Nous venions d’arriver devant un grand château à l’air sinistre. Le chauffeur cria dans un micro :
— « Terminus tout le monde descend !
— Les enfants, tout le monde se rangent, hurlèrent les animateurs. Nous allons faire l’appel !»
Ils commencèrent une liste interminable (pour ma part) lorsqu’ils appelèrent enfin :
— « Leïla Tormoisse.
— Présente ! Répondis-je en allant me ranger parmi les autres enfants brailleurs. »
A côté de notre propre car, je remarquais un second véhicule : il servirait probablement pour les sorties pour qu’on puisse se diviser en deux groupes. Les adultes nous firent ensuite montés en rang dans les étages et nous attribuèrent les chambres.
Dès que ma valise fût rangée et mon lit fait, je descendis quatre-à-quatre les marches de l’escalier pour me rendre au réfectoire : j’avais faim, très faim.
Une fois dans la pièce où le repas allait nous être servi, je fus très étonnée de trouver les animateurs en train de débarrasser une grande table en bois pour installer de nouveaux couverts. Sans m’en soucier plus, je me dirigeais vers eux pour leur proposer mon aide.
Une fois de retour dans ma chambre, je me mis en pyjama et me glissa avec plaisir sous ma couette. Cette nuit-là, je dormis très mal : une étrange musique d’outre-tombe envahissait les lieux et j’entendais, de temps à autre, des rires méchants et cruels ; des bruits de cavalcades dans les couloirs du château désert. Mais ce qui me faisait le plus frissonner était les bruits de fantômes qui retentissaient régulièrement, comme sonnant les heures.
— « Houuuuuuuuu ! Houuuuuuuuuuuuuuuuu ! »
La semaine me sembla très longue. Toutes les nuits, ces bruits étranges recommençaient et me terrifiait de plus en plus. J’essayais de le raconter à mes amies mais toutes pensaient que j’étais complètement folle et que comme Jeanne d’Arc, j’entendais des voix.
La dernière nuit, je me décidais à avoir le cœur net sur ce tumulte qui m’empêchait de trouver le sommeil.
Je sortis à pas de loup de ma chambre, éclairée d’une petite lampe torche. En pointant le bout de mon nez dans le couloir, je sursautais : il y avait des ombres de créatures étranges qui bougeaient sur le mur. Je reconnus sans peine la silhouette des vampires, des fantômes et des sorcières, il y en avait aussi d’autres que je ne pus identifier.
J’entendis tout à coup des ricanements sinistres et méchants, je reculais prudemment contre la porte, souhaitant tout à coup, retourner me terrer au fond de mon lit. Après un instant, je vérifiais qu’il n’y avait plus personne avant de, courageusement, retourner à mon exploration nocturne.
Plus je m’avançais, plus les ricanements s’intensifiaient de même que cette musique abyssale qui m’avait tant de fois fait peur. Involontairement, je n’arrêtais pas de frissonner sans savoir si c’était de peur ou de froid.
La lumière baissait peu à peu, et au fur et à mesure que j’avançais dans ce couloir glauque, les ombres s’allongeaient, prenant la forme d’un monstre : j’en étais sûre, il était là. Terrifiée, je reculais et butais contre un des immenses chandeliers qui me permettaient d’y voir un peu.
Je m’empêtrais dans les toiles d’araignées et poussait un petit cri au moment où l’objet s’écrasa sur le sol, dans un vacarme assourdissant.
Ma lampe roula et s’éteignit : j’eus beau tâtonner partout, impossible de la retrouver. Il n’y avait plus de lumière, plus rien, j’avais peur et je ne voulais plus continuer.
Soudain, en relevant la tête, j’aperçus le rai de lumière sur la porte du fond du couloir.
— « Allez ma fille ! Pensais-je. Tu peux y arriver ! »
Je me relevais au moment où une ombre passait juste au-dessus de moi. Je la sentis me frôler les cheveux et hésitais à prendre mes jambes à mon coup pour fuir ce lieu maudit. Cependant, rassemblant tout mon courage, je continuais ma progression.
Les toiles d’araignées se dressaient sur mon chemin, m’obligeant à passer en dessous. A ce moment, je n’en vis pas une et fonçais dedans. Si l’araignée qui avait tendu cette toile était présente … Je ne voulais pas rester une seconde de plus dans cet enchevêtrement de fil et reculais en gesticulant pour passer entre le mur et la toile.
A chacun de mes pas, des chauves-souris atterrissaient sur mon crâne avant de repartir rapidement, m’arrachant, à chaque passage, une touffe de cheveux.
J’avais l’impression permanante qu’à travers les portraits de monstres accrochés sur les murs du corridor, quelqu’un ou quelque chose observait en ricanant tous mes mouvements.
Enfin, j’atteignis la porte. Cette porte qui allait m’expliquer ce que tout ça signifiait. Un frisson autant d’excitation que de peur m’envahit, suspendant mon bras au milieu de mon geste. Je poussais un très long soupir et abaissais la poignée, tirant la porte.
Cela ne marchait pas, était-elle verrouillée ? J’essayais alors de la pousser.
Dès que la lumière de la pièce eut envahi le couloir, m’aveuglant, une citrouille sauta devant moi en s’écriant :
— « Joyeux Halloween ! »
Mes yeux s’habituèrent rapidement à cette clarté soudaine et je me rendais compte qu’une vingtaine d’enfants déguisés étaient en train de fêter Halloween.