~Bonjour tout le monde~
Merci d'avoir cliqué, sans doute par curiosité, sur mon histoire
Il y a de cela quelque temps, j'étais inspiré pour écrire un texte sur l'une de mes créatures : Baphomet.
Ce chou-ci -->
C'est l'histoire de comment il est arrivé dans mon clan, parmi mes autres créatures. J'étais donc partie pour écrire ce texte dans sa description...
Seulement, emballée par l'histoire, je n'ai pas pu me réfréner et j'ai écrit un très gros texte (25 pages, 10 825 mots sur word)
J'ai atteint la limite de place dans l'espace description, alors j'ai décidé de venir présenter l'histoire ici, directement
Il y a cependant quelques petites choses que j'aimerais que vous preniez en compte, avant de commencer votre lecture ^^'
Il y a un moment j'avais posté sur ce sujet : http://gothicat-world.http://gothicat-world.com/forum/viewtopic.php?f=21&t=10496 (pg.18) l'histoire de cette créature :
-->
Les choses à prendre en compte sont les mêmes que ce que j'avais déjà signalé pour Nyо̄~Metah, mes créatures existent dans le même monde, elles ont un passif, des relations, se connaissent entre elles. Tous ont déjà vécu des aventures que je ne développe pas dans le texte. C'était peut-être moins incommode dans l'histoire de Nyо̄~Metah, mais pour ce texte qui est beaucoup plus gros, je me suis rendu compte que ça se ressentait beaucoup. J'ai conscience que ça peut gêner la lecture de certains, et je m'en excuse d'avance .
D'ailleurs, je me suis pris, depuis que je joue sur ce super jeu qu'est Gothicat World, a imaginer mon propre "petit monde dans le monde", tiré de ce que je sais de l'histoire du jeu et mélangé à tout un tas de références fantastiques, historiques et de mes propres délires ^^ Donc, pour rejoindre ce que je disais plus haut, des choses sont évoquées, dans mes histoires, sans que je ne les explique profondément parce que pour mes créatures, ces choses vont de soi.
Ainsi, tout le long du récit, sont évoquées mes créatures qui m'appartenaient avant Baphomet, sans présentations particulières. Si vous voulez savoir qui est qui, vous les trouverez dans ce clan là : http://gothicat-world.com/creatures/gro ... ir/120847/
Bref, tout ça pour dire que si vous avez des questions après avoir lu, n'hésitez pas, j'ai a priori (sauf erreur de ma part ) pensé à tout et je peux sans doute vous expliquer tel ou tel comportement/référence qui semblerait au premier abord obscur (même si au final l'explication se résume par : "heuu... C'est magique").
Une dernière petite chose, il s'agit bel et bien de l'histoire de ce petitou : ,
mais en me relisant je me suis rendu compte que c'était très PdV --> . C'est le chef du clan, et je remarque que j'aime bien traiter les histoires par la vision des chefs de clan. (Oui, j'apprends des trucs sur moi-même)
Voilà ^^ Je ne vais pas vous tenir la jambe plus longtemps :p N'hésitez pas à me laisser des commentaires, pour me dire ce que vous avez pensé. (même si vous n'avez pas aimé, si vous m'en donnez les raisons, cela pourrait peut-être m'aider à m'améliorer sur des prochains textes )
Mais, bien sûr, j'espère que vous l'aimerez ! Bonne lecture !
~_________________~_________________~
Prologue :
Spoiler: show
Un jour à Sandisia, un jour comme tant d'autres où le vent faisait danser le sable du désert et où la chaleur inspirait mille mirages à l'âme égarée, un jour où le bleu du ciel ne s'arrêtait qu'à l'or des dunes... Un convoi de caravanes, long de six roulottes, filait à toute vitesse à travers l'immensité.
Lancés à toute allure et soulevant des monceaux de poussières sur leur passage, les membres de cette caravane fuyaient.
Ils fuyaient à en perdre haleine une horde sauvage lancée à leur poursuite. Tout Flamiris, Fleetiwik, ou autre créature ailée aurait vu à l'horizon, distante de moins d'un kilomètre, la terrible meute qui les mettaient en péril.
Cette caravane, c'était celle des Voyageurs des sables. Ce péril à leur trousse, c'était les redoutables pirates du désert d'Al Nihaya, menés par le plus terrible fou que cette région de Sandisia ait le malheur d'abriter : Almawt aux yeux de verre.
Anubis, le chef des voyageurs, ouvrait la marche, ou plutôt la course, avec Rouge de la Guerre. Les Flamiris du clan la fermait et soufflait le feu et la glace, pour tenter de ralentir leurs poursuivants.
- À combien sommes-nous !?
- Ils nous rattrapent, ils ont dû prendre six-cents mètres d'avance depuis la banlieue de Sarahm la grande.
- Bon sang. -Grogna Anubis entre ses dents-. Fichus pirates... Jusqu'où vont-ils nous amener ?
A cet instant Myst, debout à l'avant de la première caravane, sursauta et cria à son chef :
- Mirage m'envoie un message ! En poursuivant vers le Nord, à trois kilomètres, nous pouvons atteindre des gorges et un canyon par sa base ! À l'Est, à moins d'un kilomètre souffle une tempête de sable !
Le fleetiwik était parti en éclaireur, haut dans le ciel, pour leur indiquer la route à suivre.
La belle Lunaris aux pouvoirs spirituels fixa Anubis et s'écria, en quittant sa place et en remplaçant Mirana aux rênes de la caravane :
- Nous pouvons contourner la tempête et les perdre au Nord dans le canyon ! Ils ne pourront pas nous flairer en arrivant à la tempête, et nos traces seront effacées ! Cela nous demande juste plus de rapidité !
Anubis ne répondit pas. Quelque chose, qu'il n'arrivait pas à discerner, le gênait en ce coin de désert. Malgré sa course effrénée, il lui semblait familier... Désagréablement familier.
La voix de Rouge de la guerre le sorti de ses pensées : "Elle a raison, Anubis, c'est encore la meilleur chose à faire !"
Le chef de la caravane hésita encore une fraction de seconde. Le vent commençait à piquer, l'atmosphère s'était alourdie comme autant de signes annonciateurs d'une tempête de sable.
Peu importait ce sentiment désagréable, pour le moment. Il n'y avait pas mille décisions qui s'offrait à lui pour sauver les sien...
Il ralentit pour se retrouver au milieu des six caravanes qui filaient toujours vers la tempête, presque contre le vent, et ordonna aux Destrinos qui tiraient les roulottes :
- Lorsque nos flairs ne nous dévoilerons plus rien, nous ferons route vers le Nord ! Et nous ferons route avec toute la vitesse dont vous êtes capables !
Les fiers Destrinos hennirent de concert, et quelques minutes plus tard, alors qu'ils n'y voyaient déjà que difficilement, la caravane obliqua vers le Nord avec une énergie renouvelée.
Lancés à toute allure et soulevant des monceaux de poussières sur leur passage, les membres de cette caravane fuyaient.
Ils fuyaient à en perdre haleine une horde sauvage lancée à leur poursuite. Tout Flamiris, Fleetiwik, ou autre créature ailée aurait vu à l'horizon, distante de moins d'un kilomètre, la terrible meute qui les mettaient en péril.
Cette caravane, c'était celle des Voyageurs des sables. Ce péril à leur trousse, c'était les redoutables pirates du désert d'Al Nihaya, menés par le plus terrible fou que cette région de Sandisia ait le malheur d'abriter : Almawt aux yeux de verre.
Anubis, le chef des voyageurs, ouvrait la marche, ou plutôt la course, avec Rouge de la Guerre. Les Flamiris du clan la fermait et soufflait le feu et la glace, pour tenter de ralentir leurs poursuivants.
- À combien sommes-nous !?
- Ils nous rattrapent, ils ont dû prendre six-cents mètres d'avance depuis la banlieue de Sarahm la grande.
- Bon sang. -Grogna Anubis entre ses dents-. Fichus pirates... Jusqu'où vont-ils nous amener ?
A cet instant Myst, debout à l'avant de la première caravane, sursauta et cria à son chef :
- Mirage m'envoie un message ! En poursuivant vers le Nord, à trois kilomètres, nous pouvons atteindre des gorges et un canyon par sa base ! À l'Est, à moins d'un kilomètre souffle une tempête de sable !
Le fleetiwik était parti en éclaireur, haut dans le ciel, pour leur indiquer la route à suivre.
La belle Lunaris aux pouvoirs spirituels fixa Anubis et s'écria, en quittant sa place et en remplaçant Mirana aux rênes de la caravane :
- Nous pouvons contourner la tempête et les perdre au Nord dans le canyon ! Ils ne pourront pas nous flairer en arrivant à la tempête, et nos traces seront effacées ! Cela nous demande juste plus de rapidité !
Anubis ne répondit pas. Quelque chose, qu'il n'arrivait pas à discerner, le gênait en ce coin de désert. Malgré sa course effrénée, il lui semblait familier... Désagréablement familier.
La voix de Rouge de la guerre le sorti de ses pensées : "Elle a raison, Anubis, c'est encore la meilleur chose à faire !"
Le chef de la caravane hésita encore une fraction de seconde. Le vent commençait à piquer, l'atmosphère s'était alourdie comme autant de signes annonciateurs d'une tempête de sable.
Peu importait ce sentiment désagréable, pour le moment. Il n'y avait pas mille décisions qui s'offrait à lui pour sauver les sien...
Il ralentit pour se retrouver au milieu des six caravanes qui filaient toujours vers la tempête, presque contre le vent, et ordonna aux Destrinos qui tiraient les roulottes :
- Lorsque nos flairs ne nous dévoilerons plus rien, nous ferons route vers le Nord ! Et nous ferons route avec toute la vitesse dont vous êtes capables !
Les fiers Destrinos hennirent de concert, et quelques minutes plus tard, alors qu'ils n'y voyaient déjà que difficilement, la caravane obliqua vers le Nord avec une énergie renouvelée.
Chapitre 1 :
Spoiler: show
C'est dans cet état d'esprit, celui de créatures traquées, et avec cette énergie désespérée qu'ils atteignirent les gorges sempiternelles de ce coin de Sandisia abandonné. Ils durent tout de même ralentir, jusqu'à reprendre un rythme de marche dynamique, car le sol devenait rocailleux et lancer des roulottes à vive allure sur ce terrain aurait pu leur être fatal. Invisibles et indétectables par leur odeur, ils étaient pour l'instant en sécurité, et le temps que leurs ennemis ne devinent leur route, si ils la découvraient jamais, ils seraient déjà loin.
C'est ainsi que la pression retombait et que les voyageurs commencèrent à rire et à parler joyeusement, les Destrinos étaient félicités par tous et enlacés par les Stoufix qui leur sautaient sur le dos, ces derniers laissaient les rênes aux Minoushas, qui sortaient élégamment des roulottes. Les Flamiris planaient doucement au-dessus d'eux, portés par le vent léger qui soufflait entre ces murs de roches grandioses, qui de toute part les entouraient.
Soudain, un sifflement se fit entendre. Vif et discret, Mirage passa loin au-dessus de leur tête, masquant un instant le peu de soleil qui arrivait jusqu'à eux. En un piquet, le Fleetiwik était à leur côté, et se posa directement auprès d'Anubis.
Le chef des voyageurs remercia chaleureusement son ami pour la mission qu'il avait mené à bien. Celui-ci leur fit alors part d'un découverte des plus surprenante...
- ... Une vieille cité, je vous assure ! Inhabitée et à moitié en ruine, mais gigantesque, au-delà de ces gorges et construite à même la montagne !
Les voyageurs, comme l'indiquaient le nom de leur clan, ne traversaient le désert et ses périls que par goût de l'aventure; leurs cris et exclamations excitées ne laissa pas de doute quant au fait que tous n'avaient plus qu'une envie : Visiter cette cité mystérieuse. Là encore, Anubis ressenti une vive inquiétude, mais devant l'enthousiasme des siens, il ne pouvait décemment pas interdire au clan de se rendre sur les lieux. Aussi ordonna-t-il que l'on fasse route vers les ruines. Cet ordre fut accueilli par un "hourra" général; et au milieu des célébrations, seules Myst et Pythie échangèrent un regard grave, ayant toute deux ressenti le trouble de leur chef, qu'il s'efforçait encore de cacher.
Les gorges s'élevaient hautes au-dessus de leurs têtes ; tantôt se rétrécissaient comme des pièges autours d'eux, tantôt s'ouvraient en de larges chemins qui aurait pu voir défiler des armées. C'était un véritable labyrinthe et Anubis se dit que, pour un groupe qui ne compterait pas dans ses membres de créature volante, la recherche de la cité serait décidemment impossible. Enfin, après plusieurs heures de marche, le chemin devant eux sembla s'éclaircir... Ils finirent par déboucher sur un promontoire naturel, et de leur hauteur avaient vue sur une vaste plaine qui creusait la montagne comme un cratère... Et en cette plaine, ce qu'ils étaient venus chercher.
C'était le début de la soirée. Le soleil couchant éclairait d'un feu rouge et orange la cité de pierre qui s'élevait devant eux. Sa majesté, sa grandeur alors qu'une partie en était détruite attestait qu'autrefois, à son apogée, elle devait être magnifique, métropole mère au centre d'une contrée fertile, où avait marché tout un peuple pendant des générations; peuple qui avait fait place à la poussière, et dont les bruits de la vie avait fait place au silence éternel.
Des fontaines, dans lesquelles aucune eau n'avait coulé depuis longtemps, étaient creusées dans les montagnes qui entouraient la cité, ainsi que des maisons et des temples à colonnes. Des arbres morts et secs entouraient, en contrebas, la cité d'une manière qui laissait imaginer les splendides jardins qui avaient dû faire la fierté de cet endroit, suspendus comme ils étaient au-dessus du sol. La ville en elle-même était entourée par de hautes murailles dans lesquelles le temps avait creusé des brèches, et au centre de la cité, trônait une imposante tour, à nulle autre pareille, dont l'âge et l'abandon n'avait en rien fait perdre l'aspect saisissant. Le haut de la tour devait arriver au niveau des Voyageurs, qui de leur promontoire, se trouvaient à plusieurs centaines de mètres au-dessus des faubourgs de la ville.
Les Voyageurs n'en croyaient pas leurs yeux, et seul Anubis s'avança au bord du gouffre. Il embrassa la cité du regard, aussi grave, aussi soucieux que ses amis étaient abasourdis, et dit dans un souffle :
- Bāb-ili l'éternelle...
C'est ainsi que la pression retombait et que les voyageurs commencèrent à rire et à parler joyeusement, les Destrinos étaient félicités par tous et enlacés par les Stoufix qui leur sautaient sur le dos, ces derniers laissaient les rênes aux Minoushas, qui sortaient élégamment des roulottes. Les Flamiris planaient doucement au-dessus d'eux, portés par le vent léger qui soufflait entre ces murs de roches grandioses, qui de toute part les entouraient.
Soudain, un sifflement se fit entendre. Vif et discret, Mirage passa loin au-dessus de leur tête, masquant un instant le peu de soleil qui arrivait jusqu'à eux. En un piquet, le Fleetiwik était à leur côté, et se posa directement auprès d'Anubis.
Le chef des voyageurs remercia chaleureusement son ami pour la mission qu'il avait mené à bien. Celui-ci leur fit alors part d'un découverte des plus surprenante...
- ... Une vieille cité, je vous assure ! Inhabitée et à moitié en ruine, mais gigantesque, au-delà de ces gorges et construite à même la montagne !
Les voyageurs, comme l'indiquaient le nom de leur clan, ne traversaient le désert et ses périls que par goût de l'aventure; leurs cris et exclamations excitées ne laissa pas de doute quant au fait que tous n'avaient plus qu'une envie : Visiter cette cité mystérieuse. Là encore, Anubis ressenti une vive inquiétude, mais devant l'enthousiasme des siens, il ne pouvait décemment pas interdire au clan de se rendre sur les lieux. Aussi ordonna-t-il que l'on fasse route vers les ruines. Cet ordre fut accueilli par un "hourra" général; et au milieu des célébrations, seules Myst et Pythie échangèrent un regard grave, ayant toute deux ressenti le trouble de leur chef, qu'il s'efforçait encore de cacher.
Les gorges s'élevaient hautes au-dessus de leurs têtes ; tantôt se rétrécissaient comme des pièges autours d'eux, tantôt s'ouvraient en de larges chemins qui aurait pu voir défiler des armées. C'était un véritable labyrinthe et Anubis se dit que, pour un groupe qui ne compterait pas dans ses membres de créature volante, la recherche de la cité serait décidemment impossible. Enfin, après plusieurs heures de marche, le chemin devant eux sembla s'éclaircir... Ils finirent par déboucher sur un promontoire naturel, et de leur hauteur avaient vue sur une vaste plaine qui creusait la montagne comme un cratère... Et en cette plaine, ce qu'ils étaient venus chercher.
C'était le début de la soirée. Le soleil couchant éclairait d'un feu rouge et orange la cité de pierre qui s'élevait devant eux. Sa majesté, sa grandeur alors qu'une partie en était détruite attestait qu'autrefois, à son apogée, elle devait être magnifique, métropole mère au centre d'une contrée fertile, où avait marché tout un peuple pendant des générations; peuple qui avait fait place à la poussière, et dont les bruits de la vie avait fait place au silence éternel.
Des fontaines, dans lesquelles aucune eau n'avait coulé depuis longtemps, étaient creusées dans les montagnes qui entouraient la cité, ainsi que des maisons et des temples à colonnes. Des arbres morts et secs entouraient, en contrebas, la cité d'une manière qui laissait imaginer les splendides jardins qui avaient dû faire la fierté de cet endroit, suspendus comme ils étaient au-dessus du sol. La ville en elle-même était entourée par de hautes murailles dans lesquelles le temps avait creusé des brèches, et au centre de la cité, trônait une imposante tour, à nulle autre pareille, dont l'âge et l'abandon n'avait en rien fait perdre l'aspect saisissant. Le haut de la tour devait arriver au niveau des Voyageurs, qui de leur promontoire, se trouvaient à plusieurs centaines de mètres au-dessus des faubourgs de la ville.
Les Voyageurs n'en croyaient pas leurs yeux, et seul Anubis s'avança au bord du gouffre. Il embrassa la cité du regard, aussi grave, aussi soucieux que ses amis étaient abasourdis, et dit dans un souffle :
- Bāb-ili l'éternelle...
Chapitre 2 :
Spoiler: show
La nuit était tombée sur Sandisia. Les voyageurs, après être descendus; eux et leurs roulottes; grâce aux Flamiris, avaient marché jusqu'à atteindre les hauts remparts de la ville. Sentiment étrange, maintes fois ressenti par ces aventuriers, que de marcher sur des chemins de poussière entourés de maisons, dont il ne restait que des vestiges, de sentir l'air lourd du temps et de briser le silence pour la première fois depuis des centaines, voir des milliers d'années...
Ce fut cependant la première fois qu'ils restaient sans voix devant l'immensité qui les entouraient, devant cette tour titanesque qui les dominaient, symbole, comme il en est tant, de richesse et de folie.
Symbole toujours vivant au centre d'une ville morte.
La ville basse se dressait à l'extérieur des remparts, séparés de ceux-ci et de la ville intérieure par un fleuve, maintenant à sec. Les Voyageurs décidèrent de passer la nuit dans un temple encore pourvu d'un semblant de toit et de deux murs, et assez grand pour abriter les 71 membres du clan. Comme le dit le vieil adage : "A Sandisia, les nuits ne pardonnent pas", forts de cette vérité ils eurent été bien imprudents de pénétrer de nuit l'enceinte de la cité, qui pouvaient abriter mille mystères mortels.
Alors que les tentes se dressaient et qu'une bonne odeur de nourriture commençait à se faire sentir du côté de la roulotte/cuisine, les conversations ne se portaient que sur "Bāb-ili l'éternelle", ville millénaire dont tous avaient entendu parler dans les légendes, mais dont personne ne connaissait l'exact emplacement. Eden perdu qui avait abrité des dynasties entières à travers les âges, dont il ne restait plus aucune trace, aucun écrit, nul témoignage. En vérité, à écouter les conversations autour du feu de camp naissant, tous connaissaient son nom mais personne n'avait la même version de son histoire passé.
Anubis, appuyé contre une colonne, observait au-dehors les murs fortifiés qui disparaissaient peu à peu dans l'obscurité. Un éclat ironique passa dans ses yeux, pendant que, seul, il se prit à murmurer :
- Tu as bien changée depuis la dernière fois, "l'éternelle".
Il était, évidemment, déjà venu. Mais si peu souvent et il y a si longtemps qu'il n'avait pu se rappeler la route qu'ils avaient emprunté, et qu'il lui avait fallu se retrouver devant elle pour reconnaitre celle qui, à l'époque où il l'avait visité, était surnommée non pas "l'éternelle" mais "La porte de Chamsin", c'est en se rappelant son essor, mais surtout son déclin, qu'il avait enfin compris la répugnance qu'il avait ressenti en s'approchant de ce lieu.
Il ressassait ses souvenirs lorsqu’Ankou s'approcha de lui. Elle lui adressa un demi-sourire amusé et s'assit sur un des blocs de pierre éparts, à ses côtés. Comme à son habitude, elle ne dit rien, laissant ses interrogations muettes flotter autour d'eux dans l'attente qu'Anubis ait envie d'y répondre.
Et comme toujours, à mi-voix il finit par lui avouer ses pensées.
- Je suis venu il y a presque cinq mille ans. J'accompagnais le corps diplomatique d'Houne. En ces temps, cette tour était encore en construction. La ville était déjà considérée comme une des merveilles de Sandisia, et ça, j'en ai toujours convenu. Nous n'étions... Pas exactement des alliés, mais on ne peut pas dire que nous étions des ennemis. Des ennemis, Bāb-ili, "la porte de Chamsin" en comptait suffisamment sans que nous ayons à nous en mêler. Cependant, ce n'est pas par les coups d'une armée qu'elle est tombée...
- Mmm...
La Flamiris fouilla négligemment dans son sac, et en sortit un chibouk qu'elle bourra, apparemment inattentive aux propos d'Anubis. Ce dernier, loin d'être dupe, la savait toutes oreilles.
- Il y a peut-être quatre mille ans, la construction de la tour s'est achevée. L'on m'a rapporté, à l'époque, que c'était une merveille d'architecture et de magie. Tous, et plus particulièrement les habitants de la ville, pensaient que cet édifice n'avait pas d'autres but que de faire de la cité le joyau de Sandisia, et donc de narguer les royaumes importants de la contrée. Pour tous, c'était une démarche purement politique.
- Ce n'était pas le cas ?
Ankou tira une bouffée de son long instrument, et la proposa à Anubis, qui l'accepta.
- On a appris, par la suite, que le grand prêtre de la cité avait intrigué pour que son gouvernement accepte la construction de l'édifice. Ce fou n'avait qu'un but... Créer un portail magique qui dominerait la ville, qui serait fort du mana de tous ses habitants, portail construit sur le temple le plus haut et le plus grand du monde.
- Il voulait...
- Invoquer Chamsin. Faire de cette cité la demeure terrestre du Dieu de Sandisia.
Anubis se tut un moment, respirant la fumée qui les enveloppait.
- Les plus grandes ambitions engendrent les plus grandes conséquences. Le portail a bien été construit, mais il n'a pas eu le temps d'être utilisé pour son usage... Lors de l'inauguration de la tour, les prêtres allaient célébrer le rituel... On a jamais su comment, et on a jamais su qui l'avait envoyé, mais un ennemi du peuple avait réussi à se faire passer pour l'un d'entre eux. Du sang sur les marches devant l'autel, une réécriture des textes sacrés qui devaient être lus, la destruction de l'orichalc sacré qui constituait la porte à l'aide une matière impure... Les manières étaient nombreuses pour pervertir le rituel, et je ne sais laquelle a été utilisée, car tous ceux qui se trouvaient au sommet de la tour sont morts ce jour-là.
- Ils n'ont rien invoqué ?
- Il aurait mieux valu qu'ils n'invoquent rien. Mais le rituel a apparemment été mené jusqu'au bout. Ce qui est venu de la porte n'avait rien de divin... C'était un être vil, un être de chaos. Un démon accompagné d'une légion de plaies, qui en quelques jours a plongé la ville dans les ténèbres.
Anubis jeta dehors un regard suspicieux, comme si il s'attendait à voir se reproduire les événements qu'il narrait. Il n'y avait que le silence.
- Peu de gens sont morts, finalement. Le Roi et les prêtres dans la tour, quelques personnes infortunées dans la panique qui a suivi. Les gens ont fui. Ils ont fui et leur réputation d'être devenu un peuple maudit, au mana souillé par le pouvoir du démon, les a fait garder le silence sur leurs origines, ce qui explique que Bāb-ili soit devenue une légende au fil du temps. Pendant une centaine d'années, des créatures de toutes sortes et de toutes nations sont venus aux abords de la ville pour vérifier ce qu'il en était... Etrangement, l'activité du démon a cessé au bout de cinquante ans environs. Certains braves ont visité les lieux, et, bien qu'ayant rapporté s'être sentis mal à l'aise à l'intérieur de la tour, la ville a finalement été déclarée comme de nouveau habitable. Seulement, Comme on peut s'en douter, les gens avaient peur et personne n'a osé faire emménager sa famille dans cet endroit maudit. C'est ainsi que Bāb-ili l'éternelle a sombré dans l'oubli.
Anubis se tut de nouveau. La mâchoire nerveusement serrée, le poil légèrement hérissé. Les deux amis gardèrent le silence quelques minutes, jusqu'à ce qu'un tonitruant "Le repas est prêt !", lancé par une Livid harcelée par la toute jeune Lodhran, ne les sortent de leur mutisme.
Le chef des voyageurs se secoua, il lui rendit son chibouk et s'avançait mollement vers le campement où les attendaient leurs amis, lorsqu'Ankou le retint et lui dit :
- Depuis quatre mille ans, il y a tout à parier que cet être malin soit retourné dans l'Outremonde... Il semble même l'avoir fait à l'époque. Nous n'avons rien à craindre, Anubis. Cesse de t'inquiéter pour cette cité qui est vide de toute âme.
Anubis la regarda. Elle n'essayait pas de le rassurer, la Flamiris croyait à ce qu'elle disait. Devant sa résolution, et parce qu'il avait toute confiance en son jugement, il ressentit un doute. Une tranquillité bienfaitrice l'envahie, le soulagea un instant... Avant que ce sentiment furtif ne disparaisse, devant l'évidence que lui criait son propre instinct.
- Le mal ne disparait pas. -Lui murmura-t-il- Il dort, tout au plus.
Elle resta muette à ses paroles. Ensemble, ils partirent vers le feu qui ronflait de l'autre côté du vieil édifice, rejoindre ceux qui riaient, insouciants, et diner avec le reste du clan.
Ce fut cependant la première fois qu'ils restaient sans voix devant l'immensité qui les entouraient, devant cette tour titanesque qui les dominaient, symbole, comme il en est tant, de richesse et de folie.
Symbole toujours vivant au centre d'une ville morte.
La ville basse se dressait à l'extérieur des remparts, séparés de ceux-ci et de la ville intérieure par un fleuve, maintenant à sec. Les Voyageurs décidèrent de passer la nuit dans un temple encore pourvu d'un semblant de toit et de deux murs, et assez grand pour abriter les 71 membres du clan. Comme le dit le vieil adage : "A Sandisia, les nuits ne pardonnent pas", forts de cette vérité ils eurent été bien imprudents de pénétrer de nuit l'enceinte de la cité, qui pouvaient abriter mille mystères mortels.
Alors que les tentes se dressaient et qu'une bonne odeur de nourriture commençait à se faire sentir du côté de la roulotte/cuisine, les conversations ne se portaient que sur "Bāb-ili l'éternelle", ville millénaire dont tous avaient entendu parler dans les légendes, mais dont personne ne connaissait l'exact emplacement. Eden perdu qui avait abrité des dynasties entières à travers les âges, dont il ne restait plus aucune trace, aucun écrit, nul témoignage. En vérité, à écouter les conversations autour du feu de camp naissant, tous connaissaient son nom mais personne n'avait la même version de son histoire passé.
Anubis, appuyé contre une colonne, observait au-dehors les murs fortifiés qui disparaissaient peu à peu dans l'obscurité. Un éclat ironique passa dans ses yeux, pendant que, seul, il se prit à murmurer :
- Tu as bien changée depuis la dernière fois, "l'éternelle".
Il était, évidemment, déjà venu. Mais si peu souvent et il y a si longtemps qu'il n'avait pu se rappeler la route qu'ils avaient emprunté, et qu'il lui avait fallu se retrouver devant elle pour reconnaitre celle qui, à l'époque où il l'avait visité, était surnommée non pas "l'éternelle" mais "La porte de Chamsin", c'est en se rappelant son essor, mais surtout son déclin, qu'il avait enfin compris la répugnance qu'il avait ressenti en s'approchant de ce lieu.
Il ressassait ses souvenirs lorsqu’Ankou s'approcha de lui. Elle lui adressa un demi-sourire amusé et s'assit sur un des blocs de pierre éparts, à ses côtés. Comme à son habitude, elle ne dit rien, laissant ses interrogations muettes flotter autour d'eux dans l'attente qu'Anubis ait envie d'y répondre.
Et comme toujours, à mi-voix il finit par lui avouer ses pensées.
- Je suis venu il y a presque cinq mille ans. J'accompagnais le corps diplomatique d'Houne. En ces temps, cette tour était encore en construction. La ville était déjà considérée comme une des merveilles de Sandisia, et ça, j'en ai toujours convenu. Nous n'étions... Pas exactement des alliés, mais on ne peut pas dire que nous étions des ennemis. Des ennemis, Bāb-ili, "la porte de Chamsin" en comptait suffisamment sans que nous ayons à nous en mêler. Cependant, ce n'est pas par les coups d'une armée qu'elle est tombée...
- Mmm...
La Flamiris fouilla négligemment dans son sac, et en sortit un chibouk qu'elle bourra, apparemment inattentive aux propos d'Anubis. Ce dernier, loin d'être dupe, la savait toutes oreilles.
- Il y a peut-être quatre mille ans, la construction de la tour s'est achevée. L'on m'a rapporté, à l'époque, que c'était une merveille d'architecture et de magie. Tous, et plus particulièrement les habitants de la ville, pensaient que cet édifice n'avait pas d'autres but que de faire de la cité le joyau de Sandisia, et donc de narguer les royaumes importants de la contrée. Pour tous, c'était une démarche purement politique.
- Ce n'était pas le cas ?
Ankou tira une bouffée de son long instrument, et la proposa à Anubis, qui l'accepta.
- On a appris, par la suite, que le grand prêtre de la cité avait intrigué pour que son gouvernement accepte la construction de l'édifice. Ce fou n'avait qu'un but... Créer un portail magique qui dominerait la ville, qui serait fort du mana de tous ses habitants, portail construit sur le temple le plus haut et le plus grand du monde.
- Il voulait...
- Invoquer Chamsin. Faire de cette cité la demeure terrestre du Dieu de Sandisia.
Anubis se tut un moment, respirant la fumée qui les enveloppait.
- Les plus grandes ambitions engendrent les plus grandes conséquences. Le portail a bien été construit, mais il n'a pas eu le temps d'être utilisé pour son usage... Lors de l'inauguration de la tour, les prêtres allaient célébrer le rituel... On a jamais su comment, et on a jamais su qui l'avait envoyé, mais un ennemi du peuple avait réussi à se faire passer pour l'un d'entre eux. Du sang sur les marches devant l'autel, une réécriture des textes sacrés qui devaient être lus, la destruction de l'orichalc sacré qui constituait la porte à l'aide une matière impure... Les manières étaient nombreuses pour pervertir le rituel, et je ne sais laquelle a été utilisée, car tous ceux qui se trouvaient au sommet de la tour sont morts ce jour-là.
- Ils n'ont rien invoqué ?
- Il aurait mieux valu qu'ils n'invoquent rien. Mais le rituel a apparemment été mené jusqu'au bout. Ce qui est venu de la porte n'avait rien de divin... C'était un être vil, un être de chaos. Un démon accompagné d'une légion de plaies, qui en quelques jours a plongé la ville dans les ténèbres.
Anubis jeta dehors un regard suspicieux, comme si il s'attendait à voir se reproduire les événements qu'il narrait. Il n'y avait que le silence.
- Peu de gens sont morts, finalement. Le Roi et les prêtres dans la tour, quelques personnes infortunées dans la panique qui a suivi. Les gens ont fui. Ils ont fui et leur réputation d'être devenu un peuple maudit, au mana souillé par le pouvoir du démon, les a fait garder le silence sur leurs origines, ce qui explique que Bāb-ili soit devenue une légende au fil du temps. Pendant une centaine d'années, des créatures de toutes sortes et de toutes nations sont venus aux abords de la ville pour vérifier ce qu'il en était... Etrangement, l'activité du démon a cessé au bout de cinquante ans environs. Certains braves ont visité les lieux, et, bien qu'ayant rapporté s'être sentis mal à l'aise à l'intérieur de la tour, la ville a finalement été déclarée comme de nouveau habitable. Seulement, Comme on peut s'en douter, les gens avaient peur et personne n'a osé faire emménager sa famille dans cet endroit maudit. C'est ainsi que Bāb-ili l'éternelle a sombré dans l'oubli.
Anubis se tut de nouveau. La mâchoire nerveusement serrée, le poil légèrement hérissé. Les deux amis gardèrent le silence quelques minutes, jusqu'à ce qu'un tonitruant "Le repas est prêt !", lancé par une Livid harcelée par la toute jeune Lodhran, ne les sortent de leur mutisme.
Le chef des voyageurs se secoua, il lui rendit son chibouk et s'avançait mollement vers le campement où les attendaient leurs amis, lorsqu'Ankou le retint et lui dit :
- Depuis quatre mille ans, il y a tout à parier que cet être malin soit retourné dans l'Outremonde... Il semble même l'avoir fait à l'époque. Nous n'avons rien à craindre, Anubis. Cesse de t'inquiéter pour cette cité qui est vide de toute âme.
Anubis la regarda. Elle n'essayait pas de le rassurer, la Flamiris croyait à ce qu'elle disait. Devant sa résolution, et parce qu'il avait toute confiance en son jugement, il ressentit un doute. Une tranquillité bienfaitrice l'envahie, le soulagea un instant... Avant que ce sentiment furtif ne disparaisse, devant l'évidence que lui criait son propre instinct.
- Le mal ne disparait pas. -Lui murmura-t-il- Il dort, tout au plus.
Elle resta muette à ses paroles. Ensemble, ils partirent vers le feu qui ronflait de l'autre côté du vieil édifice, rejoindre ceux qui riaient, insouciants, et diner avec le reste du clan.
Chapitre 3 :
Spoiler: show
Imagine se réveilla en pleine nuit, gêné par quelque chose. Il s'ébroua, bailla et jeta un regard endormi aux alentours. Il n'y avait là que le lourd tissu de la tente qui les protégeait, les couvertures et les tapis sur lesquels ils dormaient, divers ustensiles éparpillés un peu partout, rien qui ne sorte de l'ordinaire.
Mais, pourtant, il y avait quelque chose qui n'allait pas.
Intrigué, le petit Destrinos se leva, en faisant bien attention de ne pas réveiller Kitalpha qui dormait tout près de lui. Il passa en silence près de Rouge de la Guerre et Valence, qui eux dormaient un peu plus loin, et sortit de la tente.
L'air lui sembla particulièrement lourd. Il fit quelques pas pour se dégourdir, avança près du feu de camp dont seules les braises luisaient faiblement. Quelques lampes de verre suspendues près des grandes tentes étaient recouvertes d'un tissu et diffusaient une lumière douce et discrète, et il pouvait voir, comme un mince fil rouge et brillant par terre, le sort de zone qui sécurisait le périmètre du campement. Tout semblait comme d'habitude...
C'est alors que la première chose étrange lui sauta aux yeux. Il lui semblait qu'Ankou, Obsidien, Noct et Andromède, les quatre voyageurs qui étaient chargés de la surveillance nocturne, dormaient dans leurs bivouacs un peu en retrait des tentes. Extrêmement surpris, Imagine s'approcha d'eux, et ne put que constater qu'il avait raison : Les quatre étaient profondément endormis.
La raison pour laquelle ce sont toujours eux qui s'occupent de la surveillance alors que les autres dorment, est qu'ils sont des créatures nocturnes. Elevés dans le cœur de la nuit. Imagine ne les avaient jamais vu dormir tous les quatre lors de leur garde, quand bien même parfois un ou deux piquerait du nez.
Le petit Destrinos mit ça sur le compte de la course poursuite de la veille, qui avait dû leur être éprouvante. Du bout de son sabot il les tapota, sans obtenir aucune réaction. Un peu gêné, il répugnait à les appeler de vive voix, ayant peur de réveiller Marno, Rouge de la Guerre ou même Anubis, qui auraient été, assurément, bien moins compréhensifs que lui ne pouvaient l'être.
Finalement, au terme d'une bataille morale, il se résolut à les laisser dormir, se disant que dans une cité perdue et isolée, ils ne risquaient pas de voir débarquer des meutes sauvages et sanguinaires comme celle d'Almawt aux yeux de verre.
Il s'apprêtait à retourner dormir, quand quelque chose attira son attention dans l'obscurité. Rien n'avait bougé, pourtant... Il se tourna vers la sortie du temple... Et sentit son cœur rater un battement lorsqu'il entendit son nom.
Il aurait dû être terrorisé, appeler à l'aide... Au lieu de ça il s'avança vers la sortie, sans savoir pourquoi. Il n'avait pas entendu de voix, et pourtant quelque chose avait dit son nom... Ou plutôt, ça l'appelait, lui. Il l'entendait dans sa tête. Ça l'intriguait plus que ça ne l'effrayait. Il avança jusqu'à la limite du sort de zone, protection pourpre qui les dissimulait aux forces obscures.
Devant, il hésita. La voix d'Anubis s'imposa à lui, éclipsant l'appel imposant dont il ignorait la provenance. C'était "l'Anubis qui ne rigole pas du tout" qu'il entendait... Lorsqu'il parlait aux jeunes enfants du clan, qu’il les mettait en garde contre la nuit dans le désert, leur interdisait de sortir seuls, que le sort de protection n'était pas là pour faire joli, et plein d'autres choses de ce genre... Les mises en garde d'Anubis le firent vaciller à la limite du sort, il trépigna un instant sur ses sabots... Puis l'appel résonna en lui, plus fort, presque tangible, et chassa complètement Anubis de ses pensées.
Il marcha au-delà du cercle, et s'enfonça dans la nuit.
Il avançait dans l'obscurité depuis une demi-heure, environs. Il avait passé le cours asséché du fleuve et franchit les remparts démantelés. Il trottait maintenant dans la ville millénaire dont il ne pouvait rien voir, mut par une force qui lui était supérieure.
Il passait sur des routes de terres, des routes pavées, sentait des arches au-dessus de sa tête, trébuchait parfois contre des blocs mis en travers de son chemin, prenait des boyaux étroits entre deux bâtiments et des escaliers incertains qui le menait à de larges places.
Soudainement, alors que l'appel était plus fort que jamais, le faisant presque galoper à l'aveuglette, il cessa aussi brusquement qu'il était apparu. Imagine, abasourdi, se retrouva livré à lui-même dans le noir le plus complet.
Vint alors la peur. Seul, conscient de s'être mis dans le pétrin, il tenta de retrouver son chemin au travers de cette ville cyclopéenne. Il guettait la moindre lueur, le moindre bruit qui l'aurait mis sur la voie, mais seuls ses sabots faisaient résonner un sinistre écho autour de lui. Au début, il avait surtout peur de la colère d'Anubis si celui-ci découvrait qu'il avait filé dans la cité à travers la nuit, mais plus le temps passait plus il était terrorisé d'être perdu à jamais, incapable qu'il était de retrouver son chemin, se rendant compte que, loin de revenir sur ses pas, il s'enfonçait de plus en plus loin dans la cité. Il ne comprenait même pas pourquoi il était venu ici... Il ne comprenait pas pourquoi il avait suivi cette voix, cet appel...
Alors que l'air devenait de plus en plus étouffant et que lui-même commençait à paniquer, son pas rencontra une dalle de pierre qui se déroba sous lui. Dans un hennissement terrorisé il bascula en avant, et tomba dans une fosse. Avalé par la terre, son cri résonna encore quelques secondes, avant que le silence ne reprenne ses droits.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, il ne comprit tout d'abord pas où il était. Sonné et le corps endolori, il regarda un moment les anciens murs de pierres qui l'entouraient, avant que tout ne lui revienne. Son escapade dans la cité, ses efforts pour retrouver son chemin, sa chute... Il leva les yeux au ciel. La nuit était claire, ce qui indiquait les premières heures du matin. Il était resté évanoui presque toute la nuit... Il semblait être dans une sorte d'égout, ou de souterrain. A plusieurs mètres au-dessous du sol.
Un grand désespoir l'assaillit. Ses yeux se mouillèrent de larmes quand il comprit sa situation... Perdu il ne savait où dans une cité oubliée... Sans que personne ne sache où il était. Un sanglot lui échappa, puis il prit une grande inspiration et tenta de reprendre contenance. Anubis disait toujours qu'un voyageur ne devait pas se laisser aller à la désolation, mais trouver des solutions. Il se leva précautionneusement, par miracle, il n'avait que des blessures superficielles. Des barreaux au mur devant lui interdisait tout passage, mais derrière, le tunnel se perdait loin dans l'obscurité. Il décida de suivre cette piste, qui l'emmènerait sûrement dans un bâtiment quelconque, de là il pourrait sortir et rejoindre son clan à la sortie de la ville. La colère d'Anubis était à redouter, mais il n'avait pas le choix... Rassemblant tout son courage, le petit Destrinos s'engagea dans le tunnel, en espérant qu'il n'y ait pas plusieurs embranchements.
Il avançait dans le noir depuis de longues minutes, tous ses sens à l'affut. Ses yeux écarquillés guettant la moindre forme et la moindre couleur, en vain. Il avait progressé jusque-là sur un sol sec, mais la terre avait fini par devenir graisseuse, et maintenant il pataugeait dans un mince filet d'eau. Il continua d'avancer même lorsque l'eau lui grimpa jusqu'aux ergots, même quand il se mit à se sentir franchement mal à l'aise.
Il s'arrêta soudain. Ses yeux avaient fini par discerner quelque chose, bien que ce ne fût pas la lumière escomptée. Il crut qu'il rêvait, tout d'abord, que ses nerfs éprouvés lui jouaient des tours... Ce qu'il voyait devant lui était impossible... Il fallait que ça le soit...
Des yeux le regardaient. Des yeux dépourvus de pupille et aussi noirs que les ténèbres qui l’encerclaient. Comment pouvait-il les voir devant lui s’ils étaient aussi sombres que l'obscurité alentour ? Imagine ne pouvait pas se l'expliquer, mais il les voyait, c'est tout. Et eux aussi l'avaient vu.
Son hurlement, étouffé dans les entrailles de la ville morte, personne ne l'entendit.
Chapitre 4 :
Spoiler: show
Le clan entier était en effervescence. Un branle-bas de combat général où tout le monde s'affairait, entre hâte et effroi, alors qu'Anubis courait d'un bout à l'autre du campement, donnant des ordres concis et répartissant les voyageurs en groupes. Pour chaque groupe il désignait un chef de tête, à chaque chef il donnait des indications précises.
Il y avait moins d'un quart d'heure de cela, il s'était vu réveillé par un Kitalpha paniqué, qui lui sauta littéralement dessus en criant à tue-tête qu'Imagine avait disparu. Le petit Destrinos s'était réveillé, se sentant seul dans les couvertures, et avait cherché en vain son ami partout où il était susceptible d'être. Un rapide examen des tentes avait confirmé que, si tous les autres étaient là, Imagine manquait bien à l'appel. Myst et Pythie avaient alors tenté de prendre contact avec lui, et la terreur se répandit chez les voyageurs comme une maladie sournoise lorsqu'elles avaient finis par dire, stupéfaites, qu'elles n'arrivaient pas à trouver son aura. Aussitôt sur le pied de guerre, les voyageurs avaient alors entrepris de le chercher aux alentours.
Anubis s'était approché des veilleurs de nuits, qui tremblaient, serrés les uns contre les autres. Il n'avait jamais vu Ankou si misérable. Lorsqu'il croisa son regard, il y vit autant de peur pour leur ami que de honte envers elle-même. Il lui demanda si il était vrai qu'ils s'étaient endormis. La Flamiris, malheureuse, soutint son regard et répondit "oui".
Il l'a regardé quelques instants, sans rien dire. Puis a murmuré presque pour lui-même :
- Je m'en doutais. Cela devait arriver.
Il s'était alors détourné et aboya l'appel de rassemblement, Ankou, perdue, lui a demandé :
- Tu ne nous dis rien ?
Il lui fit presque peur lorsqu'il se retourna vers elle. Ses traits étaient dur et ses yeux brillaient de toute la rage de l'Outremonde, comme à chaque fois qu'il faisait face à un ennemi mortel.
- Ce n'était pas votre faute, ce n'était pas un sommeil naturel qui vous a frappé. Je t'avais prévenu, Ankou, qu'à travers les millénaires cet endroit est toujours dangereux.
Il a alors de nouveau appelé le clan, et leur ordonna en ces termes :
- Il ne sera pas dans les ruines d'ici ! Nous allons nous déployer ! Formez les groupes !
Furent donc crées un groupe qui devait explorer les ruines de la ville basse, mené par Persée, un groupe qui allait vérifier les maisons et temples des montagnes, composé de Flamiris et mené par Mirage, un groupe qui ira faire le tour des remparts, mené par Rouge de la guerre, trois groupes qui devront fouiller la ville intérieure, mené par Espiro, Percedune et Anubis, et enfin un groupe plus petit, supposé rester sur place dans l'infime espoir qu'Imagine revienne par lui-même, groupe qui répondrait à Tesseha'la.
Lorsqu'Anubis eut fini de leur délivrer conseils et mise en garde pour éviter d'autres disparitions, ils se séparèrent et commencèrent les recherches de leurs côtés.
Anubis était accompagné de Marno, Vehari, Ankou, Arabis, Corellia, Gyokuro, Silvermoon, Zahra Al'Sahraa, Obsidien et Anneth. Sitôt que les onze voyageurs franchirent les remparts de la cité, les trois Lunaris posèrent truffes au sol et levèrent truffes au vent pour tenter de retrouver la piste du Destrinos.
Les rues se succédaient sans fin, titanesques, jonchées d'obstacles en tout genre. Les voyageurs sautaient au-dessus, couraient sur les murs et grimpaient les parapets, appelant et ne percevant pour toute réponse, comme un écho moqueur, que les appels des deux autres groupes qui investissaient les districts Est et Ouest.
Les avenues et les chemins de la cité étaient pareils aux tentacules d'une pieuvre cauchemardesque, agrémentés d'innombrables et minuscules ruelles qui serpentaient sans aucun sens apparent entre les quartiers. Un vrai labyrinthe de pierres brulées par le soleil qui se jouait d'eux, dans lequel ils s'enfonçaient toujours plus loin en criant le nom d'Imagine, de voix qui, à mesure que les heures passaient, vibraient des accents du désespoir.
Anubis voyait la tour se rapprocher au fur et à mesure de leurs recherches, ce qui n'était pas pour lui plaire. Il y pensait lorsqu'une exclamation retentit derrière lui. C'était Marno, qui reniflait un bloc de pierre comme si sa vie en dépendait.
- Je l'ai ! J'ai son odeur ! S'exclama le lieutenant.
Le jeune Vehari se jeta presque sur le sol, devant le bloc, et après avoir reniflé à son tour il fit un bond en l'air avec un jappement ravi. Anubis, suivit des autres, les accompagnèrent sur la piste inespérée. Il le sentait aussi, maintenant. C'était extrêmement faible, mais Imagine était bien passé par là, il y avait sans doute plus de dix heures. Leur chasse les conduisit jusqu'au pied de la tour, qui les recouvrait à présent entièrement de son ombre et de sa présence. Vehari, lancé à toute allure sur la trace comme le jeune Lunaris fou qu'il était, manqua de ne pas voir la crevasse qui s'ouvrait subitement dans le sol, et y serait proprement tombé si Corellia ne l'avait pas retenu par la queue. Les voyageurs se penchèrent sur la crevasse, profonde de plusieurs mètres et qui donnait sur une galerie souterraine. Aucun doute, la piste les menaient à l'intérieur. Ils se dévisagèrent...
- Que fait-on maintenant ? On ne peut pas descendre !
Anubis, intérieurement déchiré, observa la tour. Au prix d’un désagréable combat contre lui-même, il finit par leur dire :
- Il est certain que cet égout, ou quoi que ce fut, va jusqu'à la tour. Peut-être était-ce un système d'écoulement qui rejetait la pluie... En tous les cas, Imagine est tombé dedans, et si il n'est pas là c'est qu'il est vivant et qu'il a continué à marcher. Si il est quelque part, nous le trouverons dans cette tour.
Ses dix compagnons acquiescèrent. Ensemble, ils gravirent les imposants escaliers qui menaient aux mille portes de la tour de Bāb-ili l'éternelle.
Il y avait moins d'un quart d'heure de cela, il s'était vu réveillé par un Kitalpha paniqué, qui lui sauta littéralement dessus en criant à tue-tête qu'Imagine avait disparu. Le petit Destrinos s'était réveillé, se sentant seul dans les couvertures, et avait cherché en vain son ami partout où il était susceptible d'être. Un rapide examen des tentes avait confirmé que, si tous les autres étaient là, Imagine manquait bien à l'appel. Myst et Pythie avaient alors tenté de prendre contact avec lui, et la terreur se répandit chez les voyageurs comme une maladie sournoise lorsqu'elles avaient finis par dire, stupéfaites, qu'elles n'arrivaient pas à trouver son aura. Aussitôt sur le pied de guerre, les voyageurs avaient alors entrepris de le chercher aux alentours.
Anubis s'était approché des veilleurs de nuits, qui tremblaient, serrés les uns contre les autres. Il n'avait jamais vu Ankou si misérable. Lorsqu'il croisa son regard, il y vit autant de peur pour leur ami que de honte envers elle-même. Il lui demanda si il était vrai qu'ils s'étaient endormis. La Flamiris, malheureuse, soutint son regard et répondit "oui".
Il l'a regardé quelques instants, sans rien dire. Puis a murmuré presque pour lui-même :
- Je m'en doutais. Cela devait arriver.
Il s'était alors détourné et aboya l'appel de rassemblement, Ankou, perdue, lui a demandé :
- Tu ne nous dis rien ?
Il lui fit presque peur lorsqu'il se retourna vers elle. Ses traits étaient dur et ses yeux brillaient de toute la rage de l'Outremonde, comme à chaque fois qu'il faisait face à un ennemi mortel.
- Ce n'était pas votre faute, ce n'était pas un sommeil naturel qui vous a frappé. Je t'avais prévenu, Ankou, qu'à travers les millénaires cet endroit est toujours dangereux.
Il a alors de nouveau appelé le clan, et leur ordonna en ces termes :
- Il ne sera pas dans les ruines d'ici ! Nous allons nous déployer ! Formez les groupes !
Furent donc crées un groupe qui devait explorer les ruines de la ville basse, mené par Persée, un groupe qui allait vérifier les maisons et temples des montagnes, composé de Flamiris et mené par Mirage, un groupe qui ira faire le tour des remparts, mené par Rouge de la guerre, trois groupes qui devront fouiller la ville intérieure, mené par Espiro, Percedune et Anubis, et enfin un groupe plus petit, supposé rester sur place dans l'infime espoir qu'Imagine revienne par lui-même, groupe qui répondrait à Tesseha'la.
Lorsqu'Anubis eut fini de leur délivrer conseils et mise en garde pour éviter d'autres disparitions, ils se séparèrent et commencèrent les recherches de leurs côtés.
Anubis était accompagné de Marno, Vehari, Ankou, Arabis, Corellia, Gyokuro, Silvermoon, Zahra Al'Sahraa, Obsidien et Anneth. Sitôt que les onze voyageurs franchirent les remparts de la cité, les trois Lunaris posèrent truffes au sol et levèrent truffes au vent pour tenter de retrouver la piste du Destrinos.
Les rues se succédaient sans fin, titanesques, jonchées d'obstacles en tout genre. Les voyageurs sautaient au-dessus, couraient sur les murs et grimpaient les parapets, appelant et ne percevant pour toute réponse, comme un écho moqueur, que les appels des deux autres groupes qui investissaient les districts Est et Ouest.
Les avenues et les chemins de la cité étaient pareils aux tentacules d'une pieuvre cauchemardesque, agrémentés d'innombrables et minuscules ruelles qui serpentaient sans aucun sens apparent entre les quartiers. Un vrai labyrinthe de pierres brulées par le soleil qui se jouait d'eux, dans lequel ils s'enfonçaient toujours plus loin en criant le nom d'Imagine, de voix qui, à mesure que les heures passaient, vibraient des accents du désespoir.
Anubis voyait la tour se rapprocher au fur et à mesure de leurs recherches, ce qui n'était pas pour lui plaire. Il y pensait lorsqu'une exclamation retentit derrière lui. C'était Marno, qui reniflait un bloc de pierre comme si sa vie en dépendait.
- Je l'ai ! J'ai son odeur ! S'exclama le lieutenant.
Le jeune Vehari se jeta presque sur le sol, devant le bloc, et après avoir reniflé à son tour il fit un bond en l'air avec un jappement ravi. Anubis, suivit des autres, les accompagnèrent sur la piste inespérée. Il le sentait aussi, maintenant. C'était extrêmement faible, mais Imagine était bien passé par là, il y avait sans doute plus de dix heures. Leur chasse les conduisit jusqu'au pied de la tour, qui les recouvrait à présent entièrement de son ombre et de sa présence. Vehari, lancé à toute allure sur la trace comme le jeune Lunaris fou qu'il était, manqua de ne pas voir la crevasse qui s'ouvrait subitement dans le sol, et y serait proprement tombé si Corellia ne l'avait pas retenu par la queue. Les voyageurs se penchèrent sur la crevasse, profonde de plusieurs mètres et qui donnait sur une galerie souterraine. Aucun doute, la piste les menaient à l'intérieur. Ils se dévisagèrent...
- Que fait-on maintenant ? On ne peut pas descendre !
Anubis, intérieurement déchiré, observa la tour. Au prix d’un désagréable combat contre lui-même, il finit par leur dire :
- Il est certain que cet égout, ou quoi que ce fut, va jusqu'à la tour. Peut-être était-ce un système d'écoulement qui rejetait la pluie... En tous les cas, Imagine est tombé dedans, et si il n'est pas là c'est qu'il est vivant et qu'il a continué à marcher. Si il est quelque part, nous le trouverons dans cette tour.
Ses dix compagnons acquiescèrent. Ensemble, ils gravirent les imposants escaliers qui menaient aux mille portes de la tour de Bāb-ili l'éternelle.
Chapitre 5 :
Spoiler: show
A l'intérieur, la lumière était inexistante. Lorsqu'ils brisèrent la lourde porte de bois pour pouvoir entrer, le peu de lumière du jour qui risqua ses timides rayons dans le bâtiment fut tout de suite happée par les ténèbres. Aux premiers pas qu'il fit dans la tour, Anubis se retourna vivement vers Ankou, la consulta du regard... Ne put que constater qu'elle l'avait ressenti aussi : l'influence néfaste d'Outremonde. La Flamiris sortit de sa besace ses boîtes de cire, et en appliqua méthodiquement sur les éclats de bois de la porte brisée; une flammèche plus tard et ils possédaient cinq torches improvisées. Ils s'engouffrèrent dans le corps de la tour.
Les lumières rouges de leurs flambeaux leur dévoilèrent des murs titanesques peints de scènes grandioses, de batailles épiques et de paysages surprenants. Des mosaïques en recouvraient certaines parties, serpentaient au sol comme au haut plafond et aux escaliers qui menaient à l'étage supérieur. Tout cela avait été parfaitement conservé par le froid glacial qui régnait en ces lieux, donnant à l'imposant hall un aspect irréel. Les voyageurs se sentaient minuscules dans cet environnement, écrasés par cette masse qui les dominait.
Ils empruntèrent le large escalier à colimaçon qui pouvait dans sa largeur accueillir une dizaine de créatures et, paliers après paliers, franchirent les étages. Les voyageurs, déjà épuisés par leur course effrénée au travers de la cité, ne pouvaient plus courir et se sentaient lentement aspirés, corps et âme, par cette spirale obscure. A chaque palier de hautes arches dans le mur, ceintes de colonnes, livraient passage à des appartements, des lieux de cultes ou de plaisir. Ils passaient ainsi de temples à salles communes, de jardins d'intérieur à bains, de chambres oisives à bibliothèques... Toutes ces pièces présentaient la même démesure, la même magnificence que les lourdes lampes de cuivres, suspendues au plafond, n'éclairaient plus depuis longtemps.
Après avoir marché sur plus d'une dizaine d'étages, à bout de force et les pattes douloureuses, ils furent encore forcés de ralentir le rythme. Ils constatèrent alors dans une certaine surprise que les mosaïques murales avaient laissé place à des vitraux, qui, jadis, devaient colorer les escaliers de pourpre, de jade et de turquoise... Ils avaient été brisés par centaines et derrière les débris de verre l'on distinguait des rouages gigantesques encastrés les uns dans les autres. Ils étaient bien plus grands que les voyageurs, certains avaient même la taille de petites maisons.
Alors qu'ils passaient encore un palier, absorbés par la contemplation de cette machinerie complexe, un bruit sourd, suivi d'un cliquetis, se fit entendre.
Les voyageurs se tournèrent vers la source du bruit, à savoir Silvermoon, qui s'était littéralement figée au centre de l'étage qu'ils traversaient; l'un des sabots de la Destrinos blanche s'était profondément enfoncé dans une dalle dissimulée au sol. Un grondement inquiétant se fit entendre, et la tour millénaire se mit à trembler.
Les voyageurs, brutalement secoués, tombèrent à la renverse alors que les imposants rouages aux murs s'ébranlaient et éveillaient l'antique machinerie de la tour par leur réaction en chaîne. Alors que tout l'étage tremblait d'une violente secousse, quelques membres du groupe eurent la présence d'esprit de sauter sur les marches supérieures, tandis que d'autres, tout à leur panique d'imaginer l'effondrement de l’édifice, reculaient.
Les événements s'enchaînèrent très vite. Dans un fracas épouvantable, la pièce attenante et le palier se séparèrent de la base de la tour ; des bras mécaniques, situés en dessous et de chaque côté du bloc, le déplaçait comme un enfant déplace un vulgaire cube à jouer. Les voyageurs restés sur le palier, comprenant enfin la situation, tentèrent de courir vers leurs amis à l'abris sur les marches en hauteur; Obsidien tendit sa patte à Arabis, mais leurs doigts ne firent que se frôler, Silvermoon galopa jusqu'à eux, mais sa course fini par une ruade catastrophée lorsqu'elle se rendit compte que les escaliers étaient bien trop haut pour elle, ce fut Vehari qui, cette fois, retint Corellia qui avait sauté et qui serait tombée dans le vide sans l'intervention du Lunaris.
Le chef du clan ne put rien faire d'autre qu'échanger un dernier regard avec eux, avant que Gyokuro, Silvermoon, Corellia, Vehari et Arabis ne disparaissent dans l'obscurité, emportés par les bras mécaniques qui transportait tout un étage ailleurs, on ne sait où, dans les profondeurs de la tour.
Obsidien couinait de désespoir et courrait nerveusement le long de la dernière marche, se penchait sur l'abime qui s'ouvraient à leurs pattes. Il se tourna finalement vers Anubis, lui cria :
- Il faut aller les aider ! Nous devons redesc-
- Non. Le coupa Anubis. Il faut continuer.
- Pourquoi ? Qui sait où cette machine infernale les emmène ?
- C'était un ascenseur. Ils sont redescendus, plus bas dans la tour, peut-être même à l'entrée. Le vrai danger se trouve au-dessus de nous. Le seul moyen de les préserver se trouve en haut.
Obsidien voulu encore protester, gémit un peu, jeta un dernier regard en arrière, mais se laissa finalement entraîner par Anneth. Anubis leur recommanda de faire attention où ils posaient les pattes, et le petit groupe reprit son ascension, engourdis par la perte de la moitié de leur membres.
Bien que ce ne fût pas évident au premier abord, les escaliers se rétrécissaient peu à peu. Au bout d'un moment ils ne passaient plus devant les chambres, mais devaient les traverser pour passer d'un escalier à l'autre. Alors qu'ils traversaient un fumoir poussiéreux, les pattes et les membres douloureux, ils décidèrent de s'arrêter un instant pour respirer.
Zahra s'assit près d'Ankou sur les couches disposées en carré au centre du fumoir, et cette dernière sortit un baume de son sac, pour l'appliquer sur leurs muscles endoloris. Anubis s'était assis près de la sortie, l'air sombre, et réfléchissait. La tour faisait plusieurs centaines de mètres, ses compagnons tiendraient-ils la distance dans ces escaliers éprouvants ? Si seulement ils pouvaient trouver un ascenseur comme celui qui avait emmené leurs amis... Mais comment savoir lesquels montaient ? Si seulement ils en existaient qui montaient... Pendant qu'Anubis s'abimait dans ses réflexions, Obsidien arrivait dans la pièce, soutenu par Anneth; le stoufix avait la mine basse et se trainait lamentablement. En passant près de Marno, celui-ci lui lança un regard énervé et l'invectiva, agressif :
- Tu peux arrêter de te lamenter, une bonne fois pour toute ? Tu vas finir par me rendre dingue !
Le Stoufix au pelage noir lui lança un regard assassin et Anneth tenta de raisonner Marno :
- Soit gentil s'il te plaît, son compagnon est parmi eux...
- Et il est mon ami ! Ainsi que tous les autres ! Chouiner ne résoudra rien ! Ça me tape juste sur les nerfs !
Le poil hérissé et les oreilles baissées, Obsidien se dégagea de l'étreinte d'Anneth et se tapit à terre.
- Tu me cherches ou quoi ? Tu veux te battre ?
- Idiot, comme si tu étais capable de tenir une seconde face à moi.
- ça suffit ! -Leur fit sèchement Ankou-
- Tu vas regretter tes mots ! -Cria Obsidien-
Marno pris position de chasse et montra ses crocs.
- Alors qu’attends-tu ?!
- Arrêtez ça ! Exigea Anubis de l'autre côté de la pièce.
Marno sauta en avant, gueule ouverte et menaçante. Sa mâchoire claqua dans le vide, comme Obsidien l'avait esquivé sans mal. Le stoufix, sifflant de colère, s'apprêtait à le griffer sévèrement, quand en un bond Anubis se retrouva à faire rempart entre eux.
- Je vous ai dit d'arrêter ! Ne voyez-vous pas ce qui ce passe ?! Tonna le chef de clan.
Marno et Obsidien, toujours ramassés sur le sol dans une attitude agressive, vacillèrent d'indécision.
- Comment ça ?
- C'est lui. L'être qui vit ici. C'est son influence que vous ressentez et qui vous pousse à la colère.
D'un geste sec, il repoussa Marno contre les couches et Obsidien contre le mur.
- Gardez vos forces contre lui. Et résistez à l'emprise des ombres d'Outremonde.
Marno fronça les sourcils, se sentant perdu quelques instants. Puis, les oreilles baissées, il posa la tête dans ses pattes et leva un regard honteux vers Obsidien.
- Je... Suis désolé. Je ne sais pas ce qui m'a pris.
Obsidien semblait encore plus affecté. Il recula lentement contre le mur, en secouant la tête et respirant difficilement.
- Je... Moi aussi... Je... Suis...
Il s'appuya contre le mur, la fatigue et la douleur se lisaient sans peine dans ses yeux or-vert.
Le mur émit un grondement sourd et tout un pan se retourna, entrainant le stoufix avec lui.
Les Voyageurs bondirent sur leurs pattes et explosèrent en exclamations abasourdies. Anubis, figé de stupeur quelques secondes, rattrapa vivement Marno qui s'apprêtait à se jeter sur le mur.
- Lâche-moi ! -Cria le lieutenant, désespéré- C'est ma faute, il faut que j'aille...
- Il faut continuer ! -Aboya Anubis- Il n'est pas en danger, cette tour n'est pas une prison ou un donjon, il est tout simplement dans une autre pièce. On le retrouvera si on arrive à faire cesser l'activité de la créature qui déclenche tout ça !
Ses yeux brillaient d'une intense colère, et un peu, il se devait de l'admettre, de curiosité.
- Ankou, si tout le monde est soigné, nous continuons à monter. Il faut trouver et arrêter cet être !
L'escalier s'était indubitablement rétréci. Et cela faisait quelques étages qu'ils n'avaient pas croisé de pièce. Ils avaient marché deux par deux, puis les uns derrière les autres, serrés et seulement protégés du noir absolu par la faible lumière rouge des deux torches qui leur restaient, dont la fumée étouffait et montait à la tête.
Enfin, après peut-être une éternité, Anubis s'arrêta, forçant les autres à en faire de même. Ils étaient arrivés devant une simple porte en bois. Plusieurs coups vigoureux eurent raison de cet obstacle, et ils entrèrent dans une pièce aux dimensions colossales.
Les murs leurs renvoyaient au centuple la lumière des torches, éclairant la pièce comme l'eut fait un phare. Elle était éblouissante, d'une grandeur effrayante, les Voyageurs, de douleur, se cachèrent les yeux en entrant. Le bruit crissant et résonnant que firent leurs pattes sur le sol leur fit vite comprendre ce qu'il en était : Les murs, le sol, le plafond étaient en verre. Un verre particulier, plaques immenses ceintes de cristaux, qui semblait avoir un caractère magique.
Au centre de cette pièce, plus surprenant encore que la nature de ce lieu étrange, s'élevait une statue, en verre elle aussi. Une statue de sphinx dont le regard énigmatique jaugeait les Voyageurs. Ils s'avancèrent prudemment, redoutant un nouveau piège, jusqu'au pied de l'idole.
Alors qu’ils se tenaient devant elle, constatant au désespoir qu'il n'y avait dans l'étrange salle pas d'autre porte, chemin ou escalier qui leur eut permis de progresser, la statue ouvrit lentement sa bouche de verre, et une voix impersonnelle se fit entendre, se réverbérant sur les murs dans un écho puissant.
La voix parlait une langue depuis longtemps éteinte qui laissa le groupe interdit. Seul Anubis plissait les yeux, faisant appel à ses souvenirs, tentant de rappeler à lui les éléments d'une époque oubliée. L'écho fit finalement place au silence. Anneth voulu parler, probablement pour poser une question, mais Anubis l'arrêta d'un geste et fit signe à tous de garder le silence.
Les minutes s'égrenèrent et Anubis semblait toujours plongé dans une intense réflexion.
Finalement, après un long moment suspendu dans le temps, le chef des voyageurs s'approcha du Sphinx, et prononça un mot dans la même langue archaïque qui avait précédemment résonné dans la pièce. Un crissement strident se fit entendre, et la seconde d'après un bruit assourdissant leur vrillait les tympans comme les murs de verre se brisaient en mille morceaux, éclats qui pleuvaient sur le sol en cascade.
Derrière les murs de verre, il y avait des murs de pierres, et dans ces murs de pierres leur étaient ouverts ce qui ressemblait à des ascenseurs d'un autre temps. Il y en avait une dizaine. Impressionnés, assez peu rassuré, le groupe entra dans un de ces élévateurs, qui indiquait se trouver au centre de la tour.
Un plan gravé représentait l'intégralité de l'édifice. En appuyant sur le sommet, ils enfoncèrent une petite dalle et les portes se refermèrent lentement. Ils eurent tout de même le temps de voir, dans la salle qu'ils venaient de quitter, que les éclats de verre se soulevaient, mus par une force magique; ils suivaient l'exacte cascade qu'ils avaient formé en tombant et lorsque la porte de bois et d'orichalc se fut refermée et que l'ascenseur se mit en marche en ronflant, les murs de verre s'étaient reformés derrière eux.
Les lumières rouges de leurs flambeaux leur dévoilèrent des murs titanesques peints de scènes grandioses, de batailles épiques et de paysages surprenants. Des mosaïques en recouvraient certaines parties, serpentaient au sol comme au haut plafond et aux escaliers qui menaient à l'étage supérieur. Tout cela avait été parfaitement conservé par le froid glacial qui régnait en ces lieux, donnant à l'imposant hall un aspect irréel. Les voyageurs se sentaient minuscules dans cet environnement, écrasés par cette masse qui les dominait.
Ils empruntèrent le large escalier à colimaçon qui pouvait dans sa largeur accueillir une dizaine de créatures et, paliers après paliers, franchirent les étages. Les voyageurs, déjà épuisés par leur course effrénée au travers de la cité, ne pouvaient plus courir et se sentaient lentement aspirés, corps et âme, par cette spirale obscure. A chaque palier de hautes arches dans le mur, ceintes de colonnes, livraient passage à des appartements, des lieux de cultes ou de plaisir. Ils passaient ainsi de temples à salles communes, de jardins d'intérieur à bains, de chambres oisives à bibliothèques... Toutes ces pièces présentaient la même démesure, la même magnificence que les lourdes lampes de cuivres, suspendues au plafond, n'éclairaient plus depuis longtemps.
Après avoir marché sur plus d'une dizaine d'étages, à bout de force et les pattes douloureuses, ils furent encore forcés de ralentir le rythme. Ils constatèrent alors dans une certaine surprise que les mosaïques murales avaient laissé place à des vitraux, qui, jadis, devaient colorer les escaliers de pourpre, de jade et de turquoise... Ils avaient été brisés par centaines et derrière les débris de verre l'on distinguait des rouages gigantesques encastrés les uns dans les autres. Ils étaient bien plus grands que les voyageurs, certains avaient même la taille de petites maisons.
Alors qu'ils passaient encore un palier, absorbés par la contemplation de cette machinerie complexe, un bruit sourd, suivi d'un cliquetis, se fit entendre.
Les voyageurs se tournèrent vers la source du bruit, à savoir Silvermoon, qui s'était littéralement figée au centre de l'étage qu'ils traversaient; l'un des sabots de la Destrinos blanche s'était profondément enfoncé dans une dalle dissimulée au sol. Un grondement inquiétant se fit entendre, et la tour millénaire se mit à trembler.
Les voyageurs, brutalement secoués, tombèrent à la renverse alors que les imposants rouages aux murs s'ébranlaient et éveillaient l'antique machinerie de la tour par leur réaction en chaîne. Alors que tout l'étage tremblait d'une violente secousse, quelques membres du groupe eurent la présence d'esprit de sauter sur les marches supérieures, tandis que d'autres, tout à leur panique d'imaginer l'effondrement de l’édifice, reculaient.
Les événements s'enchaînèrent très vite. Dans un fracas épouvantable, la pièce attenante et le palier se séparèrent de la base de la tour ; des bras mécaniques, situés en dessous et de chaque côté du bloc, le déplaçait comme un enfant déplace un vulgaire cube à jouer. Les voyageurs restés sur le palier, comprenant enfin la situation, tentèrent de courir vers leurs amis à l'abris sur les marches en hauteur; Obsidien tendit sa patte à Arabis, mais leurs doigts ne firent que se frôler, Silvermoon galopa jusqu'à eux, mais sa course fini par une ruade catastrophée lorsqu'elle se rendit compte que les escaliers étaient bien trop haut pour elle, ce fut Vehari qui, cette fois, retint Corellia qui avait sauté et qui serait tombée dans le vide sans l'intervention du Lunaris.
Le chef du clan ne put rien faire d'autre qu'échanger un dernier regard avec eux, avant que Gyokuro, Silvermoon, Corellia, Vehari et Arabis ne disparaissent dans l'obscurité, emportés par les bras mécaniques qui transportait tout un étage ailleurs, on ne sait où, dans les profondeurs de la tour.
Obsidien couinait de désespoir et courrait nerveusement le long de la dernière marche, se penchait sur l'abime qui s'ouvraient à leurs pattes. Il se tourna finalement vers Anubis, lui cria :
- Il faut aller les aider ! Nous devons redesc-
- Non. Le coupa Anubis. Il faut continuer.
- Pourquoi ? Qui sait où cette machine infernale les emmène ?
- C'était un ascenseur. Ils sont redescendus, plus bas dans la tour, peut-être même à l'entrée. Le vrai danger se trouve au-dessus de nous. Le seul moyen de les préserver se trouve en haut.
Obsidien voulu encore protester, gémit un peu, jeta un dernier regard en arrière, mais se laissa finalement entraîner par Anneth. Anubis leur recommanda de faire attention où ils posaient les pattes, et le petit groupe reprit son ascension, engourdis par la perte de la moitié de leur membres.
Bien que ce ne fût pas évident au premier abord, les escaliers se rétrécissaient peu à peu. Au bout d'un moment ils ne passaient plus devant les chambres, mais devaient les traverser pour passer d'un escalier à l'autre. Alors qu'ils traversaient un fumoir poussiéreux, les pattes et les membres douloureux, ils décidèrent de s'arrêter un instant pour respirer.
Zahra s'assit près d'Ankou sur les couches disposées en carré au centre du fumoir, et cette dernière sortit un baume de son sac, pour l'appliquer sur leurs muscles endoloris. Anubis s'était assis près de la sortie, l'air sombre, et réfléchissait. La tour faisait plusieurs centaines de mètres, ses compagnons tiendraient-ils la distance dans ces escaliers éprouvants ? Si seulement ils pouvaient trouver un ascenseur comme celui qui avait emmené leurs amis... Mais comment savoir lesquels montaient ? Si seulement ils en existaient qui montaient... Pendant qu'Anubis s'abimait dans ses réflexions, Obsidien arrivait dans la pièce, soutenu par Anneth; le stoufix avait la mine basse et se trainait lamentablement. En passant près de Marno, celui-ci lui lança un regard énervé et l'invectiva, agressif :
- Tu peux arrêter de te lamenter, une bonne fois pour toute ? Tu vas finir par me rendre dingue !
Le Stoufix au pelage noir lui lança un regard assassin et Anneth tenta de raisonner Marno :
- Soit gentil s'il te plaît, son compagnon est parmi eux...
- Et il est mon ami ! Ainsi que tous les autres ! Chouiner ne résoudra rien ! Ça me tape juste sur les nerfs !
Le poil hérissé et les oreilles baissées, Obsidien se dégagea de l'étreinte d'Anneth et se tapit à terre.
- Tu me cherches ou quoi ? Tu veux te battre ?
- Idiot, comme si tu étais capable de tenir une seconde face à moi.
- ça suffit ! -Leur fit sèchement Ankou-
- Tu vas regretter tes mots ! -Cria Obsidien-
Marno pris position de chasse et montra ses crocs.
- Alors qu’attends-tu ?!
- Arrêtez ça ! Exigea Anubis de l'autre côté de la pièce.
Marno sauta en avant, gueule ouverte et menaçante. Sa mâchoire claqua dans le vide, comme Obsidien l'avait esquivé sans mal. Le stoufix, sifflant de colère, s'apprêtait à le griffer sévèrement, quand en un bond Anubis se retrouva à faire rempart entre eux.
- Je vous ai dit d'arrêter ! Ne voyez-vous pas ce qui ce passe ?! Tonna le chef de clan.
Marno et Obsidien, toujours ramassés sur le sol dans une attitude agressive, vacillèrent d'indécision.
- Comment ça ?
- C'est lui. L'être qui vit ici. C'est son influence que vous ressentez et qui vous pousse à la colère.
D'un geste sec, il repoussa Marno contre les couches et Obsidien contre le mur.
- Gardez vos forces contre lui. Et résistez à l'emprise des ombres d'Outremonde.
Marno fronça les sourcils, se sentant perdu quelques instants. Puis, les oreilles baissées, il posa la tête dans ses pattes et leva un regard honteux vers Obsidien.
- Je... Suis désolé. Je ne sais pas ce qui m'a pris.
Obsidien semblait encore plus affecté. Il recula lentement contre le mur, en secouant la tête et respirant difficilement.
- Je... Moi aussi... Je... Suis...
Il s'appuya contre le mur, la fatigue et la douleur se lisaient sans peine dans ses yeux or-vert.
Le mur émit un grondement sourd et tout un pan se retourna, entrainant le stoufix avec lui.
Les Voyageurs bondirent sur leurs pattes et explosèrent en exclamations abasourdies. Anubis, figé de stupeur quelques secondes, rattrapa vivement Marno qui s'apprêtait à se jeter sur le mur.
- Lâche-moi ! -Cria le lieutenant, désespéré- C'est ma faute, il faut que j'aille...
- Il faut continuer ! -Aboya Anubis- Il n'est pas en danger, cette tour n'est pas une prison ou un donjon, il est tout simplement dans une autre pièce. On le retrouvera si on arrive à faire cesser l'activité de la créature qui déclenche tout ça !
Ses yeux brillaient d'une intense colère, et un peu, il se devait de l'admettre, de curiosité.
- Ankou, si tout le monde est soigné, nous continuons à monter. Il faut trouver et arrêter cet être !
L'escalier s'était indubitablement rétréci. Et cela faisait quelques étages qu'ils n'avaient pas croisé de pièce. Ils avaient marché deux par deux, puis les uns derrière les autres, serrés et seulement protégés du noir absolu par la faible lumière rouge des deux torches qui leur restaient, dont la fumée étouffait et montait à la tête.
Enfin, après peut-être une éternité, Anubis s'arrêta, forçant les autres à en faire de même. Ils étaient arrivés devant une simple porte en bois. Plusieurs coups vigoureux eurent raison de cet obstacle, et ils entrèrent dans une pièce aux dimensions colossales.
Les murs leurs renvoyaient au centuple la lumière des torches, éclairant la pièce comme l'eut fait un phare. Elle était éblouissante, d'une grandeur effrayante, les Voyageurs, de douleur, se cachèrent les yeux en entrant. Le bruit crissant et résonnant que firent leurs pattes sur le sol leur fit vite comprendre ce qu'il en était : Les murs, le sol, le plafond étaient en verre. Un verre particulier, plaques immenses ceintes de cristaux, qui semblait avoir un caractère magique.
Au centre de cette pièce, plus surprenant encore que la nature de ce lieu étrange, s'élevait une statue, en verre elle aussi. Une statue de sphinx dont le regard énigmatique jaugeait les Voyageurs. Ils s'avancèrent prudemment, redoutant un nouveau piège, jusqu'au pied de l'idole.
Alors qu’ils se tenaient devant elle, constatant au désespoir qu'il n'y avait dans l'étrange salle pas d'autre porte, chemin ou escalier qui leur eut permis de progresser, la statue ouvrit lentement sa bouche de verre, et une voix impersonnelle se fit entendre, se réverbérant sur les murs dans un écho puissant.
La voix parlait une langue depuis longtemps éteinte qui laissa le groupe interdit. Seul Anubis plissait les yeux, faisant appel à ses souvenirs, tentant de rappeler à lui les éléments d'une époque oubliée. L'écho fit finalement place au silence. Anneth voulu parler, probablement pour poser une question, mais Anubis l'arrêta d'un geste et fit signe à tous de garder le silence.
Les minutes s'égrenèrent et Anubis semblait toujours plongé dans une intense réflexion.
Finalement, après un long moment suspendu dans le temps, le chef des voyageurs s'approcha du Sphinx, et prononça un mot dans la même langue archaïque qui avait précédemment résonné dans la pièce. Un crissement strident se fit entendre, et la seconde d'après un bruit assourdissant leur vrillait les tympans comme les murs de verre se brisaient en mille morceaux, éclats qui pleuvaient sur le sol en cascade.
Derrière les murs de verre, il y avait des murs de pierres, et dans ces murs de pierres leur étaient ouverts ce qui ressemblait à des ascenseurs d'un autre temps. Il y en avait une dizaine. Impressionnés, assez peu rassuré, le groupe entra dans un de ces élévateurs, qui indiquait se trouver au centre de la tour.
Un plan gravé représentait l'intégralité de l'édifice. En appuyant sur le sommet, ils enfoncèrent une petite dalle et les portes se refermèrent lentement. Ils eurent tout de même le temps de voir, dans la salle qu'ils venaient de quitter, que les éclats de verre se soulevaient, mus par une force magique; ils suivaient l'exacte cascade qu'ils avaient formé en tombant et lorsque la porte de bois et d'orichalc se fut refermée et que l'ascenseur se mit en marche en ronflant, les murs de verre s'étaient reformés derrière eux.
(Suite et fin au prochain poste )