-Qui es-tu? Jappa le Lunaris
-Je suis ta reine.
Dame Nature ouvrit les yeux, la respiration haletante, les yeux incrustés de sang. Elle avait encore fait un cauchemar. Elle se voyait, torturer des gens qui n'avaient rien demander, leur infliger les pires souffrances tout ça pour le plaisir. Elle se voyait en rire, s'en délecter. Elle détestait voir ça. Elle se détestait. La Flamiris se leva, s'éveillant doucement dans son arbre, chassant tous ses mauvais rêves à coup de pensées positives. Elle avait dormi dans sa cabane perchée dans le chêne culminant de la forêt. Sa bâtisse était faite de lianes et de branches nouées entres elles. Une petite bricole réalisée rapidement grâce à son don. Elle marcha un peu, les branches craquèrent légèrement sous son poids, alors elle se concentra et les renforça.
La protectrice de la forêt, décidée à se levée du bon pieds avait plongé son cauchemar dans les méandres de ses souvenirs. Dame Nature avait ensuite écouté les arbres qui semblaient calmes en ce matin de Printemps. Aucun intrus dans ses bois, aucun ennemi, aucune menace. Donc tout allait bien! Elle s'envolait pour aller cueillir des fruits lorsque l'un des plus vieux chênes de la forêt l'appela. Inquiète, elle fonça alors vers le point que désignait le végétal, se servant de la canopée pour planer ou aller sauter de branches en branches, de sorte à aller plus vite. Le vieux chêne décrivant l'individu comme dangereux, "sûrement un habitant du village voisin qui venait couper du bois!" disait-il. Dame Nature n'hésita pas. Elle activa son pouvoir à distance pour ligoter l'individu avec de grandes lianes qui le serraient aux niveaux de ses quatre pattes. Pendant qu'elle avançait, en son fort intérieur, une petite voie monta;
-Les habitants de Renarhim sont vraiment impolis!
Elle s'orienta de nouveau lorsqu'elle entendit la plainte d'un arbre qui avait peur de prendre un coup de hache dans le tronc. L'intrus qui était paralysé se débattait fortement et la Flamiris ne tiendrait plus longtemps ses lianes. Elle fonça vers le sol ses ailes repliées contre ses flanc puis, juste avant de toucher de toucher le sol, les déplia, ce qui la fit se stopper net. Elle n'eut qu'à poser ses membres sur le sol et à avancer vers l'agresseur pour se rendre compte qu'il n'était qu'un petit Lunaris qui n'aurait pas la force de tuer une mouche. Elle jeta à la poubelles toutes ses idées de punitions dans un souffle fatigué et desserra ses liens. Prenant tout de même soin d'attraper la hache. Le Lunaris n'était qu'un louveteau d'à peine un an -soit 7 ans âge humain- et il n'était clairement pas une menace. Elle le libéra et entama la conversation;
Que fais-tu par ici? Tu ne devrais pas être avec tes parents? Ou tes amis? Tu t'es perdu?
-Bonjour! Je suis Sun, je vis dans le village voisin! Ne vous en faites pas, je ne suis pas perdu! Je viens chercher du bois pour le feu! L'hiver n'est pas encore totalement partit chez nous et j'ai été désigné par les habitants pour aller chercher de quoi nous chauffer!
-Et bien! C'est très ingrat de te demander une telle tâche à ton âge! Tu veux de l'aide? Plutôt que de prendre des branches d'arbres vivants, prends d'arbres morts. Elles seront plus sèches et feront de meilleurs combustibles!
-Merci pour les indications! D'ailleurs, si j'ai été désigné c'est parce que je n'ai pas peur de vous. Au village, tout le monde vous craint, vous et vos pouvoirs...
-Ha bon? et toi tu n'as pas peur?
-Non! Moi je suis sûr que au fond vous êtes gentille! Vous défendez juste votre territoire au final, un peu comme nous les Lunaris. En plus, vous n'êtes qu'une créature, pas un dieu!
Elle rigola doucement et discuta encore un peu avec le gamin, de tout et de rien. Ils récoltèrent du bois ensemble et au fur et à mesure qu'ils travaillaient ensemble, la Flamiris se rendit qu'ils se ressemblaient. Sun semblait aimer la nature, du moins assez pour braver tous les dangers, il était lui aussi courageux et serviable et elle se sentit tellement mal à l'aise de cet accueil déplorable, qu'elle fit pousser des arbre qu'il put couper malgré la douleur qu'elle endurait à chaque nouveau coup de hache. Après avoir récoltés les brindilles au sol, couper les arbres fraîchement nés, elle lui indiqua un endroit ou il pourrait s rendre régulièrement chercher du bois. Le tombeau de la forêt -zone ou étaient placés tous les arbres morts qu'elle avait dû déraciné ou qui après leur mort desséchaient-, un endroit inflammable qui devait être débarrassé de toutes ses vieilles souches sèches. C'était un lieu dangereux éloigné de la forêt que la Flamiris avait volontairement éloigné des bois pour éviter les incendies! Elle était ravie de s'en débarrasser, elle rendait service et on lui rendait la pareil!
Sun partit en fin d'après-midi, elle lui fit de grands au revoir en tournoyant au dessus des cimes des arbres, joignant à tous ses gestes de grands saluts avec ses pattes. Le dos du Lunaris, chargé de bois, avançait doucement dans les hautes herbes de Renarhim sous les yeux chaleureux de la gardienne. Elle donna l'ordre aux herbes de s'écarter, et ainsi, le louveteau eut un chemin bien plus sûr jusqu'à son village.
Le lendemain, la Flamiris était de bonne humeur. Ses rencontres de la veille l'avaient emplies de joie, elle n'avait pas fait un seul cauchemar cette nuit et elle se sentait prête à ne punir personne aujourd'hui, prenant congé de ses devoirs pour une matinée! Elle voulait prendre un bon bain de Soleil et donc, se dirigea vers une clairière où coulait un ruisseau d'eau pure et régulier. L'herbe verte et fraîche ondulait au gré du vent et ou elle appréciait dormir, nichée dans un hamac dont les extrémités solidement liées à deux grands chênes, étaient si bien nouées que même le plus lourd et le plus fort des Destrinos n'aurait pas faire tomber le hamac. Dame Nature s'était allongée allongée, les ailes repliées sur le ventre, ses pattes détendues pendaient légèrement du hamac en même temps que le corps balancé au rythme des vas et viens que faisait son nid douillet dans l'air frai du matin. Semblable à une limace, elle s'endormit, les ailes à présent contre ses flancs pour que sa micro bedaine puisse capter tous les rayons de lumières et de chaleurs que dégageaient l'astre lumineux.
Elle s'endormit alors, le corps baigné d'une lumière aussi chaude que chaleureuse qui lui procura un bonheur sans égal.