La fin de la semaine est passée plutôt vite, j’ai soigneusement évité Sasha et Connor. Nous sommes Vendredi, il est 15h, je suis à l’auditorium et c’est le moment des auditions.
— Bien tout le monde ! Asseyez-vous ! D’abord, bonjour à tous. Je suis Madame Julian, l’un des professeurs de français, c’est moi qui vais prendre en charge cette pièce de théâtre. Je vais appeler un par un les noms inscrits sur la liste. Tout ce que vous avez à faire en entendant le vôtre est de monter sur scène, répéter votre texte et retourner vous asseoir. Les résultats seront affichés lundi. Des questions ? Bien ! Alors commençons. Mademoiselle Johnson !
Les élèves passent un par un et je sens la pression monter. Mes traîtres d’amis sont assis trois rangs devant moi. Ils ont l’air plutôt détendus, ils chuchotent et rigolent.
— Mademoiselle Summers !
C’est le tour de Sasha. Elle se dirige vers la scène, sourire aux lèvres. Elle se place au milieu, sous le projecteur et se lance dans le monologue. Je la trouve très douée et ça semble plaire à Madame Julian. Puis, vient le tour de Connor. Lui aussi, joue très bien. Comparée à eux, je vais me ridiculiser.
Les minutes passent et les élèves défilent. Si je continue à stresser comme ça, je vais finir par faire un malaise.
Enfin, mon nom est prononcé. Je suis la dernière à passer. J’ai les jambes toutes tremblantes, à tel point que j’ai peur de m’effondrer. Je me dirige lentement vers la scène, monte les marches et me poste face au professeur et aux autres élèves. Je me racle la gorge et peine à faire sortir les mots de ma bouche :
— Q-que faire ? … Ô Dieu, viens-moi en aide. Quel choix difficile que … heu … celui entre …
— Kira, me coupe Mme Julian, je t’en prie calme-toi, respire un grand coup et surtout prend ton temps. Dès que tu es prête, recommence.
Je ferme les yeux, compte jusqu’à trois, prend une grande inspiration et reprend. C’est incroyable. D’un seul coup, tout le texte m’est revenu en mémoire, je ne tremble plus et je me sens même plutôt bien. A la fin de mon monologue, Mme Julian me remercie puis remercie tous les élèves et nous annonce la fin des auditions. Tout le monde quitte la salle. Je sors du lycée et m’apprête à rentrer chez moi quand je sens une main se poser sur mon épaule.
— Tu as été super. C’est peut-être toi en fin de compte qui décrochera le premier rôle. Quoi que, c’est impossible parce que j’ai été la meilleure mais sérieusement, tu t’en ai très bien sortie.
— Sasha, je n’ai pas envie de te parler. S’il te plaît, laisses-moi.
— Oh allez, tu ne vas pas me faire la tête pendant mille ans. Ce n’était pas si difficile et avoues que tu as trouvé ça amusant. Je voulais juste que tu essayes quelque chose de nouveau et que tu arrives à vaincre ta timidité, ne serais-ce qu’un petit peu.
Elle me fait une petite tête de chien battu et je vois bien qu’elle fait son possible pour s’empêcher de sourire. Ça lui fait une tête de psychopathe, comment résister à ça. Je ne peux pas m’empêcher de rire :
— Très bien, tu es pardonnée. Mais ne me refais jamais un coup pareil.
— C’est promis !
Elle me prend dans ses bras et c’est à ce moment que Connor nous rejoint.
— Je vois que ça va mieux les filles. Vous vous êtes réconciliées ?
— Oui ! Et pour fêter le retour de Kira, on va …
— Au Menqèt, on sait, dis-je en souriant.
Nous sommes tranquillement en train de siroter des jus de fruits à notre table habituelle quand Sean et deux de ses amis font irruption.
— Tiens, je l’avais oublié celui-là, grogne Connor.
— Mais qu’est-ce que tu as contre lui ? demande Sasha. Il ne t’a rien fait, que je sache. En plus, je compte sur toi pour m’aider à le séduire.
— Ah non ! Ne compte pas sur moi. Je ne vais pas t’aider à sortir avec un mec superficiel qui se prend pour une star, tu mérites mieux.
— Vous avez fini tous les deux ? intervins-je.
Je jette un coup d’œil vers Sean mais il ne prête pas attention à moi. Peut-être ne m’a-t-il pas vue. Je suis quand même étonnée qu’il n’est pas participé aux auditions, c’est une célébrité au lycée, il aurai attiré beaucoup de monde au spectacle en dehors des parents.
— Au fait Kira, tes amis ne te manquent pas trop en France ? demande Connor.
— Oui, c'est vrai, tu ne nous as jamais parlé de ta vie d'avant, précise Sasha.
Je prend quelques secondes pour réfléchir. Mes amis en France ? Comment leur dire que je n'en ai jamais eu ?
— Vous me connaissez, timide comme je suis, je ne me suis jamais fais d'amis. Mais ma vie d'avant me manque un peu quand même : ma maison d'enfance, la Bretagne, la campagne.
— Aucun ami ? Jamais ?
— Non Connor. Toi et Sasha, vous êtes mes premiers amis.
— Et les meilleurs en plus ! rajoute Sasha.
Nous passons deux heures à discuter (et Sasha à regarder Sean en coin) avant de rentrer chez nous.
Nous sommes lundi matin, je viens d’arriver au lycée. Il n’y a pratiquement personne devant l’établissement, c’est bizarre, les cours vont bientôt commencer pourtant. Je vois Connor qui accourt vers moi :
— Kira !
— Salut Connor. Comment tu vas ?
— Ça va très bien. Dépêches-toi, les résultats des auditions sont affichés.
— C’est pour ça qu’il n’y a personne dehors ?
— Oui, ils sont tous devant les affiches. Je n’ai pas encore vu qui a été pris. Allez, viens !
Il saisit ma main et m’entraîne à l’intérieur du bâtiment. Le couloir est bondé et tout le monde se bouscule. Nous nous frayons un passage et rejoignons Sasha qui, apparemment, a déjà réussi à passer. Elle n’a pas l’air très joyeuse.
— Salut Sasha. Tu vas bien ? Tu fais une drôle de tête, interroge-je.
— Oui, elle a raison. Qu’est-ce qui ne va pas ? renchéri Connor.
— Qu’est-ce qui ne va pas ? Je vais vous le dire moi ! Je n’ai pas le premier rôle !
— Comment c’est possible ? Tu étais la meilleure.
— Il faut croire que non Kira. Tu vois, c’est toi qui l’a obtenu.
— Pardon ? Non, non, non !
Je me tourne vers les affiches et je reste bloquée. Je n’y crois pas, elle a raison. J’ai le rôle principal et Sasha celui de ma femme de chambre, qui est aussi ma complice dans mon amour interdit. Un second rôle, pour Sasha, c’est la catastrophe ! Mais … dans le rôle de l’ouvrier … c’est Connor !
Tout d’un coup, je n’entends plus rien et tout autour de moi disparaît. Le monde semble s’écrouler. Je vais me retrouver sur scène, devant un tas de personnes avec un tas de répliques à dire. C’est un cauchemar ! Comment ai-je pu laisser Sasha m’embarquer là-dedans ? Je mettrai ma main à couper qu’elle aussi regrette son geste.
C’est Connor qui me tire de ma rêverie :
— Kira, ici la Terre !
— Excuses-moi, j’étais ailleurs. Tu disais ?
— Qu’on a perdu Sasha.
— Quoi ? Elle est où ?
— Elle a commencé à avoir les larmes aux yeux et elle a prit ses jambes à son cou.
— Il faut la retrouver ! On se sépare.
Nous partons chacun de notre côté et après avoir erré pendant plusieurs minutes, je la retrouve en larmes dans les toilettes des filles. Elle est assise par terre, les genoux serrés contre sa poitrine et un mouchoir à la main. Je ne vous parle même pas de son maquillage qui a coulé partout.
— Tu es là. On t’a cherché partout Connor et moi. Je vais le prévenir.
— Non ! Attends, reste avec moi s’il te plaît.
Je m’assois à côté d’elle et glisse un bras autour de ses épaules. Elle pose doucement sa tête contre moi.
— Je ne pensai pas qu’obtenir le premier rôle était aussi important pour toi. Si tu veux, on peut aller voir Mme Julian et lui demander d’échanger nos rôles ?
— Non, Kira. C’est toi qui l’as eu, pas moi. C’est qu’elle considère que tu es meilleure que moi et puis, elle n’acceptera jamais, hoquète-t-elle.
— C’est faux, je ne suis pas meilleure que toi et tu le sais. Je vais me ridiculiser, je suis beaucoup trop timide. Il me faudrait une transformation radicale pour me donner confiance en moi.
A ce moment, elle relève la tête et me regarde droit dans les yeux avec un large sourire. Je crois que je viens de dire une bêtise et que je vais le regretter tout le reste de ma scolarité.
— C’est ça ! s’exclame-t-elle. Il te faut une transformation et de la confiance ! Je vais m’occuper de toi, tu vas voir, tu seras méconnaissable ! Je serai un peu comme ta marraine la bonne fée, ton coach et ta styliste en même temps. Je vais commencer par te relooker, ensuite, on s’attaquera à ta garde-robe. Tu auras la totale : coiffeur, boutiques de luxe, manucu …
— Oh ! la coupe-je. A quel moment tu arrêtes de parler toute seule et tu me demandes mon avis ? Je disais ça pour plaisanter.
— Écoute, je suis déjà très déçue de ne pas avoir eu le rôle et ça me rend encore plus triste de savoir que tu vas probablement te ramasser et tout faire foirer.
— Merci ?
— Oh, le prend pas mal. Te transformer pour que tu puisses jouer correctement, c’est la seule contribution que je peux apporter à ce rôle qui me tiens à cœur et qui m’a filé entre les doigts.
Elle n’a pas tout à fait tort mais, d’un autre côté, si j’accepte ça va réellement bouleverser mon année. Elle me regarde avec insistance, pleine d’espoir. Je soupire profondément et fini par céder :
— Très bien ! J’accepte de devenir ton cobaye de relooking et de faire de toi mon coach en … confiance en soi ? Peu importe, mais je veux que tu me promettes de ne pas en faire des tonnes et d’éviter de me mettre dans l’embarras, d’accord ?
— Ne t’en fais pas ! me répond-t-elle avec un sourire qui en dit long.
Je sens que je vais très vite regretter.
Pour commencer, elle nous fait sécher les cours tout l’après-midi car, d’après elle, « un miracle, ça n’attend pas ». Je ne le prend pas très bien.
Elle me traîne chez le coiffeur, un salon aux couleurs grises claires et roses pâles qui sent bon le shampooing. Je m’assois sur l’un des sièges, devant un miroir, pendant que Sasha débat avec la coiffeuse afin de savoir quelle coiffure je vais avoir.
Environ dix minutes plus tard, elles s'approchent de moi et Sasha me prend dans ses bras :
— Je vais te laisser deux petites heures, le temps que la dame s’occupe de toi je vais aller sillonner les magasins. Tu vas voir, on t’a choisi une coupe et une couleur d’enfer ! Mais je te préviens, c’est un changement radical !
— Une couleur ? Un changement radical ? Attend, vous allez me faire quoi exactement ?
— Bon allez, je te laisse ! A tout à l’heure !
— Non ! Sasha ! Répond-moi !
Elle file à toute allure et me laisse plantée là, commençant un peu à paniquer.
Je fais un bond lorsque je sens une main sur mon épaule.
— Désolée, je ne voulais pas vous faire peur. Je m’appelle Trudy et c’est moi qui vais m’occuper de vos cheveux. Votre amie tient absolument à ce que cela reste une surprise jusqu’à la fin alors je vais recouvrir le miroir avec une serviette et vous ne découvrirez votre nouveau visage que dans deux heures environ.
— Dois-je m’inquiéter du choix de mon amie en ce qui concerne mes cheveux ?
— Je dois avouer que c’est très original mais non, ne vous en faites pas, ce sera très joli et ça vous ira à merveille.
Ce n’est pas la peine que je vous décrive ces deux heures longues et pénibles (surtout que je n’ai rien vu). Je vais directement passer au moment où Sasha revient.
Elle a les bras chargés de sacs. Je me demande comment elle a pu acheter autant de vêtements en seulement deux heures.
Enfin bref ! Le moment fatidique est arrivé, je vais découvrir ma nouvelle tête.
Je suis postée devant le miroir recouvert, assise au cas où je tombe dans les pommes. Sasha et Trudy sont derrière moi. Cette dernière s’approche du miroir, saisit la serviette et la retire d’un coup sec en criant :
— Tadam !
J’ai le souffle coupé. Je n’arrive même pas à me reconnaître. Quand Sasha m’avait dit que ce serai un changement radical, elle ne plaisantait pas ! Je suis un peu choquée, je dois l’admettre. Quand je pense que je vais devoir aller au lycée avec cette tête dorénavant.
Je suis là, bouche bée, ne sachant pas quoi dire. Je regarde les filles dans le miroir, elles affichent un large sourire et semblent satisfaites.
Si je vous dis que j’ai désormais un dégradé de couleur qui part de châtains foncé aux racines et termine blond platine aux pointes, vous me croyez ? Parce que, honnêtement, je m’attends encore à me réveiller en sursaut.
Sauf que ce n’est pas un mauvais rêve. Je suis réellement blonde ! La couleur est choquante, certes, mais la coiffure est vraiment fabuleuse ! Trudy n’a coupé que les pointes, j’ai donc les cheveux toujours aussi longs. Elle les a bouclés et m’a faite une mèche qui part du côté gauche de ma tête et qui se rabat du côté droit. Je trouve le rendu vraiment très beau et, à force de me regarder, je commence déjà à m’habituer à la couleur et retrouve enfin le don de la parole :
— C’est surprenant et très différent.
Non mais sans rire, Kira, tu n’as pas mieux à dire ?
— Mais j’aime beaucoup !
En tout cas, Sasha est plus que ravie :
— Je te trouve vraiment magnifique comme ça ! Fini la Kira discrète, avec cette coupe, tout le monde va te regarder !
Sans rire ?
— Merci beaucoup Trudy, continue-t-elle, c’est très réussi !
Nous sortons du salon et je me sens bien, très bien même. Je rêvasse en pensant à comment ma vie va changer avec ce nouveau look mais c’est sans compter sur Sasha qui n’a absolument pas l’intention de s’arrêter à mes cheveux. Elle m’attrape la main, sourit, me regarde droit dans les yeux et me dit :
— Et maintenant, shopping !
Elle m'entraîne dans une dizaine de boutiques et me fait faire des essayages pendant trois heures. TROIS HEURES ! J’ai aussi le droit à l’épilation des sourcils chez une esthéticienne. Je n’en peux plus !
Résultat des achats : cinq robes de soirée, sept jeans, deux pulls, quatre paires de chaussures (toutes à talons, évidemment), six tops, trois maillots de bain, huit ensembles de lingerie fine, trois shorts, trois jupes, quatre sacs à main, trois paires de boucles d’oreille, deux colliers, un bracelet, cinq vernis, tout un tas de produits cosmétiques et de maquillage, etc, etc, etc, etc !
Je suis exténuée, les bras chargés de sacs, les pieds en compote et je n’ai qu’une envie : rentrer chez moi et me jeter dans mon lit ! Je prie pour que Sasha n’ai pas une nouvelle idée.
— Tu as l’air complètement morte ma pauvre, lance-t-elle. Il ne nous reste qu’une dernière petite chose à faire et, ne t’en fais pas, ce n’est pas fatiguant et même plutôt agréable. Après ça, c’est promis, je te laisse tranquille.
Après moins de dix minutes de marche, nous nous installons dans des fauteuils blancs hyper confortables, les mains de part et d’autre. C'est parti pour une manucure.
Le salon est vraiment très joli et très simple à la fois. Les murs sont de couleur rose pâle et le sol est recouvert d’un carrelage blanc éclatant. La pièce dans laquelle nous nous trouvons, ne contient que des fauteuils et quelques plantes disposées un peu partout, c’est vraiment agréable. Sasha et moi sommes installées côte à côte et nous en profitons pour nous reposer et discuter.
— Au fait Sasha, depuis que tu nous as annoncé que Sean serait ta proie de cette année, tu n’as encore rien fait pour tenter de l’attirer dans tes filets.
— Je sais bien mais il y a eu ces auditions puis ton relooking alors j’ai laissé un peu de côté mais, ne t’en fais pas, je compte bien me rattraper dès demain !
— Comment comptes-tu t’y prendre ?
— Et bien, je vais commencer par l’arrivée spectaculaire que j’ai prévue pour nous demain matin et ensuite, j’improviserai.
— De quelle arrivée tu parles ?
— Tu verras, c’est une surprise, me dit-elle en me faisant un clin d’œil.
Ça y est, je m’inquiète !
— Et toi alors ? poursuit-elle. Tu en es où avec Connor ?
— Connor ? Nul part, pourquoi ?
— Ne me dis pas que tu n’as pas remarqué.
— Qu’aurai-je dû remarquer ?
— Son regard lorsqu’il le pose sur toi, sa nervosité lorsqu’il te parle, sa jalousie lorsque Sean est dans le coin et j’en passe !
— Si, bien sûr, j’avais remarqué mais je n’y avais pas vraiment prêté attention.
— Et maintenant que j’ai attiré ton attention là-dessus, qu’en penses-tu ?
— Je ne sais pas. Il est très gentil et plutôt mignon mais je ne le connais pas encore assez.
Elle me regarde en remuant les sourcils de haut en bas. Nous rions de bon cœur.
La séance se termine aux alentours de 19h et Sasha me libère enfin. Je rentre aussitôt me coucher.
Le lendemain matin, je me lève et descend à la cuisine pour mon petit déjeuner.
Devinez qui je trouve assise et m’attends ? Oui, vous l’avez deviné, Sasha !
— Enfin debout marmotte !
— Qu'est-ce que tu fais là ? Comment t'es entrée ?
— C'était pas fermé. Allez hop hop ! Suis-moi dans ta salle de bain.
Elle ne me laisse pas le choix, me fait monter les marches et me pousse dans ma chambre. Son regard se fige, elle regarde au pied de mon lit avant de se ressaisir et faire comme si elle n'avait rien vu. Je m'approche et remarque un cadre photo par terre, un peu caché sous mon lit. Je le saisis et dis :
— Qu'est-ce que c'est que cette photo ?
— Elle n'est pas à toi ?
— Non, ça ne me dit rien.
Je pose toute souriante aux côtés d'une jeune fille, blonde et très jolie. Je suis bouche bée. Comment ai-je pu prendre une photo avec une parfaite inconnue ? Et surtout, pourquoi je ne m'en souviens pas ?
— Bref ! dit Sasha en saisissant le cadre et en le mettant dans le tiroir de ma table de nuit. Pas de temps à perdre !
Elle m'entraîne dans la salle de bain et ferme la porte.
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