne te demanderai jamais une chose pareille, ce serait trop soudain et sans doute trop dur à gérer par rapport à ton existence qui, je le sais, n’a pas du beaucoup changer depuis ces cinq années.
Je voudrais simplement que tu saches que nous avons une petite fille adorable et que je suis fière que tu sois son père.

Cette lettre finira sans doute comme les précédentes, au fond d’une corbeille, alors je ne sais même plus pourquoi je l’écris, cela n’en vaut sans doute pas la peine. Cela aurait peut-être même un effet plutôt dévastateur, c’est même sans doute une erreur et c’est égoïste de ma part de vouloir que cette enfant que j’ai choisi d’élever seule et dans le secret, doive aujourd’hui savoir la vérité sur son père et sur mes choix.

Pardon John, pardon de n’avoir pas pu être plus forte, de n’avoir pas pu être à tes côtés. Je regrette beaucoup de choses, mais je ne regretterai jamais le fait d’avoir partagé un morceau de ta vie, juste l’espace d’un instant.

J’aurai simplement voulu t’entendre dire que tu m’aimais.

Charlotte

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Inari
 
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