Chapitre 1. "L'accident"
Son ami l'avait appelé en urgence. Cela faisait des jours qu'il n'avait pas de nouvelles de lui, car Jules lui avait raconté qu'il partait en voyage et que son forfait cellulaire ne lui permettait pas de téléphoner à l'extérieur du pays. Quant aux réseaux sociaux, Jules n'avait jamais été actif dessus alors Mark ne s'était pas inquiété. Une semaine était passée et il venait tout juste de recevoir un appel de son meilleur ami où dans la voix perçait des pleurs. Jules ne pleurait pas souvent alors ça avait toute suite inquiété Mark qui s'était immédiatement rendu sur les lieux.
Cela expliquait comment il s'était retrouvé sur le perron de la maison de son ami à martyriser une pauvre sonnette. Une voix lui répondit derrière la porte «Entre!». La détresse contenue dans cette voix était immense. Il s'empressa de tourner la poignée et entra à l'intérieur.
-Jules? Appela-t-il avec inquiétude.
-Ici…
Il retrouva son ami dans le salon. Au début, tout lui sembla normal, puis il vit les manches de sa veste qui semblaient vides. Fronçant les sourcils, il s'agenouilla près de Jules qui pleurait en silence à côté du foyer.
-Jules…
Ce dernier donna un coup d'épaule et la veste tomba c'est alors que Mark vit l'horreur.
-Ils… Je n'étais pas en voyage…, sanglota-t-il, ils m'ont dit de te raconter ça pour pas que tu me cherches et que tu sois blessé… Je suis désolé… Je… ils m'ont relâchés, mais ils m'ont…
Incapable de terminer sa phrase, il éclata en pleurs. Mark l'entoura de ses bras et le serra dans ses bras en tentant de le réconforter, mais il sentait que lui aussi allait se mettre à pleurer devant l'horreur que ces gens avaient fait à Jules.
-Ils t'ont… merde, qu'est-ils ont fait à tes bras?
-Amputés… Ils ont dit qu'ils les enverraient à mon père…
-Je suis tellement désolé, Jules, j'aurais du me douter que ce n'était pas ton genre de ne pas me contacter, même en voyage. J'aurais dû alerter la police, je….
-Arrête de te blâmer.
-As-tu été à l'hôpital?
-Oui, j'en reviens… C'est là-bas qu'ils ont mis les bandages…. Ils ont dit que dans quelques semaines je pourrais peut-être avoir des prothèses…
-C'est bien.
Mark tente de sourire pour encourager son ami, mais il n'est pas très convainquant. Il est devant quelque chose qu'il n'arrive pas à comprendre : Comment un humain peut-il faire subir cela à un autre avec un détachement pareil? La vie de Jules ne serait sans doute plus jamais la même à partir de cette nuit funeste et Mark ne pouvait rien faire pour empêcher cela. Il se sentait impuissant, peut-être même plus que Jules lui-même qui devait pourtant vivre un calvaire.
Il soutint Jules et l'aida à se relever. Il l'accompagna jusqu'à sa chambre.
-Allonge-toi, je vais t'apporter une tisane, tu as besoin de sommeil.
-Est-ce que tu restes avec moi?
Mark aida son ami à se déshabiller, ne lui laissant que son boxer, puis le laissa se coucher.
-Je ne vais pas te laisser seul, pas aujourd'hui. Je reviens.
Mark disparut dans le couloir et alla dans la cuisine. Le jeune homme serra alors seul les poings. Il avait une telle envie de hurler! Il allait tuer ceux qui avaient fait ça à Jules! Merde! En préparant la tisane, il échappa la tasse au sol et elle se fracassa. En attendant le bruit, Jules étaient sortit du lit et s'était traîné jusqu'à la cuisine. Mark le vit et le repoussa en-dehors de la pièce.
-Qu'est-ce que tu fais là? Aller, retourne te coucher!
Piteux, Jules s'en retourna alors que Mark s'agenouilla pour nettoyer son dégât. Il prépara une nouvelle tisane et l'amena à son ami. Alors qu'il allait repartir, la voix de Jules le retient.
-S'il te plaît, reste.
-Tu veux que je…?
Et lui qui prévoyait de prendre le canapé!
-Oui… murmure Jules en hochant la tête de manière presque imperceptible.
-D'accord.
Mark se déshabille et se glisse sous les couvertures, tout près de Jules.
-Dis, Mark, tu ne me trouve pas laid, maintenant? Ça ne te repousse pas…?
Mark dodeline la tête et dépose un baiser sur la nuque de son ami.
-Tu ne seras jamais repoussant pour moi, Jules.
Il éteingnit la lampe de chevet et plongea la chambre dans le noir complet. Ses bras se refermèrent sur le corps endormit de Jules alors qu'il sentait la chaleur de son ami traverser les draps.
***
Le lendemain, ce fut une douce odeur de café et de croissant qui réveilla Jules. Pendant un moment, il oublia sou nouvel handicape et tenta de repousser machinalement les couvertures de sa main comme il le faisait à tout les matins, mais bien entendu, sa tentative échoua… Grognant, il se tortilla pour descendre du lit correctement, mais il tomba au sol, dans l'impossibilité de se relever. Il rampa tant bien que mal au sol, refusant d'appeler Mark à l'aide. Il n'était pas un infirme, bonté divine! Il appuya son dos contre la base du lit et utilisa ses jambes pour se remonter. Au bout de longues minutes, il réussit à se redresser. Toujours en boxer, il suivit l'odeur délicieuse du café jusqu'à la cuisine où Mark lisait le journal tout en mangeant des bagels au beurre et dégustant son café.
-Je t'ai préparé des croissants, Jules, comme je sais que tu les aimes.
-Merci, grogna-t-il.
Il allait prendre l'assiette qui traînait sur le comptoir, puis il se rappela qu'il ne pouvait pas. Il fronça les sourcils juste au moment où Mark posait son regard sur lui. Il émit quelques jurons à voix basse et se leva pour prendre l'assiette et la déposer à table.
-Bon sang, je n'y ai pas pensé, excuse-moi.
-Si tu comptes aussi me nourrir comme maman oiseau, je t'égorge.
-Tu veux te nourrir de quelle façon, alors?
Jules baissa le regard et se mordit la lèvre.
-Je ne suis pas un ****** d'incapable!
-Je sais, je ne te considérerais jamais comme tel, mais s'il te plaît, laisse-moi t'aider.
Jules se tut et, après un soupir, laissa Mark apporter la nourriture à sa bouche. Ils avaient l'air d'un ****** de vieux couple…
Un peu plus tard, Jules voulu aller se doucher, car il se sentait sale et Mark se proposa de l'aider. Ensemble les deux jeunes gens entrèrent nus dans la douche. Mark et Jules étaient meilleurs amis depuis de nombreuses années alors ils s'étaient déjà vu nus auparavant, alors cela ne les dérangeait pas.
-Dis, tu ne vas pas mouiller tes bandages si on prend une douche?
-J'm'en fiche, je prendrai pas de bain.
-Hum… Attend moi.
Mark sortit de la douche et alla chercher des sacs en plastique dans la cuisine, il les plaça sur les moignons de son ami pour recouvrir les bandages.
-Voilà.
Jules se contenta de grogner. Il n'aimait pas que l'on soit autant aux petits soins avec lui. Il était un homme indépendant et libre. Il n'aimait pas que l'on lui dise quoi faire et quand le faire. Il avait l'impression que Mark le couvait un peu trop.
Mark actionna la douche et l'eau tiède leur tomba dessus. Pendant que les vapeurs envahissaient la salle de bain, il frotta les épaules musculeuses de son ami et lava son ventre, puis ses cuisses de tendres gestes affectueux. Il ne s'agissait nullement d'une activité à connotation sexuelle, il ne s'agissait que de prendre soin de l'autre. Lorsque Mark eut terminé de laver Jules, il s'occupa de lui-même, puis aida son ami à se sécher avec la serviette, frottant ladite serviette contre les boucles blondes.
***
Cette même routine se poursuivit une semaine durant. Mark dû retourner chez-lui pour prendre des vêtements et sa brosse à dent, mais il passa toutes ses journées chez Jules, allant même jusqu'à prendre une semaine de congé à son job. Jules ne fut pas d'accord avec ça, mais Mark ne lui donna pas le choix. Très tendrement, il s'occupa de son ami comme il le pouvait. Il ne remarqua pas que Jules devenait de plus en plus maussade de jours en jours et que sa santé mentale chutait. Il croyait que c'était normal que son ami ait mal après le traumatisme qu'il venait de vivre. Résultat, il le protégeait et le choyait encore plus sans se douter que c'était précisément ce qui rendait Jules mécontent. Il le réalisa lorsque ce dernier s'énerva en fin d'après-midi, samedi.
Ils jouaient au
Scrabble (Mark plaçant et pigeant les lettres pour Jules) lorsque Mark émit un commentaire qui enragea son ami.
-Dis, tu veux que je prenne une autre semaine de congé?
-Non, je vais me débrouiller.
-Comment? Pour quand sont prévues tes prothèses?
-Est-ce que tu penses que je suis un infirme, bon sang? J'ai 23 ans, je suis parfaitement capable de m'occuper de moi tout seul!
-Je ne pense pas que tu sois impotent, mais tu ne peux pas nier avoir besoin d'aide!
-Lâche-moi avec ça, ok? Je n'ai besoin de l'aide de personne!
-Mais tu…
-Ta gu*ule, Mark, je suis pas un bébé et tu n'es pas mon père! Fous-moi la paix!
-Je veux juste t'aider, moi.
-Mais moi, j'en veux pas de ton aide, c'est ça que tu ne comprend pas! Hurla-t-il.
Mark se leva.
-Très bien.
Il se dirigea vers la porte et attrapa son manteau.
-Je reviendrai chercher mes vêtements et mes affaires plus tard.
Même s'il savait qu'il aurait du retenir Mark, l'orgueil de Jules le cloua au sofa et il ne regarda même pas, immobile, son ami franchir la porte de sa maison et la claquer derrière lui. Les sourcils froncés et les muscles raides, il utilisa ses pieds pour renverser la table du salon avec énervement, renversant toutes les pièces de
Scrabble au sol. Il cria à s'en vider les poumons et cogna sa tête contre le dossier du sofa. C'était tellement énervant! Il avait besoin d'air, de
beaucoup d'air.