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Message par Pan » 24 Déc 2018 20:03

Bonjour!

je vous propose un écrit de longue haleine; 170 pages word, le premier tome d'un triptyque littéraire, bien que les scènes ne soient pas violentes et ne risquent pas de heurter le public dans leur forme, je déconseille la lecture à des moins de 15 ans parce que l'écriture est un peu "difficile" et recherchée dans la forme je vous laissera en juger, ATTENTION
le livre est encore en correction, par ailleurs je cherche un ou une relecteur/trice (avec contrepartie en échange de son travail) pour m'aider dans cette tache.

Sur ce... Bonne lecture!

Chapitre 1: Prélude Noire
Spoiler: show
Les sabots de métal frappaient le sol pavé au rythme d'un trot soulevé. L'allure soutenue empruntée par l'attelage faisait danser la voiture sur l'avenue en pierres taillées. On ressentait l'élégance de leur marche rapide qui, laissait flotter dans l'espace le chant provoqué par le claquement des fers sur la pierre humidifiée par les première pluies qui s'abattaient sur la ville. Cela, juste après la période sèche, marquait la reprise de l'industrie au cœur actif constituant la cité, loin des appartements royaux. Le dynamisme économique de la ville était principalement dû à l'activité des usines qui pullulaient au sein même du centre-ville, mais qui se développaient également à l'extérieur.
Le chant monotone provoqué par les larges sabots des chevaux mécaniques sur le sol pavé traversait la rue commerçante résonnait dans le quartier riche. De leurs naseaux de cuivre s' échappait une fumée noirâtre à l'odeur nauséabonde. Dans leurs yeux ambrés luisait le feu de leurs engrenages complexe.
Ils marquèrent un arrêt net qui secoua quelque peu les passager de la voiture ainsi que le cocher qui guidait les étranges créatures de cuivre. Le véhicule stationna devant une galerie d'art. Le bâtiment arborait une façade blanc crème qui contrastait avec le paysage gris brun. Son architecture complexe le mettait en valeur et lui donnait presque un air de palais.
On pouvait passer des heures à contempler la simple façade sans pouvoir examiner l'intégralité tant les détails y étaient nombreux. Une coupole en verre trônait sur le haut, à cinquante mètres de hauteur. Sous sa protection, le hall principal. La lumière n'y pénétrait guère malgré ce toit translucide, certains ingénieurs étaient parvenus à recréer une lumière artificielle sur chaque arche à l'intérieure de l'arc de cercle afin de donner l'illusion de clarté.
On devinait de l'extérieur, le dédale que devait être ce monument. Balcons et fenêtres semblaient dévorer les murs. Les arabesques en relief délicates qui les encadraient avec tant de précision appelaient à la rêverie.
Pour parvenir à l'entrée il suffisait de gravir les marches qui menaient aux portes lourdes et brunes présentant les veines ambrées d'un bois luxueux. De part et d'autres s'élevaient, des colonnes taillées dans le marbre blanc, sur les quelles reposaient un porche délicatement sculpté. On n'usait de cet art qu'en de rares occasions car son coût était plus que considérable. Il fallait alors solliciter nombreux architectes et ingénieurs ainsi qu'un nombre incalculable d'ouvriers. Pour ouvrir les travaux de ce genre de bâtiment, il fallait tout d'abord que son but soit public, puis faire passer sa proposition en tant que contremaître à la Oldcast de son quartier. Celle-ci était ou non, accordée par le Lys qui envoyait en personne cette demande à la couronne. Elle était ensuite revue par son administration et, finalement, son acceptation reposait sur la signature de la reine. Cette organisation prenait souvent plusieurs semaine en vue de toutes les réclamation d'espaces par les directeur des usines.
Malgré l'investissement de durée qu'il fallait pour entreprendre ces travaux, le titan de pierre fût érigé en un laps de temps très court. La reine était la mécène protégeant l'artiste la plus reconnue au sein de la la capitale. Afin de l'encourager dans sa production et inviter d'autres peintres et sculpteurs à développer leurs travaux, elle avait fait bâtir cet endroit à une allure effroyable.
Désormais, il accueillait bien des peintres qui exposaient dans chaque pièce, aucune n'était disponible et les listes d'attentes étaient interminables. Pour les futures productions à venir, on envisageait même la création d'un second bâtiment destiné à accuellir plus d'oeuvres.
Au pied des escaliers qui menaient à l'antre gigantesque, la voiture au toit cuivré révéla un intérieur aux teintes rougeâtres sombres et luxueuses. La lumière n'y pénétrait pas, le velours épais des rideaux clos ne laissaient pas aucune place à un simple rayon de lumière.
Visiblement, l'occupant n'appréciait que peu les voyages à découverts, tenant son intinimté et son anonymat, la rue était déserte, la population de la ville haute préférant sans nul doute se rassembler dans les endroits secs. La silhouette sortant de la voiture dévoila le corps capé d'une femme dont le visage était dissimulé par le lourd tissu. Sur son habit de voyage noir aux reflets ambrés, se détachait un pendentif contrastant avec les couleurs chaleureuses. Une pierre bleu profond, un saphir des plus purs semblait reposer sagement sur sa poitrine. La pierre noble témoignait de son rang social élevé, les armoiries d'or fin l'encadrant, on devinait aisément son lien profond à la couronne. La femme descendit, chevalet sous le bras et alla se placer au devant de l'attelage merveilleux. Elle paya le cocher d'une bourse généreuse.
Elle posa ses yeux au fin fond des prunelles orangées des automates qui ne bronchèrent pas. Leurs naseaux dilatés crachaient des nuages de fumée gris sale qui s'élevait paisiblement, avec une légerté sans pareilles. Les fin doigts de la dame se déposèrent délicatement sur le chanfrein de l'animal placé à droite, elle frissonna au contact du métal chaud , mais le corps de cuivre, lui, resta impassible à la caresse attentionnée.
S'il était impossible de percevoir l'expression de l'humaine, on devinait la déception d'une émotion dissimulée comme ce visage sous le textile trop lourd.
Elle opta pour un pas assuré et se dirigea mécaniquement vers l'immense porte du Pavillon des Visionnaires. Si sa démarche révélait sa noblesse et son élégance, il était presque évident qu'elle n'appréciait pas se trouver en ces lieux. Elle gravissait une à une les marches qui se présentaient à son passage, arrivée sous le porche, la silhouette poussa les portes qui grincèrent sous le mouvement. Lorsqu'elle pénétra dans le hall principal et qu'elle laissa sa capuche tomber gracieusement sur ses épaules et se dévêtit de sa cape de voyage révélant à tous son visage digne et fermé,. Les conversations qui emplissaient la pièce un court instant plus tôt s'éteignirent immédiatement, on se tournait vers la femme au visage fin, aux traits durs et délicats. Ses yeux gris aux très légères teintes bleutés, a peine visible tiraient sur l'intérieur de l'iris à une couleur si claire que l'ont eut cru du blanc. Il était le regard des plus perçant et plus froid qu'il était possible de voir en ce monde.
Ses lèvres fines étaient serrées, son expression, figée Elle était indiscutablement une femme magnifique, et représentait à la perfection l'idéal esthétique prôné par la société . Mais une chose sur son visage la rendait terne, lointaine. Les tâches de rousseur qui perlaient ses maigres pommettes s'étiraient comme un masque sous ses yeux, un morceau de ciel, parsemé d'étoiles qui s'étaient réfugiées sous sa peau blanche.
Bien vite, les rumeurs coururent dans la grande salle autour de la principale intéressée, insensible, elle s'en fut d'un pas sûr vers l'aile qui lui était dédiée. En ce jour, la peintre la plus cotée de la ville haute avait été convoquée sur les lieux de son expositions afin que son témoignage paraisse dans le Nedleweek, journal hebdomadaire courant qui relatait les plus importantes informations circulant dans la Haute. Il était le journal le plus apprécié par les classes élevées, qui, demeuraient des gens simples, ne s'informant que de ragots ou, informations principales. D'autres journaux étaient également très appréciés, mais ciblaient un public moins large. Dans la ville basse circulaient d'autres gazettes un peu différentes, rares étaient ceux dont les moyens leurs permettaient ce genre de médias onéreux. Son regard croisa celui d'autres artistes exposants dans des salles voisines, elle ne n'y prêtait aucune attention, ces derniers se turent sur son passage. Elle était considérée comme une mentor selon la Haute, pour chaque artiste et son travail les invitaient tous à produire plus encore, et d'une qualité supérieure. Néanmoins, ceux-ci nourissaient tous un sentiment de mépris profond pour la jeune femme hermétique aux jugements.
Elle ne pouvait donc décliner cette invitation qui pourtant ne lui plaisait guère. On remarquait à son allure sa connaissance parfaite du dédale, ce lieu enchanteur, se faufilant comme une ombre entre les visiteurs admiratifs face aux dernières œuvres Des enchères virtuelles montaient, estimant le prix convenable pour la future vente qui promettait d'être exubérante. Elle parvînt sans encombres à la salle principale de l'exposition, sans avoir posé les yeux sur les murs des couloirs richement ornés.
Les mouvements rapides et réguliers de la pierre bleue sur sa poitrine oscillaient comme un pendule, sur son passage. Il intimait à tous le respect de sa personne.
L'effervescence emplissait la pièce, les conversations allaient de bon train, l'odeur de l'alcool flottait tout autour. Certains visiteurs semblaient par ailleurs, déjà à la limite de l'ivresse.
L'alcool avait une grande place auprès des amateurs d'arts qui assuraient avoir un esprit plus ouvert au sens et au message que transportait le travail, la toile, la sculpture. La peintre en riait doucement. Malheureusement, elle n'était pas en position d'exprimer quoique ce soit à ce propos.
Malgré la densité de la foule, elle parvînt à atteindre le cœur de son exposition où étaient installés une petite table ronde, lisse, au bois verni et deux chaises simples destinée à accueillir les protagonistes qui animeraient le débat potentiel.
Le faux sourire qu'elle avait dessiné sur ses lèvres fines était en désaccord avec son talent incontestable pour la peinture, il était alors fort aisé de deviner son agacement dû à sa présence ici. Lorsqu'elle aperçut le journaliste qui avait été assigné à son interview, elle souffla, exaspérée par avance. Ne cherchant pas à masquer son agacement elle se résolut à se laisser questionner, ainsi, elle se promit intérieurement d'abréger son supplice le plus vite possible.
Comme la peintre l'avait prédit, le journaliste se précipita vers elle, les bras grands ouverts, fidèle à lui même et ses habitudes. L'artiste abhorrait son comportement excentrique et familier qui lui donnaient l'envie irrépressible de le remettre à sa place. Il était couronné d'un élégant haut de forme noir. Celui-ci dissimulait une grande partie de son front lisse. Ses yeux verts pétillants absorbaient tous les regards admiratifs, pleins de rêves et de vivacité. Elle, n'y lisait en fouillant ses pupilles dilatées que de l'intérêt vif pour sa propre personne. S'il Narcisse avait existé, il en était, à l'heure actuelle, la plus conforme incarnation. Sa mâchoire était encadrée par une jeune barbe entretenu avec soin si l'on se fiait à sa taille régulière et parfaite. Son torse arborait fièrement un jabot couronné d'un étincelant saphir. Ce dernier, immaculé, dont les ondulations étaient tout à fait symétriques, contrastait sa queue de pie d'un brun si sombre qui tirait presque sur le noir. Son manteau entrouvert laissait percevoir un chemisier flambant neuf, raffiné d'un blanc crème agréable à contempler.
Il portait en bas, un simple pantalon en toile d'un blanc parfait, qui pour la saison semblait un peu léger. Ses chaussures en cuir, luisantes, transpiraient le luxe. Un simple coup d'œil suffisait à le détester, purement et simplement, sans donner raison apparente à cette haine nourrie pour cet odieux personnage. Par ailleurs l'avis de la jeune femme à son propos était très tranché, sa personnalité simpliste et purement égoïste l'invitait à le mépriser profondément. La simple idée de se retrouver avec lui la rendait nauséeuse. Ce dernier l'aborda d'ailleurs avec toute la fausse courtoisie donc il était capable.
"Ma très chère Abeelyn! clama-t-il tout en lui baisant le dos de la main plongeant ses yeux profonds dans ceux de la dame qui ne chercha pas à éviter les deux émeraudes la fixant avec insistance.
-C'est Ackermann pour vous Sir Wendell. Cracha l'intéressée impassible. Peu impressionné, il redoubla d'hypocrisie sourire et de charme ravageur.
-Bien sûr, bien sur, Lady Ackermann, veuillez je vous prie m'excuser de cette impolitesse à votre égard, vous m'en voyez confus... En prononçant ces mots, les lèvres pâles découvrirent ses dents blanches, étincelantes qui dessinaient un sourire manquant cruellement de sincérité. L'artiste l'avait bien remarqué mais choisit de ne pas s'arrêter à ce genres de détails, préférant mettre au plus vite un terme à cet entretien.
-Qu'importe. C'est oublié. Passons, je vous prie les mondanités, ne nous encombrons pas de ces manières que tout deux jugeons futiles. C'est ridicule. Venez en au fait. Cassa cette dernière quelques peu agacée.
-Que d'impolitesse aujourd'hui je fais preuve! Je fais trépigner d'impatience une femme fort occupée et pressée!"
Sous le regard assassin que lui lança la Dame, le pitre changea son attitude, estimant que ce dialogue ne lui apporterait que les foudres de la jeune femme et cessa son jeu, face à elle, il avait déjà perdu. Et il en avait conscience. Il était idiot. Mais pas stupide. Or, trop titiller cette personnalité en public pouvait lui valoir très cher. Si elle détestait les dictats, les règles de conduite sociétale adoptées par la Haute, elle les avait tant côtoyé qu'elle les connaissait par cœur. Ainsi, pour la peintre, il était fort aisé de mettre un adversaire au tapis afin qu'il se ridiculise devant une assemblée, sans même qu'elle dusse hausser le ton. On la craignait et la respectait pour son talent, sa force, mais aussi pour ce trait de caractère. S'étant forgé une réputation d'acier au fils des ans, on connaissait son pouvoir en tant qu'oratrice de mérite.

"Fort bien! Ainsi, commençons l'interview, soupira l'homme qui se résigna.
Il poursuivit, posant les yeux sur la feuille de notes qu'il sortit de sa poche
-Les questions suivantes porteront donc principalement sur votre parcours, votre expérience... Il marqua une hésitation, et reprit avec lassitude
- ... Vos impressions, bla, bla bla... Il accompagnait ses dires de gestes de la main pour souligner son ennui profond.
-Et, pour finir, nous espérons qu'enfin vous daignerez nous révéler vos principales sources d'inspirations, ainsi que le lien que vous entretenez avec la couronne!
L'intéressée grimaça à cette phrase et se tendit quelque peu, ayant deviné sa dernière requête. Pendant ce temps, l'assemblée était pendue aux lèvres du journaliste qui allait annoncer la dernière demande qu'il allait adresser à l'artiste.
-Bien entendu, l'ultime question concerne ce que nous tous attendons depuis bien des mois! Nous savons tous qu'il est très étonnant qu'à votre âge... Je serai bref! Quelle est donc la personne de la haute qui vous fait frémir? Tant de secrets à lever! Je piaffe d'impatience!
Outrée, Abeelyn cracha avec véhémence
-S'il est vrai qu'il est très mal vu de paraître en société en tant que femme seule, j'en assume également les lourdes conséquences. Ma vie privée ne vous concerne en aucun cas. Je vous prierais alors de cesser vos intrusions intempestive dans les domaines qui ne vous regardent pas. Je ne suis pas un simple sujet à vos rumeurs indécentes!"
Son exclamation abattit les conversations qui, depuis les dernières phrases de Sir Wallen faisaient rage dans la salle d'exposition. L'assemblée, alerte et silencieuse, emplie de curiosité se tourna vers les deux protagonistes.
Dans ses pupilles rétractées luisaient les foudres assassines qui déchirèrent les prunelles vertes de l'impertinent qui fût déstabilisé un court instant, ne sachant que répondre, profondément choqué par la violence d'une réaction qu'il n'avait pas même osé imaginer.
La salle d'exposition était figée. Suspendus aux murs blancs crème, les tableaux colorés tremblaient. Ils étaient tous alignés de manière régulière, leurs cadres fins les mettaient en valeur, leurs teintes claires et vives contrastaient avec le support, ce qui invitait le spectateur à se plonger dans l'œuvre. Tout était si lisse que l'on devinait à peine les coups de pinceaux qui ne laissaient paraître aucune hésitation. Le geste était précis, net, il se rapprochait sans conteste de la perfection.
Si le silence était un lieu, on aurait aisément pu le représenter par un désert humain. Plus une expiration. Les aiguilles étaient figées, l'instant en suspens. Plus rien ne semblait porter un souffle de vie.
Seule la poitrine de la jeune femme se soulevait et s'abaissait de manière régulière sous sa respiration saccadée. Sur son visage crispé, on lisait clairement la haine qui grandissait en elle pour ce personnage. Le silence pesant fût brisé par une phrase emplie de reproche en direction du journaliste.
"De plus, adresser cette requête à une Dame, qui de surcroit est de rang plus élevé que le votre, prouve à tous que vous êtes bien un odieux personnage. Poursuivit Lady Ackermann sûr ton plus maîtrisé et plein de défi.
L'homme répondit à cette provocation à nouveau un long silence, qui opposa les deux jeunes gens et leurs avis contraires.
Bien vite, il capitula, comprenant que de cette manière, il n'arriverait à rien.
-J'aurais essayé, souffla ce dernier, levant les mains, en signe d'abandon, un sourire résigné sur ses lèvres lisses.
La tensions redescendit sur les spectateurs, qui, déçus, reprirent leurs occupations, ces dernières se résumant à de futiles dialogues, creux, sourds et hypocrites.
-Posez moi donc vos questions, que l'on en finisse, lâchât-elle fatiguée.
-Rien de croustillant pour nos lecteurs... Qu'importe j'imagine que c'est ainsi. Il avait longuement soufflé en prononçant sa phrase come pour tenter de culpabiliser celle qui se moquait éperdument de ses états d'âme. Il poursuivit.
-Bien, l'article paraîtra après demain, et sera à la Une de notre journal, vous aurez du succès! Alors! Heureuse?
-Sachez Monsieur que je n'ai cure de votre torchon relatant les pires rumeurs de la ville haute, si j'y figure c'est par pur obligation sociale. De plus, j'ai conscience que la moitié de mes paroles seront déformées ou sectionnées afin de rendre tout cela le plus intéressant possible. Iparler des mon travail est très déplaisant. Si l'on veut le lire, le comprendre, il suffit de s'y plonger et non pas le regarder videment, en s'intéressant simplement à sa valeur.
-Je me dois de vous interrompre, pardonnez moi, mais... Pour tout vous dire, il me semble plus pertinent de vous laisser parler comme vous l'entendez plutôt que vous guider sur des questions inintéressantes à vos yeux. Nous vous écouterons, et alors j'écrirai ce qui me semble le plus perinent dans mon article. Ainsi n'est-il pas plus beau de ne parler que de ce qui vous anime? Ce serait bien plus riche, moins fade."
Son ton état doux, simple, et sur ses lèvres, apparaissait un bienveillant sourire.
Jamais dans ses gestes et attitudes il n'avait paru si sincère, sur son visage se lisait un air sincèrement bouleversé, quoique à déchiffrer. Il désigna à la Dame sur une estrade, un siège lui étant destiné ,en face de sa propre chaise. A leurs cotés, une table en bois, relativement basse, sur laquelle étaient posés une bouteille de verre contenant une eau plate accompagnée par deux grands verres en cristal fin.
A ces mots la Lady se radoucit quelque peu, puis, se consolant, elle dédiabolisa l'entretient, prit place sur son siège imitée par le journaliste qui s'assit en face d'elle. Cette dernière balaya rapidement la foule, inspira profondément, et enfin, commença.
L'interview avait duré une bonne heure durant laquelle l'auditoire était resté passionné, pendu aux lèvres de la jeune femme. Si le journaliste semblait perdu, égaré par la voix délicate de celle qu'il interrogeait, il avait inscrit avec la plus grande attention les paroles de son interlocutrice qui avait prit son mal en patience. On pouvait deviner aisément que cette interview lui déplaisait encore, mais sentant la fin approcher, elle s'était détendue tant bien que mal. Lorsque Sir Octave Wallen enclencha une nouvelle fois l'interrupteur du petit enregistreur cuivré, son grésillement léger cessa. Lady Ackermann se ferma immédiatement. La plume dans la main du jeune homme termina sa course gracieuse déposant un point net sur le feuillet métallisé du carnet de cuir qu' Octave Wallen tenait en sa main gantée. Cela marqua également la fin de l'entrevue entre les deux célébrités de la Haute.
La peintre estimant que son travail était terminé, se leva sans un mot, salua de la tête l'étrange personnage, qui, le lui rendit. Il plaça sa main gauche sur son haut de forme, le faisant basculer légèrement vers l'avant, ce qui dissimulait la quasi totalité de son visage, laissant visible, seul son petit sourire narquois.
La Dame descendit l'estrade arborant un air certes sévère mais plus détendu, soulagée par la fin de l'évènement. Les visiteurs, accrochés à ses lèvres avaient bu une à une ses paroles et restaient pourtant sur leur faim. Les mains se levèrent par dizaine pour l'interroger, peu perturbée Abyleen se dirigeait, chevalet sous le bras vers la sortie de l'exposition, talonnée par Octave Wallen. Milles murmures, paroles emplies de frustrations fusaient à travers la grande salle . L'interview avait soulevé bien plus d'interrogations que proposé quelques réponses auprès des auditeurs passionnés. Ayant au préalable prévu ce genre de réactions, la peintre à la chevelure brune tirant vers l'ébène sur laquelle fuyaient des reflets de feu, poursuivit son chemin sans se soucier de ceux qui se pressaient sur son passage.
Elle avait traversé le Pavillon des Visionnaires sans encombre, la densité de la foule ne lui ayant pas posé plus de difficultés qu'à son arrivée. Elle avait parcouru les salles de manière mécanique. Abeelyn savait qu'elle pouvait faire mille fois le trajet même aveuglée. Sur son chemin s'étaient succédées les toiles et les sculptures, tantôt paysages urbains, ou superbes sujets aux teintes rouges et ambres. Si certaines oeuvres se confondaient dans les espaces épurés, d'autres se détachaient du mur blanc par leur taille gigantesque ou les sentiments qui émanaient d'elles. A chaque pas, un nouveau monde. Les spectateurs, étaient colons émerveillés. Seulement, ces terres restaient intouchables, irréelles, bien loin , hors de portée de l'Homme destructeur, vil et égoïste. Les artistes eux mêmes n'étaient que les objets d'une force plus grande, simples instruments, esclaves de la création. Ils étaient incapables de toucher leurs œuvres, toucher leur cœur. La plupart se contentait alors de leur position, les autres n'en avaient pas conscience. Abeelyn avait bien d'autres desseins. Elle poussa enfin les lourdes porte et se trouva au dehors de ce monde odieux.
De sa poche près de son cœur, elle saisit sa montre à gousset qu'une chaînette retenait et la consulta. Lady Ackermann parut satisfaite, un sourire se dessina sur son visage d'une pâleur rare. L'horaire qu'elle s'était imposé état correct, tout rentrait dans les temps, elle s'était même fixé une marge afin qu'un imprévu ne la retarde pas. Tout avait été calibré au détail près, tout avait été étudié et pensé, non par obligation, simplement par habitude. C'était une obsession chez elle. Le temps. C'est pourquoi dans son atelier, dans sa galerie, on trouvait bien souvent des travaux, dessins, croquis ou études pour une réalisation ultérieure de vanités. Avec les paysages merveilleux, c'était ce qu'elle peignait le plus et malgré ses heures à rectifier le moindre détail sur ses toiles. Jamais elle n'était satisfaite de quoi que ce soit et tendait à la perfection sans pouvoir l'atteindre ou même l'effleurer. Aussi rigoureuse envers les autres que pour elle même, sa séverité n'avait d'égal que son talent. La perfection. Rien d'autre n'avait d'intérêt à ses yeux. Atteindre la chose la plus belle, la plus parfaite qui soit. Toujours. Voilà pourquoi elle portait tant d'intérêt à la ponctualité.
Abeelyn sentit qu'une nouvelle fois, elle avait vu juste avec sa marge de temps, devinant l'imprévu arriver à grand pas. Cette dernière ne chercha pas à l'éviter sachant pertinemment que ce qui devait se passer se passerait quoi qu'il en soit. Elle s'appliqua alors à l'attendre plutôt qu'à le fuir. Après tout, elle avait le temps
La Lady se tenait droite, à l'extérieur sous le porche.
On entendait la mélodie triste et sourde des gouttes d'eau qui retentissait sur le sol. Les gouttelettes sales glissaient sur la façade immaculée du fier bâtiment laissant sur leur passage une trainée noirâtre qui témoignait parfaitement du chemin qu'elles avaient emprunté. La trace résultait d'un mélange boueux entre la cendre, l'eau, la poussière et résidus encore non identifiés à ce jour. Il était incontestablement le fruit d'expériences douteuses dans les usines rejetant d'étranges déchets. Bientôt le gouvernement mettrait en place une protection provisoire des bâtiments officiels afin de les préserver de la saison humide et sale. Les dégâts étaient trop considérables chaque années pour omettre de vernir les monuments. Avant de se couvrir son visage à nouveau sous son capuchon, la dame jeta un regard vers le ciel noir. Il était tapissé d'épais nuages, menaçant, planants sur la ville. Leur aspect nébuleux aux nombreuses ondulations cotonneuses dessinaient sur le plafond noir une toile merveilleuse malgré leur apparence repoussante.
Ils obstruaient alors l'azur depuis toujours et leur omniprésence pesait sur chaque habitant de la métropole, quoique beaucoup les eurent occulté par simple habitude. Un quotidien terne et redondant était la cause de cet aveuglement. Beaucoup ne remarquaient plus les délicates nuances charbons et grises dont les nuages s'étaient parés.

Ils étaient les seuls coupables de la pluie acide qui, sans relâche s'abattait sur les toits fatigués des résidences sombres et humides. En effet l'eau avait traversé ce mur vertical et inlassablement, en mille gouttelettes, s'était écrasée sur le sol de la cité éclatant sur les toits. Imprégnant les corniches, les passants, diffusant de toutes parts, leur senteur nauséabonde qui stagnait dans les ruelles inondées par les cendres. Si le nom donné à cette étrange pluie était plutôt agréable à l'oreille, le paysage ne l'appréciait guère. Namida n'avait de beauté que l'appellation, car lorsqu'elle s'en venait, elle rafraichissait peu à peu les sols et l'atmosphère, abattant lentement la lourde chaleur imposée par la Sèche. Malheureusement, il était fort désagréable de sentir sur sa peau, glisser les poussières et déchets qui imprégnaient les corps et les habits.
C'était une période que beaucoup haïssaient, il n'y avait au-dehors, plus une âme qui vive en cette triste saison. Certains pourtant y ont trouvé leur compte. Les gérants, les directeurs d'usine. La Haute en somme.
Il avait été décrété une fois Namida de retour, que la pollution de la production qui engendrée par les bâtiments n'aggraverait point la situation. De plus certains affirmaient que l'humidité préservait des maladies alors que la chaleur les attisait, par conséquent, si la pluie était désagréable, elle n'était pas dangereuse pour le corps et la santé. Si certains médecins affirmaient le contraire, les puissants avaient trouvé le moyen de les bâillonner afin de maintenir leur emprise et assoir leur pouvoir économique.
La ville alors ne connaissait aucune saison propice. Les habitants subissaient Namida, puis, la Sèche qui, était une véritable infamie; le ciel obstrué, la population étouffait sous la chaleur qui stagnait et imprégnait les bâtiments. C'était à cette période assasine que le taux de mortalité était le plus élevé. Les premières victimes étaient les nourrissons, déjà fragilisés. La pollution, la chaleur écrasante, les achevaient aisément. Les secondes victimes étaient, bien entendu, la population de la ville basse, bien plus en proie aux températures torrides. Leurs habitations étaient en effet bien moins préservées de la chaleur étouffantee qui s'écrasait lourdement .
Cependant le pic de mortalité se trouvait aux trois dernières semaines de la chaleur. C'était peu avant l'arrivée du déluge, ainsi l'humidité prenait place, se faisait plus pesante par cette température accablante. Il était très difficile de circuler, l'activité de la métropole s'en ressentait fortement. C'était à cette époque de l'année que l'on puisait dans les réserves faites durant le long cycle de Namida. La cité était très régulièrement approvisionnée par des caravanes provenant de l'extérieur. Les échanges se faisaient entre produits industriels et nourriture que l'on convertissait en gélules nutritives. Quand à l'eau sous forme liquide, réservée aux privilégiés de la Haute on la stockait afin de ne pas avoir à filtrer Namida. Cette eau était le résultat de forages profonds sous la surface terrestre. Les réserves s'épuisaient, et il avait fallu chercher un substitut de la molécule afin de créer des pilules synthétiques pour les bourgeois, les travailleurs, les habitants de la basse. Des réservoirs étaient soit-disant installés bien au dessus des nuages par des équipes météo généralement formées par l'élite de la population. La monarque était également incapable de certifier la justesse de ces réserves aériennes. Les aéronautes avaient le privilège d'observer depuis leurs dirigeables un paysage merveilleux. On disait qu'il était fait de ces pierres les plus prisées et précieuses dont les nobles ornaient leurs habits onéreux pour prouver à tous leur classe sociale. Sa couleur resplendissent était changeante selon eux et là haut, les nuages n'étaient que pureté. Abeelyn avait toujours rêvé de d'avoir accès à ces lieux. Malheureusement, l'autorisation ne lui avait jamais été accordé et elle vivait en silence cette déception sous le plafond noir. Dévoré par les nuages, il était impossible de deviner sa prétendue présence. Ceux qui certifiaient de son existance n'avaient pu porter quelques preuves à quiconque. Or, l'humain est imparfait, par extension, un menteur. Seulement, l'artiste aimait rêver.
Le ciel. C'est ce qu'elle avait lu dans les livres anciens. Elle appelait ce plafond le ciel. Mais les tours de la villes semblaient infinies. Y avait-il alors autre chose? On pouvait seulement observer les tours englouties par la fumée des usines depuis le bas, depuis les trottoirs. Que des tours. Les vapeurs qui s'échappaient de celles-ci, les conduits électriques, les lourds tuyaux étaient les seuls éléments visibles depuis le sol. Une fumée noire, une brume malodorante. Des immeubles. Des géants dont on ne voyait pas la fin.
On devinait au loin le plafond noir grâce aux épaisses colonnes de charbon, de suie, de cendres qui s'élevaient, s'agglutinant aux autres.
On disait que si cette situations perdurait, le plafond descendrait jusqu' aux habitants, les tuants, dans leur propre brouillard.
Mais Abeelyn l'avait toujours appelé "ciel". Cela adoucissait ce concept. Celui de la condamnation. Inévitable. Ciel. C'était un joli nom pour un assassin.
Ceux de la météo disaient que de là haut, on voyait les convois arriver, les matières premières qui servaient à concevoir les pilules nutritives. Tout le domaine agricole était situé bien au loin, en marge de la cité, si on en croyait les rumeurs. On ne recensait alors que bien peu de villages la cartographie de l'État était assez peu précise et il n'était pas rare que la couronne fasse appel à des explorateurs afin de mettre à jour frontières et villages avoisinants. La capitale était également la seule ville reconnue. Enfin, c'est ce que l'on disait. Abeelyn doutait de ces informations, jamais elle n'avait vu un seul convoi. La reine elle-même avait confié à la peintre n'en avoir jamais vu, quand aux villages, elle doutait, elle aussi, de leur existence. Les explorateurs revenaient sans information la plupart du temps, quand ils ne mourraient pas d'asphyxie dans la jungle d'usines désaffectée qui s'étendait sur des kilomètres autour de la cité noire.
On narrait que l'extérieur était dangereux, les conditions y étaient précaires, il fallait y être né pour s'acquitter des tâches paysannes et pour y vivre, selon les éclaireurs. Abeelyn les avait longtemps soupçonés de mensonges, mais s'était résignée, elle ne pouvait pas opposer son opignon à leurs dires. Le passage des caravanes diminuait de moitié la saison sèche, les cultures étaient moins riches. Sur ces trois dernières semaines il était impossible pour elle de circuler au-dehors de leurs frontières. Ainsi les banquiers faisaient de gros achats durant les plus afin de faire sur ses produits rares un bénéfice plus considérable sur le dos de ceux qui avaient été trop peu prévoyants. C'était chose aisée pour eux, en effet, ils disposaient d'un droit prioritaire et exclsif sur le marché (des parts ahetées à prix d'or), ainsi, ces matières premières leur revenaient. La revente concernant ces aliments était dirigée vers les créateurs de pilules. Ces trafics s'effectuaient dans l'ombre, nul ne voyait jamais une miette de cette fameuse "nourriture". Alors, bien souvent, ceux de la ville basse qui avait survécu aux chaleurs, succombaient à la famine. Leurs provisions de pilules étaient vite épuisées. Il y avait, pour les saisons les plus arides, se déroulant une fois toutes les décennies, un cycle aride durant sur une année. C'est pourquoi, la monarque précédente, au début de son règne, lasse de voir les températures décimer ses sujets, avait fait bâtir tout un réseau souterrain accessible uniquement en cette année. C'était un refuge utilisé sur la période complète. Il fallait alors chaque année, pour se préserver, créer des réserves nutritives considérables dans ce but.
Il demeurait pourtant encore certaines habitations à la surface, encore occupées lors de la Sèche. Ces dernières appartenaient aux classes les plus pauvres qui comptaient pour la plupart parmi elles et domestiques au service de la Haute, les familles ouvrières ainsi que les Hypnophages la Souricières et autres quartiers malfamés . Ceux-ci étaient pour la plupart condamnés à une existence banale triste une vie difficile et dans le besoin. Les possibilités d'évolution étaient, sinon impossible, rarement réalisable. La place de ces familles était généralement dans les bas-fonds, à creuser des galeries réservées aux plus riches, une tâche extrêmement ingrate, dangereuse et peu rémunérée. Malheureusement en cette année sèche, elle était la seule source de revenus pour ceux de la ville basse. En échange des risques encourus, on leur offrait assez de comprimés bleus pour rassasier leur famille sur quatre semaines. Les plus chanceux résidaient dans les maisons des plus aisés en tant que domestiques ou serviteurs et remontaient à la surface pour nourrir leurs familles. La plupart des habitants de la surface travaillaient en équipe et se relayaient pour limiter les déplacements trop couteux en énergie. Ainsi les classes les plus nobles séjournaient dans les sous-sols bien protégés de la chaleur, des intempéries et leur source hydrolique était bien plus abondante. Les couloirs souterrains étaient larges et les murs épais insonorisaient parfaitement les habitations creusées à même la roche légèrement humide. Plus l'on s'enfonçait dans les profondeurs, plus la luminosité baissait, en guise de torches, était placées dans les murs des pierres incandescente qui ne réclamaient pas d'oxygène pour illuminer les galeries. Au plus profond sous la terre demeurait la souveraine.
Abeelyn se surprit à penser à la dernière année qu'elle avait vécu enfermée, sa condition sociale lui avait permis de vivre au plus bas, en sécurité aux côtés de la couronne. Bien évidemment tous n'avaient pas eu cette chance. Sa rêverie avait duré une seconde. Le temps qu'apparaisse à ses côtés l'odieux journaliste qui, se plaça sa hauteur. A sa vue, la peintre soupira lourdement et bien qu'il fût très impoli de mettre fin à une conversation de manière silencieuse, La Lady ne s'en préoccupa nullement et entreprit de rejoindre sa voiture qui l'attendait sagement sur la chaussée déserte. Là, sans interruption, s'écrasaient une infinité de perles noires, desquelles s'échappait une légère fumée. De surcroît, elle bascula sa capuche sur son visage, ce qui, était très inconvenant en la présence d'un autre individu. Loin de se décourager Sir Octave Wendell ouvrit son parapluie sobre et proposa à la dame, protection. Si Abeelyn le haïssaient profondément, elle n'était pas assez discourtoise pour refuser ses avances une troisième fois et, se résigna, laissant de ses lèvres fines s'échapper un long soupir sifflant entre ses dents serrées.
Son visage ne se décrispa pas lorsqu'elle daigna se découvrir pour prendre place sous le parapluie noir que lui proposait le Lord. Celui-ci arborait un sourire radieux, respirant la victoire, ce qui, agaça profondément la Dame. Au cours des années s'était fait la réputation d'un homme qui aimait les femmes. Qui les désirait surtout. Les collectionnant, épinglant leurs cœurs au sentiments désintéressés. Il avait pris pour habitude de mettre un terme à une relation au second mois de fréquentation, à une date précise. Il avait charmé la quasi-totalité des célibataires de la Haute, sélectionnant au premier abord les plus jeunes et les plus fortunées. Il était évident que le Sire était plus animé par les coups de poker qu'à l'alliance. Abeelyn était consciente du fait qu'elle était la prochaine sur sa longue liste. En effet, elle était une femme prisée et son habitude à repousser systématiquement les avances de chaque prétendant, avait attiré la convoitise de Sir Wendell. Celui-ci s'était promis souhaitait plus que tout, l'ajouter à son tableau de chasse. Il importait bien peu à l'homme le ressenti de ces femmes brisées puisque lui-même semblait dépourvu de sentiments. L'artiste si elle n'était pas intéressée, ou inquiétée, préférerait tout de même que le pitre conserve ses distances. Cette présence l'inconvenant, elle faisait en sorte d'être en son contact le moins possible.
«–Ma très chère Abee- pardon… Lady Ackermann rectifia-t-il lorsqu'il sentit peser sur lui le regard noir de la jeune femme.
–Je tiens à vous remercier de votre coopération, le journal et moi même sommes très reconnaissants. lança d'une voix douce l'homme à la queue de pie lorsqu'il entreprit de descendre les marches au côté de l'artiste.
–A ma gauche ! Lâcha l' intéressée d'un ton sec. Elle poursuivit:
–Il ne me semble pas que nous fûmes fiancés je me trompe ? Un homme de votre rang devrait avoir connaissance des règles de vie au sein de cette société, n'est-il pas?
–Il est vrai, Madame qu'en termes de bienséance, il me faudrait suivre votre enseignement. Puis-je en ce cas mentioner vos derniers faits pour le moins… Déplacés? Son ton était léger, sûr de lui et insolent.
–Vous n'êtes pas en position de me répondre cracha froidement la fautive visiblement vexée par le répondant de l'autre.
Il était rare de contredire une femme, surtout de son rang, elle n'était pas habituée à ce traitement discourtois.
–Fort bien, commença le journaliste ouvrant la porte de sa voiture.
–Il va me falloir fausser compagnie je vous remercie de m'avoir honoré de votre présence. Au revoir, j'ai un article à faire paraître. Poursuivit l'homme, son sourire ingrat toujours suspendu à son visage insolent.
Mais, depuis son siège, la Lady ne l'écoutait déjà plus, perdue dans le vide, elle fixait la paroi en face d'elle. La porte claqua alors, elle intima machinalement un ordre sec au cocher qui fit résonner les guides de cuir synthétique rouge sombre en un claquement sourd. A cette demande, l'attelage se mit en marche, tirant la voiture, qui, sautillait sur les pavés de pierre. On pouvait voir au pied du Pavillon des Visionnaires, un homme au parapluie, droit suivant des yeux la créature onirique, qui avait avalé la femme de glace. Les destriers métalliques traversèrent rues et boulevards, croisant bien d'autres véhicules. D'un pas monotone, las, machinal les automates trottaient régulièrement sur la route. Sous leurs sabots abîmés, deux morceaux de caoutchouc qui les empêchaient de déraper sur le sol, mais le bruit provoqué par leur pas lourd n'était pas atténué pour autant.
Abeelyn poussa délicatement un rideau de ses doigts fins, elle pouvait ainsi contempler les diverses scènes qui se jouaient à l'extérieur. Le cœur de la ville bâtie en étoile, on percevait à son centre, d'épaisses fumées sombres s'élevant lentement vers le ciel. Il ne se dissipaient pas dans l'air humide, la pollution l'alimentait en noirceur alors qu'il était déjà chargé par une poussière de cendres. La voyageuse rapporta son regard vers leur création, aux alentours des usines. Ici, dans les rues c'était l'heure de pointe et l'on rentrait chez soi. Ainsi, les ouvriers, se pressaient, sortant des usines colossales et, à pied, ils se dirigeait vers la Souricière. C'était le nom que l'on donnait couramment au quartier délabré de la ville basse. Leurs figures noires, fermées, un DullSteam entre leurs lèvres gercées creusées par le travail, ils fuyaient. Les ouvriers raffolaient de ce tabac populaire. Le premier fabricant avait d'ailleurs fait fortune. Ils étaient composés par une simple tige d'un tabac commun produit en laboratoire. Les scientifiques ajoutaient quelques particules de différents minerais réduits en cendres à leur texture douteuse. On broyait la matière première importés grace aux caravanes de ravitaillement, puis, on y ajoutait ces différentes poudres. Il suffisait alors de mélanger le tout, et de les faire chauffer à très haute température dans des moules en forme de petits bâtonnets. Ils variaient entre huit et dix centimètres. Le simple fait de poser cette tige noire sur la langue et de refermer sur elle ses lèvre faisait se brûler l'intérieur. S'en émanait alors une fumée que l'on aspirait afin d'en ressentir les effets.
Sur les visages clos des travailleurs, on ne lisait aucune autre émotion. Seulement une profonde lassitude. Ils étaient coiffés d'un béret, de faux cuir ou de tissus synthétiques sur lesquels Namida faisait s'abattre ses gouttelettes, pénétrant leur vestons, s'infiltrant dans leurs chaussures délabrées qui couinaient à chacun de leurs pas.
Il fallait se reposer quelque heures, laisser aux travailleurs de nuit leurs postes confinés au sein de la zone industrielle. Les visages graves laissaient place à ceux des enfants, employés par les usines. Une main-d'œuvre peu coûteuse, les lèvres bleues de l'un d'entre eux afficha un sourire étonnamment bienveillant. Sous la pluie noire il jouait avec un morceau de plastique usé qui traînait là, le plus jeune devait avoir six ans. Un rescapé de la Sèche.
C'était ceux-là qu'on allait chercher , les plus jeunes survivants, les plus résistants, pourtant, leur âge, la plupart du temps, n'atteignait pas les vingt-huit ans: les vapeurs toxiques de l'usine les tuaient à petit feu. Les ouvriers étaient ceux qui vieillissaient le plus vite, on surnommait les plus âgés "automates" puisque leur travail était effectué de manière tout à fait machinale, monotone obéissant aux ordres sans poser de questions. Il portait ce nom également par leur aspect physique qui les présentait plus en tant que robot, que véritablement humains. Leurs yeux vitreux ne semblaient plus organiques, leurs poumons expiraient constamment résidus et poussière, leurs lèvres fissurées étaient comblées par des cendres noires.
Cette ville était meurtrière. L'artiste grimaça lorsqu'elle vit au cou de l'enfant un tatouage qui l'avait condamné. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale ses mâchoires se serrèrent, un souvenir désagréable. Pour ne plus penser elle alla clore les rideaux, mais se ravisa lorsqu'elle aperçut le pont Zimbaro qui enjambait le fleuve passant au travers de la cité. Son eau était utilisée pour la production qui sortait des usines. Sa force en tous cas , on ne pouvait rien en faire d'autre, les scientifiques avaient essayés, en vain de purifier cette matière afin de la rendre potable. Mais leurs echecs succesifs laissaient à croire que la molécule qui la composait avait été modifiée. Par ailleurs, l'onde qui se précipitait sous ce dernier formait de gros bouillons sales, il n'était pas rare de voir flotter quelques cadavres d'automates, voitures, attelages et parfois même des corps humains. Abeelyn fût prise de nausées qui lui lacéraient le ventre. Elle dut faire de gros efforts afin pour refouler ce sentiment de dégoût profond. Cette fois elle ferma les tissus de velours préférant se concentrer sur les bruits urbains. Les rires enfantins sous le rideau aqueu, le pas régulier de l'attelage cuivré, Namida, son chant triste, sur le toit noir et abimé, sur le fleuve, sur les passants.
Elle devinait les ondulations circulaires de l'eau au contact des gouttelettes s'enfonçant dans l'onde noirâtre. On entendait depuis la voiture le vol lourd des oiseaux. Leurs ailes imprégnées de graisse avaient battaient laborieusement et parfois, les créatures mécaniques émettaient un piaillement à la rencontre d'un autre messager automate. On avait en effet créé de petits oiseaux au ventre creux, destinés à transporter différents courriers. On acheminait alors les lettres par voie aériennes. Les routes étant bien trop occupées par les taxis et véhicules en tous genres tractés par quelques créatures robotisées. Il était possible de payer ce service public en louant un oiseau mais certains préfèraient acheter leurs propres porteurs. Il n'était pas rare de voir l'Ordre réaliser multiples contrôles sur les créatures métalliques. On examinait la classe sociale assignée maître au par le biais de l'automate. Tout comme les pierres témoignant d'un rang particulier, on plaçait dans leurs yeux les minéraux correspondants. Ainsi, les oiseaux aux yeux de saphir ne subissaient jamais d'analyses. Personne n'en avait l'autorisation, la plus haute noblesse était la classe intouchable. Ceux qui subissaient le plus de vérifications étaient les automates aux prunelles ambrées.
Si c'était un service pratique, certains s'en servaient pour la contrebande, d'autrefois les faux-monnayeurs en usaient à certaines fins illégales. Les rumeurs couraient que certains gangs de la ville basse tentaient, par leur intermédiaire d'asseoir leur pouvoir et mener une révolte. Leurs moyens, pourtant limités, condamnaient la plupart à être démasqué et étaient sévèrement punis par la couronne et l'Ordre. La Lady se reporta sur sa respiration calme, régulière, elle sentait son corps épouser le mouvement de la voiture sautillant sur les pavés, elle ressentait dans ses jambes fines les vibrations de cette dernière jusqu'à l'arrêt net de ses roues sur les pierres taillées.
La voix écailleuse du meneur la tira de sa rêverie. Elle ouvrit les yeux lorsque ce dernier indiqua sa destination. Abeelyn passa sa capuche, puis, descendit élégamment de la voiture. Elle se posta à la hauteur du vieil homme le remercia chaleureusement d'un sourire. Le cocher moustachu le lui rendit, la salua à son tour de sa main écorchée par le travail et les années, enfin, d'un claquement de langue remit ses chevaux en marche. L'homme était découvert et l'on voyait au loin petit corps sauter à contretemps, il ne parvenait pas à suivre les mouvements de son attelage. La culpabilité se lût un instant sur le visage de la jeune femme qui contemplait ses mains lisses et douces.
Lentement, elle se tourna pour contempler la façade aux briques ocres de la maisons se présentant à elle. Un escalier de bois vernis menait à un petit porche sombre. Il offrait un petit espace sec tout en protégeant les lourdes portes de la bâtisse. Sur le coin à droite de la demeure et s'élevant sur deux étages, une tourelle translucide très appréciée par la peintre qui passait des heures à observer la rue déserte à son travers. Comme la clareté naturelle était peu présente, Abeelyn avait installé tout un jeu de miroirs, elle était alors l'une des maison les plus lumineuses de la métropole.
Une partie de son toit était en verre, ce qui faisait en son antre, un puit de lumière considérable. La peintre appréciait les miroirs, beaucoup de ses travaux les impliquaient. Par ailleurs, elle les avait disposé dans ses pièces afin qu'à chaque heure de la journée différents rayons colorés fuyaient sur les murs. Son atelier était alors en proie à de superbes nuances, elle en profitait pour réaliser des études de couleurs à différentes heures de la journée, afin de capturer les plus beaux instants sous des angles différents.
Ses pas la menèrent à la porte de sa demeure qui faisait l'angle de rue, juste sous son petit porche. Elle introduisit la clef dans la serrure qui émit un petit bruit lorsqu'elle l'inclina. La porte s'entrouvrit, Abeelyn pénétra alors dans une petite pièce accueillante, puis, referma soigneusement derrière elle, prenant garde à fermer le loquet.
Une fois dans le hall, la jeune femme déposa son chevalet contre le mur brun et se délesta de sa cape qu'elle pendit sur le portemanteau. La Dame était satisfaite d'observer le fait que la pluie ne l'avait pas souillée. Elle y avait soigneusement appliqué un vernis que lui avait proposé un marchand. De première apparence, un homme extrêmement étrange, il s'était finalement révélé être très professionnel et bon conseiller. Elle observa longtemps son antre déserte. Il régnait dans la pièce une atmosphère chaleureuse. Une tendre lumière rougeâtre se diffusait dans la maison. Ses grands yeux gris se posèrent successivement sur chaque recoin du petit salon. La Lady jeta un coup d'œil furtif sur ces derniers travaux qui s'amoncelaient au fond de la pièce. La demeure tout entière respirait l'huile et l'acrylique qui séchaient doucement, cette délicieuse odeur lui emplit les poumons. Elle prit une grande bouffée d'air expira doucement puis sorti du hall pour se placer sur sa droite face à la fenêtre qui donnait sur l'extérieur. Au-dehors, la pluie avait redoublé et s'écrasait violemment contre les carreaux, projetant de minuscules particules noires tout autour de la zone d'impact, l'onde éclatait au contact des tuiles rouges foncées des trois voisins pour s'écouler dans une gouttière et finissait sa course sur le trottoir.
L'artiste contempla longuement les flots sombres qui se glissaient entre les pavés de la petite rue. Le quartier était situé en périphérie, c'était un lieu calme et peu passant. Les logements étaient onéreux puisque prisés de la Haute le calme et la sérénité offerts par le quartier était très apprécié des nobles. Cette maison lui était revenue de droit, un héritage en somme. Son mécène lui avait offert l'immense privilège de posséder une serre adjacente à son habitation. Par ailleurs, c'était la pièce préférée de la peintre. Aussi secrète que dangereuse.
Elle se reposait longuement auprès des plantes qui lui demandaient soin et attention. C'était le seul lieu où elle pouvait apercevoir des végétaux. Il lui avait été très ardu de se procurer plusieurs espèces de plantations rares. Elle avait dû dérober des graines dans les appartements royaux. Le dernier endroit où étaient conservées les ultimes représentations de ces espèces. Elle avait souhaité faire appel aux chefs des caravanes de ravitaillement dans l'espoir de trouver d'autres plans, mais ses appels étaient restés sans réponse. Le contact avec eux avait été impossible à établir. Malgré tout, son amour pour les végétaux leur avait permis de s'épanouir dans l'immense serre de verre. Sa propriété était protégée de grandes palissades et le toit de sa serre dissimulé sous des planches afin que personne ne doute de son secret. Si elle était protégée par la couronne, tout ceci aurait pu lui couter cher et nuire à la réputation de la souveraine. Voilà pourquoi elle prenait garde à ne rien dévoiler de ce lieux enchanteur.
Au sein de la cité, les formes de vies végétales avaient disparu. Il n'était alors que poussière cendres, fumées, pierres et métaux. Abeelyn s'en retourna vers le centre de la pièce; observa sur sa droite sa petite cuisine aux teintes bordeaux. Sur sa gauche deux immense fenêtres aux rideaux d'un rouge sombre qui donnaient à la pièce cet aspect lumineux. Ceux-ci filtraient la lumière dirigée par les miroirs suspendus tout autour. En face d'elle, la porte qui menait à sa serre privée. Elle se trouvait sous les escaliers qui menaient à sa chambre à la salle de bain et à son atelier.
Alors que la jeune femme se dirigeait lentement vers son havre de paix, un son sourd la surprit soudainement. Son corps se figea instentanément. Elle aurait reconnu l'oiseau qui tapait à son carreau entre mille. Frémissante, elle ouvrit gracieusement sa fenêtre et laissa l'oiseau de métal s'introduire gracieusement à l'interieur. Ses yeux de saphir la toisèrent curieusement. La petite créature sautillait sur le rebord en piaillant gaiement. Il déploya ses courtes ailes et vînt se poser dans le creux des mains qui l'accueillirent chalereusement. Cette dernière ferma la fenêtre puis, caressa délicatement le petit crâne blanc, son oiseau ferma les yeux de plaisir. Il plongea ses prunelles profondes dans celles de sa maîtresse et se logea dans le creux de son cou après lui avoir donné sa précieuse cargaison. Abeelyn chérissait cet automate merveilleux, il était un cadeau de son amie, sa reine quand elles étaient encore enfant. Elle l'avait fait faire sur le modèle d'un shima enaga, un minuscule oiseau à l'apparence cotoneuse, fragile et délicate. Les animaux étaient chimères, sinon des légendes, lointains rêves dont ne survivaient que de vagues écrits entre l'illusion et le souvenir manuscrit. Les deux petites filles qui avaient accès à la bibliothèque royale avaient pu accéder à quelques encyclopédies avant qu'il ne soit décidé quels ouvrages devaient être brûlés. La petite l'avait tout de suite adopté. Il fût la seule créature à vivre à ses côtés.
«–Ange, de qui me viens tu ? »
La belle ne parvint pas à masquer son étonnement puisqu'elle se souvenant pas lui avoir demandé d'accomplir quelques tâches. Le petit automate posa sur elle un regard protecteur puis, ferma les yeux, se rapprochant de sa maîtresse plus possible. La peintre sentait les petites pattes de son compagnon se déplacer sur son épaule jusqu'à trouver position confortable. Son message en main, elle alla se poser sur son fauteuil de velours. Le petit mot était fermé d'un cachet de cire qui lui était très familier, ses pupilles se rétractaient immédiatement à sa vue. Elle ouvrit cette minuscule lettre d'aluminium, fine, encore enroulée et découvrit les quelques mots qui y étaient inscrits. Les caractères gravés étaient élégants elle devina que l'on avait écrit à la plume. Lorsqu'elle lut les quelques phrases elle y resta impassible.
« Ce Fou est tombé
Celui-ci doit être libéré »
Abeelyn se leva de son siège, inscrit furtivement un horaire sur un morceau de papier vierge, le confia à son petit oiseau qui connaissait déjà la destination et qui, s'en fût, voletant gracieusement entre les gouttes épaisses et lourdes.
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Message par Dellgerenn » 25 Déc 2018 19:30

Oï ! \o/

Je peux jouer le rôle de taon relecteur·ice si tu le souhaites ! :3
Je n'ai lu que quelques phrases mais ça a l'air chouette et c'est déjà super bien écrit.

Bonne continuation !
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Message par Pan » 25 Déc 2018 19:53

Hello!! Oh ce serait merveilleux, j'accepte avec joie! merci infiniment!
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Message par Reïna » 25 Déc 2018 20:00

Je viens de finir de lire et wouah :o

Je suis totalement sous le charme, j'adore ♥

Tu comptes écrire la suite et le publier ?
Spoiler: show
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Message par Pan » 27 Déc 2018 09:31

Chapitre 2 La Reine sans Roi
Spoiler: show
Une voiture se présenta discrètement au domicile de Lady Ackermann à quatre heure précises. Cela faisait douze minutes et quarante deux secondes que la jeune femme contemplait le cadrant de sa montre. Les aiguilles trottaient de manière régulière. La silhouette s'était parée d'une longue cape lisse et patientait dans le petit salon. Il flottait dans la maison la paisible atmosphère nocturne qui pesait encore sur les toits des maisons endormies. Adossée à un mur, contemplant le ciel sombre depuis sa tourelle cristalline, Abeelyn soupira, consciente du fait que jamais elle ne saurait percevoir l'astre nocturne que les poètes décrivaient dans les vieux livres. Elle l'imaginait rond, épinglé dans le ciel, veillant sur la cité assoupie. Ses mains étaient gantées et sous sa cape, un long manteau noir, la capuche ainsi posée sur son visage ne laissait plus rien paraître d'elle. Elle était une ombre et se fondait dans la nuit.
Nul ne pouvait la reconnaître ainsi vêtue. Elle était une femme des plus prudentes puisque exposée à de grands dangers. C'est pourquoi, elle prenait garde à bien varier les cocher à chaque escapade et souvent donnait des lieux de rendez-vous différent. Ainsi, nul ne pouvait retracer ses allées venues, excepté si le personnage en question la suivait constamment. Elle laissa la voiture patienter au-dehors durant presque six minutes afin de ne point paraître trop pressée. Lorsqu'elle estima que l'attelage avait assez attendu, elle se décida à sortir de la demeure par la porte à l'arrière depuis la serre. Elle dissimula habilement sous sa large cape, une besace de cuir. Celle-ci lui était trop précieuse et, elle ne parvenait pas à s'en défaire. Son pas félin épousait le sol à la perfection, de sorte que cette délicatesse absorbait chaque bruit. Elle s'en fût discrètement, prenant une ruelle adjacente afin d'aller à la rencontre de la voiture qui, ne pouvait avoir connaissance de la résidence appartenant à la passagère nocturne.
La pénombre semblait étouffer tous les sons, ici, rien d'autre que le silence. Profond, immortel. Il engloutissait les pas, les souffles, glaçait les âmes et les corps. D'un pas sûr, l'ombre capé passa sous un lampadaire diffusant une lueur jaune sale. Elle vacillait. L'ombre de la jeune femme s'étirait sur le sol trempé. La pluie tombait toujours, inlassablement mais son chant monotone avait été englouti par la splendeur de la nuit. S'approchant discrètement de la voiture attelée à un unique cheval métallique, elle intima ordre muet au meneur tout en lui tendant une note où était écrite une adresse. Elle l'avait accompagné d'une bourse de cuir. L'homme soupesa le sac, sur sa main gantée ruisselaient en cascade la pluie, qui, s'écrasaient sur les cloisons fines du véhicule. D'un geste bref, il invita sa passagère à prendre place. Elle ne se fit pas prier et gravit les deux marches qui la menèrent au ventre de la voiture. Elle referma la porte sur elle, s'assit au fond du lieu étroit et peu confortable. Si ses voyages diurnes requéraient des conditions luxueuses, la nuit, lors ses escapades elle préférait les véhicules de fortune afin de ne pas être repéré. Le cocher joua de ses guides et le vieil automate se mit en marche avec difficulté. Ses articulations rouillées, altérées par les températures, la pollution, la pluie, grinçaient sous son pas laborieux. La voiture ne se risqua pas à prendre le trot, puisque bruyant dans une si étroite ruelle où chaque son résonne. Le mot d'ordre était discrétion, or, accélérer la cadence venait à s'attirer le regard.
La carriole délabrée évoluait dans les ruelles sombres, au rythme d'un pas soutenu. On apercevait au-dehors la lumière jaunâtre des lampadaires qui formaient un halo sur les trottoirs désertés. La dame patientait dans la voiture. Ayant passé la nuit à préparer excursion, elle n'avait pu s'accorder un moment de repos et elle somnolait, luttant contre l'endormissement. Elle chercha à s'occuper l'esprit afin de ne pas sombrer.
Abeelyn palpa son collier, observant les veines bleues pâles prisonnières du saphir. La lady se souvenait encore parfaitement du jour où elle avait reçu ce pendentif. Il était le témoin de son lien indestructible avec la couronne, ce qui lui procurait multiples devoirs et privilèges. Si elle n'avait jamais désiré ce rang, sa loyauté envers la reine était sans faille. La noblesse qu'elle avait reçue avec ce titre, plus que du respect, lui avait attiré la jalousie, la haine, le mépris. Elle n'hésitait pas à jouir de ses droits. Très souvent accompagnée de la souveraine, elle se rendait à la bibliothèque. La lecture était un savoir précieux est désormais très peu de gens le possédait. Les livres étaient rares, la quasi totalité avait été détruite. Ceux qui avaient eu le privilège d'y échapper étaient interdits d'accès ou dissimulés, jalousement gardés par des lieux impénétrables. Quelques ouvrages demeuraient dans la bibliothèque qu'Honora s'efforçait encore de protéger. La noblesse, plutôt que la lecture s'adonnait à des activités moins intellectuelles, les classes basses ne recevaient pas d'éducation et par conséquent n'avaient pas appris à lire, à ce jour, seuls quelques particuliers et la royauté possédaient les rares écrits restant. L'édition, l'écriture, la reliure étaient des activités qui avaient disparu pour le plus grand regret de certains et ce, depuis une éternité. Ceux qui avaient fait le choix d'écrire devait se cacher et faire parvenir leurs œuvres par le marché noir. Activité soutenue par les Ombres. Il leur arrivaient de placer sous leur protection des écrivains nobles en échange de savoir. L'Ordre estimait que ces activités n'avaient pas leur place et pire, étaient nuisibles au bon fonctionnement de la société. La couronne ne pouvant s'opposer à cette décision avait tout de même fait conserver les livres ce qui, certes déplaisait à celui-ci, mais avait été accepté afin de ne pas créer un conflit.
Bien qu'à l'abri de Namida, la froideur du lieu la pétrifiait, lui donnant l'impression que l'eau s'infiltrait dans ses vêtements. L'endroit était humide et peu accueillant. Elle avait certes quelques appréhensions à se rendre au lieu de rendez-vous, malgré tout elle espérait que le voyage durerait pas trop longtemps puisque très mal à l'aise. Elle tentait de ne rien laisser paraître à son mal-être ses doigts crispés sur la pierre bleue sombre trahissaient son impatience. Les pressions de la pulpe de ses doigts fins sur le bijou témoignaient de la tension du lieu. Elle se reprit bien vite abandonnant son collier pour se reporter sur sa montre à gousset. Ses yeux se posèrent sur la danse hypnotique des aiguilles qui la calmèrent instantanément. Elle observait une à unes les courbes délicates des chiffres inscrits en noir sur le cadran. Son pouce caressait le verre , les rebords dorés de la montre. La referma machinalement et la rangea dans une poche contre sa poitrine. Ils n'étaient plus très loin à présent.
Ce chemin, elle le connaissait par cœur tant elle l'avait emprunté. Par simple souci de sécurité, elle prenait garde à ne jamais passer deux fois de suite par le même itinéraire. La Lady avait une connaissance si pointue concernant la ville qu'elle pouvait retrouver son chemin à l'opposé du lieu convoités initialement. Ses seules lacunes orientationnelles étant la Souricière et les Hypnophages en périphérie, ne l'handicapaient pas, elle ne s'y rendait jamais, craignant pour sa vie. Les nobles n'étaient pas appréciés là bas, ni dans ces clans, ni dans les autres qui, n'étaient même pas répertoriés. Cependant, dans la part qui lui était accessible elle aurait pu aisément se rendre dans n'importe quel recoin, même les yeux clos malgré les semaines de marches que cela aurait exigé. C'était une manière de se rassurer. Les yeux portés sur l’extérieur, elle songeait au morceau d'aluminium gravé qui lui était parvenu. Bien sûr à la dernière réunion, cela avait été prévu. Elle savait que ce genre de chose était inévitable. Pourtant elle n'en avait jamais été réellement satisfaite. Elle s'inclinait face aux décisions, étant consciente de leur nécessité. En les rencontrant, elle savait que les sacrifices seraient nombreux. En choisissant cette voie elle les avait acceptés. Abeelyn l'avait compris et en ferait si la décision venait à s'imposer. Cela faisait déjà quelques mois qu'elle œuvrait avec eux pour le bien de tous. Bien évidemment la lady aurait préféré travailler seule. Malheureusement pour une œuvre d'une telle ampleur, pour une telle organisation elle avait bien vite comprit qu'il faudrait trouver des alliés en cette entreprise délicate. Ils l'avaient contactée d'eux même. Estimant sans doute qu'une femme influente de si haut rang jouerait un rôle moteur indispensable. Elle avait un peu tardé à leur faire parvenir sa réponse, souhaitant leur montrer qu'elle n'était pas facilement manipulable. Tout de suite, Lady Ackermann avait donc posé ses conditions s'en étaient suivi de longues négociations pour trouver un commun accord puis, il avait été convenu qu'elle œuvrerait dans l'ombre à leurs cotés. L'idée ne lui plaisait toujours pas, simplement elle ne pouvait plus reculer. De plus, c'était la voie qu'elle avait toujours choisie et elle n'abandonnerait pas. Elle rythmait sa réflexion sur la mélodie monotone de l'eau éclatée sur le toit. Elle espérait que sa demande eut été acceptée estimant que cette action leur serait très utile dans un futur proche.
Depuis son siège, elle parvenait à sentir le cheval, son meneur, le contact direct des guides avec la bouche de l'automate, son pas fatigués, l'encolure métallique se balançant régulièrement accompagnant un souffle laborieux. De l'intérieur, parvint l'odeur acre et amère engendrée par le DullSteam que l'homme avait porté à ses lèvres usés, aux narines délicates de la Dame. Instantanément, à la première bouffée, le meneur fut prit d'une terrible quinte toux qui ébranla tout son corps maigre. La secousse se propagea à tout le véhicule. L'homme n'en était certainement pas à sa première tige de tabac et son corps le lui faisait regretter. Il payait toutes ces années où il avait fait subir à ses poumons la fumée toxique des minéraux.
Mais était-il possible de blâmer qui que ce soit après tout? La vie misérable qu'il avait-eu n'avait pas pu le dissuader de s'empoisonner. C'était sans doute pour certains un choix de mort lente, moins douloureuse et certaine. Un gouffre béant dans lequel on se précipitait doucement.
Aucune émotion ne transparut sur le visage froid de la passagère lorsqu'une seconde vague de toux secoua la voiture.
Elle ne disait rien. Attendait seulement. Seule. Que la voiture s'immobilise. Que ce monde change peut-être.
Ce fût la fin du voyage, les roues crissèrent sur le sol humide. Au dehors, sous la lueur terne d'un lampadaire, une silhouette au parapluie. Droite, stoïque. Elle ouvrit la porte de la voiture et tendit sa main droite en direction de la voyageuse qui posa dans la paume gantée de l'ombre, sa main nue et délicate un peu à contre cœur.
Elle descendit gracieusement et se réfugia sous le parapluie qui lui offrait sa protection. D'un simple geste de la main, l'épaisse silhouette intima au cocher l'ordre de s'en aller, ce qu'il fit sans plus tarder, lançant au trot l'automate fatigué accompagnant de sa toux grasse le pas rapide de son coursier.
L'inconnu se posta face à Abeelyn puis, exécutant une courbette tout en se décoiffant de son haut de forme noir, la salua.
"Je vous souhaite la bienvenue à cette nouvelle réunion, ma chère O'Clock. Il marqua un temps d'arrêt,
"Toujours aussi ponctuelle n'est ce pas? Vous m'en voyez ravi. Grinça l'étrange personnage, un sourire carnassier suspendu sur ses lèvres.
-Si fait. Rien ne vous échappe Hershell. Jamais je n'aurai terni ma réputation. Ainsi donc, ne tardons pas. Il serait stupide de les faire attendre." répliqua la Lady à l'attention de l'élégant portier.
Il régnait une atmosphère étrange dans cette ruelle dévastée. Les murs délabrés dégoulinaient d'eau sale, de colle ainsi que des restes d'affiches délabrées. La vermine fuyait sous la pluie, cherchant un abri. Certaines portes et fenêtres alentours étaient condamnées, les ouvertures couvertes de planches clouée avec négligence. Bâtiments désaffectés ou abandonnés, sans doute.
Abeelyn grimaça.
"Vous êtes ravissante ce soir. Lança l'individu au long manteau noir à l'attention de celle qui marchait à ses cotés.
N'ayant aucunement l'intention de lui répondre, la jeune femme lui emboita le pas sans poser sur lui aucun regard.
Il poursuivit, désignant de la main une porte sombre.
-Par ici je vous prie"
Sa main gantée frappa six fois, à une cadence bien particulière sur la porte. Cette dernière s'entrouvrit sur le visage d'une femme aux yeux verts, luisants dans la nuit, ces derniers étaient encadrés de larges traits noirs qui les faisaient ressortir dans l'obscurité.
Ses lèvres roses restèrent immobiles, son regard glacé croisa celui de l'artiste qui, l'était tout autant.
La lourde porte s'ouvrir finalement et ils s'engouffrèrent dans l'étrange lieu.
La celle-ci se referma sur eux. La sentinelle disparut dans l'ombre alors que les deux jeunes gens se frayaient un chemin vers la salle principale de leur repaire. Les murs couverts d'un bois pourri conservaient le peu de chaleur qui existait encore ici. Sur ce dernier reposaient des débris humides, vaguement colorés. Des ambres lumineuses avaient étés accrochées aux murs, les pierres scintillaient, projetant leurs douce lueur sur le sol noir.
Le plafond était bas, l'eau qui s'infiltrait par le toit, retombait sur le sol en flaques poisseuses, les boiseries n'étaient plus étanches et laissaient les intempéries détériorer plus encore le peu qu'il restait du lieux lugubre.
Bientôt, l'étroit couloir qu'ils avaient emprunté déboucha sur une porte s'ouvrant sur la salle du lieu de rendez-vous. L'air y était plus rare, la surface devait se situer à environ deux mètres s'il l'on en croyait la senteur humide et étouffante.
Un homme à l'âge avancé et au teint brun se leva dignement. Il était au centre de l'assemblée q placée de manière circulaire. Tout était très lumineux, les visages, tirés, usés, étaient éclairés, presque saturés par la vive lumière orange qui émanait des pierres incandescentes.
L'homme dressé au centre inclina la tête, il fut imité par tous les autres. Sa longue moustache blanche, étincelant de propreté frétilla lorsqu'il ouvrit la bouche pour parler.
Sur son crane chauve se reflétaient quelques formes circulaires oranges et lumineuses.
"O'clock, Hershell, nous vous attendions. Soyez les bienvenus, prenez place. Avait lancé le vieillard à l'attention des derniers protagonistes.
-Je vous remercie Lord Saphed. Articula poliment la jeune femme qui accompagna sa parole d'une gracieuse révérence. Elle salua silencieusement les trois autres membres constituant l'assemblée et prit place sur le siège vide qui lui était attribué à la gauche du maître attribué aux cérémonie.
-Salutations ma Reine, puissiez vous jouer à nos côtés longtemps encore. Murmura le prénommé Hershell avec un profond respect, à l'intention du maître. Abeelyn tiqua une énième fois à cette appellation qui lui déplaisait. Il n'était pas sa reine et ne méritait pas à ses yeux ce titre unique.
Hershell se plaça aux cotés de la Lady qui ne broncha pas lorsqu'elle sentit sur ses épaules se poser un regard insistant.
-Bien. Nous allons pouvoir commencer cette réunion. Je déclare ouverte l'assemblée."
Hershell se découvrit, laissant son imposant chapeau sur le bord de la table ainsi que ses gants noirs qui prirent d'étranges formes une fois revenus à leur état de cuir sans plus d'utilité. La lumière des lampes semblaient voyager sur les courbes de ces derniers
Ses mains métisses étaient mouchetées de blanc, le dos de sa main brune était parsemée de multiples taches délicates et élégantes. Son visage était lui aussi marbré d'une couleur blanche, son menton tranchait avec la teinte brune de sa peau, son œil droit était cernée d'un superbe éclat qui s'étendait sur sa tempe et sa joue. Quand au coté gauche, lui aussi était saupoudré d'une élégante dépigmentation. On eut cru un maquillage tant cela semblait irréel. Chaque parcelle de chair était une découverte merveilleuse. Les yeux semblaient voguer au gré des frontières colorées, à la recherche d'un lieu ou fixer le regard qui, se noyait sans cesses sur l'écume brune semblant se déposer pour mourir aux abords des frontières plus claires qui tranchaient avec cette teinte semi-sombre. Cette peau métisse, douce et veloutée était en proie à d'étranges éclaboussures. On devinait aisément que tout son corps devait en être maculé. Abeelyn les observait discrètement. Elle semblait apprécier cette peau si particulière aux teintes multiples, aléatoires, désordonnées et pourtant si belles.
Les prunelles grises de la Dame gravirent la gorge découverte et fine de l'individu mystérieux, son regard se posa sur les pommettes lisses, jaspées de superbes couleurs variant entre le brun sombre et le blanc.
Sentant sur lui un regard insistant, de surprise, Hershell tressaillit, plongeant ses yeux dans ceux de la curieuse qui baissa instantanément ses prunelles perçantes. Elle ne pe pouvait soutenir son regard vairon composé d'un œil de braise, l'extérieur étant orange profond à l'intérieur tirant sur une teinte jaune enchanteresse. On eut cru une pierre d'ambre dans laquelle était figée une profonde pupille. Sur son iris dansaient les flammes rouge orangées, s'entremêlant délicatement. Sa prunelle droite était quand à elle d'un brun sombre, il s'y reflétait la chaleur des pierres de feu suspendues aux murs. En ses yeux se miroitaient la pâleur des matinées brumeuses, le vol mécanique supportant les automates contre le plafond gris. Ils semblaient capter chaque détail du monde, absorbant la lumière s'émanant de chaque lieu. Il était agréable de s'y noyer un instant pour y lire les pensées vaporeuses et s'égarer, espérant désespérément déceler quelques étranges souvenirs.
Un fin sourire se dévoila sur les lèvres de l'homme lorsqu'il surprit la jeune femme qui s'était retourné vers l'assemblé instantanément, fixant au loin son regard froid, dénué d'émotions.

"Comme vous le savez le Gouverneur Elijah Stanley a basculé, c'est pourquoi, cette assemblée si pressante. Je vous remercie d'être présents. Il balaya machinalement de ses yeux jaunes et vitreux ceux qu'il considérait comme ses sujets.
Avant de reprendre sa phrase, il jeta un regard bref à Hershell.
-Le travail à été correctement exécuté, il n'y aura pas de suite, ni bavures.
Il y eut un silence de quelques secondes, puis, les membres constituant l'assemblée, tête basse, le regard fermé, prononcèrent à l'unisson d'une voix presque mystique, une étrange phrase, résonnant entre les pierres humides. "Daankon Syanka"
Les paroles encrées dans le crane de la Dame se répétaient inlassablement, comme une terrible et macabre comptine, comme un serment, un marquage, à vie. Au fer rouge. Elle savait que jamais elle n'oublierait cette sentence, si dramatique soit-elle, car cette dernière la rattraperait. Où qu'elle soit, où qu'elle aille. Elle la suivrait toujours. C'était comme le symbole de son appartenance au groupe, un baptême malsain qui l'accompagnerait sa vie durant. Rien ni personne ne pourrait l'en délivrer. Il était de ces engagements que l'on ne pouvait bafouer, renier. Son sang était désormais souillé, il lui fallait l'accepter à défaut d'en faire de sa personne une partie intégrale.
Un silence se fût un court instant alors que la triste rengaine se rejouait dans la mémoire d'Abeelyn.
Pourtant, La Reine mit fin à son supplice, la tirant de ses songes d'une voix monotone et pressante.

"Votre rapport mon cher Eliott à propos de votre tâche? Il s'adressa à un jeune homme de moins de seize ans avec toute la froideur dont il était capable.
Le jeune ne se laissa pas déstabiliser pour autant, et d'une voix assurée lui répondit sur un ton neutre;
-Je n'ai pu obtenir aucune information aux quartiers des Hypnophages. Je crains que la Souricière soit plus discrète encore... Mais j'ai bon espoir en la Haute. Ils sont si aliénés par leur abus de substence qu'ils ne se méfieront même pas. L'inconvénient restera Namida. En ces temps ils restent calfeutrés dans leurs manoirs. J'ai choisi un salon public, plutot bien fréquenté et m'y rendrai à plusieurs horaires espacés. Les serveurs n'y verront rien d'étrange.
-Je vois que tu as appris de tes erreurs. Bien. Ta mère avait raison.
A ces mots, apparut une expression étrange sur le visage du garçon. Une étrange fierté mêlée à une profonde tristesse. Il lança un regard reconnaissant à son interlocuteur qui reprit;
-Tu fera un excellent membre une fois ton apprentissage achevé. L'homme enchaîna
-Quand à vous Evelyn. Quel est votre rapport?
La créature à laquelle il s'était adressé s'apparentait plus à une chimère qu'à un véritable être humain. Un sourire sauvage était suspendu à son visage glacial, il n'exprimait rien d'autre que la cruauté. Ses dents jaunes luisaient à l'éclat orangé des murs. Ses longs cheveux roux, ondulés retombaient avec légèreté sur ses épaules carrées. Elle avait taillé ses oreilles en pointe, les plaies encore rouges supposaient à croire que la mutilation était récente. Une large balafre divisait son visage depuis la droite de son front jusqu'à sa lèvre supérieure, sur la gauche, rendant ses expressions plus viles encore. Ses yeux vert émeraude se plantèrent dans le regard de la Reine.
Un ricanement malsain s'échappa d'entre ses crocs aiguisés.
Sa posture détachée, presque indécente témoignait de son désintérêt pour la conversation. L'Ombre se contenta de jeter au chef de cérémonie une petite bourse de cuir noir synthétique qui retomba lourdement sur la table de bois en un gémissement sourd. L'objet s'affaissa, amorti par la chose molle que contenait le sac.
Les mains sèches, fripées où pullulaient les crevasses se refermèrent sur le trésor. Ses doigts secs saisirent les lanières du petit sac, il vérifia son intérieur, sembla satisfait et entreposa ce dernier dans un coffre scellé derrière son siège.
-Je vous félicite pour cette nouvelle réussite. Railla La Reine, un sourire narquois à ses lèvres gercées. Quand à votre sœur?
La grimace de la femme s'élargit. Elle répliqua, exécutant une révérence moqueuse
-Enfin, Ma Reine, vous me décevez. Il me semblait que vous aviez pourtant connaissance des exigences quand à sa manière de travailler...
Résigné, l'intéressé acquiesça et se tourna vers le dernier membre.
-J'espère que cette fois tu auras de bonnes nouvelles Edmund. Nous sommes tous fatigués de tes échecs successifs.
Tous les regards se rivèrent sur l'homme d'une trentaine d'année. S'il semblait faible, on devinait à ses yeux que sa force psychique avait été altérée par le meurtre et la souffrance. Les larges cicatrices qui lacéraient son visage certifiaient des épreuves qu'il avait dû endurer. L'un de ses yeux avait été remplacé par un morceau de cuivre poli, adapté à son orbite. Il n'avait pas eu de quoi financer les soins pour obtenir un œil de verre, ce qui lui valait le surnom de "Monocle". Il portait de vieux habits rapiécés par endroits, sa voix rauque laissait à supposer son addiction pour le DullSteam. Malgré tout, le ton maussade, presque menaçant de son supérieur lui avait glacé le sang.
-Ma Reine, j'ai le regret de vous annoncer que la cible est hors de portée depuis hier à l'aube. Je n'ai pu agir comme nous avions convenu et, je vous prie de m'en excuser.
-C'est fâcheux Edmund. Très fâcheux. Souligna son interlocuteur qui ne laissa sur son visage, paraître ni déception, ni colère.
-Tu connais nos règles. Je n'ai rien d'autre à ajouter.
Evelyn pouffa doucement.
-Oui. Ma reine. L'individu se tût, le regard assombri, une mèche brune lui retombant sur son front métissé. Il bascula sa capuche sur son crâne, dissimulant dans l'ombre son visage, signe de honte.
-Veillez bien, tous garder un œil sur vos contacts. Un pion reste un pion, mais un humain demeure à jamais moins fiable. Et n'oubliez jamais qu'un sacrifice permet parfois de gagner la partie.
Tous acquiescèrent à cette remarque avisée. A la réflexion, il était vrai que dans certains quartiers de la ville basse, les "accidents" se multipliaient. Les Hommes tombaient comme des mouches. Là était la principale raison pour laquelle Lady Ackermann œuvrait toujours seule. Isolée de tout témoin et si elle avait reprit contact avec les Syankas, cela n'avait pas été chose aisée, leur existence était connue de peu, l'Ordre tentait depuis des années de les exterminer, ainsi, il fallait être discret, sous peine de détruire l'organisation. N'ayant pas répondu à leur invitation, elle s'était d'abord attiré leurs foudres. Seulement, elle était trop utile pour être laissée de côté, u éliminée. Sa nécéssité lui offrait une place des plus enviables au même titre qu'Hershell. C'était aussi une immunité prolongée qui n'était pas négligeable en ces temps. Il lui avait fallu prouver sa valeur pour être admise au sein du groupe à défaut d'obtenir leur confiance, en effet, tous portaient un pseudonyme afin de préserver son identité, la peintre en avait choisi un. Malheureusement, compte tenu de sa notoriété, il était évident que cela ne la couvrait pas. Pourtant, cela la rassurait. Abeelyn ne faisait partie de ce groupe que par intérêt personnel, il lui avait fallu faire des concessions afin d'être plus forte. Voilà tout. Une voix la sortit de ses pensées.
-Avez-vous obtenu l'accord de la couronne O'Clock? Questionna La Reine à l'attention de la peintre.
-Son billet scellé m'est parvenu il y a de cela huit jours à présent. Répliqua la jeune femme d'un ton froid.
-Comme convenu, vous prétexterez l'étude de la chair. Ainsi que...
Abeelyn coupa net le représentant de l'assemblée:
-Mes instructions ont bien étés intégrées n'est-ce pas?
Il était aisé de deviner l'irritation profonde du vieil homme suite à ces propos qu'il jugeait insolent, malgré tout, le rang et la position qu'avait la jeune femme ne lui permettait pas de répliquer quoi que ce soit.
-Elles ont étés appliquées à la lettre. Lâchâ-t-il d'une voix froide.
-Quelle est la preuve de ce que vous avancez? Trancha la jeune femme
- H57-3P. Aile 7, numéro 2,45 a reçu ce que vous aviez commandé. Chrome est venu m'en informer ce matin même. Cela est fait.
-Fort bien. En cas d'échec, sachez que je considérerais cela comme une négligence de votre part. Vous serez les seuls responsables. Je quitterai alors vos rangs pour agir seule. J'imagine que cela est clair. J'ai la sainte horreur de réitérer mes dires. Informa la jeune femme d'un ton totalement désintéressé.
-C'est entendu. Maugréa l'homme visiblement agacé.
-Nous attendons de vous des résultats, ne nous décevez pas. Reprit le meneur
-Vous n'aurez pas à l'être si vous avez exécuté mes demandes à la lettre. Assura la jeune femme d'un air presque supérieur.
Un long silence se fît, brisé par les grincement des dents de celui qui dirigeait le cercle. Tous avaient les yeux rivés sur les duellistes attendant le résultat de cet affront à l'exception d'Hershell, qui, un sourire moqueur aux lèvres, jaugeait la situation avec un amusement malsain.
La Reine siffla, les pupilles rétractées poignardant l'insoumise de son regard perçant
-Fort bien ma chère. Je l'espère pour vous.
-Je crois que c'en est assez pour moi. Je n'ai plus lieu d'être ici, mon travail vient tout juste de commencer, il me faut prendre congé. Salutations chères Syankas. Et au revoir, je le crains."
Sur ce, avant de laisser le temps à son interlocuteur pour répliquer, elle se leva, se para dignement et s'en fut, la lumière glissant sur les pans vaporeux de sa cape sombre, faisant naître et mourir milles reflets sur le noble tissu.
Elle pouvait deviner les ricanements lointains de l'assassin au haut de forme. Pourtant, malgré son insolence, elle le savait tout comme elle en sécurité contrairement à Edmund. Il était une trop bonne pièce pour que l'on le sacrifie ou que l'on le brime.
Au loin, la voix de la Reine résonna entre les murs d'un ton sinistre.
"Souvenez vous. Vous êtes des Syankas. Plus rien n'a d'importance désormais. Celui qui faillit disparaît. Mais celui qui n'est plus demeurera. Allez. Et dans l'ombre, dans le néant, disparaissez"
La Dame n'avait jamais apprécié cette doctrine qui visait à la perte de l'identité. L'assassin n'était rien d'autre qu'une ombre. Noire. Plate. Sans nuance. Une ombre appartient à tout, à personne, elle n'est rien, mais à la fois, demeure en chacun. C'est ce qui faisait leur force. Force grande. Pourtant, fade.
Soudain, son corps fût prit d'un étrange sursaut. Une brève image du Gouverneur assassiné lui apparut. Elle s'était efforcé de ne pas y penser depuis que sa mort avait été planifiée. Elle n'avait pas opposé quelque avis. Son affection pour le personnage avait été sans bornes. Il avait été son précepteur lorsqu'elle était enfant. Malheureusement pour lui, ses agissement allaient à l'encontre de l'objectif visé par les assassins. Il avait fallu l'éliminer afin de laisser place nette. Ce choix, ce sacrifice, si ils l'avaient affecté profondément, elle était consciente de son importance capitale et ses sentiments n'avaient pas altéré sa décision.
Son décès lui avait été annoncé par le billet de l'étrange confrérie, mais également par la reine qui éprouvait pour l'homme une tendresse infinie. Il avait été son précepteur également et toute sa vie durant, elles avaient entretenu une relation épistolaire avec lui, les circonstances les ayant éloignés contre leur gré.
Abeelyn avait été conviée à sa sépulture qui avait lieu trois jours après le rassemblement hâtif. La Dame avait d'ailleurs été étonnée. Ce genre d'assemblée était d'ordinaire bien anticipé, afin de préserver une certaine sécurité, cette fois-ci pourtant, elle avait été convoquée le jour suivant le billet des Syankas.
Elle irait le cœur lourd aux adieux du défunt alors qu'elle avait indirectement participé à sa mort. L'assassin avait fait du bon travail. Ce qui la consolait, c'est qu'il n'avait pas souffert. Son âme avait tout simplement quitté son corps alors que ce dernier était plongé dans la lecture d'un journal populaire.
Désormais, elle obéissait à une nouvelle règle: Seuls les morts se taisent. Celui-ci avait rejoint le rang des muets pour lui permettre d'avancer. C'était tout, il ne fallait plus considérer l'autre comme un humain mais comme une créature douée de parole et d'intelligence, en capacité de trahir . C'était seulement avec cette manière de vivre qu'Abeelyn avait pu évoluer dans ses recherches. La seule personne à qui elle avait entièrement donné sa confiance et qui lui permettait de conserver le peu d'humanité qui lui restait était sa véritable reine. Celle à qui elle aurait donné jusqu'à son existence.
Elle repensa alors sa future entrevue. Pour accéder au bâtiment privé, il lui avait fallu une autorisation de la couronne, que la reine n'avait pas hésité une seule seconde à lui donner, sachant que cela lui permettrait de progresser. Abeelyn lui avait confié le sujet de son travail, ce qui l'obsédait jusqu'à l'empêcher de vivre. Une fois l'espoir vif quand à atteindre son but, réanimé en elle, l'artiste avait travaillé plus dur encore. Elle considérait cela comme l'œuvre de sa vie, avait tout misé sur le fait d'obtenir des informations grâce à son entretient futur.
Les médias avaient bien essayé de lui faire avouer quels étaient ses plans, ils abandonnaient tous successivement.
Abeelyn équiesça un sourire narquois à la pensée de La Reine qui étaot naïvement persuadé que son infiltration n'avait que pour but de servir les Syankas. Certes, ils allaient dans le même sens qu'elle et elle ne négligerait pas ses obligations. Malgré tout, ses desseins étaient autre. La Lady espérait que l'on lui laisserait un certain temps afin qu'il lui soit possible de travailler avant que la confrérie la contacte à nouveau. Abeelyn savait que malgré tout, elle serait sujette à d'autres entrevues avec ce certain Hershell, il n'était pas rare de le rencontrer au croisement d'une rue, au détour d'un café, elle songeait au début à une filature afin de vérifier ses faits et gestes pour être certains que le nouveau membre ne trahirait pas La Reine. Hypothèse réfutée presque dans l'immédiat. La jeune femme avait connaissance de la manière dont le travail était exécuté. La discretion était de mise et ces rencontres hasardeuses n'avaient aucun lien avec la confrérie. Si Lord Saphed décidait de la faire uivre, il lui serait impossible de remarquer clairement sa présence. Celle-ci savait pertinemment que si l'on supposait un désir de surveillance, Hershell jamais n'aurait été détecté. Il était bien trop expérimenté pour cela.
La Dame se méfiait de lui, mais portait à ce dernier une attention particulière ainsi qqu'une étrange fascination.
Ses pas l'avaient mené à l'extérieur de la bâtisse. La pluie résonnait sur les vitres déjà sales des maisons adjacentes, laissant des traces noirâtres entre les pavés gris. Abeelyn consultta sa montre. Juste à l'heure. Comme prévu. Son cocher serait à deux rues, attendant sa venue, placé sur la droite, alors qu'elle viendrait de la ruelle arrière. Tant de précautions que beaucoup jugeraient ridicules et ne prendraient pas, mais c'était chez elle une habitude dont elle ne saurait se défaire.
Elle marchait de manière cadencée, sa cape noire se balançant sur ses épaules, lévitant au dessus de son dos. On n'entendait que peu les claquements de ses chaussures légères sur le sol glissant. Dans la rue retentissait la résonnance des gouttes s'éclatant sur les pierres, Abeelyn concentrée. Dans sa course, avait presque occulté la présence qui la talonnait depuis déjà de longues minutes.
Pourtant, à quelques mètres derrière, certains bruits juraient avec le paysage désert. Il semblait que l'eau se contentait de glisser sur un tissu en mouvement pour s'y imprégner, consciente que l'ombre serait invisible. Abeelyn se contenta de presser le pas, sans regarder derrière elle, consciente du danger que cette action aurait pu représenter.
Elle se posta devant le lieu de rendez-vous avec sa voiture qui tardait. Une vague d'angoisse la submergea, un frisson se glissa entre ses vertèbres, partant du bas de sa colonne, remontant jusqu' à la nuque, la Lady restait stoïque, patientant dans la nuit. Elle remarqua bien vite que son poursuivant laissait une distance relativement grande entre eux, ce qui la sécurisa: Elle n'était pas en danger. Il pouvait regarder tant qu'il voulait. Cela ne l'importunait pas. La présence pesa sur ses épaules sans se montrer jusqu' à ce que la Dame disparaisse dans son moyen de transport qui quitta le quartier. Elle ne tenta pas de se retourner pour espérer apercevoir l'ombre qui l'avait suivi, sachant pertinemment que sa course s'était arrêté à la venue du véhicule. De plus, pourquoi chercher à découvrir une identité lorsque l'on la connaît déjà? Son inquiétude se dissipa vaguement.
Dans la voiture qui sautillait sur le pavé, l'artiste n'eut pas même besoin de vérifier où était placée l'aiguille sur le cadrant pour susurrer doucement dans la calèche de fortune:
"Juste à l'heure"
I'm loyal as a god damn mutt. Wich doesn't mean I will folow your tracks through the end of time, I'mnot scared of losing you. I value your compagny and I existed before you, I will after too.
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Message par Marcheval » 27 Déc 2018 17:40

Oui, tu as posté la suite *-* J'aime beaucoup ton histoire et franchement, bravo pour ta persévérance à écrire ! Autant de pages Word, ce n'est pas rien Image J'espère que je pourrai acheter ton livre en librairie bientôt !
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Marcheval
 
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Message par Pan » 05 Jan 2019 17:24

merci!! j'espère qu'il finira par y être! et chapitre trois!
Chapitre 3 Reflets et fragments

Spoiler: show
Malgré l'obscurité, les ombres ne semblaient guère affecter son aisance à se diriger dans la délicate bâtisse qu'était sa modeste demeure. Passé une certaine heure, Abeelyn ne s'autorisait plus à user de l'électricité depuis le couvre feu qui avait été imposé à la population par soucis d'économie. Seule la population de la Haute pouvait en faire usage, cependant, nombre d'entre eux tenaient à respecter les règles imposées à tous, non par solidarité mais par crainte d'être réprimandé par la Souricière. Il n'était pas rare de voir surgir quelques rebellions, quelques actions au sein de la ville Haute par quelques miséreux.
Abeelyn évoluait dans son petit manoir aux allures oniriques, comme une aile d'un château sortie tout droit d'un rêve lointain. Les ombres projetées sur les murs formaient d'étranges chimères parfois menaçantes, ou bienveillantes. La clarté de la lune (si cette dernière jamais n'était visible) à certaines heures de la nuit, parvenait à transpercer les nuages noirs de suie afin de donner à l'immense ville un statut merveilleux. La lueur bleue qui semblait s'agripper à la robe de la Dame dansait, procurant au tissus brun une illusion vacillant entre le brun noir et un bleu indigo, qui selon le mouvement, se métamorphosait en un bleu profond et lumineux.
A l'étage, alors que la Lady se rendait à sa chambre, son reflet apparût sur chaque mur, projetant alors une silhouette irréelle sur tous les coin de la pièce. Malgré ces apparitions soudaines, la jeune femme resta de marbre, et, d'un mouvement mécanique, tira les rideaux de velours afin de cacher les miroirs. C'était là l'un des outils des plus utiles à son travail artistique, elle pouvait capter la lumière naturelle de l'extérieur se reflétant sur chaque paroi pour apporter à la peintre un sujet éclairé de toutes parts. C'est par cette astuce qu'il lui était permis de réaliser ces toiles si dérangeantes dénuées d'ombres. Elle pouvait également par ce mécanisme n'apporter qu'une source lumineuse, elle devenait ainsi maîtresse de son œuvre.
Malheureusement, elle ne pouvait en bénéficier uniquement durant la Sèche. Si Namida lui apportait un cadre intéressant qu'elle aimait développer, il n'y avait pas d'autres lumières que la nocturne. La peintre travaillait assez peu de nuit puisque souvent, il lui fallait réserver cette heure en compagnie des Syankas. Quelques fois, elle s'installait donc à la clarté de la nuit afin de réaliser une toile nocturne délicate, simplement, ces précieux instants se raréfiaient.
Un délicat battement d'ailes retentit, un bruit assez aigu de rouages qui s'entrechoquent résonnait sur les murs, pour finir engloutis dans les rideaux de velours. Sur le bois constituant la rambarde des escaliers sombres, le cliquetis de griffes métalliques vînt se taire. Abeelyn inclina alors sa tête et plongea son regard dans les prunelles de l'oiseau. Un léger sourire se dessina sur son visage, il semblait innocent. Presque enfantin. La petite tête de l'automate s'inclinait rapidement, s'apparentant au réel mouvement cassé, déstructuré d'un oiseau. Une main se tendit vers la petite créature, l'invitant à se poser dans sa paume ouverte, accueillante.
La Lady caressa délicatement, d'un doigt fin, le cou de la petite créature qui frissonna de plaisir, ouvrant ses ailes, les faisant légèrement pivoter. Puis, au bout d'un certain temps, sa vivacité se fut plus absente, les yeux d'Ange eurent beaucoup de mal à rester ouverts, les paupières nacrées de l'oiseau se clorent finalement, ses ailes se replièrent en un bruit métallique doux, et l'animal s'effondra dans la main de sa maîtresse.
La première fois que son ami de métal s'était écroulé dans ses bras d'enfant, elle avait fondu en larmes dans la demeure royale, rien alors n'avait su la consoler. Le concepteur du jouet, excédé par les pleurs de l'enfant n'avait pas tardé à apparaître et lui avait sèchement demandé si "la jeune fille capricieuse qu'elle était voulait un autre automate plus performant que celui-ci comme il ne semblait pas lui convenir".
Ses yeux gris embués de larmes, son visage rougi sur lequel ruisselaient des perles salées, la petite referma ses mains sur l'oiseau comme pour le protéger et avait déclamé que rien ne remplacerait sa créature. Elle la croyait morte, et demeurait inconsolable. Les moustaches poivre sel du vieil homme s'étaient élégament courbées sous son sourire attendri. Il s'accroupit près de la petite au visage doux, pourtant abîmé par la peine, rehaussa sur son nez ses lunettes rondes et, d'un air victorieux, lui présenta un objet qui étonna la jeune Dame. Il attacha une petite clef argent à une chaine fine qu'il pendit au cou pur de la petite fille quelque peu réticente.
Il lui dit que cette clef était un trésor. Un trésor qui lui permettrait de rappeler son oiseau, même s'il semblait se laisser mourir. Il l'avait appelé Rakuen. Les yeux émerveillés d'Abeelyn se posèrent sur les doigts secs et ridés de l'adulte qui saisit doucement l'oiseau, déplia ses ailes et, à la base de celles-ci, introduisit dans la minuscule serrure l'étrange objet scintillant. Sa main parsemée de tâches rousses témoignant de son âge avancé, elles firent exécuter à cette clef quelques tours dans le dos de l'animal qui réactiva ses rouages. Il l'en retira, dissimula la serrure et laissa l'enfant voir son petit ange ouvrir les yeux, déplier sa voilure en faisant frétiller sa courte queue pour prendre son envol dans la pièce. L'homme fût remercié par le rire cristallin de la jeune Abeelyn observant son ami de métal retrouver toute sa vivacité. Elle se jeta dans les bras de celui qu'elle appela jusqu'à sa mort le "maître des clef".
Ce souvenir la fit frissonner.
Cette dernière se dirigea d'un pas lent vers sa chambre. La pièce était engloutie dans la pénombre, les chimères s'étendaient sur les murs endormis, il était venu le règne des fantômes et des créatures rôdant, rampant sur le monde. Leurs menaces sourdes planaient sur le temps, les meubles, les vies qui, leur échappaient dans le sommeil lourd et imperturbable.
Abeelyn ne les craignait plus. Ses années à les affronter l'avait endurcie, elle les avait apprivoisées, désormais. Même si cela lui avait coûté plus qu'une vie.
La lady observa son sanctuaire évasivement, étudiant chaque recoin de ce lieu qui était la continuité de sa propre existence. Elle lâcha un soupir épuisé, las, conservant en sa main son automate blanc. Épuisée, la jeune femme se laissa tomber sur son lit au centre de la pièce, Ange, toujours au creux de ses mains tendres et protectrices. Son doux visage tourné vers le plafond nuageux désespérément noir, Abeelyn se laissa porter à la rêverie, plongeant son esprit au plus loin, l'imagination traversant son plafond brun sur lequel dansaient les ombres noires au rythme des aiguilles, qui, se mouvaient, inlassablement, piégée par le verre et le temps.
Le monde n'était plus qu'un tableau. Terne, dénué se sens, de sensations, de spectateurs. La toile les avait engloutis. Un à un. Un gouffre béant dans lequel on se jetait. Une réalité hors du temps, des hommes, de la conscience elle-même. Les planches formaient d'étranges créatures par leurs veines sombres, noires, les nœuds ocres et ambrés inscrits dans le bois étouffaient l'existence.
Les Syankas. Désormais, chaque élément la menait à eux. Il lui était impossible de les oublier ne serait-ce qu'un instant.
Perdue dans ses songes, elle ne vît pas venir le sommeil qui la submergea, la noya sans qu'elle ne puisse lutter, engloutie dans les eaux noires et tumultueuses d'un univers qui ne cessait de s'étendre au delà des limites du temps.
Son corps frêle plongé dans la nuit offrait un spectacle pathétique, émettant gémissements, grognements réguliers alors que ses membres maigres se débattaient vainement sur le matelas portant des draps froissés, défaits par la lutte intérieur d'une poupée torturée. Son visage blanc se déformait, crispé par les étranges cris de la victime. La lutte dura plusieurs heures durant lesquelles la jeune Dame semblait en un état second. Son corps se stabilisa durant quelques minutes, couché sur le dos, les bras collé contre le tronc, les jambes fermées, tout comme son visage aux traits durs et épuisés.
La nuit avait été éprouvante. Les paupières frémirent quelques instants, puis, hésitantes, laissaient une fine ouverture à la pâle lueur du matin. Il était une ambiance étrange, puisque la pluie noire couvrait le ciel, s'abattait sur la ville, tout en laissant à l'aube une possibilité d'offrir aux habitants une lueur grise teintée d'orange. Les nuages s'ils obstruaient le ciel n'empêchaient pas l'ambiance matinale apaisante malgré la vie que chacun menait en ce lieu.
L'étrange lumière aveuglait la silhouette engourdie, floutant sa vision.
"Nouvel échec" La voix neutre de l'artiste brisa le silence reposant.
Sa main gauche saisit délicatement un carnet à la couverture de cuir sur une table de chevet à proximité du lit. Elle y inscrit à une ligne nouvelle cet "échec" puis, se mit à tourner les pages dans le sens inverse, contemplant tristement les feuilles emplies de gravures dorées avec cette même phrase manuscrite, à la calligraphie si parfaite "Nouvel échec" s'en suivait la date de ladite nuit.
Son oiseau blanc était sagement endormi sur un coussin de soie joliment décoré de fils or. Sa main délicate plongea sous son habit, retirant une clef. Fine, légère. Tout ce qu'il y avait de plus beau. Elle était son trésor. Elle était faite en argent, nacrée, au gré des lumières, sa couleur se dérobait, laissant la place à une autre, parfois des striures de multiples nuances apparaissaient sur son dos fragile et droit. Elle appréciait faire tourner cette merveille entre ses doigts fins.
Le maître des clefs. Son visage resurgît soudain.
Un homme d'une maigreur proportionnelle à sa petite taille, ses joues alors étaient creusées, mais les rides formées sur son visage qui suivait le temps ne faisaient qu’accroître son charme tendre de vieil homme. Son précepteur. Ce "fou". Un portait de cet homme. Ses moustaches poivre sel éclaboussées de rouge. Sans un mot, sans un bruit, ses lunettes rondes parfaitement ajustées sur son petit nez, elle devinait sa tenue aisément. Un costume noir, un col blanc, rehaussé d'un nœud papillon ébène, chaussé de cuire luisant. Il apportait à ses tenues un soin particulier. Même lorsqu'il était en atelier. Par ailleurs, elles n'en étaient que plus parfaites.
Ce "fou", ce "fou". Ce "fou" qui est tombé. Et Abeelyn n'avait rien fait pour l'en empêcher. Sa place au sein du gouvernement le contraignait à le faire tremper dans ces affaires qu'abhorraient les Syankas. Une cible influente, facile. C'était évident. Elle ne s'était même pas interposé, après tout, elle le savait déjà. Sa mort avait été rapide. C'était là sa seule consolation. De toute manière, pour ses projets, Abeelyn avait choisi d'aller jusqu'à tout sacrifier. Il était le but de sa vie. Après cela, elle pourrait disparaître, après cela, elle pourrait mourir. Le moindre obstacle obstruant son chemin serait abattu. Excepté sa véritable reine.
De toutes manières, elle plaçait en son nouvel espoir sinon une réussite, une grande avancé en son projet.
C'est pourquoi elle se leva, se dirigeant rapidement vers une armoire en bois, exessivement massive. Elle saisit un habit simple, avec lequel l'on pouvait se mouvoir aisément, sobre pour être dans la discrétion mais sans pourtant renier sa position sociale.
Elle avait donc opté pour un pantalon moulant, qui était orné de bandes de cuir brun, une chemise crème, épurée aux manches relevée aux avants bras afin de ne pas la gêner ainsi qu'un corset de tissu marron aux quelques reflets ambrés qui se fermaient sur l'avant par des bandes lisses.
Elle choisit une veste sombre, épousant parfaitement sa physionomie puis saisit son jabot de dentelle afin d'y accrocher son joyaux bleu. Affaires en main, elle alla d'un pas ferme hors de sa chambre ayant au préalable activé le renouvellement d'air. La ville produisait pour les plus aisés financièrement, des réserves d'air pur pour remplacer l'atmosphère usagée des citadins. La fabrique de purification coûtait une fortune mais en contrepartie fournissait à la Haute un oxygène renouvelé quotidiennement.
Il n'était pas rare, dans la rue de rencontrer nombreux individus portant un masque pour se protéger des vapeurs toxiques qui flottaient dans l'air. En général, ceci était réservé aux classes moyennes qui ne pouvaient se permettre de financer une opération permettant de vaquer sans ce masque (celle-ci avait pour but de placer dans la trachée un filtre que l'on changeait une fois par an chez un chirurgien agréé). Evidemment, ceux de la basse n'avaient que rarement les moyens d'effectuer l'opération, parfois même se procurer un masque relevait de l'impensable. Le poison s'infiltrait quotidiennement dans le corps jusqu'à créer une tumeur assassine. La victime, au stade final, une fois complètement infectée, suintait un liquide opaque, épais par ses orifices. On évacuait cela tant qu'on le pouvait encore, cependant, il en arrivait à boucher toutes les voies respiratoires dans le corps (néanmoins, plus le stade était avancé plus la toxine s'infiltrait dans les vaisseaux sanguins jusqu'au cerveau). Parfois, on n'en mourrait pas tout de suite, les plus chanceux succombaient par étouffement, les autres voyaient leur sens détruits avant de subir une longue agonie.
La Lady pénétra dans une salle exiguë, aux teintes plutôt sombres, toujours dans une gamme brun cuivré, néanmoins, les nombreuses sources de lumière éclairaient largement la petite pièce carrelée Les canalisations visibles serpentaient sur les murs couverts de carreaux lisses. Le cuivre luisait sous les lueurs des lampes.
Elle fit tomber sa robe, se dévêtît face à un miroir fonctionnel, la laissant observer son corps nu en une grimace mêlé de dégoût de routine et de mollesse. Il n'y avait à ses yeux rien de plus fade que ces formes lisses et blanches apparaissant dans le verre. Il n'y avait rien de plus ennuyeux à ses yeux que ce corps vide, dénué de tout sens esthétique.
Ses yeux gris se promenaient sur son reflet, en se concentrant, il était possible de percevoir des cernes, si non larges, étaient profondes. Lasse de cette vision, son regard descendit sur sa gorge, puis, son torse. Ses clavicules semblaient presque sortir de sa chair , néanmoins, elles étaient délicates, conservant un coté élégant, ses seins blancs étaient fermes, leur prison quotidienne ne leur laissait pas un instant de répit, toujours prisonniers d'une cage de tissus, ce qui les rendait douloureux. Abeelyn les palpa délicatement, son visage se tordit en une grimace disgracieuse, témoignant de la douleur aigüe.
Abeelyn, dégoûtée, abandonna cette observation de l'enveloppe corporelle immaculée.
Elle haïssait ce morceau de verre, mais au moins, lui, était honnête. On pouvait le haïr, pas le mépriser. Lui, avait la décence de tout révéler, en gardant le précieux silence. Résignée, la jeune femme abandonna cette vision d'écœurement, se baissa pour au sol, ramasser ses habits bruns qu'elle posa dans une bassine de cuivre dans laquelle stagnait un liquide vert menthe poisseux.
Régulièrement des bulles éclataient à la surface de la masse translucide. Une peau opaque s'était formée à la surface du bassin et suintait abondement. Machinalement, elle posa dessus le couvercle du contenant qui avait englouti les tissus.
Sur le rebord d'un évier, elle déposa sa pierre qu'elle fixa au jabot immédiatement, puis, d'un geste élégant, libera ses cheveux de l'étreinte que causait la ficelle noire les liant.
La jeune femme se dirigea alors sur la gauche, s'introduisit dans une baignoire d'un blanc crème et s'y laissa choir. Elle actionna alors le robinet de cuivre luisant qui, laissa s'échapper une pâte compacte bleue turquoise, légèrement plus fluide que celle qui se trouvait dans le bac ayant accueilli au préalable les habits de la Dame. Le bain fût empli en quelques minutes, elle s'y abandonna complètement, laissant l'espèce de pommade agir sur son être. Ses muscles se détendirent dans la tiédeur du bain. Elle clôt ses paupières profitant pleinement de cet instant de solitude et de calme. Son organisme tout entier paraissait en sommeil profond, toutes ses articulations engourdies, elle était tout a fait vulnérable, il lui semblait impossible d'effectuer le moindre mouvement.
Abeelyn, incapable de se mouvoir, resta quelques temps dans son bain à la température idéale pour ses muscles, puis, ses prunelles aux pupilles dilatées se découvrirent en un instant, dans un sursaut qui fit tressaillir son corps immergé.
Une fois encore, elle n'avait pas respecté la limite qu'elle s'était imposée. L'artiste mécontente, souffla d'exaspération, puis, sortit doucement de son bain qui retînt quelque peu son corps frêle. Elle détacha de sa peau les restes gélatineux aux origines disctutables, qui avaient durci, puis, s'enroula dans un tissu râpeux ayant pour effet de retirer les derniers résidus bleus. La lady se vêtit avec empressement, prenant soin de réaliser une coiffure convenable tout en étant pratique et fonctionnelle, en ramenant sa chevelure à l'arrière de son crane. A l'aide de larges mèches, elle réalisa diverses spirales délicates qu'elle fixa à l'aide discrètement sur les cotés de sa tête, de façon à ne laisser à l'arrière qu'une certaine longueur qu'elle employa pour réaliser un chignon. Elle acheva sa préparation sa préparation en se parant de sa cape noire, et sortit sous le porche, pour attendre sa voiture.
Namida accueillait la vie en planant sur l'ensemble citadin, cette dernière n'avait pas l'intention d'abandonner son poste et ce matin, une pluie drue s'abattait sur le pavé noir suie imbibé d'eau. Cette fois-ci, son véhicule était tracté par un immense cheval qui devait peser bien plus de trois tonnes, son garrot était placé à deux mètres du sol et sa carrure de titan surpassait tous les autres automates qu'elle avait pu observer jusque là. Les coulées noires soulignaient sa carrure imposante, les sabots de la bête à eux seuls devaient peser plus de 150 kilos chacun, on remarquait la multiplicité de métaux employés pour réaliser la créature dans un esthétisme difforme. Différents alliages composaient sa croupe puissante et ses épaules larges. Cette dernière était d'ailleurs bien plus basse que son avant-main ce qui le rendait plus effrayant encore. Il semblait couvert d'une fine couche de zinc afin de le protéger des intempéries.
Abeelyn soupira tout en contemplant ce monstre mécanique qui se dressait face à elle. Son ventre ronflait, grognait presque, une fumée incandescente s'échappait de sa tuyauterie luisante. Tout autour de lui flottait une vapeur grise et chaude qui floutait le paysage. Il était évident que l'animal avait été choisi pour ce trajet particulier. Impressionner la foule revenait à vouloir conjurer le mauvais sort, éloigner le mal. Superstition ridicule, cette crainte idiote planant sur la clinique.

"A t-il un nom? Questionna la peintre sans quitter la créature des yeux
-Hum, savez M'dame, on donne pas d'nom à un tas de ferraille...
-Je vois... Lâcha l'artiste déçue. Mais pour elle, l'animal deviendrait jument, Séléné, pour le croissant de lune qu'elle portait fièrement sur son poitrail. Sa Séléné.
-Allez, grimpez mzell Lady, z'allez être en retard."

En retard, bien sur que non, tout avait été calibré, presque à la seconde près, et sa marge d'erreur n'avait pas encore été enclenchée. Elle avait même du temps supplémentaire. Elle se résigna malgré tout et abandonna du regard le colosse merveilleux pour s'échapper à l'intérieur de la calèche.
Le Sanctuarium imposait sa présence à la frontière des deux parties de la ville. Assez loin du centre, il s'élevait sur plusieurs étages, si bien qu'il était impossible d'en voir le sommet, englouti par la fumée. Il était l'un des premiers établissement érigés lors de la construction de la cité, selon les rares sources... Si l'on se fiait à la position géographique des plus vieux bâtiments, on pouvait supposer que cet hôpital avait été construit en périphérie, le plus éloigné possible du centre dynamique.
Les "fous" n'étaient pas appréciés par la société, plutôt même vus comme une menace qu'il fallait mettre hors d'état de nuire. Ceux qui déraillaient étaient immédiatement envoyés à l'asile, cela touchait la population la plus commune qui amenait leurs malades là bas. Ceux de la basse étaient aussi victime. Les agents de l'Ordre envoyaient quelques patrouilles de jeune recrues qui allaient effectuer les tâces ingrates; elle consistait à répertorier tous les malades potentiels. Une liste était dressée, une fois tous les trois mois, des agents faisaient des descentes dans les rues. Ils les embarquaient et déportaient ces "nuisibles" à la clinique.
Une manière de "réguler la vermine" selon la Haute.
La façade autre fois si immaculée était désormais presque aussi sombre que le ciel, cependant, la couronne avait choisi d'investir dans le domaine médical. C'est pourquoi, des ouvriers commençaient à restaurer les épais murs en les nettoyant tout en ajoutant un produit particulier qui préservait les peintures de Namida.
Les fenêtres incrustées dans ces derniers étaient obstruées par des barreaux noirs, massifs, empêchant quiconque de s'échapper, ou de sauter, car en effet la hauteur n'aurait de toute façon pas permis aux patients de fuir. S'ils avaient pu s'extirper de leurs prisons, leur unique échappatoire était une mort certaine au moins dix mètres plus bas.
Les bureaux étaient en effet proches du sol afin de construire aux étages malsains, les chambres. Ou plutôt les cellules. Abeelyn s'était intéressée, il y a peu aux résidents de l'endroit. Espérant pouvoir y trouver de quoi avancer dans ses recherches, elle s'était empressé de demander à la couronne une autorisation afin de rencontrer quelqu'un. C'était l'un des Syankas qui l'avait prévenue qu'un individu pouvait être potentiellement intéressant pour eux, mais aussi pour elle, ainsi, la Lady avait accepté leur offre; celle de coopérer.
Cela faisait quelques mois qu'ils avaient planifié l'opération, afin d'optimiser leurs chances de réussite tout en préparant le terrain.
C'était pour Abeelyn l'occasion, peut-être, de réaliser enfin une percée dans ses recherches. Evoluer vers un résultat, une avancée, tant méritée. "Prétexter l'étude de la chair" ridicule. Elle ne travaille pas l'Homme. Un sujet fade, sans relief ni intérêt à son sens. L'humain est pathétique, pourquoi donc s'y intéresser? Pourquoi donc lui accorder l'immense honneur de l'immortalité sur une toile? Une créature capable de tant de bassesse, en proie à tant de passions ne méritait en aucun cas que l'on lui dédie une place de choix dans quelques visions artistiques. Un éphémère. Il cherche à gouverner le temps. Voilà pour quoi elle les méprisait tant. Comment un éphémère peut-il avoir ne serait-ce que l'impertinence de caresser ce rêve? Atteindre sa maîtrise, espérer l'immortalité? Une attitude pitoyable. Méprisable.
La voiture s'immobilisa à quelques mètres de là, une rue avant l'étrange bâtisse la coupant net dans sa réflexion. Les gens craignaient cet hôpital, les rumeurs circulant à son propos, n'aidaient en rien sa réputation déjà bien ternie par les années. Les coursiers n'acceptaient pas tous d'y amener des passagers et les rares qui prenaient la course exigeaient d'y mettre fin avant la destination exacte. Les "fantômes des fous" terrifiaient. Abeelyn régla son du et abandonna la belle Séléné en flattant son ventre chaud. Puis, baissant sa capuche sur son visage, s'en fût comme une ombre alors que dans son dos, un claquement de langue, le bruit de l'alliage au trot sur la pierre mouillée comblait le silence malsain qui régnait sur le lieu. Il n'y avait sur la petite place, pas une ombre, pas un pas ni une trace. Le silence. Simple. Triste, envahissant. Mauvais et cruel. La peur, la crainte, une aura détestable enveloppait l'endroit déserté de toute âme. Puis, la clinique, immense.
Rares étaient les visiteurs. La plupart de ceux qui y rentraient n'en ressortaient jamais. Ils étaient là pour soins. Les familles des malades ne les revoyaient jamais en dehors des murs de la "prison blanche" qui dévorait les âmes. Ce qui valait à la clinique le surnom d'Amout.
Capée de noir, le visage presque totalement couvert par l'ombre de la capuche, Abeelyn Ackermann se présenta à l'accueil de la clinique. Le jeune homme qui occupait le poste derrière son bureau blanc sale, sans lever les yeux de son journal, l'entendant approcher, marmonna mollement
"Déclinez votre identité: Nom, prénom, situation actuelle, position sociale et vos motivations."
Abeelyn, outrée par ce manque de considération, laissa tomber sa capuche, fouilla entre les pans de son habit et en sortit l'autorisation royale qu'elle présenta au nez de l'employé. Celui-ci réajusta ses lunettes au devant de ses yeux enfoncés et étudia la lettre. Le cachet royal le surprit, en lisant les inscriptions, il releva la tête, percevant le visage froid, impassible de la femme qui se tenait devant lui. Son regard se perdit dans le joyaux bleu encadré d'or.
Il bafouilla quelques excuses puis, fit appeler son supérieur à l'aide d'un téléphone cuivré posé sur le bureau.
Il articula ensuite à la visiteuse de rester à l'accueil en attendant l'arrivée du cadre attitré au service.
Un homme d'âge plus mûr, se présenta bientôt dans le hall illuminé par des néons fatigués.

"Lady Ackermann je présume? Salua l'homme en tendant sa main métissée rugueuse.
-Exact. Enchantée, monsieur...? elle laissa volontairement sa phrase en suspens tout en empoignant la main du médecin surpris.
-Professeur Harold Rajiv. Coupa l'homme souriant de ses dents blanches.
Il poursuivit.
-C'est un honneur pour moi de vous accueillir... Un instant je vous prie.
Il se dirigea à grand pas vers le bureau d'accueil et saisit la lettre royale des doigts du jeune homme.
Il dût avoir grand peine à lire les inscriptions gravées puisqu'il s'équipa de lunettes rondes sorties de la poche de sa blouse. Il recula la lettre, fronça les sourcils effectuant une grimace crispée.
Une fois les informations acquises, il s'en revînt vers la Lady.
-Bien, il semblerait que tout soit conforme. Il est indiqué que vous souhaitez voir la patiente immatriculée H57-3P-KB-2,45 n'est-ce pas? Les doigts râpeux et âgés du médecin trituraient nerveusement sa barbe poivre sel.
-C'est cela, oui.
-Hum, pour l'étude? Questionna l'homme curieux.
-Le dessin, en effet, je recherchais un model torturé pour percevoir le mouvement martyrisés, la crainte, la cruauté. Justifia la jeune femme.
-Je ne pense pas que cette patiente soit le sujet le plus pertinent qui soit... Disons qu'elle semble correspondre quelque peu, mais, voyez vous... fit son interlocuteur pensif.
-Qu'importe, c'est elle que je veux. Trancha immédiatement Abeelyn.
-Fort bien, c'est vous qui voyez.. Néanmoins... Il laissa sa phrase en suspens.
-Ecoutez, je me moque de ce que cela peut implique, je n'ai jamais cédé face à l'un de mes projets, or il se trouve être le plus important de ma carrière et je n'ai pas l'intention de l'abandonner.
Le visage du médecin s'illumina.
-Oh! Je vois! C'est donc ce travail mentionné dans le Nedleweek! Je serai ravi de vous apporter mon aide en ce cas!

Plus qu'atterrée par cette phrase, la Lady était profondément déçue. Elle ne pouvait admettre que ces idioties atterrissent dans les mains d'un scientifique, un professeur agréé, plus ou moins instruit...Le rubis éplingé sur sa blouse étincellait sous les lumières blanches, trop vives et aveuglantes, projetant ses facettes sur l'habit blanc. Il témoignait du rang élevé occupé par l'homme ce qui, étonnait la jeune artiste, outrée par la nouvelle.Le torchon que l'imbécile stupide faisait paraître ne pouvait être lu par un homme de science! A ce jour, elle ne connaissait pas meilleur moyen pour gaspiller son argent.
Abeelyn préféra répondre le plus naturellement du monde, c'était plus sage.
-C'est exact.
-Bien, vous devez alors apprendre plusieurs choses au sujet de la malade... Elle n'est pas des plus facile.
Abeelyn se garda bien de lui dire qu'elle possédait toutes les information dont elle nécessitait, au risque de faire s'écrouler l'opération.
-Professeur!
Une infirmière courut en direction du chef.
-Ezerbeth! Ne nous interrompez pas!
-Pardonnez je vous prie cette intrusion hâtive dans votre conversation, mais nous avons un problème de force C dans la chambre HG58, nous avons besoin de renfort dans l'immédiat! La femme d'âge mûr était paniquée, ses traits étaient tendus, un badge sur sa blouse indiquait son grade élevé qui témoignait de son expérience, ce qui lui donnait bien plus de poids que quelconque employé. Le rubis qui ornait son front, couronné d'arabesques argentées appuyait son influence indiscutable.
-Pardonnez moi Lady Ackermann, je vais vous fausser compagnie, faites demander l'auxiliaire Ells Wadhi, il était en charge de la patiente depuis plusieurs mois, il va bientôt quitter son poste, mais pourra vous renseigner presque mieux que moi, sur-ce, j'ai à faire."
Le professeur disparut, talonnant l'infirmière prise de panique et, en un court laps de temps disparut dans les couloirs infinis.
Ells. Sir Ells. Enfin, elle le rencontrait. Durant plusieurs semaines, elle avait, avec lui, entretenu une relation épistolaire au sujet de cette patiente.
Ells Wadhi, un autre pseudonyme. Chez les Syankas il est Kanohi. Il avait très certainement choisi un autre nom pour postuler en ces lieux, afin de conserver son identité auprès de la Lady et de tous.
Cette dernière s'en retourna au bureau de l'accueil pour demander le fameux Wadhi Ells. Son nom résonna dans tout l'établissement grâce aux haut-parleurs greffés aux plafonds, directement connectés aux micros.
Quelques minutes plus tard, apparut, devant elle, un homme noir en blouse hospitalière, néanmoins, celle-ci était différente des autres. Elle était noire. D'un noir le plus profond. Pour la dame, il était ardu de déceler ses yeux. Ces derniers avaient étés couverts de lentilles, ébènes également. Sa peau semblait avoir été couverte de suie.
La conversation de fut pas même engagée par quelques formules de politesse.

-Ecoutez, je n'ai plus beaucoup de temps... Vous savez ce qu'Il fait de "celui qui ressent"... Il se mordit la lèvre inferieure de nervosité tout en scrutant le sol.
-Mais d'abord, reprit l'Ombre, Chrome a t-il correctement donné les informations à notre Reine?
La Lady acquiesça.
Il murmura, pensif, pour lui même.
-Très bien. Alors peut-être cela me laissera t-il un peu de marge d'action...
-Pressons, Kanohi, nos existences sont comptées, vos dernières recommandations, s'il vous plait.
Le visage noir de l'Ombre se glaça en un instant.
-Vos yeux. Vos yeux... Ne les lui dévoilez jamais.
La lady pencha la tête sur le coté, un air interrogateur plaqué sur son visage froissé par l'incompréhension.
-Ecoutez, elle ne doit jamais les voir... Je vous en supplie.
-J'entends bien. Mais, pourquoi?
L'homme plongea ses yeux noirs de suie dans ceux de son interlocutrice qui sembla saisir immédiatement l'enjeu de la chose.
-Bien sur. Je comprends. Où puis-je trouver ces lentilles?
-Chrome. Allez voir Chrome.
-Bien. Consentit l'artiste
-Aussi, veillez à ne jamais ôter votre cape, à conserver votre capuche, de manière à ce qu'elle ne vous perçoive pas. Il se mordit l'intérieur de la joue comme pour s'assurer de ne pas dévoiler une information capitale.
-Une dernière chose. Sa réaction? Quelle était-elle?
Le corps de l'homme se figea
-Vous le saurez bien assez tôt. Sa voix était froide, sûr de lui, il poursuivit
-Je ne pourrai plus en prendre soin. C'est à vous que revient alors cette charge. Protégez là du monde extérieur. Libérez la de son propre monde.
-Daankon. Il n'y aura pas de revoir, n'est-ce pas?
-Non, My Lady. Daankon. Celui qui faillit disparaît. Mais celui qui n'est plus demeurera. Allez. Et dans l'ombre, dans le néant, disparaissez."

L'Ombre exécuta une noble révérence puis s'en fut, se clorent derrière son passage les lourdes portes de l'hôpital, laissant au préalable entrevoir les gouttes noires de Namida qui avait doublé de force et de férocité.
Elle connaissait son sort. Lui aussi. Et bientôt, l'Ombre n'aurait plus la lumière qui la faisait apparaître. C'était tout.
Soudain, elle prit conscience de ne pas lui avoir demandé quelle était la direction de la chambre. Agacée, elle voulut trouver quelqu'un capable de le lui indiquer puisqu'il était évident qu'elle ne pourrait jamais plus le rattraper ou le retrouver, mais effectuant un mouvement brusque, elle sentit un fin morceau d'alluminium, aussi tranchant qu'une lame, se froisser dans un pan de sa cape. Un sourire satisfait apparu sur son visage. Elle n'en attendait pas moins d'un Syanka.
Elle fouilla un instant dans son habit, décela le billet et le déplia.
Il y était inscrit le nom de celui qui la guiderait à la chambre. Au Sixième étage. Réservé à ceux qui étaient considérés comme dangers politiques, mais y étaient aussi enfermés ceux que l'on oubliait, que l'on voulait oublier. Trop fous pour être soignés. On les stockait là. En attendant qu'ils meurent. Seuls.
La jeune peintre rencontra son guide provisoire dans le hall principal, d'environ vingt-trois ans, l'infirmier conduisit la femme "aux appartements de la Vermine"
Ils empruntèrent un ascenseur qui les guida immédiatement au sixième étage. Ses portes s'ouvrirent sur un immense couloir, large et infini. L'architecture n'avait rien en commun avec le hall de la clinique.
Cet étage semblait encore assez bien tenu, ce qui était fort étonnant, étant donné le peu d'estime que l'on semblait avoir pour les "résidents" de ces chambres.
Suite à l'air interrogateur de la visiteuse, l'infirmier engagea une explication.

"Nous tenons à investir chaque année dans ces quartiers, on tient alors la sécurité à son maximum pour éviter quelques... Hum, disons accidents. Donc la clinique est rénovée aux frais de la couronne tous les trois ans, y comprit les parquets"
ils étaient en effet très lisses, luisant, visiblement, cirés récemment. Les murs étaient beige, lisses, froids, aux plafonds voûtes pendaient négligemment quelques néons qui éclairaient suffisamment le couloir où exaltait une infâme odeur de désinfectant mêlée à quelques produits médicaux. Les passages des infirmiers, s'ils étaient rares étaient pourtant présents, et, ils ne tardèrent pas à voir paraître une femme, bassine entre les mains. L'odeur de l'hémoglobine imprégnait ces couloirs. Aux patients trop agités, on faisait subir des saignées. En voyant passer sous ses yeux le récipient où se mouvait le liquide poisseux, la Lady eut un haut le cœur. Ce sang était souillé de drogues, médicaments qui lui donnait une teinte légèrement verdâtre, la senteur qu'il exhalait était tout bonnement insupportable. Abeelyn dût se forcer à retenir sa respiration de longues secondes alors qu'elle traversait, accompagnée de son guide, le couloir qui pourtant large, lui donnait l'impression qu'il se refermait sur elle. Comme un étau. Doucement. Certainement. Les numéros de cellules figuraient sur les portes et défilaient un à un. Une danse de matricules qui n'en finissait pas.
Alors qu'ils approchaient de la chambre la Dame sentit une boule se former sur son ventre. Dans sa gorge également. Une angoisse se propageait depuis le bas de sa colonne, zigzaguant entre ses vertèbres pour faire naitre en sa nuque un frisson désagréable. Elle ne ressentait aucune excitation à l'approche de cette rencontre. Un malaise serait le terme approprié. Néanmoins, elle avait choisi cette opportunité et comptait aller au bout de ce projet, dusse-t'il lui couter plus que des tours d'aiguilles.
"Nous y sommes; Annonça l'infirmier.
-Bien, laissez moi un instant pour ouvrir la porte. J'imagine que vous avez été prévenue? Vous serez seule, mais sans danger, la cellule est truffée de caméras, nous serons là en un instant s'il y avait un problème.
-Pour la première visite vous aurez une demi heure maximum. Passé ce délais, si vous n'êtes pas sortie, nous estimerons que vous rencontrez un problème avec la patiente. Et nous viendrons vous chercher. Au fait, le nettoyage n'a pas encore été effectué cette semaine, alors, soyez rassurée. Bien, je n'ai qu'à vous souhaiter une bonne entrevue, quoi que je ne comprenne pas ce que vous avez à faire avec une telle vermine.. Hum, et ne vous inquiétez pas, les Purificateurs s'occuperont d'elle si quoique ce soit se déroule mal. "
L'infirmer pivota la molette quelques instants, la porte matelassée de l'intérieure s'ouvrit en un crissement étouffé.
La lourde porte se referma derrière la Lady qui se sentit piégée dans la pièce immaculée, ce blanc l'aveuglait presque, c'est alors qu'elle leva les yeux. Sur le mur d'en face, des éclaboussures écarlates avaient étés projetées, sur le sol gisait une marre de sang. Dans un coin, scrutant passionnément ce rouge, une silhouette assise, sur sa peau, des plaques écailleuses, sur ses poignets, son corps, des bandages.
Sa carcasse étaient couverte de marques noires, striant son corps de cette sombre teinte contrastant avec le blanc de sa peau.
Ayant senti la présence, elle releva la tête, la pencha sur le coté gauche et interrogea à la femme capée mollement, dévoilant ses grands yeux d'un bleu lagon;
-Alors, c'est toi? Mon...Autre, moi?"
I'm loyal as a god damn mutt. Wich doesn't mean I will folow your tracks through the end of time, I'mnot scared of losing you. I value your compagny and I existed before you, I will after too.
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Pan
 
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